défilé sous haute tension (+) ernesto

Et encore un week end passé hors de Bowen. A Sydney plus précisément. Mais ça, c'était les joies du métier de mannequin. Et encore, pour une fois elle avait de la chance, ce n'était pas un petit défilé assez minable comme elle avait l'habitude de faire ces derniers temps. Il s'agissait de la promotion d'une nouvelle marque créée par un petit entrepreneur australien et fabriquée avec des matières bios. Bon, le budget n'était pas énormissime non plus, d'où la présence de mannequins encore amateurs. Enfin semi-professionel on va dire. Les femmes était déjà passées et c'était désormais au tour des hommes. Dans les coulisses, Amalya ne se gênait pas de reluquer tous les merveilleux spécimens, pas forcément encore bien à l'aise avec le podium mais si amusant à critiquer. Elle faisait ça avec une de ses amies coiffeuse. C'était un peu un rituel. D'ailleurs, elles venaient de repèrer un garçon plutôt amusant à observer...

C'était le premier défilé d'Ernesto et il avait peur, lui qui ne se voyait pas du tout dans le mannequinat voilà qu'il allait défilé pour une marque, si un jour on lui avait dit qu'il avait du potentiel, bon on lui avait dit mais il n'y avait jamais cru. Et il faisait ça un peu plus pour rire et pour tester ses limites plutôt que par plaisir. Il aimait la mode oui, mais pas dans le sens où il voulait devenir un grand mannequin, il n'était pas fait pour ça. Et puis tout ceci lui faisait passer le temps, depuis que Charlie n'était plus là, donc ce n'était pas plus mal d'un autre côté ! Le jeune homme avait les mains jointes, et faisait les cent pas, même s'il disait être confiant, il avait tout de même une petite boule au ventre. Et puis se fut enfin son tour, il monta sur l'estrade et pour lui il avait très bien marché, si on soutient le fait qu'il s'était dandiné et surtout qu'il avait souris comme un débile, mais son manager aimait bien ce petit côté chez lui et lui avait donné une tape sur l'épaule juste après son premier passage. Et là, dans une heure il repasserait sur le podium, le temps pour lui d'attendre que l'on s'occupe de lui.

Leur dernière victime venait de finir son passage et les prochains à passer n'étaient pas très intéressants à critiquer. Enfin non, pas réellement critiquer, à conseiller plutôt. Mais sans lui donner les conseils directement. Enfin bref, elles ne se voulaient pas méchante. Amalya devait quand même se préparer pour le final et une fois finie d'être coiffée, elle se dirigea vers les couturières pour pouvoir enfiler sa dernière tenue. Un peu perdue dans sa pensées, elle trébucha en se prenant les pieds dans un des fils qui devait sûrement alimenter un des projecteurs. Mais elle ne tomba pas par terre, non. Encore pire. Elle fut projetée contre un des mannequins qui venait de sortir de la scène. Un blond. Qu'elle s'était amusée à détailler tout à l'heure. Hum. Elle se redressa, essuyant la tache de rouge à lèvre qu'elle avait fait sur sa chemise blanche. « Je.. hum pardon. Je suis.. maladroite.. » Il ne manquait plus que ça. Pourvu qu'il ne réutilise pas la chemise pour un second passage sinon elle serait bonne pour dédommager le créateur si cela passait devant les spectateurs.

Ernesto avait son portable entre ses mains, il envoyait un message pour donner des nouvelles de sa prestation alors qu'il attendait que l'on s'occupe de lui. C'était certainement ça l'aspect qu'il aimait le plus, que l'on s'occupe de lui comme un roi, il ne manquait plus qu'un massage en plus et ça serait parfait. Il se leva alors mais au même moment il sentit quelque chose se heurter à lui, et en prime une grosse tâche de rouge à lèvres sur sa chemise blanche, il fronça les sourcils, et ouvrit la bouche pour prononcer quelque chose mais l'auteur de ces faits le devança et commença à s'excuser. C'était une brune, très jolie cela dit mais très maladroite aussi comme elle se le qualifiait. « Ouais maladroite c'est le cas de le dire ! Une chance que je doive me changer, sinon je ne me montrerais pas aussi cool. Et stop, arrête de m'essuyer s'il te plait ! » Bon en fait il était quand même un peu énervé, le stress qui descendait sûrement, mais il ne fallait pas qu'il s'énerve trop sinon il pourrait se faire virer. Et il se rendit compte, que la jeune brunette face à lui l'avait beaucoup observé tout le long de son passage, il lâcha un petit sourire satisfait et assez mesquin, regard de dragueur. Bon en fait sa personnalité de mec en chasse reprenait parfois le dessus, surtout depuis quelques semaines.

