What's Up ? Neven & Lullaby

Lullaby était venue jusque là pour me montrer l'endroit que j'allais pouvoir occuper et je m'y étais installé sans réfléchir. Je l'avais bloqué là sans même m'en rendre compte. Qu'est ce que je pouvais être con ! Et malgré tout, elle m'invitait à monter dans son van pour boire un verre. C'était la deuxième fois aujourd'hui qu'elle me mettait une bière dans les mains et que je n'avais pas le cœur de lui dire non, que je ne buvais pas... Je la suivis, essayant de ne rien déplacer en me faufilant dans son petit intérieur. J'avais clairement une carrure inapproprié à ce genre d'habitation. Une fois assis, clairement mal à l'aise, je n'osais plus bouger, à peine respirer, j'avais peur de casser quelque chose. J'avais déjà bien trop abusé de sa gentillesse.

Mes yeux se levèrent sur la petite fenêtre devant moi et mon malaise grandit d'avantage. Elle avait pleine vue sur la douche que je venais d'utiliser. Je me mis à rougir. J'étais pourtant du genre à me balader nu partout, mais cette femme arrivait à me déstabiliser et je ne comprenais pas pourquoi. Je ne la connaissais pas. Elle n'était rien pour moi. J'aurais du réussir à prendre du recul sur la situation et pourtant je n'y arrivais pas. Qu'est ce qui m'arrivait ?

Non merci. J'ai repéré le chemin, j'irais chercher ma moto après, allez à votre soirée. Vous avez déjà bien assez fait pour moi.

Je tentais de mettre de la distance entre elle et moi, à tous les niveaux, mais sa table était tellement petite que nos jambes se frôlaient. Elle avait toujours son débardeur et sa poitrine me tentait... Holy f**k, j'étais fiancé ! Le désir de la chair allait me rendre fou. Ça ne me ressemblait pas du tout de mater une autre femme que Jenny. Non, c'était faux, je ne regardais même plus Jenny. J'étais comme enfermer dans un monde vidé de toute tentation et la vie venait de me mettre une putain de tentation sous le nez.

Je devrais y aller. Dis-je en me levant précipitamment, oubliant que le plafond était bas. Mon crâne cogna contre le toit du van, me créant une douleur vive qui résonna jusqu'à l'arrière de mes yeux. Putain de journée de merde !

Il était bizarre et je me trouvais pas plus normale non plus. Il déclina l'invitation, gardant sa bière dans la main, sans la boire. Face à face, j'essayais de trouver ça normal, mais ça ne l'était pas. Et puis il se leva comme un diable sortit de sa boite, et percuta sa tête sur le plafond du van, je me levais, allant poser mes mains sur sa tête.

Je le regardais à travers sa douleur, et le fis s'asseoir, pour aller chercher une compresse fraiche à mettre sur sa tête.

- C'est une journée bizarre non ? Lui dis-je en m'asseyant sur son côté. Il faut que je vous avoue, je vous ai reluqué le postérieur sans le vouloir... enfin... il était là, à portée de vue, et j'ai pas... je me tus un instant. Bref, c'était une journée bizarre, et si vous voulez pas bosser avec moi, je comprendrais... Je veux pas d'autres scènes comme ça, c'était pas agréable du tout. Moi je vole pas les hommes des autres, et je suis pas responsable de la jalousie des femmes à mon égard non plus.

Je me tus encore, allant attraper la bière pour la boire, allant m'asseoir sur les marches a la sortie du Van, et Pepper vint poser sa tête son mon épaule ce qui m'arracha un sourire.

- C'est quoi l'histoire avec... la fameuse Jenny ?


@Neven Monroe  

La jolie blonde me mettait terriblement mal à l'aise, elle ne le faisait pas exprès, c'était comme ça. Elle avait un truc en plus que je n'arrivais pas à cerner. Et quand elle s'assit sur les marches de son van en me demandant mon histoire avec Jenny, je m'installa sur son minuscule canapé pour tout lui dire. Moi qui n'aimait pas m'étendre sur moi même, j'allais lui raconter une bonne partie de ma vie. Pourquoi ? Aucune idée. J'avais juste envie de lui dire.

