demon, where did my angel go ? /pandys.

Elle le voit essayer de sourire. Essayer. Mais Emrys n'a jamais su mentir. Elle le connait. Même si ç'avait été de lui, ça n'aurait pas été une bonne nouvelle, visiblement. Elle ne sait pas si elle doit se sentir blessée ou soulagée. De toute façon, elle n'est pas prête à avoir un enfant. Mais cette décision.. Elle n'a pas pu la prendre en étant seule. « Enceinte … Hum, c’est une bonne nouvelle non ? » Non. Mais elle est incapable de lui répondre, et préfère rester muette, une fois de plus. Elle a envie de pleurer. De s'effondrer dans ses bras. Lui dire qu'elle est désolée, qu'elle a déconné, qu'elle va changer. Qu'elle l'aime vraiment, qu'elle doit juste faire taire ses démons, prisonniers au fond d'elle, qui lui passent constamment les menottes. « Un bébé ne pouvait pas être une si mauvaise nouvelle, si ? » Elle sent sa gorge se nouer. Pas maintenant, là faut que tu répondes Panda ! Plus facile à dire qu'à faire, hein. Elle déglutit. Détourne le regard. Lâche, Pandore, lâche.. « Non, parce que.. » Bien, bravo, un demi-pas de fait et déjà elle craque. Elle sent sa respiration s'accélérer. Peut-être qu'elle aurait dû attendre encore un peu ? Non, sûrement qu'il lui en aurait encore plus voulu si elle lui avait caché. Parce qu'il va lui en vouloir de toute façon, n'est-ce pas ? Même s'ils n'étaient plus ensemble ? Tes sentiments existaient déjà. Quel coup foireux d'aller se consoler dans les bras d'un meilleur ami... Elle pince les lèvres et, pour se donner elle-même la sentence tant redoutée, elle plante les yeux au fond de ceux d'Emrys, dont elle n'a oublié aucune nuance. « Parce que je suis enceinte de Perry. » lâche-t-elle alors, d'une voix bancale. Elle lui annonce donc pour le coup qu'ils ont couché ensemble pendant leur séparation – Perry, alias pour lui le « coloc à poil » dont il a déjà été jaloux. Oh, mais lui avoueras-tu toutes les conneries que tu as fait ? Tous les lits visités, en quête d'une rédemption ? Non. Parce qu'elle le perdrait, une nouvelle fois. Mais elle n'était pas sûre de pouvoir se relever de nouveau. Tant de fois déjà qu'elle a failli chanceler et tomber du mauvais côté. Ses yeux se bordent d'un liserai de larmes amères. Quand elles coulent sur ses joues, elles brûlent sa peau. Son coeur, à vif, lui fait affreusement mal. Oui, c'est physique. Elle attrape la main du brun, comme une supplique qu'elle ne s'avouerait pas. « J-Je voulais pas.. J'ai jamais voulu que ça arrive... Mais je suis tellement.. paumée que j'ai pas réussi à prendre une décision.. » bredouille-t-elle, complètement à l'ouest, le cerveau en miettes. Tiens, faisons des confettis avec sa dignité, là à genoux devant lui, qu'elle a déjà mis à nue maintes fois devant lui. Plus que devant n'importe qui. Elle retient un sanglot douloureux au goût des remords, avant de se mordre la lèvre avec tant de hargne qu'elle ne tarde pas à récolter, sur le bout de sa langue, le goût métallique que cela laisse échapper.

Spoiler:

Tu vas le perdre. Une nouvelle fois. Pandore a l'impression de vivre une situation de déjà-vu. Elle le voit. Elle le sent. L'angoisse grimpe en elle comme une épidémie. Il va se mettre en colère. Se dégager brusquement, la repousser. La frapper ? Pandore aimerait. Oh oui, elle aimerait qu'il lui retourne ce qu'elle mérite. Parce qu'un coup ferait certainement moins mal que de voir la déception, là, dans son regard chocolat. Ces yeux qu'elle aime tant. Qui la font se sentir comme une enfant. Naïve. Ou inconsciente. Elle le regarde, avec l'espoir à la place des iris. Mais elle sait qu'il lui échappe déjà. Que l'histoire va recommencer. Qu'elle va sombrer, et que cette fois, elle ne se relèvera pas. Mais cette fois, elle est prête à tout. Plus de fierté, plus de dignité. Juste son âme à nue, ici devant lui, à genoux. « Q-quoi.. quelle décision ? » Ça lui semble logique, à elle. Mais peut-être qu'elle s'exprime mal. Peut-être qu'elle vit sur une autre planète, la pauvre petite. « Eh bien de le garder ou de... » Elle ne finit pas sa phrase.  Elle le regarde se lever, l'observe comme une spectatrice d'un désastre qui n'est pas le sien. Et pourtant. Elle n'arrive même pas à réagir. Sur le canapé, ses jambes sont scotchées. Et surtout, il y a ce poids énorme qui lui comprime la cage thoracique. Qui rend sa respiration sifflante. « Quelle partie exactement tu ne voulais pas que ça arrive ? Celle du… je suis enceinte ou bien la partie juste avant qui à aboutit au fait que tu sois enceinte ? » Est-ce qu'il est réellement sérieux ? Ne voit-il donc d'elle qu'une garce finie, irrécupérable ? Elle le considère un instant. Elle n'a même pas envie de pleurer. Ça va plus loin que ça. Elle a le souffle coupé. Et les souvenirs acidulés lui créent des flashs empoisonnés, là, qui la font cligner des yeux. Elle prend une goulée d'air, pour parer à son apnée interminable. « J-je comprends rien … » Sans blagues ! Elle tremble. Elle fixe ses mains, agitées de spasmes incontrôlés. Ne pourrait-il pas la rassurer ? La prendre dans ses bras, lui dire que cela va s'arranger ? Non. Non, il doit se sentir trahi, le pauvre petit, n'est-ce pas ? Une nouvelle fois. T'es bonne qu'à le décevoir, Panda, fais-y toi. Mais elle ne s'y fera pas. Parce que c'est bien la seule personne qu'elle ne voudrait voir déçue à cause d'elle. Il compte tellement. Pour son bien-être. Pour sa survie, bordel. Elle se lève à son tour. « Les deux, voyons ! Je n'ai jamais voulu être enceinte, et je n'ai encore jamais voulu que ça soit de lui ! C'était.. une erreur. On a dérapé. J'étais au fond. » Au fond ? Au fond du trou, au fond du ravin. Et lui, il était là, à l'attendre. Partagée d'émotions contradictoires, elle fait un pas mais chancèle un peu. Incertaine. Hésitante. « Je t'aime, Emrys.. » répète-t-elle doucement, en tentant de croiser son regard obstinément rivé sur le sol. « Je n'ai pas encore été avorter, parce que je voulais.. je sais pas, j'ai toujours eu l'espoir que tu reviennes. Ou que je revienne moi-même te chercher. Et de pouvoir en discuter calmement avec toi. C'est avec toi que je veux faire ma vie, tu comprends ? » Jamais encore elle n'a dit ça. À personne. Et jamais elle ne pensait le dire un jour. Se poser, construire quelque chose de sérieux ? Une famille ? À quoi bon, après avoir massacré la sienne. Elle s'approche encore, si près qu'elle peut entendre sa respiration. Elle attrape sa main. « Pardonne-moi, s'il te plait. » Encore. Une dernière fois. Son regard, inquisiteur, le quête toujours. Dans le but peut-être de lui montrer qu'elle a besoin de lui. Plus que jamais.