on se croit héroïque à peu de frais. (thad)

Tic. Tac. Ça résonne dans ta petite tête. T’es accoudée à ta table de travail avec une bouteille dans ta ligne de mire. Tu as eu toutes les bonnes raisons pour t’inquiéter et pleurer. Tu as maintenant toutes les bonnes raisons pour noyer ces derniers évènements dans un verre ou deux. Du moins, c’est ce dont tu essayes de te persuader : c’est presque un comble de vouloir se mettre dans le mal pour se libérer l’esprit alors que ton frère a été à deux doigts de trépasser à cause d’une overdose. Tu finis par loucher sur le rhum et tu t’apprêtes à toucher le fond.

Tu ne sais plus exactement comment tu t’es retrouvée ici, c’est-à-dire debout sur la caravane de Thad en train de danser. Enfin danser est un bien grand mot. Tu t’agites dans tous les sens ou presque. « It’s Friday, Friday. Gotta get down on Friday. Everybody’s lookin’ forward to the weekend, weekend. » Tu reprends également presque mot pour mot les paroles crachées par ton téléphone (qui a osé mettre ce titre dessus, d’ailleurs ?), posé juste à côté de cette bouteille bien entamée. Une pirouette et tu te retrouves étalée sur le toit. Tu éclates de rire, tu continues de pleurer : tu ne sais plus où donner de la tête. Et puis, tu regardes les étoiles en essayant de te calmer. Du bruit : on s’approche. Fuck, à tous les coups il y a un voisin qui va venir se plaindre du bruit ou… peu importe quoi d’autre. Tu te lèves avec tant de bien que mal et aperçois Thad. Ce n’est pas trop tôt. « Mon amour ! », tu t’exclames avec cette voix romantico-mielleuse qui ne te ressemble pas. Il ne manque plus que tu sautes dans ses bras. Alors, tu rejoins le bord, puis t’arrêtes net. Oh, c’est trop haut pour que tu tentes quoi que ce soit sans réfléchir un minimum, mais il faut que tu descendes de là, à moins que vous rejouiez cette fameuse scène du balcon de Roméo et Juliette. Vu ton état quelque peu joueur, tu en serais bien capable. D’ailleurs… Tu t’éclaircis la voix. « O Romeo, Romeo! Wherefore art thou Romeo? Deny thy father and refuse thy name; or if you wil not, be but sworn my love, and I’ll no longer be a Capulet. » C’est bien la seule réplique du lycée dont tu te souviens. Tu n’es pas plus avancée quant à ta « sortie de scène » sans provoquer un drame. Tu glisses tes doigts dans ta tignasse histoire de ressembler, mais aussi de voir, quelque chose. « Allez, viens là-haut, il y a une jolie vue mine de rien. » Si tu t’es rendue jusqu’ici, soit à l’autre bout de la ville, de chez toi, ce n’est certainement pas pour rien. T’aimes (bien) Thad, entre autre, parce qu’il a cette facilité pour détendre l’atmosphère et te faire rire. Rire beaucoup, rire souvent.