Il avait fallut qu'elle trébuche pile sur l'homme qu'elle avait taillé tout à l'heure et il avait fallu qu'elle le tâche en plus. En ce moment, elle accumulait vraiment les erreurs. La voix de ce dernier faisait transparaitre qu'il était plutôt sur la défensive pourtant son petit sourire contrastait complètement avec ce semblant d'énervement. Elle ne toucha donc plus à la chemise et se recula de quelques pas pour ne pas se sentir si petite à côté du grand mannequin. Parce que oui, elle faisait moins d'un mètre soixante et ça faisait tâche à côté d'un homme d'un mètre quatre vingt comme lui. Son regard gêna quelque peu Amalya ce qui la fit regarder ailleurs mais pour quelques secondes seulement car elle ne pu s'empêcher de retourner son regard sur lui. Habituellement, elle détestait regarder une personne dans les yeux, elle préférait fuir en les détournant. Mais là, son regard avait quelque chose de spécial. Quoi, elle ne saurait le dire. « Merci d'être cool. » Quelle réponse idiote. En réalité, elle était encore un peu perturbée par les yeux qui la fixaient. « En tout cas pour une première prestation, c'était pas mal. » Comment elle savait que c'était une première prestation ? Elle l'avait tout de suite remarqué. Son pas n'était pas encore trop assuré et en repassant dans les coulisses, son sourire de benêt en disait tout sur sa satisfaction.

En matière de drague Ernesto s'y connaissait assez, surtout lorsqu'il voyait les femmes insensibles à son charme et pour le coup la jolie brunette face à lui ne l'était pas. Ernesto n'irait pas jusqu'à dire qu'elle était complètement troublée, mais le fait qu'elle baisse la tête et qu'elle hésite à plonger son regard dans le siens prouvait qu'effectivement il y avait quelque chose et qu'elle n'était pas indifférente à son charme. Elle le remercia et il lui fit un sourire sans pour autant ôter son léger énervement, mais quand elle fit une remarque sur sa prestation son visage se crispa il recula d'un pas et passa la main dans ses cheveux « Comment tu peux être certaine que c'était ma première prestation, alors que excuse moi si je me trompe mais on ne s'est jamais parlé, si ? Et merci pour le minuscule et aussi ridicule soit-il compliment que tu m'as fait. » Et pour ne pas parraitre trop brutal, il lui effleura la joue avec malice, oui il la draguait peut-être un peu et son regard était assez clairement provocateur mais il n'avait pas honte, et s'il fallait l'avouer il le ferait et avec fierté.

Non Amalya n'était pas totalement troublée, elle était juste légèrement perturbée. Elle en avait vu d'autres, surtout dans les défilés, certains hommes devenaient mannequins juste pour pouvoir avoir accès à un grand panel de filles à se mettre sous la dent. Mais Amalya, elle, elle ne faisait pas partie de celles qui cédaient. Enfin, elle pouvait s'accorder un petit plaisir de temps en temps. Hum. Vue la mine suspecte du mannequin et son mouvement de recul, Amalya devait avoir vu juste. Elle s'apprêtait à lui répondre quand il lui frôla la joue. Elle fronça les sourcils et tenta de placer sa phrase comme prévu, sans paraitre troublée, ou du moins en essayant. « Hum, non on ne s'est jamais rencontrés avant. » Elle se mordille la lèvre, tentant de cerner le personnage. Elle n'était pas tombée sur un de ces mannequins vide dans le cerveau et n'ayant qu'un corps d'appolon pour vivre, non là c'était un mélange bien plus subtil et.. intriguant. « Mais disons que quand on a l'habitude des défilés, ce sont des choses qui se remarquent facilement. »

Bien sûr que Ernesto était différent des autres mannequins, puisque lui à la base ce n'était pas du tout un mannequin et il ne voulait pas percer la dedans pour son futur, il voulait simplement s'éclater et voir ce dont il était capable. Et il fallait bien avouer qu'être dans le domaine de la mode apportait quelques avantages, comme rencontrer des filles assez bien faites. Là il en avait rencontré une, et il était content, cependant il voulait faire l'approche en douceur, en se montrant avant tout méchant pour montrer qu'il avait son petit caractère de merdeux. Il hocha de la tête en guise de réponse, puis écouta ce qu'elle lui disait. « Et quels sont les critères pour remarquer ses choses ? La posture ? La démarche ? Ou bien est-ce le fait que je me retienne de rire tout le long de mon passage ? Dis moi ça m'intéresse. » lui répondit-il. Il la tutoyait, et avec son accent franco-italien ça donnait quelque chose de vraiment audacieux et oui subtil. D'ailleurs il adorait jouer de ça surtout lorsque la femme en question se montrait aussi réceptive à son charme et à ses sourires regorgeant bien des mystères.

