Qu'est-ce que je vais faire ? feat Lennox

Tous ses membres tremblaient. Il avait des cernes mauves sous les yeux, ces yeux fatigués. Ses cheveux encore humides de la douche qu’il venait de prendre collaient à son front. Il avait le teint blême, à cause de ses nuits blanches et de son manque d’appétit. Lennox n’allait pas. Il n’allait pas du tout. Voyant ce qu’il était en train de devenir, Lou avait décidé de mettre fin à cette sorte de relation qu’ils vivaient. Elle avait sans doute réalisé qu’elle-même ne pouvait plus rien faire pour lui. Il était impossible de sauver, Lennox. S’il ne voulait pas s’en sortir lui-même, personne ne pourrait tendre la main assez près du fond du baril pour qu’il daigne faire l’effort de l’atteindre. Lennox n’en pouvait plus. Lennox était en manque. En manque de drogue, en manque d’amour. En manque de vie. Il n’arrivait plus à rejoindre Effy depuis un moment ; c’était elle qui lui vendait ce dont il avait besoin. Elle n’était pas joignable depuis quelques jours. Il ne pouvait lui en vouloir. Elle avait sa vie. Elle ne dépendait pas de lui. Mais lui de elle. Mais lui de tout le monde.

Lennox entendit alors un cri déchirer la nuit. Il tourna la tête vers la provenance de cette voix stridente féminine, qui appelait à l’aide. Sans doute poussé par l’adrénaline de devoir venir en aide à quelqu’un, Lennox avait trouvé la force d’accélérer le pas, et même de courir, sur la route qu’il suivait. À chaque petite rue qu’il croisait, il inspectait la noirceur à la recherche de silhouettes. Il passa trois rues avant de finalement tomber sur une jeune femme, en train de se débattre, sous l’emprise d’un homme bien plus grand qu’elle. Lennox, ne répondant plus de la raison, ne répondant plus de rien, se jeta sur l’homme, bousculant la jeune femme par le fait même. « Get the fuck away from her ! » Avait-il crié, lui assenant un coup de poing en plein visage. L’homme avait titubé et fait quelques pas vers l’arrière, avant de reprendre son équilibre et d’administrer à Lennox le même genre d’attaque, mais bien plus fort. L’arcade sourcilière de Lennox était en sang, mais il se tourna quand même vers la jeune femme et cria : « Mais foutez le camp ! » Et elle s’exécuta. D’ailleurs, en croisant le regard de son assaillant, Lennox décida de faire la même chose. Il courut donc aussi, suivant de quelques mètres la brunette. Elle cessa de courir le coin de rue prochain, jetant un œil derrière elle, se sentant sans doute poursuivie. Lennox regarda à son tour derrière, et puis il s’arrêta à la hauteur de la brunette. « Il ne nous a pas suivis. Vous a-t-il fait quoi que ce soit ? » S’inquiéta-t-il.

Il tire sur mon poignet et me tire contre lui. Il se colle à moi et me plaque entre lui et le mur. Je tremble j'ai peur. Je ne peux rien faire, j'ai beau me débattre impossible de me libérer. Avec sa main il tient mes deux poignets collés au mur. Il glisse son genou entre mes jambes. Non, je ne veux pas qu'il fasse ça. Il commence à glisser sa main sous mon T-shirt. Je sens sa main moite contre ma peau, elle remonte vers ma poitrine. Je sens les larmes couler le long de mes joue, ma gorge qui me fait mal à force de crier et les la douleur des éraflure que je me suis fais au bras en me débattant collée au mur. Il me chuchote avec une voix de dérangé ce qu'il prévoit de me faire, c'est un psychopathe. La pression sur mes poignets lâcher, j'entends une voix, sa jambe se retire. Les choses ce passe si vite je ne comprends rien. Je suis perdue, terrorisée, il y a un autre homme; il se prend un coup de poing de mon agresseur,  l'homme me dit de foutre le camp. Je ne bouge pas, je comprends, je courre.

Je courre avec toutes mes force, je sens l'adrénaline taper dans mes veine, la peur me donne des ailes. Je ne sais pas comment j'ai courue mais je suis arrivé au coin d'une rue je ne sais pas laquelle je m'en fiche, j'entends des pas derrière moi; je me retourne encore tremblante. il m'a poursuivit c'est ça, je ne pourrais donc pas le fuir. Je vois un homme s'approcher, je recule, même si je sais que c'est inutile, car il m'attrapera quand même. Quand il s'arrête sans m'attraper je me rends compte que ce n'est pas mon agresseur, mais celui qui m'a sauvé. Je tremble encore, je le regarde, mais à travers mes larmes je ne vois pas grand-chose. Je sens mes jambes lâcher quand je l'entends dire que l'autre homme ne nous à pas suivi. Je me sens tomber. Je me rattrape à son haut, pour ne pas toucher le sol, je sais que c'est un inconnu et que je viens tout juste de me faire agresser par un autre inconnu, mais j'ai besoin de soutien. Je ne veux pas rester seule maintenant. « Il... Il allait me faire toutes ces choses qu'il a dites. J'ai si peur, il a posé ses mains dégoûtantes sur moi. » Il n'a pas eu le temps de faire quoique se soit, mais, j'ai toutes ces images de ce qu'il aurait pu me faire en tête que je n'arrive pas à penser à autre chose.