Jenny c'est... C'est une femme que j'ai rencontré par hasard en faisant la queue au cinéma. On allait voir le même film et on a commencé à discuter. Elle était sympa, fun, on n'avait pas vraiment de points communs, mais ce n'était pas grave. Puis après peut être un an de relation, on faisait un repas avec ma famille et elle m'a demandé en mariage. Ce n'était pas vraiment ce que je voulais, puis c'était vingt fois trop tôt, mais mes parents étaient là, avec leurs regards plein d'espoir... J'ai dit oui pour leur faire plaisir. Je sais que c'est totalement con et que j'aurais du fermer ma gueule. Des le moment où j'ai dit oui, j'ai regretté. Et nous voila trois ans plus tard, elle ne comprend pas pourquoi je fais tout pour repousser le mariage, pourquoi je ne veux pas de gamin avec elle. Je ne veux pas de gamin tout court ! Je ne sais même plus ce que je ressens pour elle... Je... Et voila que mon histoire en arrivait au même niveau que là où j'en étais maintenant, soit un homme complètement perdu.

Je regarda une seconde dans la direction de Lullaby avant de rebaisser mon regard vers le sol de son van. Petit, en bordel, mais plutôt propre. Et elle, jeune et belle avec toute la vie devant elle. Elle me volait même ma chienne. Elle avait un petit quelque chose en plus. Un truc que Jenny n'avait jamais eu. C'était étrange.

Next time I'm naked, you should join. Est ce que j'avais dit ça à voix haute ? Ce n'était clairement pas professionnel. Mais f**k it ! F**K Jenny ! F**k it all ! J'étais un type décent depuis toujours, un faux pas ne me tuerais pas. Non, je pensais ça maintenant, mais je n'arriverais jamais à passer ce cap de l'adultère. J'étais trop droit dans mes bottes pour réussir à tromper Jenny même s'il n'y avait plus rien entre elle et moi. I'm sorry. I should go home. Dis-je sans bouger d'un iota. Je ne savais même plus où c'était chez moi, car ce n'était certainement pas sous le même toit que la femme qui m'avait défiguré.

J'hochais la tête en l'écoutant, en fait oui on était pas si différent, sauf que pour moi, la pression familiale c'était arrêtée très tôt, je m'en étais défaite et je n'étais pas peu fière.

- J'comprends, je veux pas de gosse non plus, pas de maison avec une clôture en bois blanche, pas de dimanche barbecue, pas de vacances de noël dans un pull moche avec la famille. C'est pas dans mes prérogatives de vie. Me confiais-je en tournant le visage vers lui, mon menton posé sur mon épaule, tandis que Pepper c'était allongée entre nous.

Le silence retomba entre nous, jusqu'à ce qu'il lâche la phrase sexy du soir. Et je ris en secouant les épaules, secouant la tête.

- Maybe i will join someday.

Je lui adressais un petit sourire en coin, allant attraper mon ukulélé.

- No time to rush, after this strange, strange day...

Je grattais les cordes quelques secondes, pour en tirer une petite mélodie toute douce. Chantonnant au gré du morceau, tout en regardant le soleil se coucher au loin. C'était un moment tout doux, un mélange de douceur et de passion, quelque chose à mi chemin, et vraiment moins étrange que tout le reste. Je chantonnais jusqu'à me taire...

- hungry ? Dis-je en tournant la tête vers lui.

Avec son autorisation, je repris le volant de mon van, pour nous emmener sur la jetée un peu plus loin, pour trouver un petit snack pour y manger de la street food. Je l'invitais, et dévorant mon hot dog, j'allais m'asseoir sur le haut d'un banc.

Sur la jetée s'éleva alors une musique caliente, de la salsa, et je laissais mes hanches se balancer doucement au rythme de la musique, silencieuse, observatrice et légère aussi. Un musicien, m'invita à descendre du banc, pour danser avec lui, et je terminais mon snack pour l'accompagner en éclatant de rire, jetant quelques regards à la dérobée à Neven.

