you'd have to stop the world just to stop the feeling (sahar)

Ô grand jamais Levj ne tiendrait sa favorite pour responsable de l’agression dont il avait été victime, bien conscient qu’il aurait dû tenir compte de ses nombreuses mises en garde pour ne pas tomber dans un énième piège tendu par ce réseau d’ordures. Il restait le seul et l’unique responsable de ce qui lui était arrivé, lui qui avait eu le choix de se détourner de cet univers sombre lorsqu’il en avait été encore temps, préférant pourtant s’accrocher à des illusions et des promesses qui n’auraient jamais été tenues plutôt que d’écouter les conseils avisés de son épouse. Alors non, il n’accepterait jamais que Sahar ne se tienne pour responsable, refusant qu’elle puisse ressentir la moindre once de culpabilité lorsqu’il était entièrement fautif. Et Levi, il ne manquerait pas de la rassurer, encore et encore, pointant du doigt le fait que le pire avait été évité, quand bien même la mort l’avait frôlé de près. Il avait cherché son contact chaleureux, se contentant de la douceur de sa paume dans le creux de la sienne bien qu’il regrettait de ne pas recevoir davantage d’affection, lui qui en oubliait presque le traumatisme qu’avait vécu Sahar quelques heures plus tôt. Il aurait été étonnant de penser que la réponse de l’homme en blouse blanche lui serait convenue, d’autant plus lorsque ce dernier avait évoqué la patience comme seul moyen d’envisager les prochaines semaines. Bien évidemment que Levi ne comptait pas s’éterniser au creux de cette chambre qui ne lui inspirait rien d’autre que la mort, incapable de s’imaginer perdurer plus de quelques jours dans ce lit médicalisé, quand bien même son état laissait à désirer. Ce ne fut certainement qu’au moment où les compresses furent appliquées sur ses plaies qu’il comprit réellement la gravité de son état, et cette douleur à peine supportable qui lancinait et lui donnait l’impression que l’on écorchait sa peau à vif. Dieu savait qu’il détestait l’idée que son épouse puisse le voir aussi vulnérable, aucunement maître de son propre corps, regrettant qu’elle assiste à cette véritable scène de boucherie dont il était le protagoniste. Il n’avait d’ailleurs pas pu s’empêcher de vouloir l’épargner de cette vision d’horreur, sa main quittant la sienne pour s’agripper au drap, alors qu’il tentait pas tous les moyens de canaliser sa nervosité provoquée par ces maux sans fin. « J’veux pas que tu vois ça… » Souffla-t-il, même si la dévotion de Sahar lui confirmait une énième fois qu’elle était son unique âme-sœur, se délectant des gestes d’une tendresse infinie qu’elle lui adressa, ses doigts plongés dans sa chevelure. Ce ne fut que lorsque le médecin ordonna à son assistante de stopper les soins qu’il eut enfin l’impression de respirer à nouveau, quand bien même la douleur restait omniprésente. De nouveaux pansements vinrent recouvrir sa carcasse amochée, alors que les deux soignants décidèrent de quitter la chambre après lui avoir administré une bonne dose d’antidouleur, l’informant qu’ils reviendraient plus tard. Leur accordant à peine un regard, Levi recentra toute son attention vers sa favorite, retrouvant un semblant de rythme dans ses inspirations, ses paupières lourdes en ressentant déjà l’effet quasi-immédiat de l’antidouleur administré en intraveineuse. « Tu pars pas, hein. Tu le promets ? » Murmura-t-il, ressentant une soudaine vague d’angoisse à l’idée de se retrouver seul, comme s’il savait qu’il ne préviendrait pas à remonter la pente sans elle. « Je t’aime, je crèverais sans toi. » Lâcha-t-il, sa main venant se poser contre son épaule avant-bras, au bout duquel sa main était enfouie dans ses cheveux, ses yeux cherchant désespérément à capter la lueur étourdissante des siens alors qu’il semblait lutter pour ne pas sombrer dans le sommeil.

Et quand bien même tu t'efforçais encore d'arborer une attitude on ne peut plus neutre, tu restais la mieux placée pour savoir que sa convalescence ne demeurerait pas sans quelques déconvenues. Si dans l'immédiat, il restait sans doute préférable de te réjouir de sa récente émergence, tu ne pouvais cependant nier une évidence plus que clinquante. Les semaines à venir s'annonçaient désespérément harassantes, et la patience, outre le fait que tu n'en possédais aucune, se révélerait pourtant, comme un atout majeur. Raison essentiellement pour laquelle, tu n'avais pas semblé particulièrement étonnée, face à l'approche peu optimiste du médecin, quant à une potentielle date de sortie de ton époux de l'établissement. Car, contrairement à ce qu'il s'évertuait à affirmer de son côté, Levi, n'était à l'évidence, pas véritablement en mesure de recouvrer à un quotidien classique, notamment, si on s'en tenait, non seulement à l'état dans lequel il se trouvait actuellement, mais également à la souffrance vivement ressentie, sous les étreintes pourtant précautionneuses du personnel soignant. Une main plongée dans sa chevelure, tu fis aussitôt abstraction des revendications de ton partenaire, dont l'objectif semblait se résumer à vouloir t'écarter, dans l'espoir éventuellement que tu n'aies pas à assister à cette scène, ô combien sordide. La mine crispée, il aurait été fabulé de prétendre que tu n'avais pas toi aussi été soulagée par le constat effectué par l'inconnu en blouse blanche, qui lui administra dans la foulée, un puissant antidouleur. Les derniers traitement effectués, non sans peine, le médecin suivi de près par sa suppléante, désertèrent finalement la pièce, à l'intérieur de laquelle, il ne resta de nouveau plus que Levi et toi. Toujours positionnée à bonne distance de ce dernier, ta main continua de s'aventurer parmi sa chevelure, tandis que tes vaporeuses parurent quant à elles, s'attarder sur chaque parcelle de sa chair terriblement maltraitée. Un sourire discret s'empara de la courbure de tes pulpeuses, à l'instant précis où tu le vis commencer à trépasser, sous l'effet très certainement, du remède appliqué par le personnel les secondes précédentes. « Où tu voudrais que j'aille? » Tentas-tu de plaisanter, ton regard s'égarant cette fois, parmi l'immensité azurée du sien, dans lequel tu pouvais à présent y déchiffrer un désarroi particulièrement inhabituel, loin de cette lueur malicieuse qui le définissait si bien, d'ordinaire. « J'compte pas t'abandonner Levi. » Vins-tu immédiatement le rassurer. À l'inverse, cet évènement n'aurait pour conséquence que de renfoncer pleinement ce sentiment de dévotion que tu ressentais à son égard. Rien ne changerait, à l'exception peut-être, que tu ne lui serais à l'avenir, que davantage dévouée, consciente que la problématique macabre survenue la veille, ne demeurerait rien d'autre, qu'une épreuve à la hauteur des promesses ouvertement formulées les mois précédents. Sa main récemment plaquée contre ton avant bras, tu le gratifias d'un plissement compatissant, consciente qu'il ne s'agissait-là que d'une vulgaire question de secondes, avant que ton époux, ne sombre à nouveau au travers d'une léthargie à laquelle tu n'étais pas invitée à participer. « Au pire, je profiterai que tu dormes pour aller chercher quelques affaires pour les prochains jours. tu remarqueras même pas que je me suis absentée. » Poursuis-tu faiblement, tes doigts ne cessant pas leur étreinte, visiblement incapable de daigner davantage, par crainte de lui amorcer à ton tour, une souffrance désespérément inévitable.