Si Lennox n’était pas arrivé à ce moment précis, qui sait ce qui serait ensuite arrivé à cette brunette. Il ne voulait même pas y penser. Le jeune homme était bien souvent centré sur ses propres émotions, ses propres problèmes et ses malheurs bien personnels, mais il n’était pas égoïste au point de ne pas s’en faire pour une autre personne en détresse. Et qui aurait pu vivre un traumatisme bien plus grand encore que celui qu’elle devait vivre actuellement. Lorsque Lennox s’arrêta de courir derrière elle, puisqu’ils avaient visiblement semé son assaillant, il se doutait bien que la jeune femme était dans tous ses états, chamboulée et paniquée. C’est pour cette raison qu’il se montra doux, attentionné, inquiet. Alors que son cœur était plutôt fait de pierre, se durcissant de plus en plus, plus les jours passaient.

La jeune femme tremblait ; tout son corps semblait encore être en alerte. Elle n’avait plus rien à craindre. Lennox était peut-être un individu marginal, inhabituel, étrange, peu sociable, mais il ne lui ferait jamais de mal. La brunette, après s’être retournée vers lui et après avoir réalisé qu’il n’était pas celui qu’elle pensait, celui qu’elle fuyait, elle s’effondra. Lennox fit un pas vers l’avant pour la rattraper, et la demoiselle s’agrippa après les vêtements du jeune homme pour ne pas tomber. Il l’aida à se remettre sur pieds, et une fois cela fait, il ne la lâcha pas, tenant son avant-bras d’une main, et son coude de l’autre. Elle murmura qu’il allait lui faire toutes ces choses, qu’elle avait peur, qu’il avait posé ses mains sur elle. « Il ne peut plus vous faire de mal, maintenant. Vous êtes en sécurité. » Dit-il. Puis, un peu plus loin sur le trottoir, Lennox repéra un banc tout près d’un arrêt d’autobus. « Venez, allons vous asseoir. » Elle était visiblement trop ébranlée et terrifiée pour se tenir debout, alors Lennox l’aida à marcher jusque-là, où ils s’assirent tous les deux. « Comment vous appelez-vous ? » Demanda le jeune homme, toujours aussi inquiet. Son regard se dirigeait parfois vers l’autre côté de la rue, vers la ruelle où elle s’était malencontreusement retrouvée, rien que pour s’assurer que l’agresseur ne revenait pas.

Il me rattrape dans ma chute. Il me soutient, il est comme un pilier qu'il m'empêche de m'effondrer, a cet instant précis j'ai besoin de cet inconnu. Je ne sais pas si je peux lui faire confiance, mais je suis tout de même rassurée par ses paroles, je veux y croire, je veux croire que cet homme dégouttant ne me touchera plus qu'il ne s'approchera plus de moi. Jamais. J'aimerais oublier la sensation de ses mains sur ma peau nue. Je frissonne à cette pensée. Il me propose de s'asseoir, je hoche de la tête à sa proposition. Je le suis en faisant en sorte de ne pas le lâcher. Je m'assois les jambes toujours tremblante, soulagées de ne plus avoir à me tenir debout. Mais je fais attentention de garder ma main posée sûr son avant bras, j'ai besoin de son contact pour ne pas m'enfermer dans ma bulle. Pour rester accrochée au monde réel. J'essaie de respirer calmement pour me reprendre. Je dois avoir l'air d'une folle dans cet état. Il me demande mon nom. Je me tourne vers lui. « Sacha » Je n'ai pas le courage d'en dire plus. En me tournant vers lui je me rends compte qu'il est blessé à l'arcade. Il a dû se faire ça en se battant contre mon agresseur. C'est ma faute si il est blessé. « Désolé » Il ne doit pas comprendre pourquoi je m'excuse, il faudrait que j'en dise plus, mais c'est au-dessus de mes forces.

