various methods of escape (sacha)

Les paroles des autres ne suffisaient plus à taire les pensées de Lennox. Le réconfort cherché dans les bras des autres n’arrivait plus à chasser le manque des bras de Lou autour de lui, son seul et unique véritable réconfort. Tout le reste n’était que guérison superficielle, il le savait. Une bande de gaze posée sur une brûlure qui, dessous, continuait de s’enflammer plus les heures passaient. Il avait beau essayer de se remettre dans l’état qu’il était au centre de désintoxication, il avait beau se rejouer le disque de leurs interventions encore et encore dans sa tête, Lennox avait perdu de vue ses objectifs. Lennox avait oublié pourquoi il devait tant s’en sortir. C’était pour Lou. Ça avait toujours été pour Lou. Mais maintenant qu’ils étaient complètement perdus, tous les deux dans le noir, ne sachant plus retrouver la main de l’autre, Lennox avançait à tâtons et s’accrochait à ce qu’il trouvait, peu importe ce que c’était. Et ce soir, ses doigts avaient enlacés les formes d’une bouteille d’alcool oubliée dans le fond d’une armoire. Une bouteille qui avait réussi à se sauver du grand ménage. Une rescapée. Qui ferait de Lennox tout le contraire. Il ne serait pas un survivant. Il n’irait pas mieux. Il retomberait, goutte par goutte. Gorgée après gorgée. Lennox s’installa d’abord à sa table, tête rivée sur la grande fenêtre qui donnait sur la ville. Il posa son verre transparent devant lui, et y versa le liquide tout aussi transparent, silencieusement. Mais à l’intérieur de lui, c’était le chaos. Une tornade dans sa tête, un combat dans sa poitrine, une sécheresse dans sa gorge et une inondation dans ses yeux. Lennox était une catastrophe à lui seul. Et malgré ces contradictions, malgré ces voix qui changeaient de discours à tout bout de champ, le notaire avait enchaîné les verres, oubliant tout le chemin qu’il avait parcouru. Oubliant tout. S'oubliant lui.

Cette nuit j'ai fait un cauchemar, ça faisait longtemps que je ne l'avais pas fait et j'espérais qu'il ne reviendrait plus jamais. J'ai cru avoir réussi à oublier, réussir à faire comme si ce n'était jamais arrivé. Mais les images me sont revenus, violemment comme une baffe. Les images de ses yeux pervers qui se pose sur mon corps, la sensation du contact de ses mains moite contre ma peau. Je me réveil avec les larmes aux yeux. J'ai les mains qui tremblent et mon pyjama qui colle à ma peau humide à cause de la transpiration. Je ne sais pas quelle heure il est, on est au beau milieu de la nuit, mais je m'en fiche, je saute de mon lit et allume la lumière de ma chambre et je regarde dans tous les coins de ma chambre et sous mon lit histoire d'être sûr d'être seul. Je me sens sale, j'ouvre grand la porte de ma salle de bain et allume la lumière, pareil. Une fois que je suis sûr qu'il n'y a personne, j'arrête de trembler. J'ai encore l'impression que ses mains sont collées à ma peau. Je prends une douche froide pour me calmer un peu l'esprit. Une fois sortie je me sens un peu mieux, mais je suis toujours inquiète, je regarde l'heure, trois heures du matin, je me recouche. Je passe la nuit à me tourner et me retourner le sommeil ne vient pas. Je regarde l'heure toutes les minutes. Rien n'y fait j'ai l'impression que quelqu'un est là à attendre que je dorme. A traver les volets je vois le soleil se lever. Je fais les cent pas dans ma chambre et j'attends que tout le monde ai quitté la maison pour aller travailler. Je me sors de ma chambre j'ai pas faim, mais je veux pas resté seule dans la maison. Je prends les clefs de ma voiture ne sachant pas vraiment où aller, je roule en un peu au hasard. Je finis pars arrivée devant la rue ou tout c'est passé, j'accélère, je veux pas être là, je passe devant le banc on on c'est assis avec Lennox. Lennox ! Je gare ma voiture et essai de me souvenir où il habite. J'ai pas fait attention le jour où je l'ai suivi, j'étais préoccupée par autre chose. Je marche à l'instinct, il ne doit pas habiter si loin, après avoir fait le tour de plusieurs rues je finis par reconnaître l'endroit. J'arrive devant un immeuble, je suis sûr que c'est là, une femme sort justement à ce moment-là elle me laisse entrer. J'arrive devant l'ascenseur je me souviens qu'on l'a prit, mais l'étage, je ferme les yeux et me concentre au retour je me souviens l'avoir regardé appuyer sur le bouton. Ca me revient je rentre dans celui-ci et appuie sur le bouton. une fois devant la porte de son apparte je sonne à celle-ci dans l'espoir qu'il soit là. Je suis prête à l'attendre devant sa porte jusqu'à ce qu'il arrive sinon. Mais j'appuie une deuxième fois histoire d'être sûr.