Un tour plus tard, et je revins vers lui, lui tendant la main.

- Viens danser.


@Neven Monroe  

Je parlais trop alors lorsqu'elle sortit son ukulélé et qu'elle se mit à chanter, je ne fis que la regarder qu'avec de grands yeux plein d'adoration. Elle avait un truc en plus, un truc que je ne comprenais pas, mais qui semblait m'hypnotiser. Sa voix m'emmenait ailleurs et j'oubliais tout doucement cette journée étrange. Je me détendais en venant m'adosser à l'arrière de la banquette.
Après quelques minutes, elle proposa d'aller manger et je ne sus lui refuser. Je n'avais pas vraiment envie de manger, mais je ne voulais juste pas lui dire non. Elle nous conduisit à quelques kilomètres à peine de là où nous étions installés auparavant, devant un foodtruck. Elle se prit un hotdog et je fis de même avant de payer pour nous deux. Je pouvais bien faire ça après tout ce qu'elle faisait pour moi.
Installés côte à côte pour manger, un homme finit par venir la chercher pour danser alors que de la musique latine s'élevait dans l'air. Lullaby ne se fit pas prier pour aller remuer son corps avec ce dernier. Elle souriait et semblait vivre la vie à deux cent pour cent. C'était beau. Elle était belle. Sa joie de vivre impactait énormément l'image que j'avais d'elle. Je l'enviais un peu, mais j'avais surtout envie de passer du temps avec elle. Ça faisait des années que je n'avais plus fait de sortie de ce genre. Un peu perdu dans mes pensées, je ne la vis pas tout de suite se rapprocher de moi. Elle voulait que je vienne danser et je n'eus pas le temps de dire non qu'elle me trainait déjà sur la piste de danse.

Je... J'aurais pu lui mentir et lui dire que je ne savais pas danser, mais ça n'aurait pas été cool. J'aimais danser, j'en avais parfois honte et je ne le divulguais jamais, mais j'aimais ça. Et j'allais lui montrer que je pouvais me débrouiller. Je lui repris la main, la guidant pour qu'elle suive les mouvements que je lui imposais. La salsa était une danse de couple torride, nos corps se touchaient, nos souffles se percutaient... J'avais chaud contre elle, mais je me sentais à mon aise à la faire virevolter, tourner, elle était une partenaire de danse géniale. Et son sourire... Est ce que j'avais le droit d'autant aimer son sourire ? Surement pas, mais c'était le cas.

Neven ? Je m'arrêta net dans mes mouvements. Je connaissais cette voix, mais je n'étais pas capable de mettre un nom dessus. Ce n'est qu'en me tournant en direction de l'homme que je le reconnus. C'était une collègue de Jenny. J'étais dans la merde. Qu'est ce que tu fous là ? Elle est où Jenny ? La nonchalance de cette personne dont je n'arrivais pas à repêcher le prénom m'agaçait grandement. J'étais tellement bien avec Lullaby quelques secondes auparavant à partager un moment sympa. Elle avait tout gâché. Tu t'es prit un mur ? Elle continuait à parler alors que je ne répondais pas et que je la regardais de haut. Certaines personnes ne comprenaient vraiment rien à rien. Tu me présentes, non ? Non. Dis-je froidement avant de remettre mes mains sur le corps brulant de Blondie pour recommencer à danser. Il y avait une forme de liberté lorsque je laissais mon corps bouger ainsi. C'était agréable, je me détachais de la réalité. Mais la caméra de l'autre débile sur Lu' et moi me remit vite les pieds sur terre. What are you doing ? Grognais-je en m'arrêtant net à quelques centimètres du visage de la collègue de Jenny. Pamela. C'est bon, je me souvenais du prénom de cette garce.