Il était vrai qu'Amalya n'avait pas été insensible à son petit accent. Elle n'aurait pas vraiment su dire de quel pays il venait. Sûrement d'un pays méditerranéen à cause du roulement de ces r. Mais c'était vraiment léger. Sa question était tournée de manière à ce qu'elle lui donne des conseils sans pour autant le lui demander clairement. Tout était vraiment subtil chez lui, comme s'il ne plaçait aucun mot au hasard. « Alors oui déjà la démarche. Ton port de tête n'était pas assez fixe et tu n'as pas correctement engagé le demi-tour. Tu veux que je continue ? » Elle était un peu plus sèche. En fait, elle tente surtout de ne pas s'écraser devant lui. Tout en parlant, elle se redressait et mimait la bonne position à prendre au niveau du cou et de la position de la tête. Mais tout ça, elle l'avait appris avec l'expérience, c'est pour ça qu'elle l'avait quelque peu félicité tout à l'heure. Pour un premier passage, c'était vraiment, vraiment très bien. Mais aux vues de sa réaction de tout à l'heure, elle n'allait pas le lui répèter. Ca lui ferait bien trop plaisir.

Bien entendu qu'Ernesto tournait sa phrase dans le sens d'avoir des conseils à recevoir tels qu'ils soient de toute façon pour lui un conseil est toujours bon à prendre. Alors qu'il l'écoutait attentivement, il se rendit compte qu'elle était sèche un peu trop sèche à son goût alors que lui se la jouait assez dragueur, en laissant cependant une certaine limite à la drague il ne voulait pas passer pour le mec lourd. Il croisa les bras sur son torse, et arqua un sourcil, réfléchissant à la manière dont il pouvait lui répondre. « Non continue pas ça va ! » finit-il par lui lancer alors que son énervement reprenait le dessus. Il prit une grande inspiration intérieure, puis passa une main dans ses cheveux, il faisait ça quand il ne savait pas quoi dire mais qu'il voulait absolument continuer de parler, ou bien quand il était gêné et là ce n'était pas le cas. Ernesto eut une question à poser à la demoiselle, une première approche pour commencer « Mais dis moi, pour savoir tout ça tu dois être dans le métier depuis longtemps non ? » La question qui était passé dans sa tête, n'avait rien à voir avec la remarque sous forme de question () qu'il venait de faire, il se montrait toujours subtil dans ses phrases en fait.

Le ton qu'avait employé Amalya n'avait pas l'air d'avoir plus au jeune homme. Elle s'en félicitait même. Il ne fallait pas croire qu'elle était une de ces filles dociles qui se laissait marcher dessus. Non, pas du tout, peut être qu'avant elle était comme ça mais c'était du passé. « Oh, mais t'énerve pas. » Malgré tout, un léger sourire se dessinait sur les lèvres d'Amalya. Elle n'aimait pas utiliser l'agressivité pour parle « Ca va bientôt faire six ans que j'ai commencé. » Et en six ans il s'en était passé des choses. C'est d'ailleurs grâce ou plutôt à cause du mannequinat qu'elle était devenue comme elle l'était aujourd'hui. C'est un métier qui change les gens, en bien ou en mal, tout dépendait des gens. Pour Amalya, le bilan était assez mitigé. C'est pour cela qu'elle tentait une reconversion. Enfin bon, tout cela n'était pas d'actualité. « Mais en quoi ça te regarde en fait ? » Parce que, quand on y réfléchis bien, il y a quelques secondes on parlait encore de lui et sans que la brunette s'en rende compte, il avait détourné la conversation sur elle. C'était plutôt malin. Et réussi.

