sauvez un bambou, mangez un panda, mais pas le mien sinon garre à vos fesses !

Au début, elle a cru à un simple petit retard. Vous savez, les émotions fortes, ça agit là-dessus aussi, et entre la rupture, le départ de Perry, ça aurait pu décaler un peu ses menstruations, non ? Non. Elle sait parfaitement qu'il faut un choc plus brutal. Mais c'était une bonne excuse. Une semaine. Deux semaines. Ça commençait à faire long. Elle a franchi le pas, sans en parler à personne, à qui aurait-elle pu, hein ? Ce n'est pas après toute ces histoires qu'elle aurait pu aller se confier à Dasha, à Emrys, à.. Perry ? Son absence la rendait nauséeuse à l'appartement. Certes, elle n'était pas seule. Mais elle s'était sentie cruellement abandonnée. Alors, comme une grande fille, elle avait été chercher le test avant de s'enfermer dans sa salle de bain. De douloureuses réminiscences remontait, elle avait l'impression de revivre une nouvelle fois le scénario d'un film catastrophe dont elle était encore le protagoniste malgré-elle. Positif. Bordel. Elle s'en était atrocement voulu, à ce moment-là, de douter. Oui, parce que la première pensée qui lui venait en tête n'avait pas été merde je suis enceinte mais plutôt je ne sais pas qui est le père. Si elle n'avait pas tant fait la con depuis sa rupture, la question ne se serait pas posée. Soit elle aurait avorté, soit elle aurait été supplier Emrys de la récupérer. (...) Enfermée dans sa voiture, elle essuie les larmes qui pointent dans ses yeux, bien trop sensible, la française, en ce moment. Perry Peach. Voilà le nom qu'il y avait marqué dans les résultats d'analyse des tests de paternité. Une fois. Bordel. Perry. Impossible. Et pourtant. Enfilant ses lunettes de soleil pour cacher ses yeux perdus, elle s'extirpe de la voiture. À l'accueil de l'hôtel, elle obtient rapidement le numéro de la chambre où il crèche depuis déjà de longs jours, de trop longs jours. Elle tape presque timidement. La porte ne tarde pas à s'ouvrir et revoir son visage la ferait presque sourire. Presque. Là sur le coup, ça ne fait qu'accentuer sa mine grave. « Hey.. » Bon ma vieille, si ta voix se brise maintenant t'es pas dans la merde, alors remue-toi ! Elle se redresse et affiche un petit sourire. « Je te dérange ? J'ai besoin de te parler. » murmure-t-elle du ton le plus rassurant qui soit. Peut-être pour préparer le terrain, parce que ce qu'elle a à lui dire n'a vraiment, vraiment, rien de rassurant.

Elle voit discrètement Penny se lever pour s'éclipser, et elle sourit un peu, malgré son air grave. Penny, c'est un peu une des seules petites qu'elle supporte au quotidien. Un petit amour. Sans qu'elle ne s'y attende vraiment, Perry se jette dans ses bras et Pandore le sert fort contre elle en fermant les yeux. Ça lui a manqué, à elle aussi. Il lui a manqué. La dernière fois qu'ils se sont touchés, ça a "mal" fini, mais là, elle ne craint rien elle le sait. De toute façon, c'est pas comme si elle était d'humeur à s'envoyer en l'air avec lui une deuxième fois. « vas-y, entre. » Elle l'écoute, et va doucement s'asseoir à sa suite, sur son lit. « moi aussi j’ai quelque chose à te dire. » Elle l'observe rapidement du coin de l'oeil avant de regarder ses mains, persuadée qu'il doit avoir un truc pas très important à dire comparé à ce qu'elle, elle a à lui dire. Et si je me trompais ? Ben oui, on sait jamais, il va peut-être lui annoncer qu'il part s'exiler en Papouasie avec les papillons géants. « Ok.. mais c'est à moi de commencer. » fait-elle avec un léger sourire qui s'efface bien vite. « Bon, je... » Elle lève les yeux vers lui. Bordel que c'est dur. Elle aimerait d'abord juste lui dire qu'elle le sait, maintenant. Qu'elle est amoureuse d'Emrys, qu'il lui manque, et qu'elle aurait eu l'intention d'aller le récupérer ou du moins s'excuser et lui permettre de s'expliquer s'il n'y avait pas eu ... ça. Elle soupire. C'est plus dur que prévu. Son regard est fuyant. « J-Je.. Je voulais aller parler à Emrys. » En gros, en langage Pandoresque, ça veut presque dire qu'elle l'aime. « Mais je ne peux pas. Parce que je suis enceinte. » À peine les mots sortis de sa bouche que ses yeux se bordent d'un fin liserai brillant. Elle ne cille pourtant pas, déterminée à ne pas craquer. Elle plante alors son regard dans le sien. Il ne va sûrement pas comprendre, n'est-ce pas ? Il risquerait de lui dire que si elle est enceinte d'Emrys, eh bien raison de plus pour aller le revoir ! Il faut qu'elle lui dise. Allez, maintenant. Elle cherche du courage dans le regard de son meilleur ami. « Je suis enceinte. De toi, Perry. »