J'entends un bruit, comme si un objet tombait, je me retourne, je dois ressembler à un animal, à réagir de cette manière, mais la peur a réveillé tous mes sens. Je m'agrippe de plus belle à son avant bras. Je dois avoir les yeux écarquillés, je scrute l'obscurité, mais je ne vois rien, ça doit tout simplement être un animal. J'ai encore paniqué pour rien. Je me retourne vers mon sauveur. « Et toi ? » Je prends quelque seconde à me rendre compte que je ne dois pas être très claire. « Je veux dire, ton nom. » Je fouille dans ma poche et prend un mouchoir. Pas pour moi, mais pour lui, il y a du sang sur son visage. Je l'approche de son visage, je crois que me concentrer sur ça m'empêche de penser à autre chose. Je suis complètement déconnectée de la réalité, mes penser se bouscule et n'ont aucun sens. Un vrai bordel. Je stoppe ma main, je vais peut-être lui faire mal et je ne lui ai même pas dit ce que je faisais. « Je peux nettoyer ta blessure . » J'ai dis ça plus comme une affirmation alors que je voulais plutôt poser la question. J'attends sa réaction avant de faire quoique ce sois.

La brunette tremblait autant que lui, sinon plus, mais pour des raisons tellement différentes. Elle était terrorisée par ce qui venait de lui arriver, lui était totalement en manque. Putain, qui aurait cru qu’à sa mi-trentaine, Lennox allait sombrer, tomber si bas. Il n’aurait jamais pu le prédire, mais il avait rencontré Effy, et ensemble ils se détruisaient. Un jour ça allait péter, ils allaient exploser. Lennox ne tiendrait pas le coup en vivant sur ce rythme-là bien longtemps. Déjà, ce nouveau comportement avait des répercussions sur son sommeil, son humeur et son travail. Il était en chute libre et il ne savait pas à quoi s’accrocher. Pourtant, cette femme devant lui, elle, elle s’accrochait à lui sans réfléchir. Elle pensait peut-être qu’il l’aiderait à rester en contact en réalité, mais Lennox savait qu’il n’était pas un ancrage infaillible. Ils allaient partir à la dérive, ensemble, si elle s’accrochait seulement à lui pour se remettre de cet événement. « Sacha. » Avait-il répété en la regardant dans les yeux. Il sourit faiblement, alors que le regard de la demoiselle sembla dévier jusqu’à son front. Il fronça les sourcils et ce mouvement fit en sorte que son arcade sourcilière brûla. Il ne s’en préoccupa pas trop. Sacha venait de s’excuser, et tout de suite lui pensa qu’elle parlait de la situation générale. Qu’elle était désolée qu’il ait dû intervenir entre elle et son agresseur. « Ce n’est pas votre faute. » La rassura-t-il.

Mais Sacha semblait avoir besoin de pas mal plus que des mots pour être rassurée. Un bruit au loin, provenant d’un camion de recyclage qui avait laissé lourdement tomber un contenant, l’avait fait sursauter. Une peur dans les yeux, la brunette avait regardé autour d’elle avec nervosité. Lennox avait machinalement posé sa main sur celle de la jeune femme, qui reposait toujours sur son avant-bras. Une fois son calme retrouvé, Sacha lui demanda et lui … et lui quoi ? La confusion se lisait forcément sur le visage du trentenaire, puisque la jeune femme ajouta qu’elle désirait connaître son nom. « Oh ! Euh … Lennox. » Répondit-il. Sacha fouilla alors dans sa poche et en sortit un mouchoir, qu’elle approcha du front de Lennox. Celui-ci avait bien vite compris qu’il saignait, la brûlure sur son sourcil lui donnant un assez bon indice de la chose. Il hocha donc la tête lorsqu’elle affirma pouvoir nettoyer sa blessure. « C’est gentil. » Il ferma les yeux alors qu’elle nettoyait sa blessure. Quand elle eut terminé, il rouvrit les yeux et lui sourit faiblement, le regard éteint. « Merci. » Il marqua une pause. « Je peux vous raccompagner chez vous, si ça peut vous sécuriser … » Proposa-t-il.

Ce n'est peut-être pas moi qui lui ai donné ce coup de poing, mais si je n'avais pas été là rien de tout ça ne serait arrivé. Je le sais très bien. Pour moi je suis entièrement fautive, mais ça ne sert à rien de le relever, ce serais inutile. Mais je suis tout de même rassurée quand sa main se pose sur la mienne, mentalement je me raccroche à cette main qui me soutient, qui m'empêche peut être de m'évader et de partir en courant. A moins, que ça soit mes jambes qui m'en empêchent. Quand je me propose de nettoyer sa blessure il dit que c'est gentil. Mais c'est le minimum, il m'a sauvé d'un viol, mais aussi peut être sauvé la vie. Qui sait ce qu'aurait pu faire ce monstre après en avoir fini. je ne préfère pas y penser. Cela ne va pas m'aider à me calmer. J'utilise donc mon mouchoir pour nettoyer sa blessure et son visage en faisant attention à ne pas lui faire mal. Sa blessure n'est pas très belle, mais elle ne laissera sans doute pas de blessure. « C'est plutôt à moi de dire merci, donc merci  » Je ne dois pas avoir l'air très convaincante avec mon allure de chat apeuré, mais je lui suis entièrement redevable et ça je ne risque pas de l'oublier.