Contre toutes attentes, il dansait merveilleusement bien ! Dans le rythme, avec un je ne sais quoi de très très sexy. Riant à chaque passe de mains, il me faisait tournoyer à certains moments, et je me laissais complètement guider par ses mains expérimentées. C'était agréable de faire retomber la pression, mais malheureusement, il connaissait du monde ici, et cette Jenny aussi visiblement. Nous nous arrêtâmes un instant, je passais une main dans ma tignasse, l'écoutant, il semblait tendu, et la personne en face, bien intrusive. Sa main se posa de nouveau sur mes hanches et nous repartîmes, mais la légèreté n'y était plus, il semblait de nouveau en proie à ses démons intérieurs. Démons qui ressurgirent au moment même où cette nana se mit en tête de nous filmer. Impuissante, je tentais de faire reculer Neven, visiblement piqué au vif dans son intimité, et dans sa liberté toute nouvelle, et plaquant mes mains contre son torse, je tentais de le faire reculer.

- Neven, Neven... Look at me... look at me... Dis-je pour tenter de calmer ses ardeurs.

Et je réussis à faire décamper la nana avec son portable, me laissant seule de nouveau avec Neven. Il était contracté, bien loin du souriant et charmant Neven d'il y avait quelques minutes plus tôt. Je passais une main sur sa joue, pour qu'il s'apaise.

- Well... She fucking hates me yet... Dis-je avant de coller ma bouche contre celle de Neven.

@Neven Monroe  

J'aimais danser avec Lullaby. Nos corps semblaient se connaitre depuis longtemps et nos pas étaient en rythme sans même avoir à y réfléchir. Je m'amusais et je souriais. J'étais enfin plus détendu et la soirée aurait du se poursuivre comme ça, mais c'était sans compter sur Pamela. Cette mégère était venue nous emmerder avant de nous filmer, surement pour l'envoyer à Jenny. J'allais probablement en chier quand j'allais rentrer à la maison... Et ça me faisait chier ! Ma colère grandissante envers l'amie de ma fiancée ne put être stoppée que par la main ferme de Blondie sur mon torse. Elle m'avait arrêté avant de me faire redescendre avec sa voix douce. Je la regardais avec de grands yeux, incapable de comprendre ce qui m'arrivait réellement. J'avais beau ne pas la connaitre, j'avais envie de l'embrasser. Elle devait lire dans mes pensées, car c'est elle qui vint vers moi pour poser ses lèvres sur les miennes. F**k. F**k ! Double F**k ! Pourquoi mon corps réagissait-il ainsi à ses avances ? Je me sentais à l'étroit dans mon jean et mon cœur battait beaucoup trop fort. Ma raison mit un temps fou à reprendre le dessus, j'avais déjà mes mains sur ses fesses pour ramener son corps tout contre le mien, quand soudainement je fis un pas en arrière. Le souffle court et les joues rougies, je prenais conscience de ce que je venais de faire. Non, non, non... Je ne peux pas faire ça. Et comme si ce n'était pas suffisant, mon téléphone se mit à vibrer sans s'arrêter. Jenny était au courant, cette pétasse de Pamela avait du tout lui envoyer. Jenny est ce qu'elle est, mais je lui ai promis d'être fidele. Dis-je en reculant d'un pas supplémentaire. Je vais retourner chercher ma moto, ce n'est pas très loin. Merci. Je vous attends demain vers 11h. Je disais tout et n'importe quoi en même temps. Il fallait que je parte au plus vite, car ce qu'il venait de se passer n'était pas bien. Bon, mais pas correcte envers ma fiancée. Qu'est ce que je pouvais être con ! Je me faufilais entre les danseurs pour récupérer Pepper qui s'était installée à côté du foodtruck - intelligente cette chienne -, mais au moment de partir, je sentis à nouveau la main de Lullaby sur moi. Il ne m'en fallut pas plus pour vriller. Je me retournais brusquement vers elle, ne lui laissant pas le temps de s'arrêter. Son corps percuta le mien et je la souleva de terre dans un mouvement fluide. C'était purement charnel. J'essayais de m'en convaincre en avançant vers son van tout en la portant. Je retrouvais déjà ses lèvres et son odeur enivrante. Peut être que Jenny avait vu juste à propos de cette "Barbie", Lullaby avait ce truc en plus qui me rendait fou.