Une assez bonne vue d’en bas ? Tu fronces les sourcils, perplexe face à sa réponse. Mais il n’y a rien à voir de là : t’es loin de te douter que monsieur lorgne sur tes jambes, pervers. Tu n’as pas le temps de demander à Thad le pourquoi du comment, il arrive. Superman – sans son magnifique tee shirt – à la rescousse. « Ah, il faudra que je te présente ma nouvelle amie. » La fameuse bouteille de rhum posée à côté de ton téléphone (qui laisse échapper une musique affreuse, pop commerciale). Nouvelle amie pour la soirée, pas dit que la relation soit toujours aussi bonne au réveil. Et quand bien même tu n’as probablement pas bu des masses, tu ne tiens toujours pas bien l’alcool. Tu l’aurais bien désignée de l’index, mais selon ta très chère mère, il paraît que ce n’est pas poli ou joli pour une fille de le faire, et de toute façon Thad est décidé à ce que les choses se déroulent autrement. Baiser de retrouvaille : tu pourrais t’envoler, littéralement parlant. Tu refronces les sourcils après sa question. Des histoires, il s’en est passé bien trop en peu de temps, à ton goût. Tu soupires ; tout n’est peut-être pas bon à lui dire. « Le monde est fou, soyons fou à notre tour ! » Tu hausses les épaules. Il n’y a pas meilleur résumé que ces quelques mots. Tu n’es même pas plus rassurée que l’autre soir. Tu poses la tête sur son épaule. « Et puis le toit à l’air plutôt stable. » Alcool et surface donc stable vaut toujours mieux qu’alcool et être assise sur un vélo pendant qu’un type que vous connaissez à peine pédale, même si la vue en vaut la chandelle, chacun son tour. « Et… une de mes colocataires est en cloque. Il a fallut que ce soit Perry le père. » Pas besoin de lui dire qu’il s’agit de Pandore, son ex, mais également la meilleure amie de ton frère. On ne pouvait pas faire mieux comme situation bizarre, étrange et compliquée. « Et c’est super bizarre à l’appartement. Du coup, je me voyais pas rentrer là bas. » Et dire qu’il ne s’agit que d’un début de confidence. Évidemment, quoi de mieux que de s’offrir en spectacle devant son copain, hein ? Enfin c’est toujours mieux que de broyer du noir seule dans ta chambre, ou pire avec un nouvel inconnu. Thad doit bien avoir une fonction éponge à émotion, non ? Au moins, il pourra toujours te tenir les cheveux si jamais tu as besoin de finir la tête au dessus des toilettes, ou du sol. Charmant comme soirée de couple, n’est-ce pas ? « Et puis, tu me manquais ? » Ouais, tout ceci n’explique pas vraiment pourquoi tu es sur le toit et non assise sagement devant la porte de la caravane, ni même comment tu as procédé pour grimper ici sans te blesser. Enfin comme tu l’as dit plus tôt, c’est une soirée de folie et d’égarement, parmi d’autres.

Allemande grincheuse (d’ailleurs tu te demandes rapidement pourquoi un tel surnom pour Dasha) ou pas, tu aurais préféré que ce ne soit ni l’une, ni l’autre. Ce n’est pas Perry ou elles le problème, et ce n’est pas dit que Thad comprenne pourquoi cela te met dans tous tes états : à tes yeux, vous formez une famille. Vous voyez le genre ? Toute cette histoire fait presque incestueuse du coup. En attendant, il arrive tout de même à t’arracher un petit sourire. T’as bien fait de te traîner jusque ici, même si c’est soit disant dangereux de te balader dans cet état d’ébriété avancé (dont tu n’es toujours pas consciente) sur le toit. Et pire encore, tu es contrainte de t’accrocher à lui quand tu éclates de rire. Non ce n’est pas la remarque sur ton horloge biologique qui te met dans cet état, parce que ça arrivera certainement un jour ou l’autre, mais le reste. Ça sent le vécu, la véritable anecdote quoi… Tu imagines très bien la scène où tu serais prise sur le fait en train de préparer ton crime. « Je vais croire que tu es sorti avec des folles. » Non mais il faut avoir un véritable problème dans la tête pour agir de la sorte… Après avoir pleuré d’énervement pour l’histoire entre Perry et Pandore, te voilà en train de pleurer de rire, pratiquement sur le point d’avoir mal aux abdominaux et tout ce qui va avec. « Très peu mon style les trous dans les capotes et tout. » Promis, le jour où l’idée d’avoir des enfants t’effleure l’esprit, tu opteras pour la discussion. En attendant, tu préfères « vivre » que de tomber dans le cercle vicieux de la routine. Alors que Thad s’en va attraper ton téléphone pour y faire Dieu sait quoi, tu ne bouges pas d’un centimètre, histoire de ne pas prendre de risque et de rester sur le toit comme demandé plus tôt. « Oh tu serais prêt à danser ?! » Evidemment, danser demeure toujours un très grand mot. Sa personnalité ne colle pas trop avec valse viennoise et compagnie. Tu sautilles sur place, puis le rejoins d’un pas quelque peu hasardeux. Face à son air perplexe, tu ajouter : « Il doit bien y avoir quelque chose de correct là dedans. » Sourire en coin. En effet, tu as une vague idée de ce que tu es sur le point de lui… imposer. You never can tell : jackpot. Tu fermes les yeux afin de t’imprégner du personnage de Mia. Il ne t’en faut pas plus pour te lancer dans la chorégraphie du fameux film de Quentin Tarantino et de défier Thad du regard. Alors toujours des doutes monsieur ?