Le verre, cette fois vide, était toujours dans sa main. Mais sa main lâchait peu à peu son emprise sur lui, et son bras tombait vers le sol, alors que Lennox était allongé avec peu de tonus sur son divan, des pieds à la tête. Cette dernière était doucement relevée par un coussin rouge, l’une des seules couleurs à donner un peu de vie à cet appartement. Mais il était de la couleur des yeux de Lennox, des yeux aux veines éclatées, des yeux bouffis et rougis par les pleurs, par la douleur, par l’attente d’un bonheur qui ne viendrait jamais. Il fixait son plafond blanc, son plafond terne, et laissait l’alcool s’emparer de tout son système sanguin. Il n’osait même pas regarder la bouteille qui était maintenant posée sur la table du salon, il n’osait même pas évaluer à quel point il s’était noyé dans son chagrin, noyé dans ses faux espoirs d’un monde meilleur. À moitié vide, à moitié pleine, dans les deux cas cela était négatif pour Lennox. Peut-être même était-elle vide, vide comme son âme, vide comme son cœur, vide comme son esprit trop embrouillé pour seulement même songer à quoi que ce soit. Ce fut la sonnette de son logement qui le sortit de son état de transe douloureux et étouffant. Il était toujours allongé quand la douce alarme retentit une seconde fois. La première fois avait sonné comme si lointaine, comme si Lennox était dans un rêve. La deuxième fois, il en était certain, quelqu’un se trouvait réellement de l’autre côté de la porte. Ce n’était ni une illusion, ni un rêve, ni un mirage. Il avait beau être complètement perdu dans son brouillard aux effluves alcoolisés, il savait encore reconnaître le faux du vrai, ce qui était déjà bien. La bouteille n’était peut-être pas complètement vidée. L’homme se leva, ayant d’abord un haut-le-cœur pour s’être relevé trop brusquement, mais reprit bien vite contrôle de son état. Il tituba tout de même jusqu’à la porte d’entrée, une haleine horrible en bouche et des cernes trop prononcées sous les yeux. Il entrouvrit la porte, prêt à envoyer paître les colporteurs, mais tomba face à face avec Sacha, qui avait l’air fatiguée, elle aussi. Peut-être pas autant que lui, toutefois. « Héééééééé Sachaaaaa ! » Lança-t-il en ouvrant grandement la porte, cette fois. « L’un des seuls visages que je supporte encore de voir ! » Avoua-t-il, d’une voix un peu trop forte, en levant les bras légèrement plus haut que son torse, s’écartant pour qu’elle puisse rentrer. « Rentre, rentre, rentre, rentre ! » La pressa-t-il avec un sourire désaligné. Il referma la porte derrière elle. « Je t’offre un verre ? » Proposa-t-il, comme un con, comme un lâche. Comme celui qui avait déjà oublié tout le chemin qu’il avait fait.

J'ai bien l'impression qu'il n'est pas là et que la porte ne va jamais s'ouvrir. Quand j'entends enfin des bruits derrières la porte. Je souris soulagée de ne pas à avoir à attendre qu'il rentre durant de longue heure. Mais mon sourire disparaît soudainement quand il ouvre la porte. Il a des cernes immensent, le teint livide. Il quand il ouvre la porte une forte odeur d'alcool m'emplit les narines. Je me crispe, il est dans un sale état et je ne sais pas pourquoi. Je reste sans voix et rentre par automatisme quand il me dit de rentrer. Le voir comme ça me fend le coeur, mais je ne vais pas me laisser abattre j'oublie mes problèmes et me concentre sur lui. Je lui attrape le bras pour l'aider à avancer sans tomber. « Non merci, mais on va allers s'asseoir et je t'apporterais de l'eau d'accords ? » Je n'attends  pas sa réponse avant de l'accompagner jusqu'au salon et de l'asseoir sur le divan. Il a intérêt à ce laisser faire, il sait bien a quel point je suis tétu et je ne partirait pas tant que je ne serais pas sûr qu'il aille mieux. « Tu m'attends là je reviens dans trente secondes. » Cette fois j'attends un signe de son accord avant d'attraper la bouteille a moitié vide qui traîne dans le salon et d'aller la vider dans la cuisine. Je suis prête à lui lancer un regard meurtrier s'il tente de m'en empêcher pour lui faire comprendre que ça ne sers a rien de résister. Aussi bien il y a plein d'autre bouteille de cacher, mais je n'ai pas le temps de chercher. J'attrape un grand verre que je remplie d'eau et je retourne dans le salon. « Tiens bois ça. » Je fais une petite pause, la dernière fois que je l'ai vu il m'a dit qu'il sortait de désintox et maintenant il est dans cet état. Je m'assois et sur la petite table de salon pour être face à lui. « Qu'est-ce qui c'est passés Lennox ? » Je dis cela sur un ton inquiet, attendant sa réponse.

