i know you're trying to fight when you feel like flying (sahar) -tw.

Peut-être qu’en effet, il aurait été plus raisonnable que leurs chemins ne se séparent ce soir, après leur conversation, pour ne laisser aucune chance d'existence à leurs envies d’oubli. Il fallait croire que l’un comme l’autre, ils n’étaient pas les plus doués dans les prises de décision et les choix pour lesquels ils optaient, la tentation de s’anesthésier les sens devenant trop bruyante pour simplement l’ignorer. Alors ils s’étaient suivis, sans même hésiter, décidant même de poursuivre la soirée pour se délecter de chaque sensation ressentie, décuplée par l’effet de la substance inhalée. Et ce soir, Levi avait cette impression que même le réseau ne parviendrait pas à avoir raison d’eux, comme si l’univers leur laissait enfin une chance d’échanger sans qu’il n’y ait la moindre rancoeur entre eux. Et même s’il peinait à l’admettre, il trouvait ça libérateur, comme si un poids venait de s’enlever de sa poitrine, lui donnant la possibilité de respirer à nouveau correctement. Il leva les yeux au ciel à la remarque de la serveuse, conscient qu’elle n’aurait pas attendu bien longtemps pour lui renvoyer la balle dans son camp, l’ironie restant sa meilleure arme. « T’es capable de pas dire ce que tu penses, toi ? » Lâcha-t-il, presque sur le ton de l’étonnement, amusé par cette complicité retrouvée, même s’il savait qu’elle était influencée par les endorphines artificiellement libérées dans leurs organismes respectifs. Tout ce que savait Levi, c’était qu’il appréciait ce moment qui paraissait hors du temps, où ils s’autorisaient enfin à lâcher prise, le temps de quelques heures, avant de laisser la réalité les rattraper. Avec Sahar, il était clair que la rivalité de leurs sarcasmes était à son comble, l’un rebondissant sur les remarques de l’autre pour renchérir davantage, sans jamais se laisser une seconde de répit. Et Levi, il comptait bien pousser la brune dans ses retranchements, porté par cette sensation de liberté qui influençait ses faits et gestes, l’incitant même à se saisir de la main de la serveuse pour la déposer au niveau de son torse, s’amusant de sa réaction. « T’es impressionnée, hein ? » Relança-t-il, son visage affichant cette moue presque fière, satisfait de savoir qu’il avait réussi à la prendre de court, elle qui habituellement, restait de marbre pour tout. Néanmoins, Sahar n’avait pas eu tort de mentionner l’état dans lequel il se trouvait, lui qui enchaîna sans transition sur cette envie grandissante de se jeter à l’eau, sans même en mesurer les risques. Une lueur provocatrice traversant ses iris, il se releva sans même prévenir son interlocutrice, faisant tomber un à un ses vêtements sur le sable jusqu’à finir vêtu d’un simple sous-vêtement. « C’est ceux qui parlent le plus qui en font le moins. » Rajouta-t-il, conscient de ce qu’il tentait de faire en prêchant le faux pour l’attirer avec lui dans l’océan, n’attendant d’ailleurs pas sa décision pour se diriger au bord de l’eau, frissonnant au premier contact avec la houle avant de s’immerger entièrement. Et il ne put retenir un rire de s’échapper de ses lèvres lorsqu’il capta la silhouette de Sahar s’approcher à son tour du bord de l’eau, l’entendant s’en prendre directement à lui. « Je t’ai obligée à rien moi. » Se défendit-il, se redressant pour se rapprocher de Sahar, conscient qu’elle se méfierait de ses intentions. « J’peux te réchauffer si t’as si froid que ça, mais j’suis pas sûr que t’apprécierais. » La chercha-t-il, faisant mine d’ouvrir ses bras pour pouvoir accueillir son corps, riant de son propre geste alors qu’il savait pertinemment qu’elle le repousserait. « Par contre, j’espère que t’es au courant que tu pourras jamais te réchauffer avec des vêtements mouillés. » Remarqua-t-il, faisant glisser son regard sur la silhouette de la brune.