Voilà, c'est dit. Elle se demande comment elle va faire pour arranger tout ça. C'est vrai quoi. Elle aurait pu ne rien dire, aller retrouver Emrys, mentir un peu et lui dire qu'elle était enceinte de lui. Pas de son meilleur ami. Elle ferme les yeux. Elle ne peut rien cacher indéfiniment à Perry, et mieux vaut peut-être qu'il soit le premier au courant. Pourtant, ils se sont protégés, non ? Ah, les mystères de la nature. Elle a envie de se jeter dans ses bras, le coeur lourd, et cherche sa réaction dans ses yeux. Et s'il la repoussait à son tour ? Et si ça lui faisait peur ? Elle sait que Perry n'est pas vraiment le genre de type à se poser avec quelqu'un pour élever un enfant, même si elle doit avouer qu'il s'en sort plutôt bien avec Penny. « je t’aime. » Il lui lâche ça comme une bombe et elle le dévisage un long moment, se demandant s'il lui dit ça par affection – elle lui a déjà dit aussi quoi – ou s'il est sérieux. Pandore se souvient parfaitement de leur petite discussion sur l'amour. Une discussion étrange, peut-être la première de sérieuse qu'ils avaient eu ensemble. Elle lui avait décrit. Elle lui avait décrit ce que déjà, elle commençait à ressentir pour Emrys. Pour Emrys, pas pour Perry.. « qu’est-ce qu’on va faire ? » Elle tourne la tête et s'allonge à côté de lui. Elle va sans doute le décevoir, mais elle répond : « Je n'en sais foutrement rien... » Elle tourne la tête pour le regarder, et elle ne peut pas s'empêcher de lui demander à voix basse : « Tu.. tu m'aimes vraiment, Perry ? » fait-elle en cherchant timidement son regard. Ça lui semble tellement invraisemblable.. En même temps, leur relation a toujours été un peu tordue quand on y pense. Ambiguë à souhait, épris tous les deux d'une affection qui dépasse la simple amitié. Elle cherche sa main et entrelace leurs doigts, comme ça, parce que ça la rassure.

« oui… » Elle déglutit. Qui aurait pu prévoir ça ? Elle sait que Perry a une affection débordante pour elle. De là à le croire réellement amoureux.. Amoureux. Non mais regardez-les, là, les deux anti-relations, à parler de qui ils sont amoureux, hein ! La foudre s'abat vraiment sur n'importe quelle tête. Et ces dernières années, elle s'est un peu trop acharnée sur eux, sur elle. Il semble gêné et ça la gêne en retour. « je sais que j’ai pas le droit, que je peux pas, t’es ma meilleure amie, mais c’est comme ça. Tant pis, on peut rien y faire. » Il a raison, non ? « Oui tu as raison.. Mais je suis.. Je suis désolée, Perry. » C'est horrible de lui dire ça. Elle s'excuse. De quoi, exactement ? Qu'il soit tombé amoureux d'elle ? Désolée. Désolée de ne pas l'aimer comme il le voudrait peut-être ? Complètement perdue, elle fuit son regard, observant le plafond blafard. « on devrait peut-être le garder ce gosse. » Involontairement, elle crispe un peu ses doigts dans sa main. Sa respiration s'est légèrement heurtée. « Mais tu.. tu me vois mère, Perry ? J'sais déjà pas m'occuper de moi, j'y arriverai jamais et je.. Ça me rappelle trop de souvenirs, c'est trop douloureux pour moi. Je pourrais pas l'élever seule, ce gosse.. » Elle grimace, avec la soudaine envie de fondre en larmes. Pour se retenir du mieux qu'elle le peut, elle se blotti contre lui, respirant son parfum qui l'a toujours rassurée.

Elle se sent terriblement gênée, avec le rôle de l'égoïste une fois de plus. Elle ne saurait même pas dire clairement ce qu'elle ressent pour Perry, mais de là à prétendre à de l'amour... Elle s'est toujours bornée à le mettre dans la case « meilleur ami ». Avouons que l'annonce d'un enfant et de ses sentiments à lui sont pour le moins troublant. « on pourra l’élever ensemble. Et puis au moins vu qu’on est pas en couple on risque pas de se séparer ou de divorcer. » Elle fronce légèrement les sourcils, se redressant pour le regarder. « Couple ou pas couple, je me séparerai jamais de toi, Perry, tu m'entends ? » Elle le regarde fixement, comme si elle voulait vraiment qu'il comprenne qu'elle ne l'abandonnera jamais. Même si elle est sans doute celle ds deux qui a le plus besoin d'une aide extérieure. « et pourquoi ça te perturbe autant ? » Elle reste silencieuse quelques instants. « Peut-être parce que j'ai même pas vingt-cinq ans, que j'ai du mal à me soucier des autres et que ma vie est une catastrophe ambulante ? » Elle se laisse retomber doucement sur le matelas, fixant toujours le plafond. La gorge légèrement nouée, elle serre sa main pour se donner pour de courage. « Et aussi parce que.. c'est pas la première fois que je suis enceinte. » Elle papillonne, pour ne pas laisser la peine s'installer dans ses beaux yeux bleus.