C'était une connerie, comme toute cette journée, mais j'avais l'impression que son corps m'appelait, comme le mien en cet instant. Un baiser fiévreux, qui fut arrêté en plein vol. Il me parla de Jenny et j'hochais la tête.

- Je sais pardon, c'était idiot... pardon.

Mais il ne m'écoutait pas, et il partit en direction du jardin botanique. Sa veste était restée sur le banc, et il ne s'en était pas rendu compte, je le suivis d'un pas énergique, bien décidée à lui rendre sa veste, je n'allais pas la garder avec moi non plus... je serais bien capable d'humer son parfum dans la nuit, vraiment je ne sais pas ce qu'il se passait dans ma tête depuis que j'avais croisé son chemin !

Une main posée sur son bras, il se tourna vers moi et nos regards s'accrochèrent, impossible de prononcer un mot, et déjà nous nous réembrassions furieusement. La raison avait quitté les rangs de la conscience, et seul restait l'instinct implacable, le désir dévorant et la passion fulgurante. J'avais envie de lui, maintenant tout de suite.

Finalement à force de détermination couplée à de la maladresse, nous arrivâmes à rentrer dans mon van, sans trop de heurt, et à atterrir sur le lit au fond, moi sous lui, caressant sa nuque, son dos à travers la chemise, et l'encerclant de mes jambes.  Tout aurait pu aussi se dérouler naturellement, et suivre son court, mais c'était sans compter le karma chargé de cette journée riche en émotions.

Les flics nous interrompirent, il fallait que je bouge le van de ce spot qui n'en était pas un. En réalité, après ça, c'était impossible pour moi de faire quoique ce soit avec lui, je le déposais à sa moto avec Pepper, et une main sur le volant, l'autre sur le pommeau de vitesse, je le regardais.

- Je suis désolée pour tout ça, on repart demain sur d'autres bases... Bonne nuit.

Je partis en direction de la ferme, excitée plus que de raison, n'arrivant à trouver le sommeil que bien tard dans la nuit, et après m'être fait du bien en pensant à lui. Et cette nuit ? Je rêvais de lui TOUTE la nuit, des rêves érotiques à ne plus savoir quoi en faire, une horreur. La douche froide m'accueillie en pleine nature, croisant quelques habitants de la nuit aussi, mais elle était nécessaire.

Au petit matin, j'avais pris la décision, qu'il ne se passerait rien. C'était mieux comme ça, pour le travail, pour sa fiancée, pour tout un tas de bonnes raisons tiens ! Je me présentais en jean noir et débardeur noir au point de rendez vous, l'attendant un peu devant son bureau fermé.

- Salut. Dis-je en le voyant arriver. Ecoutes, je tenais à m'excuser pour hier, c'était déplacé, et je suis pas en phase avec le trip maîtresse... je préfère qu'on garde des relations professionnelles, ou amicales au plus. D'accord ?

@Neven Monroe  

Un coup elle me sautait dessus, un coup c'était moi et finalement ce ne fut personne, car la police vint nous informer qu'il fallait bouger le van. Après leur passage, impossible de reprendre ce que nous avions commencé, il y avait trop de gêne, le moment était passé et ma conscience me rattrapait. Qu'est ce que j'avais foutu pour en arriver là ? J'étais un effroyable connard et Jenny avait totalement raison de péter un câble.
Lullaby me déposa pour que je puisse reprendre ma moto et elle repartit. Pendant une seconde j'envisageais de rester là, mais mes affaires se trouvaient dans la cabane. Je pris le chemin pour y retourner et malgré tout le confort qu'il y avait, je passais une des pires nuits de ma vie. Cauchemars et rêves très perturbants, je ne dormis que quelques heures avant de reprendre le chemin du boulot. J'aurais aimé avoir le temps de boire un café ou un thé avant de la voir débarquer, mais en me garant je vis immédiatement qu'elle était déjà là. Moins de douze heures auparavant, j'avais le visage pressé contre son corps, prêt à la découvrir et à présent je ne pouvais même plus la regarder dans les yeux.