Bien qu’il était conscient des risques encourus, Levi n’était pas peu satisfait de voir la carapace de Sahar se fissurer le temps d’une nuit d’oubli, de partager ce moment qu’il jugeait privilégié avec elle, quand les dernières semaines avaient été plus que chaotiques entre eux. C’était comme s’ils acceptaient enfin de marquer une pause, presque d’enterrer la hache de guerre, oubliant le temps d’un instant la descente aux enfers qu’ils avaient entamée à toute vitesse. Il avait conscience de ce que ça lui demandait à elle, de le suivre de la sorte sous le clair de lune, quand leur relation avait déjà mis en péril celle qu’elle entretenait avec sa flamme. Malgré tout, l’anglais continuait de penser qu’ils avaient l’un comme l’autre besoin de ce moment volé à l’univers, sous les étoiles pour seules témoins de leurs frasques. Les substances coulant dans leurs veines, ils parvenaient à communiquer sans avoir à se balancer des reproches à la figure, retrouvant même cette complicité palpable entre le sarcasme de leurs mots échangés. Peut-être même qu’ils venaient sans le savoir de faire un pas l’un vers l’autre, s’approchant avec réserve, conscients que l’accalmie ne serait qu’éphémère. Jouant sur cette insouciance libératrice, Levi s’était emparé de la main de la brune, lui apportant des preuves de ce qu’il avançait, une lueur de malice lui traversant les iris. « Ça fait un peu réplique de serial killer, ça. » S’amusa-t-il, laissant Sahar reprendre possession de sa main, alors qu’une autre montée d’adrénaline s’empara de son corps, Levi lui partageant son envie de se jeter à l’eau, décuplée par les effets de la poudre inhalée. Sans doute qu’il agissait encore une fois dans l’inconscience la plus totale, mais l’anglais comptait bien satisfaire son besoin d’aventures, se redressant dans la foulée pour faire tomber ses couches de vêtements au sol, sans même se soucier de ce que Sahar en pensait. Lui, il avait juste envie de sentir la houle contre son épiderme, ne manquant pas de provoquer la brune au passage, dans l’unique but de la voir le rejoindre dans l’océan. Il s’amusa à la défier, piquant son égo pour obtenir ce qu’il désirait, plus que satisfait de savoir que sa tactique s’était avérée fructifiante lorsque ses yeux repérèrent la silhouette de la jeune serveuse s’avancer vers lui. « Absolument pas, c’est pas mon genre. » Rentra-t-il dans son jeu, se dédouanant de toute responsabilité avec ce ton espiègle, Levi faisant quelques pas vers Sahar après avoir immergé la totalité de son corps. « Comme tu veux. Mais rien ne vaut la chaleur corporelle. » Il jouait sûrement un peu avec le feu en osant ce genre de répliques, bien qu’il savait pertinemment que Sahar ne rentrerait pas dans sa provocation, s’assurant de ne pas franchir certaines limites. Ses yeux parvinrent à capter le visage de la serveuse, qui perdit soudainement de sa lumière, ses traits paraissant bien plus concernés alors qu’il l’observa faire glisser son regard le long de son corps balafré. D’instinct, il baissa à son tour les yeux, pour constater de lui-même l’ampleur des dégâts, encore visibles aujourd’hui, le silence pour seule réponse à sa question, en disant long sur les souvenirs de cette nuit cauchemardesque. Sans le prédire, un frisson traversa son échine lorsque la pulpe de son doigt effleura l’une de ces cicatrices encore visibles, dessinant la forme de sa côte. « C’est pas douloureux. » Trouva-t-il à dire, pour rattraper cet instant où la noirceur avait voulu les envelopper, Levi la repoussant d’un revers de la main, esquissant un léger sourire rassurant en captant le regard de la brune. Il leva les yeux au ciel à la remarque de la brune, sans se départir de ce sourire amusé. « T’es toujours dans la négociation, toi. Ok, tu peux garder ma veste, si tu veux. » Soupira-t-il, incapable de ne pas céder à son idée, lui qui admettait l’avoir incité à le rejoindre. « J’te vois trembler d’ici, j’crois que je t’ai assez torturé pour la nuit. » Pouffa-t-il, prenant la main de Sahar dans la sienne pour rejoindre la plage, mettant fin à ce qui semblait être un supplice pour elle.