« écoute, tu te soucis de moi, non ? Tu te soucis de toi, forcément. Donc tu te soucieras forcément de notre enfant, c’est des maths ! » Pandore ne remarque même pas les changements dans l'attitude de Perry. Elle secoue la tête, complètement bornée. « Oui, et si j'échoue ? Si l'enfant devient quelque chose que j'veux pas ? Pire, et si.. s'il disparait ? Il peut arriver tellement de choses, je m'en voudrais à vie. Déjà que c'est le cas ... » Elle s’apitoie un peu sur son sort, mais elle a toujours été comme ça, Pandore. À ne voir que la version la plus sombre des choses. Elle lui avoue ensuite qu'elle a déjà été enceinte et sursaute au cri de Perry. « désolé, mais quoi ? De qui ? Quand ? » Brusquée, elle sent ses yeux s'emplir de larmes et elle serre les dents pour les retenir. Elle le regarde à travers le rideau flouté, et secoue la tête, incapable de prendre la parole. Ça a beau faire deux ans, la plaie est encore là, comme une blessure mal soignée. « et tu m’as rien dit ? » Elle sent sa respiration qui s'est accélérée, elle ne veut pas craquer, pas ici, pas maintenant. Comme une enfant, elle se balance d'avant en arrière, assise sur le bord du lit. « J-Je pouvais pas Perry.. Je pouvais pas te dire ça, ça me fait trop.. mal. » crache-t-elle dans un soupir douloureux. Sa main tremble légèrement, et elle lâche celle de son meilleur ami pour se lever, faisant les cents pas dans la chambre pour se détendre. Ça ne fait que l'agiter un peu plus. « Qu'est-ce qui n'va pas chez moi ?! » demande-t-elle d'un ton suppliant, sans que l'on sache très bien si elle se parle à elle-même, à Perry, au ciel.. Non mais c'est vrai. La mort de ses parents par un concours de circonstances assez tragiques, l'histoire du bébé, sa relation chaotique avec Emrys auquel elle est encore profondément attaché, maintenant la grosse venant du mauvais homme, son meilleur ami amoureux d'elle.. Elle n'a répondu à aucune de ses questions, et elle sait qu'elle devra tout lui dire à un moment ou à un autre. La gorge légèrement enflée, elle revient vers le lit. « Il faut que tu dises ça à personne Perry, il faut pas que les autres soient au courant, jamais. » Enfin, ça finirait sûrement par se savoir un jour ou l'autre, hein. Tout se sait.

Et sa curiosité est légitime, Pandore le sait. Après-tout, elle aussi elle l'aurait bombardé de questions si la situation avait été inversée, non ? Enfin bon, si Perry lui avait dit avoir été enceinte, oui, là elle se serait posée beaucoup de questions. « mais rien…t’es parfaite. » Elle lui lance un regard qui signifie clairement qu'elle ne le croit pas. Si elle était parfaite, elle.. elle serait.. Eh ben tiens ! Si elle était parfaite, elle serait toujours à Paris, en train de rendre ses parents fiers d'elle. Elle ne les aurait pas "tué" en quelques sortes. Mais elle n'aurait jamais connu personne. Ni Dexter, ni Thad, ni Perry, ni Emrys, ni Dasha, ni Pâris, ni... bon personne ici, quoi. Alors peut-être que c'est pas plus mal qu'elle soit si imparfaite. Elle revient vers le lit et se laisse tomber comme une chaussette dessus. « d’accord. Mais pourquoi, ça pourrait t’aider d’en parler à des gens, non ? » Elle tourne la tête, embrassant du regard son visage si innocent. Pour une des premières fois, elle se dit qu'il est... réellement beau. 'Fin, elle se l'est déjà dit, et elle lui a déjà dit, mais là tout de suite, ça lui semble plus réel. Elle lâche un rire qui ne transpire pourtant pas une joie très claire. Plutôt de l'autodérision pure et simple. « Tu crois que ça m'aiderait de révéler à Dasha que j'ai été enceinte de son copain actuel ? » Elle détourne le regard de suite. Perry saura donc qu'elle parle de Dexter. Il voulait savoir... alors voilà, c'est dit. Et ça fait soudain un tel bien fou de révéler enfin ça à quelqu'un qu'elle... se met à pleurer. Elle se prend le visage entre les mains. Elle ne veut pas de cet enfant, elle ne veut pas de cette peur qui la tenaille déjà. Elle se balance d'avant en arrière, comme si elle avait six ans.