Vous êtes en avance. Dis-je en ouvrant mon bureau, je passais ensuite mon corps entre elle et la porte, avant de refermer celle ci. Je pouvais être un connard profond, grognon et malaisant. Je ne voulais certainement pas faire d'effort avec elle aujourd'hui, ce n'était pas parce qu'elle m'avait repoussé après le passage des flics, mais parce qu'elle avait réussi à décoincer un truc en moi qui foutait toutes mes émotions à vifs. Elle avait réussi à me faire parler, à me faire danser, j'avais même ri... Et probablement brisé le cœur de ma fiancé dans le même temps. Cette dernière avait passé la nuit à m'envoyer des messages, à appeler et je n'avais pas une seule fois regarder mon téléphone pour répondre. Au fond de moi, ce qui s'était passé hier soir était venu scellé ma relation avec Jenny. C'était fini. Définitivement. J'allais juste devoir trouver un moyen de le dire à cette femme qui attendait désespérément que je l'épouse.
Après quelques minutes à essayer de faire fonctionner une vieille bouilloire, je finis par abandonner et ressortir. Elle était toujours là, ce qui me parut bizarre vu la façon dont je l'avais accueilli ce matin. Mais bon, c'était elle qui décidait... Ce matin, je dois faire les cages et le vétérinaire doit passer voir Chewy. Soit vous me suivez, soit vous vous occupez des papiers. C'est comme vous préférez. J'essayais vainement de mettre de la distance entre elle et moi, c'était compliqué, parce que j'étais attiré inlassablement par sa gueule d'ange. F**K !

C'est ce qu'on appelle communément, se faire envoyer chier.
Ma tirade ne touche rien, et lui soutire plutôt la pire version de lui même. Son corps frôle le mien et il referme la porte du bureau sans même m'adresser un autre mot. Je reste devant la porte, la bouche ouverte, les yeux écarquillés, et je secoue la tête, trop sur le cul de ce qu'il vient de se passer. Bon, et bien j'ai visiblement cogité pour rien la nuit dernière, c'est un gros connard et basta. Je m'allumais une clope, attendant qu'il ne daigne sortir et arrêter de bouder comme un con, et sans doute peut être même qu'il s'excuse de cette entrée en matière... mais la clope terminée, ne vint pas avec les excuses... non pas du tout. J'avais le droit de suivre ou de ranger les papiers.

- Je vais ranger le bureau. Dis-je alors simplement.

Je n'avais pas spécialement envie de me retrouver nez à nez avec lui, ou trop proche de lui, vu son comportement de goujat. Il hocha la tête et partit en direction des cages, me laissant seule dans le petit bureau exigu. Tandis que je triais, rangeais, classais et nettoyais, mon esprit tournait à vive allure, entre la journée d'hier, le dérapage incontrôlé et ce matin, c'était le jour et la nuit ! Je mis en route la bouilloire, et préparais des cafés, que j'apportais malgré tout avec le sourire, au vétérinaire qui venait de se pointer et à Neven, qui ne me calcula même pas. Toute la matinée, je la passais dans le bureau, à faire place nette, tout en gardant la paperasse essentielle, rangée dans des staircases.

Quand j'eus terminé, satisfaite de ce rangement et nettoyage efficace, qui passa même par l'arrosage de deux pots de plantes à moitié mortes, je le rejoignis dans les cages, pour lui prêter main forte. Qu'il ne me regarde pas, pas grave, tant que je pouvais travailler, ça m'était bien égal de m'être trompée sur lui. On ne se connaissait pas, du tout même, alors hier c'était une méprise et voilà tout !

Mon corps suivait le sien, mes pas dans les siens, et mes mains proches pour comprendre et saisir ce qu'il acceptait bien, bon gré mal gré de m'expliquer. Alors que je regardais vers le haut, la cage des bébés, mes mains et instinctivement se mirent en coupole, lorsque l'un d'entre eux chuta de son perchoir. Neven en fit de même, et nos mains se joignirent, se touchant forcément. Je me mordis la lèvre, levant le regard vers lui.