Trop occupé à ne voir que son brouillard, Lennox ne remarqua même pas que Sacha s’était crispée en le voyant, ou surtout, en le reniflant. Il n’avait même plus conscience de ce qu’il avait l’air et de l’état pathétique dans lequel il s’était mis. Certes, ça n’allait pas tarder à lui rentrer dedans, dès que son sang serait en mesure d’éliminer un peu les toxines, Lennox réaliserait l’erreur qu’il avait faite. Il prendrait aussi conscience de ce qu’il avait l’air présentement devant Sacha. Pour le moment toutefois, Lennox débordait d’un enthousiasme qui sonnait si faux, parce que même si Lennox était véritablement content de voir Sacha puisqu’elle était une de ces personnes à ne pas le décevoir, il nageait quand même dans ses troubles. Il n’était pas réellement heureux de la voir. Même une once de petit bonheur n’était plus possible pour lui, rendu à ce point. Lennox proposa un verre à son amie, offre qu’elle déclina poliment en proposant plutôt qu’ils aillent s’asseoir et qu’il boive de l’eau. « J’en ai bu de l’eau, regarde ! » Dit-il en pointant la bouteille de liquide transparent qui, certes, pouvait être confondu avec de l’eau au premier regard, mais dont les effets était bien plus ravageurs. Surtout pour Lennox. La brunette l’aida à retourner jusqu’au salon, car vue sa démarche il n’aurait sans doute pas été en mesure de se traîner de nouveau jusqu’au divan. Il s’y assit, la tête penchée sur le dossier derrière lui ; elle était tellement lourde. Elle lui demanda de l’attendre et Lennox répondit, sans trop articuler : « J’bouge pas promis. » Elle hocha la tête et s’éloigna jusqu’à la cuisine, la bouteille à la main. Lennox la regarda, du coin de l’œil, en vider son contenu dans l’évier et il poussa un grognement, mais sans plus. Sacha revint tout de suite après, un verre d’eau à la main. Lennox se redressa du mieux qu’il le pouvait, et avala quelques gorgées du verre d’eau. La jeune femme lui demanda, inquiète, ce qui s’était passé. Un rictus plus tard, Lennox haussa les épaules. Depuis qu’ils étaient arrivés au salon, Lennox n’avait pas regardé une seule fois Sacha dans les yeux. La honte commençait à le dévorer. Toujours d'une voix peu contrôlée, il répondit : « Y s’est passé que j’me suis souvenu que la réalité était plus tolérable quand on la déguisait. » Et l’alcool permettait le plus beau des masques, un de ceux qui changent la vision qu’on a de son propre monde. Lennox se souvenait maintenant pourquoi il s’y était autant réfugié. « J’vais bien, tu sais. J’vais mieux, là. » Pas à cause du verre d’eau, non. Il allait mieux à cause de l’alcool.