Tu ne t’es peut-être jamais autant concentrée pour ne pas faire un vol plané. Ainsi, tu n’entends pas grand chose à ce qu’il te dit, pas même la remarque au sujet de ton état mental – de toute façon, tu es toujours persuadée que tu as la tête sur les épaules – et encore moins sa question. Il faut que tu te vides la tête ce soir, à tout prix. Tu continues de danser, ou t’agiter, tout dépend du point de vue. Et rire aussi, parce que le meilleur est à venir : voir Thad te rejoindre. Vous faites la paire, d’une certaine manière. Bon il ne semble pas connaître le film, ce qui doit rendre le tableau encore plus hilarant vu de l’extérieur. Et c’est au moment où tu t’apprêtes à faire une pause pour reprendre ton souffle, et rassembler le minimum d’esprit que tu avais, que la bombe la plus inattendue est lâchée. Pas moyen de cacher ta surprise. Tu as cessé de danser. Bouche bée, yeux écarquillés : la totale. D’un autre côté, tu es également assez saoule pour avoir imaginé ses paroles. C’est bien le genre de chose qu’une fille a envie et besoin d’entendre, même si les circonstances ne sont pas les meilleures. Tu devrais avoir un sourire niais et sautiller un peu partout, quitte à oublier les conseils de Thad quant à ta sécurité. Tu te laisses quelques secondes supplémentaires pour retrouver les bouts d’esprit que tu pensais perdus. « Sinon quoi ? » Tu poses tes bras sur ses épaules, sourcil arqué, entre quatre yeux, comme si tu t’apprêtais à lui dire la vérité. Plutôt médiocre cette façon de gagner du temps. En plus, tu commences à ressentir de la fatigue. Il faut que tu dises quelque chose… « Je… » Ce n’est pas que tu en es incapable… Tu as déjà dit ces quelques mots. Malheureusement, ils font souvent fuir le sexe opposé et justement… tu es cette fille avec la tête sur les épaules. Ce n’est pas rien et tu ne peux pas lui répondre dans cet état : il faut que cela signifie quelque chose, que ce soit spontané, inattendu. Si en le côtoyant tu es devenue un brin moins… « superficielle », on ne peut pas en dire autant de ton côté grande sentimentaliste. « C’était une hallucination ? » Rares sont les fois où l’on attend une réponse négative. Dorénavant assise, le visage entre tes mains, tu pries pour ne pas oublier cette scène au réveil ou pour ne pas avoir trop la gueule de bois et oublier de lui répondre.

Sérieusement, tu serais bien tentée aussi de faire un trou pour t’exiler à l’autre bout du monde même si jouer les autruches n’a encore jamais fait parti de tes réactions pour la simple et bonne raison que tu ne t’es pas retrouvée à cette place. Enfin, tu peux toujours compter sur Thad pour sortir une de ces phrases comiques qui détendent l’atmosphère pendant quelques secondes. Ouais, malgré ton état et la bombe expulsée entre ses lèvres un peu plus tôt, il est parvenu à t’arracher un sourire : une des raisons pour lesquelles tu t’es certainement attachée aussi vite. Son humour ainsi que son côté désintéressé seraient les réponses que tu donnerais si l’on te demandait pourquoi. « Merci de me rappeler l’histoire de ma solitude en compagnie de tous les chats du quartier. » Tu es incapable de t’empêcher de rire en repensant à cette soirée. Est-ce que sans le groupe de mecs lourds vous en serez arrivés là ? Aucune idée, mais ils ont probablement contribué à votre rapprochement, avec du recul. Le regard en biais, tu suis ses gestes toujours incapable de dire quoique ce soit, mais ravie qu’il ne t’ait pas laissée seule sur le toit. Du coup, tu te contentes de l’écouter et au final, tu préfères l’entendre que de voir un kangourou travesti – toujours des kangourous avec lui – ou un dinosaure. Et quand vient la question sur ton programme pour le reste de la nuit, tu lèves les yeux au ciel, t’allonges contre lui sans oublier un petit coup de coude. Toi, ronfler ? Jamais. Enfin même si le contraire est vrai, tu fais mine d’être vexée. Sinon, tu comptes bien rester que ce soit sur son lit ou ici-même. « Attends Thad. » Tu prends une profonde inspiration tout en posant ta main sur la sienne. Au final, tu devrais saisir l’occasion de le lui dire, de lui répondre. Ce ne serait pas cool d’oublier, ni sexy de lui parler au petit matin avec des relents de rhum dans la bouche. « Je pensais pas que tu dises ces mots le premier. C’est pas une déclaration précoce, enfin je trouve pas. » Tu as toujours considéré être celle qui aimait trop vite, trop tôt, le plus, toujours plus, d’où un tas de déceptions amoureuses. « Je t’aime et je tiens à toi. » Grand plongeon fait et tu es encore vivante. Plus détendue, un fin sourire se dessine enfin sur tes lèvres. Puis tu retournes dans le vif du sujet : dormir et décuver. « Et comment on descend de là ? » Tu arques un sourcil. En effet, tu n’as toujours pas la moindre idée du comment t’as réussi à te hisser jusque ici. Très probablement plus maladroite que Thad, tu te demandes comment vous allez regagner le sol sans finir la nuit aux urgences. On a connu mieux comme fin.