- Il a du glisser Riri. Dis-je pour endiguer l'électrisation de lui avoir toucher la main.

Peau contre peau. Putain je suis foutue, si sa peau me fait cet effet...

@Neven Monroe  

Ma façon d'être avec Lullaby reflétait parfaitement les émotions conflictuelles que je ressentais. J'étais en colère contre moi même, je n'en revenais pas de ce que j'avais fait la veille et encore moins de l'énorme frustration qui me paralysait à présent. Pourquoi j'en étais venu à vouloir cette femme que je ne connaissais quasi pas ? Ce n'était pas mon genre. Et en plus de me sentir comme le plus grand des cons, je devais travailler avec elle.

Elle avait passé la matinée dans mon bureau, mais avait finit par en ressortir avec du café pendant la visite du vétérinaire. J'avais tout fait pour l'ignorer, ne pas la regarder et faire en sorte qu'elle ne me monte pas à la tête. C'était peine perdue. Elle m'avait suivi tout le reste de l'après midi et je n'avais pas arrêté de penser à notre danse endiablée et à nos baiser... Je n'arrivais pas à nier notre connexion.
Et cela se confirma quand Riri tomba de sa branche et que l'on eu le même réflexe de mettre nos mains en dessous pour le rattraper. Sa peau douce frôla la mienne et les poils de mes bras s'hérissèrent. Merci. Sauf que je ne regardais déjà plus l'oisillon, j'avais le regard planté dans le sien, soudainement très conscient du peu d'espace qu'il y avait entre nous. Le roi des cons en action. Je n'aurais pas du mettre une branche si haute. C'était prématuré. Tout comme ce qu'il s'était passé hier.

J'avais du m'éloigner d'elle avant de faire une nouvelle connerie, mais la fin de la journée avait été moins tendue. Je lui parlais un peu plus et mon côté bougon semblait se dissiper un peu. Il n'y avait qu'une chose à faire si je voulais pouvoir céder à cette pulsion et je n'y étais pas encore, alors ça allait attendre. Puis, je n'étais pas certain de vraiment vouloir céder à mes envies, après tout ce n'était que des envies liés à un besoin physiologique. L'appel du cul. Je pouvais dormir avec une érection pendant quelques nuits, ça finirait par passer. J'étais un homme patient, un homme qui ne prenait jamais de décision hâtive en temps normal...
Je me suis comporté comme un con aujourd'hui. Hier aussi. Ça n'arrivera plus.

Il accroche mon regard avec tant de certitude, quasi autant de certitude que lorsqu'il évitait de me parler ou de me regarder le reste de la journée. Nous sommes proches, un pas de plus et ce serait de nouveau la lave en fusion dans tout mon corps, j'en suis certaine. Mais Riri me rappelle à lui, tout comme la décence en la qualité de mon nouveau patron, qui fait un pas de recul pour reprendre contenance acceptable.

Ma bouche est sèche, je mords le bout de ma langue pour faire affluer la salive dans ma bouche, et l'écoute me parler de nouveau. Pour s'excuser, je souris, secoue vaguement la tête, et la hoche pour finir, signe que j'acceptais ses excuses.

En vrai, à l'intérieur de moi, j'ai envie de lui dire que j'ai adoré danser avec lui, que de le voir sourire me faisait sourire, que j'ai pensé à la combustion spontanée quand il m'a embrassé, et que toute la nuit durant, j'ai rêvé de lui de manière très érotique... que j'ai dû me caresser 5 fois en pensant à lui, pour tenter d'apaiser la bête !

Mais non. Rien ne sera dit de tout ça, parce qu'il avait raison, c'était une tocade irréfléchie, et sans doute que si notre amitié se développe, je tiendrais la traine de sa femme Jenny à leur mariage... chouette - ironique.

- Très bien. Dis-je simplement.

J'allais récupérer mes affaires, il était heure pour moi de me tirer.

- Demain quelle heure ?