Il a fait tellement pour moi, sans lui qui sait ce qui me serait arrivé et maintenant c'est lui qui a besoin d'aide et pas une seconde j'hésite, je suis prête a tout pour l'aider. Je ne veux pas que ça finisse mal. Mais je sais pas quoi faire. Le retrouver dans un tel état me fait me poser une tonne de question. et il n'a pas l'air des plus coopératifs. Rien que sa réponse quand je lui ai proposé de boire de l'eau. Nous savons tous les deux que ce n'est pas de l'eau qui se trouve dans cette bouteille. Au moins il a tenu parole et n'a pas bougé du canapé. Même quand j'ai vidé sa bouteille. Je sais pas comment j'aurais réagi s'il il s'était énervé. Je l'apprécie énormément, mais je préfère me méfier de ses réactions; je ne l'ai jamais vu bourré avant aujourd'hui, je ne sais pas ce qu'il pourrait faire. Et même si jusque là il ne c'est jamais énervé contre moi et que j'ai confiance en lui je préfère faire attention. Il me rappelle l'homme triste que j'ai vue la première fois que je l'ai rencontré. J'aimerais revoir la personne heureuse que j'ai vu à la fête de l'autre fois. J'ai envie de revoir l'homme qui rigolait en sautant dans un ballon gonflable. Et la réponse qu'il me sort me parait si triste. « Ce n'est pas une raison Lennox. » Et ce qu'il me sort me donnerait limite envie de rire si j'étais pas si triste pour lui. « Aller bien, tu t'es vu dans une glace dernièrement ? On dirait que tu vas t'effondrer si on te lâche des yeux trois secondes. Si c'est ça aller bien, qu'est-que c'est quand on va mal ? » Ma réponse est peut-être dur, mais faut qu'il comprenne que je ne vais pas me contenter de hocher de la tête a chacune de ses paroles sous prétexte qu'il va mal. Non. Si je fais ça jamais je pourrais l'aider à remonter la pente. « Tu comprends que je peux pas te regarder faire n'importe quoi. Tu m'as dit que tu avais été en désintox, souvient toi de ce qui t'a poussé à le faire, souviens toi pourquoi tu avais décidé d'en finir avec tout ça. Ca ne vaut pas la peine que tu te battes ? Et même tu es une bonne personne, faire ça c'est juste gâcher ce que tu aurais pu construire. » Je dis ça même si je ne sais rien aussi bien je dis n'importe quoi, mais je ne sais pas quoi lui dire de plus. Et je n'ai pas l'intention de lui sortir un truc gnian gnian du style, fait le pour moi, car aussi bien je ne suis rien pour lui. Il est peut-être l'une des personnes les plus importantes pour moi à Bowen, mais je ne sais pas ce que je représente pour lui et ça fait peur. Et aussi bien tout ce que je dis rentre dans l'oreille d'un sourd, vu l'Etat dans lequel il est, il pourrait tout avoir oublié demain. Je soupirs dépitée et complètement perdu ne sachant que faire.

Lui-même ne se connaissait pas, quand il était ivre. Il ne savait pas de quoi il était capable, il ne savait pas qui il était. En fait, Lennox ne savait pas qui il était tout court, alcool ou pas. Auparavant, il vivait une vie de loup solitaire, habitué à la stagnation de ses émotions, se trouvant constamment au même niveau de désespoir. Depuis que Lou était entrée dans sa vie, Lennox avait l’impression qu’elle avait attrapé le fil de sa vie autrefois toujours si droit, pour agiter son bras et le faire onduler. Alors les émotions de Lennox montaient tout en haut pour retomber tout en bas, répétant ce manège au fil des actions des deux amoureux maudits. Lennox avait l’impression qu’il valsait avec la mort, cette dernière déguisée en Lou. Il savait que la jeune femme n’y était pour rien, qu’elle n’avait pas cherché à bouleverser son existence, mais elle l’avait fait quand même, dans la plus belle des inconsciences. Lennox l’en remerciait lorsque c’était pour l’élever vers le bonheur, mais la haïssait lorsque c’était pour lui piler dessus sans crier gare. La haïr. C’était encore bien beau à dire, mais ce n’était pas vraiment le sentiment non plus. Même en la haïssant, il l’aimait de tout son cœur, de toutes ses forces. À son retour près de lui, Sacha lui demanda ce qui s’était passé, et la réponse qu’il lui donna ne sembla pas correspondre à ses attentes. « C’en est une pour moi … » Lâcha-t-il, boudeur. Il lui dit quand même qu’il allait mieux, puisque dans sa réalité distordue, c’était vrai. Là encore, Sacha n’accepta pas la réponse, mais cette fois Lennox n’hésita pas à lui dire : « Quand ça va mal ? C’est Lou qui me retrouve à deux doigts de la mort sur le plancher de mon bureau. C’est ça que je suis, quand ça va mal. » Ivre, Lennox était bien moins doux dans ses paroles. Il ménageait moins ses mots. Il ménageait moins les autres. Il était franc et direct. Pauvre Sacha, elle n’avait rien demandé, et sans doute était-elle venue chercher du réconfort en cognant à sa porte. Elle ne trouverait que de la tourmente. La brunette ne baissa toutefois pas les bras, et ça toucha quand même Lennox dans le peu de clarté qu’il lui restait. Elle tenta de l’encourager avec de belles paroles, de belles pensées positives, et Lennox aurait voulu s’accrocher à ces mots. « Ce qui m’a poussé à le faire c’est que l’hôpital m’y a obligé … » Très peu coopératif, Lennox semblait chercher à tout prix à repousser Sacha alors que pourtant, depuis qu’elle était rentrée, il se sentait un peu moins vide. Il soupira, se redressa légèrement, et regarda enfin Sacha dans les yeux. « Je ne sais plus ce qui vaut la peine et ce qui ne la vaut pas, Sacha. On dirait que je me bats toujours pour au final, être le perdant. Encore et encore. Alors peu importe ce que je construis, ça tombera forcément en ruines un jour ou l’autre. » Il se laissa retomber lourdement sur le fauteuil, se sentant trop étourdi pour ne pas appuyer sa tête. Il regarda droit devant lui, la respiration saccadée, un torrent de tristesse s’emparant de lui. « Tu devrais partir, Sacha, pendant qu’il est encore temps. Et quand je parle de partir, j’parle pas juste d’ici. J’parle de ma vie. » Il ne le voulait pas, il ne le voulait tellement pas. Parce que Sacha avait su, en si peu de temps, devenir une amie pour lui. Un soutien, une béquille, une oreille. Mais ce serait tout de même mieux pour elle qu’il n’empoisonne pas sa vie de sa souffrance.