Tu regardes Thad avec des grands yeux quand il te suggère de sauter. Plus facile à dire qu’à faire. Du moins pour toi, car monsieur s’en sort à merveille. C’en est frustrant. Tu te redresses à ton tour. Holy shit, c’est vachement haut quand même. Tu pâlis et déglutis, mais explose de rire par la suite. Entre son sourire et sa proposition d’appeler les pompiers au petit matin, tu es obligée de céder… au point d’avoir de nouveau quelques couleurs rosées au niveau des pommettes. « C’est pas genre les chats qu’ils sauvent d’habitude ? Sauf si j’ai eu une paire d’oreilles et une queue depuis la dernière fois que je suis passée devant un miroir. » À défaut de retourner debout et de tourner sur toi-même comme une idiote doublée d’un clown pour vérifier, tu regardes furtivement dans ton dos et passes une main dans tes cheveux : non toujours rien de félin. À moins que tu ronronnes sans le savoir, enfin c’est toujours mieux que de ronfler, non ? Puis, tu t’approches un peu plus du bord jusqu’à ce que tes jambes pendent dans le vide. Allez, sois une grande fille. « Et puis je veux pas dormir seule. C’est non négociable. » Après tout, tu es venue ici pour échapper à la mauvaise ambiance de ta colocation et passer du temps avec lui. À ton tour de sortir le sourire auquel il ne peut pas dire non (c’est peut-être ça ton côté félin-chaton-trop-mignon). Et puis même avec une couverture, ce ne sera pas le grand confort : mine de rien, c’est pas très moelleux le toit d’une caravane. Tu prends une profonde inspiration, une dose de courage. « Atten… tion. » Tu fermes les yeux et te laisses glisser. La chute doit durer une demi seconde. À peine. Une demi seconde qui ne s’avère pas être bien méchante finalement. Tu te réceptionnes sur tes deux pieds, vivante (sait-on jamais). Bon pour la grâce et l’élégance, on repassera plus tard. Il ne te reste plus qu’à te traîner jusqu’à son lit.  « Tu comptes encore me surprendre plus tard ? » Non, parce qu’il pourrait toujours préparer le terrain pour ne pas te prendre par surprise encore une fois. Tu te rapproches, poses ta tête contre son torse et soupires. « Merci. » Sous-entendu, pour être là. Tu embrasses le brun sur le coin des lèvres. « Bonne nuit Thad. » Tu tournes les talons pour te faufiler dans la caravane. Une fois arrivée, tu ne prends même pas le temps de te déshabiller et de te déchausser et tombe comme une masse sur le matelas. Il ne t’en faut pas plus pour comater… sans ronfler, tu l’espères.