Je ne savais pas encore le salaire, pas encore le jours ni les heures des spectacles, ni même la tenue à porter pour. On avait parlé peu, mais pour ma part ressenti tellement... Bref je n'avais rien acté avec lui professionnellement parlant du moins. Quoique dans les autres domaines non plus, il fallait que j'arrête juste de revoir son corps nu en train de se doucher, et tout irait bien mieux !

- Je serais un peu en retard, il faut que je ramasse les légumes à la ferme, mais je serais là, à temps.

Il avança vers moi, et je crus une fraction de seconde, que c'était pour une accolade entendue, de nos torts respectifs, un truc profondément ancré dans l'amitié et le respect, quelque chose du genre. Si bien que je l'enlaçais spontanément... me rendant compte contre lui, que non, il n'avait pas l'intention de me prendre dans ses bras, il souhaitait juste ouvrir la grille derrière moi. Figée de gêne absolue, mon sang venait de quitter mon palpitant, je dûe devenir blanche comme un linge tant la honte se mit à m'étreindre.

- Pardon... j'ai... j'ai mal... compris... pardon... on oublie, j'ai rien fait... Je ris nerveusement, en me séparant de lui, et partis une main sur mes yeux, en espérant qu'il ne me voyait plus, qu'il était déjà parti.

Bordel de dieu...

@Neven Monroe  

La journée était passée vite et il était déjà l'heure pour elle de partir. Elle m'annonça qu'elle ne pourrait être pas être là très tôt le lendemain et je la rassurait en lui disant que je m'en sortirais sans elle. A vrai dire, vu le boulot que l'on avait fait aujourd'hui, je n'étais pas certain d'avoir à venir demain matin non plus.
Je vous montrerai la routine du spectacle demain. Ce n'est pas bien compliqué, il faut juste le voir une fois ou deux pour la maitriser. Dis-je en me penchant pour ouvrir la grille derrière elle. Elle m'enlaça et je me figea. Je ne compris pas tout de suite ce qu'il venait de se passer, mais je réalisais vite que mon mouvement avait porté à confusion. Elle me relâcha rapidement en s'excusant, son visage rougi par la honte. It's ok. J'étais également mal à l'aise à cause de la tension qu'il y avait entre nous, mais l'avoir près de moi avait quelque chose de très plaisant. C'était pour cela que je ne bougeais pas, fixé à quelques centimètres d'elle. Je finis par lâcher un petit rire en la voyant se cacher derrière sa main. Really. It's nothing. Murmurais-je en lui prenant sa main, histoire de voir ses beaux yeux. I kind of liked it... Je l'embrassais sur la joue avant de tendre le bras pour ouvrir la grille. I'll see you tomorrow.

Je l'avais regardé partir dans son van, mon cœur battant fort, bien plus qu'il n'aurait du, une érection que je n'arrivais pas à contrôler et surtout la tête en vrac. C'était bien la première fois qu'une fille arrivait à me retourner de cette manière. J'avais envie de retourner danser avec elle, je fis donc un tour à côté du foodtruck pour voir si elle y était, mais non. Je voulais retrouver son parfum, son sourire, je ne pensais qu'à elle... Alors après avoir passé la soirée à rouler sans but sur ma moto, essayant vainement de me vider la tête, je pris la décision de retourner chez moi.

Après avoir complètement ignoré Jenny pendant deux jours, je voulais la confronter. Je m'attendais à ce que ça se passe mal, mais je devais me libérer de cette relation toxique. Jenny le prit mal, normal, je la comprenais, ça faisait un moment que nous étions ensemble et nous avions pleins de projets. Elle m'accusa de l'avoir trompé avec "Barbie" et même si ce n'était pas tout à fait vrai, je savais que j'avais trouvé le courage de lui parler grâce à Lullaby et à l'effet qu'elle avait sur moi. Je laissa la colère de mon ex fiancée se déverser sur moi, elle en avait besoin. Et ça m'aidait aussi avec la culpabilité que je ressentais. Elle finit par me gifler si fort que je vis des étoiles et ce n'est que là que je décida de partir en m'excusant. Oui, oui, je m'excusais en plus de recevoir les coups.