Il n'a pas l'air d'apprécier mes paroles, pour lui c'est une raison, mais il n'y a rien de concret dans sa réponse. il ne sait pas dit ça du jour au lendemain sans raison valable il s'est forcément passé quelque chose et c'est blessant qu'il refuse de me le dire. Mais je ne peux pas insister pour qu'il me crache le morceau j'aurais préféré qu'il me le dise de lui-même. Mais le pire de tout c'est quand il me fait sa déclaration à propos de Lou qui l'aurait retrouvé presque mort sur le parquet. J'ai l'image qui me vient a l'esprit, cette image me donne juste envie de pleurer, qu'est-ce qui a bien pus lui arriver. Déjà la première fois il m'avait donner que de vague raison sur sa souffrance, mais jamais je n'aurais imaginé qu'il allait si mal. Je me sens tellement nul d'être aussi aveugle. Je n'ai pas le courage de m'excuser, car je pense tout de même mes paroles, je l'ai vu quand il allait bien et même s'il n'est pas agonisant sur le sol il va mal. Et sa réponse suivante n'est que logique, forcément si il à été retrouvé presque mort, l'hôpital l'a forcément aidé à aller mieux. Et quand enfin il me regarde dans les yeux, je sens encore plus sa tristesse, j'ai une folle envie de pleurer, mais je m'y refuse. Chaque mot qu'il prononce me fait me sentir de plus en plus mal. Je me sens comme responsable, je parle sans rien savoir. Je crois pouvoir l'aider alors que je n'ai pas conscience de tout ce qu'il a pu vivre, de tout ce qu'il resssent. Combien de défaite a t-il du vivre, combien de fois il a dû recommencer pour avoir des paroles aussi lourdes. Et ce n'est pas encore finis. Les paroles qui suivent m'agace plus que tout en plus de me blesser elle m'énerve. Il croit pouvoir me dire de me casser et de plus jamais le revoir après ça. Il croit que c'est facile. Je me lève et même si l'histoire d'une seconde j'ai hésité à partir je ne le fais pas. Je n'abandonne pas, au lieu de ça je m'assois à côté de lui sur le divan. « Tu crois vraiment que je vais te laisser là après tout ce que tu m'as dit. Je te rappelle que ce soir-là j'ai refusé de te lâcher la grappe, car j'avais peur que tu ai une commotion. Et si tu penses que je vais t'abandonner alors que tu m'as dit que tu pouvais aller jusqu'au stade de finir mort sur le plancher tu te mets le doigt dans l'oeil ! Imagine que dans quelque jour je tombe sur ton nom dans la revue nécrologique du journal. Je m'en voudrais a vie de t'avoir laissé seul. Et même je tiens trop à toi pour te lâcher Lennox. T'es mon ami, même plus que ça j'ai presque l'impression que tu es de ma famille même si on c'est vu que très peu. Et sans toi qui sais que qu'il serait advenu de moi, donc je te dois bien ça. Je ne pourrais jamais dire que je te comprends, que je comprends ce que tu ressens, mais je serais toujours là pour toi quoiqu'il se passe. Et tant pis si tu ne me crois pas, je te prouverais que je tiens ma parole. Donc maintenant je sais pas ce que je vais faire. Mais je vais bien trouver quelques chose. » Je respire quelque seconde avant de fermer les yeux pour ne pas pleurer de poser ma tête sur son épaule. « Et plus jamais ne me dit ça, car ça me donne l'impression de n'être rien, juste quelque chose dont tu veux te débarrasser. » Je reste encore quelque seconde comme ça avant de me relever. « C'est quand la dernière fois que tu as mangé ? » J'ai pas vraiment faim, mais il faut que je m'occupe les mains et l'esprit et je suis sûr que manger un peu ne peut lui faire que du bien. Et au pire après on se regardera un film comme la dernière fois, ça m'avait fait me sentir bien quand on avait fait ça donc ça marchera peut être un peu pour lui... J'espère.