Chez moi, c'est loin chez moi, mon vrai chez moi est en Alaska, au sein de ma famille, pas ici dans ce pays. il ne peut pas me ramener chez moi. J'aimerais temps rentrer mais c'est impossible, je suis coincé dans ce pays, loin de ma maison. Mais je me doute qu'il ne pense pas à ce chez moi, mais plutôt a où je vit, chez ma tante. Comment je vais pouvoir lui expliquer mon état, je ne veux pas l'inquiéter, et elle le dira forcément à mes parents, non il ne faut pas qu'ils sachent, ils seraient affolés et ma mère risque de culpabiliser de m'avoir laissé ici. Mais je n'ai pas vraiment le choix, je préfère attendre encore un peu, il faut que je me calm, il ne faut pas que je rentre avec cet air affolé. « Non, pas maintenant » Si je lui explique pourquoi il va penser que je suis bête. J'en profite pour le regarder. Lui aussi il tremble, a-t-il peur ? Dois-je encore avoir peur, car si lui aussi est inquiet cela ne peut qu'être dangereux. Mais son regard à l'aire vide, on ne remarque aucune peur dans son regard. Il est pale il n'à pas l'air bien. Est-il malade ?  Peut être qu'il a une commotion cérébrale du au coup de poing ! Je commence à paniquer, peut être que les tremblements provienne aussi de ça ? Une commotion cérébrale ça peut faire trembler ? Je ne sais pas... Il faut tout de suite qu'il aille à l'hôpital. D'un coup ma langue se délie, ça ne sert à rien de déprimé pour quelque chose qui ne ce n'est finalement pas passer il y a quelque chose de plus important. « Tu as l'air  vraiment mal ! Il faudrait mieux aller à l'hôpital pour te faire un scanners et peut-être aussi pour te faire une suture ! » Je me lève subitement toujours attacher à son avant bras. Il faut que je repense à où j'ai garé ma voiture. Tient je ne sais même pas où est l'hôpital le plus proche au pire je lui demanderais. J'ai caché toute la peur que je ressens dans un coin de mon esprit, maintenant que j'ai un objectif en tête j'arrive à l'oublier pour un temps et sur mon visage on ne voit plus que de la détermination. Je lui dois bien ça. Je ne voudrais pas qu'il lui arrive quelque chose par ma faute.

Lennox hocha la tête quand Sacha le remercia. Il n’allait quand même pas nier qu’il ne lui avait pas été d’une certaine aide. Même s’il avait toujours eu du mal à reconnaître qu’il pouvait jouer un rôle dans la vie de certaines personnes, un rôle positif, un beau rôle, Lennox admettait cette fois qu’il s’était bien heureusement trouvé à la bonne place et au bon moment. Contrairement à Sacha, qui préférerait sans doute être à des kilomètres d’ici, en ce moment. À des kilomètres de lui. Mais, pour une fois, il n’arrivait rien à voir dans ce désir de ne plus vouloir se souvenir. Sacha avait confronté un autre démon que celui de Lennox. Il n’y était pour rien. Et il y était pour tout dans sa protection.

Le regard de Sacha changea bien vite quand elle posa réellement son regard dans le sien, pour le regarder lui et pas pour regarder le passé proche. Maintenant que la jeune femme essayait de mettre de côté le visage de son agresseur et qu’elle détaillait les traits de Lennox, elle remarqua à quel point ce dernier était brisé. Elle n’avait su lire que l’absence dans son regard. L’absence de tout et l’absence de rien à la fois, parce qu’après tout Lennox n’avait jamais eu ce regard illuminé et allumé que peuvent avoir les autres. La brunette reprit donc la parole, cette fois visiblement bien plus en contrôle que quelques minutes auparavant. Elle se leva même après avoir déclaré qu’ils devaient se rendre à l’hôpital pour que Lennox se fasse examiner. Il secoua la tête, se levant aussi, y étant un peu contraint étant donné que la femme n’avait toujours pas lâché son avant-bras. « Non, Sacha … » Il posa son regard azur dans le sien, sombre, et fronça légèrement les sourcils. « Pour des raisons telles que celles qui te poussent à refuser de rentrer chez toi, sans doute … moi, je ne peux pas me rendre à l’hôpital … pas dans cet état. » Elle comprendrait peut-être maintenant d’où provenaient ses tremblements et ses cernes mauves, ou peut-être pas. Dans tous les cas, comme Lennox n’avait pas insisté pour la raccompagner chez elle maintenant, il espérait que Sacha n’insisterait pas pour le traîner jusqu’à l’hôpital de Bowen. Là, les médecins lui remettraient la réalité en face et ça, Lennox n’était pas prêt à y être confronté.