T’extirper du lit, c’est certainement la chose la plus compliquée au monde en fait. Plus compliqué que de sauter du toit de la caravane, c’est pour dire. Ce sont les rayons du soleil qui dansent sur ta peau qui auront raison sur ton sommeil, ainsi que l’absence d’oreiller humain. Évidemment, il fallait compter sur la couverture dans laquelle tu as fini pour t’emmêler afin de ne pas arranger la situation. Tu te lèves trop vite sans faire attention, perds l’équilibre et t’étales, dans un bruit lourd, de tout ton long, du moins en fonction de l’espace disponible, dans la caravane. La chute t’arrache un cri de surprise et de « douleur ». Entre ça, ta migraine carabinée ainsi que la lumière qui t’abrutit plus qu’autre chose, tu as connu mieux comme réveil. À cet instant même, il ne manquerait plus que tu aies une envie subite de vomir et tu toucherais le fond. Tu soupires avant de retourner debout. À peine levée, déjà exténuée. Tu attrapes la bouteille d’eau à la va-vite – un idée de génie qu’elle se trouve là – et la porte à tes lèvres. Tu prends place sur les genoux de Thad et te blottis contre lui quelque peu surprise qu’il ne soit pas à la plage à cette heure ci, seul ou avec ses (adorables) clients et élèves. « Alors pas trop bruyante la nuit ? » Oui, tu n’as pas oublié qu’il s’est bien foutu de toi insinuant que tu ronflerais sous l’effet de l’alcool, sous entendu presque que tu dérangerais monsieur. De la même façon, tu n’as pas oublié sa déclaration ainsi que la tienne. Tu en rougis encore rien qu’en y repensant. Quant au reste, c’est encore embrumé dans ta petite tête. « T’as pas un truc contre la gueule de bois ? » Entre nous, tu pourrais tuer pour du pain avec des frites ou même des pâtes, le tout accompagné d’une perfusion de caféine et suivit d'une douche chaude. Bref, le genre de trucs bien écœurant au petit matin pour le commun des mortels, mais qui éponge bien les dégâts de la veille. N’est pas Poppy-avec-la-gueule-de-bois qui veut. « Ou la glace est un bon remède ? » Tu louches sur son pot, plonges ton index dedans sans attendre sa réponse et le portes à ta bouche. Ce n’est pas dit que le rendu soit aussi bien que dans la publicité de Haagen-Dazs, you know what I mean. Et avoir de nouveau l’image de Thad seul avec son pot de glace te fait rire : d’ordinaire, ce genre de situation pour une femme n’est pas bon signe. Un peu comme toi hier avec la bouteille, mais moins douloureux le lendemain. « Tu nous fais pas une petite déprime, hein ? » Il n’y a certainement aucun rapport, mais tu n’es pas capable de te retenir, ajoutant un regard faussement inquiet en prime.

Tu lui réponds non d’un simple signe de tête. Non, pas plus d’alcool. Ta tête ainsi que ton foie et certainement tout un tas d’autres organes ne le supporteraient pas. T’es bien trop une novice en la matière pour combattre le mal par le mal. Tu compenses donc avec la glace jusqu’au moment où tu auras le courage d’aller chercher quelque chose de consistant… tu ne sais pas encore où. Tu dois faire ton possible pour ne pas t’étouffer de rire à cause des étranges bruits qui sortent de la bouche de Thad. En fait, tu dois sortir avec le clown, ou bien le comique, ambulant de la ville. Tu lui réponds avec un haussement d’épaule quand il te pose ces questions à propos de son poids. Besoin d’être rassuré comme un gosse ou quoi ? Après tout, c’est bien une préoccupation féminine. Et puis, c’est bien connu, tu attaches beaucoup d’importance au physique, au point de rompre avec lui dès lors qu’il ne serait plus aussi attirant que maintenant ou lors de votre rencontre. « Peut-être bien, ouais. » Tu soupires et glisses tes doigts dans sa nuque. Tu reprends avec un fin sourire. « Tu sais, même avec trois tailles en plus, je t’aimerai. Je suis sérieuse. Bon ça aurait surement un impact sur ta clientèle… » Tu clignes des yeux, surprise, quand il vient à étaler de la glace sur toi : t’es sale et tu pues selon ses mots. Et puis quoi encore ? Thad aurait peut-être du te dire d’oublier tes envies de devenir actrice… Parce que tu continues en faisant mine d’être vexée, si ce n’est offusquée, cette fois. Tu roules des yeux, en prime. Mais s’il tient à jouer de cette façon… Tu es prête. « Une façon de me dire que je dois prendre une douche imminente ? » Tu commences à retirer tes chaussures du bout du pied, puis ton tee shirt, avant d’être coupée par l’estomac de Thad qui crie famine à son tour. Bon ce n’est pas dans l’immédiat que tu pourras passer sous l’eau. En attendant, tu tentes d’essuyer ses conneries du revers de la main et croises les bras sur ta poitrine. Le bon côté des choses est l’éventualité d’avoir un semblant de petit-déjeuner. Tu ris de nouveau. « J’en suis pas encore arrivée à me contenter de légumes et de tofu. » Et les pâtes… Mon dieu, vivre sans pâte, ni fromage… Ce n’est pas une vie ça. Et quand bien même il ne trouverait pas de lait, tu prends les céréales sans réfléchir un instant.