C’était cruel de la part de Lennox que de larguer cette bombe sur Sacha, elle qui n’avait rien demandé, elle qui n’avait pas voulu d’un homme comme lui dans sa vie. Il s’était imposé à elle, certes d’abord en sauveur, mais maintenant comme une sangsue qui, plutôt que de lui drainer son sang, lui enlèverait toute énergie. Parce que c’était l’effet que Lennox avait sur tout le monde. Il enlevait le bonheur à tous ceux qui se trouvaient dans la même pièce que lui, parce que son pessimisme était si fort qu’il enterrait n’importe quelle positivité. En temps normal, il se serait fermé la gueule pour ne pas faire du mal à Sacha, pour ne pas lui faire de la peine et surtout pour ne pas l’embêter avec ses problèmes, mais l’alcool avait toujours fait en sorte que Lennox disait tout ce qui lui passait par la tête et, malheureusement, ce n’était pas toujours rose. Alors, dans un dernier instant de lucidité – ou se qui s’en rapprochait le plus -, Lennox ordonna à Sacha de partir, de le laisser seul, de se sauver la peau avant qu’il ne soit trop tard. Avant qu’il ne l’empoisonne à son tour, comme il avait empoisonné Lou, comme il empoisonnerait Siam. Et maintenant Sacha. Lennox devait arrêter, Lennox devait cesser de se trouver des gens sur qui s’appuyer pour se relever, parce que sa tristesse était si lourde que le poids du monde sur ses épaules faisait en sorte que toutes ces personnes coulaient avec lui. Après un moment d’hésitation, la brune décida plutôt de s’asseoir à côté de lui, et Lennox lui jeta un regard décontenancé. Il lui ouvrait une porte de sortie, et elle ne la prenait pas. Quelle folie. Il écouta sans rien dire son discours, essayant de contrôler sa respiration, essayant de contrôler ses lèvres qui tremblaient et le flot de larmes qui semblait monter à ses yeux. Lennox comprit alors à quel point ce qu’il partageait avec Sacha était vrai, et pas seulement d’un côté. C’était réciproque. Elle l’aimait, elle aussi, tout autant que lui l’aimait. Comme une famille. Inconditionnellement. Puis, alors que Lennox croyait qu’elle avait terminé sa tirade, Sacha ajouta que jamais, plus jamais, elle ne voulait l’entendre dire qu’il voulait qu’elle parte. Il baissa les yeux. « Tu sais bien que tu comptes à mes yeux, Sacha. Sans doute même plus que tu ne le penses. Je ne veux pas me débarrasser de toi, j’veux me débarrasser de moi. Et je ne veux pas que tu souffres par ma faute. Mais ça arrivera, Sacha, comprends-le. Et je tiens trop à toi pour te faire subir ça, justement … » Déclara-t-il, chagriné. Lennox ne pouvait promettre à personne de s’en sortir, même pas à lui-même. C’était un combat qu’il menait depuis trop longtemps, il ne savait plus s’il avait la force. Mais Sacha semblait être prête à se battre à ses côtés, et d’une certaine façon, cela réchauffait le cœur si froid de Lennox. La brune lui demanda finalement, en se levant, quand était la dernière fois qu’il avait mangé. Il haussa les épaules, portant sa tête lourde à sa main. « Hier soir, peut-être … Je sais plus … » Déclara-t-il. Et il ignorait si Sacha trouverait quoi que ce soit de potable dans le réfrigérateur. Lennox avait tout négligé – surtout lui-même - depuis qu’il avait appris l’infidélité de Lou.