Je fronce les sourcil quand je l'entends refuser, il est inconscient ou quoi ? Ça pourrait être grave. Mais je m'arrête nette quand je sens son regard sur moi. Il n'a vraiment pas l'aire bien, il a l'air tellement mal. Je soupire « Justement Lennox, c'est quand on est dans cet état là qu'il faut y aller, mais je ne peux pas te forcer. » Et je peux encore moins le forcer si je ne sais même pas où est l'hôpital. Mais ce n'est pas pour cette raison que je vais abandonner; je ne sais pas pourquoi il ne veut pas aller à l'hôpital, mais je sais que je ne vais pas le laisser là comme ça alors qu'il a été blessé à cause de moi.

« Tu as été blessé par ma faute, donc je ne te lâcherais pas tant que je ne serais pas sûr que tu n'as rien. » Je suis butée, donc rien ne me fera changer d'avis et j'ai décidé que je veillerais sur lui pour être sûr qu'il n'ait pas une commotion cérébrale et si je vois que son état empire je trouverais un moyen de le traîner à l'hosto. Et il ne pourra pas m'en empêcher. «  Si il faut je suis prête à passer la nuit assise sur ce banc juste pour garder un œil sur toi, je ne voudrais pas que tu fasses une commotion cérébrale et qu'il t'arrive quelque chose de pire. » Je lui fais le regard le plus autoritaire que je puisse pour lui prouver que je ne rigole pas. Même si je préférerais quitter cette rue au plus vite, qui sait où est l'autre dégénéré. Mais, de toute manière, mais je pense que tant que je serais en présence de Lennox je me sentirais en sécurité même si il n'est pas au mieux de sa forme. Je sais que mon raisonnement manque de logique, mais il reste pour moi, la personne qui vient de me sauver et je suis prête à tout pour l'aider à mon tour.

Il secoua la tête, bien déterminé à ne jamais faire entendre raison à Sacha sur ce point. Elle ne le connaissait pas, elle ne savait pas à quel point un hôpital ne pouvait rien faire pour lui. Il était passé cette étape où les autres pouvaient encore le sauver. Et à moins de le droguer à des médicaments qui lui enlèveraient toute émotion, toute vie, Lennox savait que les médecins ne le sauveraient pas. Il était une cause perdue. Sacha se rendrait bien vite compte que cet état-là, dans lequel il était, était bien plus grave qu’une simple entaille à l’arcade sourcilière. Bref, juste pour ne pas la laisser sans réponse, il répondit : « Je vais bien, je t’assure. Si jamais je ressens un malaise ou quoi que ce soit, j’irai. » Un malaise autre que son mal-être interminable, disons-le. Parce qu’il vivait avec un malaise interne, un malaise angoissant, depuis toujours.

Lennox s’attendait bien à ce que Sacha ne lâche pas le morceau aussi facilement, et surtout qu’elle n’accepterait pas que leurs chemins se séparent maintenant. Il n’avait pas une lumière d’honnêteté qui brillait dans son regard, alors sans doute avait-elle compris qu’il n’irait pas à l’hôpital s’il ressentait un malaise seul chez lui. Sacha lui annonça donc qu’elle ne le lâcherait pas tant qu’elle ne serait pas certaine qu’il n’avait rien. Il soupira avec un mince sourire déconcerté. « Je pense que peu importe ce que je dirai … tu ne changeras pas d’avis … j’ai raison ? » Lâcha-t-il, presque amusé. Sacha était aussi têtue que lui, visiblement. La brunette confirma ses pensées en lui assurant qu’elle était prête à passer la nuit sur ce banc s’il le fallait, rien que pour garder un œil sur lui. Il secoua la tête, à la fois exaspéré d’elle mais aussi impressionné par son acharnement. Ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas inquiété pour lui. Et encore, Sacha ne connaissait pas toutes les raisons pour lesquelles elle pouvait s’inquiéter de son cas. « S’il faut qu’on passe la nuit à attendre que j’aie une réaction quelconque, ou pas … on ferait peut-être mieux de trouver un endroit plus confortable qu’un banc d’arrêt d’autobus. » Déclara-t-il, les sourcils haussés. Ils se tenaient toujours debout devant ledit banc, la main de Sacha refermée sur son avant-bras. « Il y a un beau café, pas très loin. Sinon, j’étais en direction de chez moi, où il y a également du café, mais à meilleur prix … » Lennox ne voulait pas trop insister sur la deuxième option ; après tout, Sacha venait de se faire agresser par un parfait inconnu. Elle ne sauterait peut-être pas sur l’occasion de se retrouver chez un autre étranger, enfermée entre quatre murs cette fois.