Spoiler:

Ernesto lâcha un sourire suite aux paroles de la brunette qui pensait qu'il était énervé, elle n'avait pas tord mais pour lui il était hors de question qu'il avoue cette faiblesse, il ne voulait absolument pas s'avouer vaincu alors qu'elle lui faisait quelques critiques ! « Je ne suis pas énervé ! » s'empressa t-il de répondre, en mettant sa tête haute et en la toisant presque. Et il prenait un plaisir fou à faire des situations pour le moins simples, une situation tout à fait plaisante, à jouer avec les énervements mais également avec les gens et surtout à les retourner. Puisque en un instant ils ne parlaient plus de lui mais d'elle. Mais visiblement cette jolie mannequin n'était pas bête et avait même une certaine intelligence -à sa façon-, et remarqua directement que le sujet s'était retourné vers elle. « Ne devrait-on apprendre à connaitre nos collègues pour travailler en parfaite harmonie ? » Il lui avait parlé avec beaucoup d'assurance et beaucoup de subtilité dans la voix, à croire qu'il faisait ça tous les jours et qu'il manier les situations à la perfection, telles des patins, il tirait les ficelles. Ernesto fit un sourire tout à fait charmeur à la jeune femme, espérant bien entendu la faire tomber dans ses griffes.

Spoiler:

Il la prenait de haut et ça, Amalya savait très bien ce que cela signifiait. Il se prenait pour le mec intouchable, maitre de ses émotions et surtout - le pire peut être - il se prenait pour plus que ce qu'il n'était. Bref, tout pour toucher à vif notre petite anglaise. « Et bien moi je te dis que si, me prends pas pour une idiote s'teuplait. » Il ne fallait pas la prendre pour plus bête qu'elle n'était et elle n'allait pas se laisser faire. Et encore moins quand il lui sortit sa phrase toute faite et son sourire de dragueur invétéré. L'assurance et ce sentiment de supériorité qui dégageait de l'homme commençait à agacer Amalya. Normalement, elle ne leur parlait même pas aux hommes comme lui, mais là, elle restait intriguée et incapable de s'en aller.« Collègues ? Oh non, non je crois pas. Ce n'est pas parce qu'on a fait un défilé ensemble qu'on est collègues. » Son ton s'était un peu durcit, pourtant, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir ce petit sourire en coin, signe qu'elle ne maitrisait pas totalement ses émotions. Oui, parce que le jeune mannequin n'était pas comme les autres. Il avait ce petit quelque chose qui arrivait à ne pas la laisser de marbre.  

Ernesto arqua un sourcil, car peut-être bien qu'elle n'était pas aussi bête que cela, elle prouvait de ce fait qu'elle avait du répondant et qu'elle savait à peu près mener les hommes, chose en revanche qu'elle ne savait pas, c'était que le Dolce n'était pas aussi docile et il savait allier drague et subtilité tout en restant humble ! « Apporte donc ton propre jugement sur moi. Et je ne te prends pas pour une idiote voyons, après tout je ne peux pas juger une personne en...deux minutes à peine ! » avait-il répondu alors qu'il avait fait mine de regarder sa montre pour vérifier le temps qu'ils avaient pu passer à se parler. Et visiblement sa remarque déplaisait à la brunette, il fit la moue et haussa des épaules, mais il avait toujours réponse à tout alors il s'empressa de répondre « Et ce premier défilé est peut-être le début de notre collaboration, de ce fait nous serons bientôt collègues ! » Il lui fit un sourire amusé, puis tendit sa main vers elle car il jugeait qu'il était bon de faire place aux présentations « Ernesto ! » lui dit-il jovialement.

Elle le regarde faire son petit manège, se pencher pour voir l'heure et puis faire le désabuser. Ca pouvait marcher avec d'autres filles mais elle, elle en avait vue d'autres. Mais elle continuait de lui rentrer dedans, pour résister en quelque sorte. « Justement, tu me dis qu'on ne peut pas juger si rapidement pourtant, tu viens de dire qu'on collaborera bientôt. Tu te contredis je te signale. » Elle fronça le nez, une lueur malicieuse au fond des yeux. En fait, elle lui cherchait la petite bête depuis tout à l'heure. Il se présenta en annonçant son prénom. Ernesto. Il était vrai qu'il avait un petit air d'italien quand on le regardait plus fixement. Elle hésita un instant puis voyant la main qu'il lui tendit, elle ne pu que répondre.« Amalya. » Elle se saisit de sa main, ne pouvait résister à son petit sourire. Elle jeta un œil aux alentours, trouvant qu'il y avait un peu trop de monde autour d'eux quand une idée lui traversa l'esprit. Elle se rapprocha du rideau, et jeta un coup d'oeil derrière. « Et si on allait un peu plus loin ? Pourquoi pas au fond de la salle ? On a encore du temps avant notre prochain passage. »