Lennox m'écoute sans rien dire, en même temps je ne lui donne pas la possibilité de m'interrompre. Exprimant tout ce que j'ai sur le coeur dans l'espoir qu'il me comprenne et qu'il cesse d'essayer de m'éloigner de lui. Qu'il oublie cette idée que je peux sortir et ne plus jamais revenir, cette idée que je puisse l'abandonner. Car ça ne risque pas d'arriver, c'est impossible que je fasse ça. Impossible. Et je termine en lui disant de ne plus me dire de partir, de plus me dire de telles choses qui ne font que me rendre triste et mal aimée, alors qu'il compte tant pour moi. Malgré la tristesse de la situation et du moment je suis heureuse de l'entendre dire que je compte pour lui et qu'il tient à moi. Je me sens d'une certaine manière importante, mais la suite est loin de m'aider à garder ce sentiment de joie. Je le regarde de manière à plonger mon regard dans le sien . « Bon, de un tu ne te débarrasseras pas de toi, quand tu dis ça on dirais que tu vas faire quelque chose de terrible que je n'ose pas imaginer. Et de deux, ça fait parti de la vie de souffrir, on a des heures et des bas c'est la vie et si par peur de souffrir je me mets à fuir mes amis je n'appelle pas sa vivre. Et même si je souffre par ta faute, rien ne pourra être pire que la souffrance que j'aurais ressentie si ce pauvre taré avait été jusqu'au bout. Donc arrête de t'inquiéter pour moi et respire. Quand tu vas mal appelle moi, viens me voir au lieu de prendre une bouteille et te gêne pas pour m'embêter. Quelque soit l'heure du jour et de la nuit je serais là pour toi. » J'attends quelque seconde avant de reprendre. « On est d'accord ? » Après cela je lui demande s'il à manger dernièrement, sa réponse ne fait que renforcer mon inquiétude. Il n'est pas sûr de savoir si c'était hier soir. « Je vais voir ce que je peux faire alors. » Je vais dans la cuisine et ouvre les placards un peu au hasard, a la recherche d'une idée, qui arrive assez vite. Je sors la farine et le sucre d'un placard et croise les doigts pour trouver du lait des oeufs et du beurre dans le frigo. Je souris, j'ai tout ce qu'il me faut. « Huum, tu es partant pour des crêpes ? » Dis-je motivée, j'espère que ça va lui plaire et c'est pas compliquer à faire et si je mets un peu plus d'oeuf pas besoin de faire reposer la pâte donc on va pourvoir en profiter rapidement.

Sacha lui parla de la souffrance qui faisait partie intégrante de la vie, mais Lennox se doutait bien qu’elle était loin de s’imaginer toute la douleur qu’il s’infligeait à lui-même, et pire, qu’il infligeait aux autres par le fait même. Qu’il lui infligerait à elle. Lennox savait bien qu’une part de l’humain était faite pour souffrir, mais pas à ce point-là, il ne voulait pas croire qu’ils étaient faits pour pleurer autant. Quand il voyait tous les autres vivre, jour après jour, sans trop se soucier, sans trop se poser de questions, il se disait que lui était un cas à part, qu’eux ne vivaient pas aussi sombrement que lui. Mais Sacha lui sortit l’argument de l’agresseur, et il ne se sentit pas capable de réfuter là-dessus. Il ne connaissait pas assez la souffrance et la peur en lien avec un tel événement pour s’aventurer sur ce terrain. Et puis, pas toutes les douleurs étaient aussi aisément comparables. Ainsi, quand Sacha lui demanda s’ils étaient d’accord, il hocha tout simplement la tête, fuyant son regard. « On est d’accord. » Il n’avait relevé le regard vers la brune que lorsque celle-ci s’éloigna en affirmant qu’elle verrait ce qu’elle pourrait lui préparer à manger. Lennox n’avait ni le cœur ni la force de se lever, alors il la regarda sortir des ingrédients de ses placards et de son réfrigérateur. Il avait une envie de pleurer mêlée à celle de vomir, et même si les paroles de Sacha l’avaient profondément touché, l’alcool paralysait encore son sourire et ses efforts. La jeune femme, ayant un tas d’ingrédients devant elle, s’adressa de nouveau à Lennox, lui demanda s’il était partant pour des crêpes. Il ignorait s’il serait capable d’ingurgiter quoi que ce soit, de toute façon. « Oui. Merci. » Quelques mots à peine trouvaient leur chemin jusqu’aux lèvres de Lennox. Sacha hocha la tête rapidement, et se mit au travail, leur préparant à tous les deux des crêpes. Pendant ce temps, Lennox se raisonna légèrement et attrapa le verre d’eau pour le terminer. De toute façon, toute sa vodka était passée par l’évier, alors aussi bien essayer de se sentir un peu mieux, de chasser les maux de tête et de cœur. Après une quinzaine de minutes, Sacha revint avec les crêpes qu’elle avait roulées, et Lennox devinait par la délicieuse odeur qu’elle avait mis d’autres ingrédients à l’intérieur, mais il ne se posa pas plus de questions. Son estomac réclamait déjà un peu de nourriture. « On regarde un film ? » Proposa Lennox avec un mince sourire en coin, puisqu’il avait cette impression de déjà-vu, mais avec les rôles inversés.