Mais oui bien sûr, comme si il allait bien avec cette tête fait moi rire, tu me prends pour une idiote c'est ça. Je vois bien qu'il n'est pas dans son assiette faut qu'il arrête d'essayer de me faire gober le contraire. Ce n'est pas avec de belle parole qu'il va m'embrouiller l'esprit il l'est déjà suffisamment pour moi. Il a l'air de comprendre que je suis comme un chien avec un os, je ne lâche pas l'affaire. « Tu as entièrement raison ! » Au moins il a compris que je suis têtue et quand j'ai décidé quelque chose je m'y tiens.  Ah, en plus il propose de partir. Ouf je suis soulagée de ne pas avoir à rester toute la nuit sur ce fameux banc. je m'empresse de lui répondre. « Oui, bonne idée. »  Le soulagement doit surement se lire sur mon visage.

Je suis d'abord tentée par le café, c'est clair que c'est la meilleure solution, je ne vais pas non plus aller chez un inconnu alors que je lui ai dit trois mots. Trop risqué surtout maintenant. Surtout que ça me donnerais l'occasion de lui offrir un café, ce n'est pas grands-choses par rapport à ce qu'il vient de faire pour moi mais c'est tout ce que je peux faire pour le moment. Je le regarde et je nous imagine tous les deux dans un café dans cet état, lui avec sa blessure ses cernes et son teint pale et moi, totalement débraillée les cheveux surement dans un état catastrophique et le visage rouge à force d'avoir pleuré. Un joli tableau en perspective. On a l'air beau tous les deux. Je me demande vraiment de quoi on a l'air. Je dois faire un petit sourire, car on à pas l'air fin. « Tu es sûr qu'on ne risque pas de se faire recaler ? » Dis-je en nous pointant du doigt. Mais je ne me vois pas aller chez lui non plus, je ne sais vraiment pas quoi choisir. Après, si je réfléchis il vient quand même de me sauver, il ne va sans doute pas me sauter dessus comme un chien en rûte. Enfin ce n'est pas l'impression qu'il donne pour le moment. « Bon... Si tu me promets de ne rien tenter, je pense qu'il serait mieux d'aller chez toi » J'espère qu'il ne risque pas de le prendre mal, mais je préfère mettre les choses au clair et je suis loin d'être totalement rassuré mais j'ai bien l'intention de veiller sur lui pour m'assurer de sa santé. Car plus je le regards plus j'ai l'impression qu'il va mal et pas seulement physiquement. Je me demande bien ce qu'il a.

Lennox voyait bien toute l’hésitation dans le silence de Sacha. Il ne dit rien, ne voulant pas essayer de l’influencer dans sa décision. Il la savait fragile en ce moment, après tout c’était normal suite à ce qu’elle venait de vivre. Lennox ne voulait pas du tout passer pour un homme qui allait lui imposer un choix, surtout pas celui de venir chez lui. Ils ne se connaissaient même pas et il savait que sa proposition allait sans doute être mal perçue. Il en aurait pensé la même chose. D’ailleurs, il s’était surpris lui-même à se montrer aussi ouvert face à une personne qui lui était inconnue. Lennox était habituellement fermé sur lui-même, préférant se cacher dans sa solitude plutôt que d’accepter de laisser les gens entre dans sa vie. Sa vie vide de sens, vide d’amour, vide de vie. Ce soir, le trentenaire faisait exception. Peut-être parce que Sacha et lui avaient partagé un moment intense en émotions. Peut-être parce qu’il s’était rarement senti aussi seul que depuis les derniers jours, les dernières semaines même. Depuis que Lou et lui s’étaient quittés. Peut-être aussi parce qu’il avait peur d’être seul, maintenant que le silence de son logement ne lui donnait qu’une envie : ouvrir une nouvelle bouteille ou avaler une seconde pilule. Pour lui faire oublier. Pour lui donner l’illusion du bonheur. Finalement, Sacha exposa ses craintes quant à leur apparence actuelle, qui serait peut-être bien mal reçue dans un endroit public. Lennox la regarda, et regarda aussi sa propre chemise sur laquelle quelques gouttes de son sang étaient tombées. Il eut un léger rire mal à l’aise. « J’avoue qu’on a peut-être pas l’air très civilisés, là … » Sacha avait les yeux rouges, des traces de mascara sur les joues, et ses cheveux étaient légèrement ébouriffés. La brunette accepta finalement d’aller chez lui, à condition qu’il lui promette de ne rien tenter. Lennox hocha la tête. « Je ne te ferai jamais de mal, Sacha. Ni quoi que ce soit que tu ne veux pas. » Il fronça les sourcils, c’était mal sorti du coup. Ça donnait l’impression que Lennox avait quand même envie de tenter quelque chose sur Sacha, mais avec sa permission seulement. Alors que ce n’était pas du tout l’intention derrière son invitation. Il éclata de rire, un rire franc. « Je suis désolé. C’est pas ce que ça semble vouloir dire. » Le jeune homme emboîta finalement le pas à Sacha, pour la guider surtout vers le chemin à prendre. Il n’habitait pas très loin, alors ils marchèrent pendant une dizaine de minutes avant d’arriver devant l’immeuble où se trouvait le condo de Lennox. Il prit l’ascenseur avec Sacha, gardant une bonne distance entre eux deux : dans un endroit aussi fermé, elle ne se sentirait sans doute pas à l’aise autrement. Quand les portes s’ouvrirent de nouveau, le jeune homme entra le premier dans le couloir et se dirigea vers la porte de son condo, qu’il déverrouilla. Il ouvrit la porte et laissa la brunette entrer en premier, découvrant son spacieux logement épuré, silencieux, froid. À l’image de Lennox. « Je te sers quelque chose à boire ? » Demanda-t-il en posant ses clés sur le meuble en bois à l’entrée. Il retira ses chaussures et se dirigea vers la cuisine.

Au moins on est d'accord sur une chose. On est pas présentable, on est même loin de l'être. Mon apparence physique du moment représente parfaitement mon état psychologique. Totalement ébranlée et fragile. Prête à m'effondrer. Je suis soulagée de l'entendre dire qu'il ne feras rien, même si je m'en doutais ça fait toujours du bien de l'entendre, c'est rassurant. C'est vrai que ce ne sont que des paroles et que rien ne m'assure que je peux lui faire confiance, mise a pars qu'il vient de me sauver. Et la manière de laquelle il le dit j'ai l'impression que ça fait longtemps qu'on se connait et ça me donne vraiment envie de croire en lui. Même si je suis tout de même interloquée par le :« Ni quoi que ce soit que tu ne veux pas. » Ça sonne un peu étrange mes oreilles, il ne va tout de même pas essayer de me convaincre de ? Non je ne veux pas y penser. Mais je me calme quand je l'entends se corriger. Ouf, j'ai eu peur pendant quelque seconde.  Je laisse sortir un rire nerveux, il faut que je me détende un peu.

Il se met finalement en route, je lui suis quelque peu en arrière et en silence. Je n'ai pas envie de parler pour le moment, mais je m'inquiète pour lui donc je le regarde avec attention pour voir si il n'a pas du mal à marcher. Mais il n'a pas l'air de titubé, c'est rassurant. je fais tout de même attention à où on va, car demain il faudra bien que je retrouve ma voiture. Mais j'ai l'esprit tellement embrouiller que à peine on a passé une rue que j'ai oubliée la précédente. Au pire je lui demanderais de me ramener. Mais je pense que je guette plus pour voir si l'autre psychopathe ne nous suit pas, qui sait, peut-être qu'il attend un  moment d'inattention pour réitérer son acte. A cette pensée, j'accélère le pas pour me mettre au niveau de Lennox. On arrive devant un immeuble. Bon, pourquoi j'ai accepté déjà ? Je suis folle d'aller chez un inconnu comme ça, merde. Je souffle un coup avant de le suivre jusqu'à l'ascenseur. C'est gênant, on est chacun à une extrémité de l'ascenseur, je n'ose pas parler. Je commence à vraiment regretter de l'avoir suivis.

Quand on arrive chez lui je découvre un endroit spacieux, je ne sais pas vraiment pourquoi, mais ça me soulage, au moins je ne suis pas aussi claustrophobe que dans le petit ascenseur. Mais j'ai une drôle d'impression, on n'a pas vraiment l'impression d'être dans un espace chaleureux, mais plutôt dans un lieu vide de vie. Je suis sortie de mes pensées par les paroles de Lennox, je sursaute presque. « Ah... euh... Oui, je prendrais bien un café merci. » Je le vois poser ses clefs et enlevé ses chaussure et s'éloigner et je m'empresse de faire de même et de le suivre. Plus je m'avance, plus j'ai comme une impression de solitude qui se colle à ma peau, je vois bien que je ne suis pas chez moi et je suis chez un parfait inconnu. Je me fais rire, je suis complètement con en fait. Je secoue la tête et je regarde Lennox. Et je me rends compte que j'ai mal fais les choses tout à l'heure et je m'en veux. « Tout à l'heure je ne t'ai pas remerciée comme il fallait, du moins je pense. Donc je tiens à te dire que je te suis vraiment reconnaissante et que je ne sais vraiment pas ce que je serais devenus sans toi. Vraiment, merci. » Dans mon regard on doit pourvoir lire toute ma sincérité.

Alors que Lennox déboutonnait un bouton de sa chemise pour se mettre plus à l’aise et, surtout, pouvoir respirer un peu, Sacha lui répondit qu’elle prendrait bien un café. Il hocha la tête. « Qu’est-ce que tu mets dedans ? » Lennox alluma sa machine à café et inséra une capsule de café colombien à l’intérieur. Pendant que la machine réchauffait, il sortit du sucre, de la crème et du lait. Il appuya finalement sur le bouton de la machine afin que le café se verse dans la tasse blanche qu’il avait mise dessous. Le premier étant prêt, Lennox changea la capsule pour en préparer un second. Lui aussi avait bien besoin de se réveiller un peu ; tout son corps était en état léthargique. S’il voulait que Sacha arrête un peu de le surveiller, il faudrait aussi que son état s’améliore. Lennox avait beau avoir eu une poussée d’adrénaline lorsqu’était venu le temps de venir en aide à la brunette, maintenant que ça retombait, son corps redevenait la feuille fragile et tremblante qu’il était depuis quelques jours. D’ailleurs, sa main tremblait intensément alors qu’il mettait le sucre dans les cafés. Il essaya de faire comme si de rien était. La jeune femme s’approcha finalement de lui, après avoir également retiré ses chaussures. Elle se posta devant lui et le remercia encore une fois, d’une façon qu’elle jugeait plus appropriée maintenant. Lennox lui sourit, poussant le café de Sacha vers elle. « J’ai fait ce que n’importe qui aurait fait, Sacha. Je m’en veux seulement qu’il soit encore en liberté … » En effet, si Lennox avait pu le retenir jusqu’à ce que la police arrive au moins, ce mec-là n’aurait plus été un danger. Malheureusement, dans son état, Lennox savait qu’il avait bien fait de s’enfuir avec Sacha. C’est peut-être lui qui aurait couru un danger, dans le cas contraire. Au moins, Sacha était en sécurité ici, et elle pouvait rester autant qu’elle le voulait. C’était toujours si silencieux, ici. Lennox fronça finalement les sourcils en regardant la jeune femme, qui devait encore être ébranlée par toute cette histoire, quand même. « Est-ce que tu te sens un peu mieux ? » Il réfléchit à ce qu’il pourrait faire pour la conforter davantage. « Si tu veux, je te fais couler un bain, ou rien qu’une douche … » Lennox pensait surtout au fait que les mains de cet homme étaient encore étampées sur la peau de Sacha, mais il ne dit rien ; Sacha comprendrait par elle-même où il voulait en venir. Et puis un bain chaud était réconfortant, à ce que les femmes disaient.

Je mets quelque seconde à réagir à sa question je suis, je suis encore quelque peu déconnectée. « Du, sucre, beaucoup de sucre. Merci. » J'essaie de faire un sourire un peu timide, mais j'ai pas vraiment la force pour le moment, j'abandonne. Ensuite, pendant qu'il prépare le café je le remercie comme il faut. Mais je remarque qu'il tremble beaucoup et ça m'inquiète qu'est-ce qui peut bien provoquer tous ces tremblements ? J'en ai aucune idée et c'est ça qui est le plus inquiétant je crois. Il dit que tout le monde aurait fait pareil et je ne suis pas d'accord avec lui, mais je ne vais pas débattre de ça avec lui. Mais j'ai entendu des histoires comme quoi les témoins, ayant trop peur qu'il leur arrive quelque chose faisait semblant de ne rien voir. Mais le minimum est tout de même de prévenir la police si on ne peut rien faire. Merde, la police. « On aurait pas du prévenir la police ? » Que je lui demande timidement. Car j'aimerais oublier cette histoire au plus vite. mais je sais que son visage hantera mes rêves dans les nuits à suivre, car malgré la pénombre je suis sûr que je pourrais reconnaître son regard entre mille. Ce regard malsain qu'il a posé sur moi. Je ferme les yeux et respire un coup, j'essais de me calmer, il ne faut pas que je repense à ça. Mais il faudrait mieux appeler la police, pour espérer qu'il n’essaie pas de refaire la même chose a une notre fille et cette fois y arriver.  Quand il me demande si je me sens mieux, je lève les yeux vers lui. Et je lui sors sans grande conviction. « Ça peut aller... » Quand j'écoute sa proposition je suis tout de suite tenté, mais après avoir réfléchis quelque seconde je me rends compte que c'est vraiment une mauvaise idée. J'aimerais vraiment me laver de son contact, mais je ne peux pas envisager de me rendre si vulnérable chez un inconnu, même si il m'inspire confiance je suis trop fragile, trop choqué pars ma récente expérience que je ne peux pas le faire. « Merci, mais je pense que je préférerais éviter pour le moment. » Je regarde l'endroit où il a agrippé mon poignet et je vois comme un bleu en forme de main dessus. Je tire sur ma manche pour le cacher. Je ne veux pas le voir, je ne veux pas savoir qu'il a laisser une marque sur mon corps, certes temporaire, mais c'est comme si il s'était approprié mon corps, je sais que je dramatise, mais ce soir je risque bien de voir le mal partout.