Je ne suis pas sûr de l'avoir convaincu avec mon discours, mais au moins il m'a répondu c'est déjà ça. Ensuite, je me dirige dans la cuisine et après quelque recherche dans les nombreux placards je me décide pour préparer des crêpes fière de mon idée je lui demande si ça lui va. Il répond que oui et j'espère qu'il est honnête, mais je ne suis pas suffisamment proche de lui pour voir dans ses yeux s'il dit la  vérité, mais je m'en contenterais jusqu'au moment où lui apporterais les crêpes. Je prépare la pâte me demandant déjà ce que je pourrais rajouter pour éveiller mes papille, mais assez vite je reviens à penser a ce qu'il se passe. Je suis triste qu'il me dise pas ce qui l'a fait rechuter, car je reste convaincu qu'il c'est passer quelque chose. Il n'aurait pas sombrées sans raison. J'ai envie d'y croire, j'ai envie de penser que si quelque chose a déclencher ça, quelque chose peut l'aider. Alors que s'il est de nouveau comme ça, sans raison ... Je préfère pas y penser. Je fais quelque crêpe et laisse un peu de pâte de côtés dans le frigo avant de m'attaquer à la garniture. J'ai vu quelque pomme que j'ai découpé avant et je les caramélise pour ensuite les mettre dans deux crêpes chacune dans une assiette. J'espère que ça va lui plaire. Je retourne dans le salon et m'assoit dans le canapé une assiette dans chaque main. Leur odeur réveil mon appétit jusque là inexistant. « Crêpe pomme caramel j'espère que ça te va. » Dis-je avec un sourire un peu timide. J'ai pas l'habitude de préparer à manger pour les autres. Surtout quand ils vont pas très bien. J'accueille sa question avec le sourire. Si il me propose ça c'est qu'il a déjà le moral un peu meilleur que quand je suis arrivée et je suis quelque peu rassurée. « Si tu veux. Tu as une idée de film ? » Je demande avec le sourire, aujourd'hui on fait ce qu'il désire. Mais je me souviens que je l'avais laissé choisir déjà la dernière fois, j'avais pas vraiment la tête à ça. peut être que c'est son cas aujourd'hui je comprendrais. Mais on va faire comme il veut.

L’odeur sucrée éveillait à la fois la faim de Lennox, à la fois son mal de cœur. Quand même son estomac devenait une contradiction, il se disait qu’il était tombé bien bas et qu’il en était encore déboussolé. « Merci Sacha, ça a l’air délicieux. » Avait dit Lennox alors que son regard s’était posé sur sa crêpe, pour ensuite se diriger vers son amie. « Merci, Sacha. » Répéta-t-il, cette fois sans le compliment sur son repas, car il tenait bien sûr à la remercier pour tout ce qu’elle faisait pour lui. Il lui proposa alors de regarder un film, surtout parce que c’était ce qu’ils avaient fait la dernière fois, quand c’était elle qui n’allait pas. Lennox se disait que peut-être que ça fonctionnerait pour lui aussi, même s’il en doutait fortement. Il alluma Netflix et sans trop réfléchir, appuya sur la description d’un des films proposés, un Netflix Original, intitulé The Fundamentals of Caring. « Tu l’as vu ? » Face à la réponse négative de Sacha, il pressa le bouton de sélection et le long-métrage débuta. C’était un film prometteur, dès le début, et pourtant, Lennox n’arrivait pas à se concentrer adéquatement. Les lèvres de Paul Rudd bougeaient, mais les mots qui en sortaient n’atteignaient pas les oreilles du trentenaire. Au bout d’une trentaine de minutes, la crêpe du jeune homme, mangée avec lenteur pour ne pas réveiller les démons de son estomac, fut terminée. Il posa son assiette sur la table du salon et se cala dans le fauteuil, son mal de tête ne le quittant point. La douleur de son cœur était cependant bien pire. Le film n’en était sans doute même pas à la moitié quand Lennox lâcha, sans éteindre, sans mettre sur pause ou sur sourdine : « Lou a couché avec un autre pendant que j’étais en désintox. » Lâcha-t-il, le cœur gros. Il avait conscience qu’il ne faisait que parler de cette infidélité à chaque fois que son cœur était trop lourd, et que ce n’était sans doute pas juste pour Lou qu’il étale leur vie privée de cette façon à tous ses proches, mais Lennox était fragile et avait clairement besoin d’aide. Surtout aujourd’hui. « Elle était celle à qui je m’accrochais. » Ajouta-t-il, les yeux rivés sur cet écran que Sacha, elle, ne regardait plus.

Que Lennox dise que ma cuisine à l'aire délicieuse me remplit d'une certaine fierté, pas autant que si il avait dit qu'elles étaient vraiment délicieuses mais c'est déjà ça. « Merci, de rien » Ensuite, il me remercie à nouveau je me rends bien compte que c'est pour plus qu'une histoire de crêpe je fais un mince sourire. « C'est normal » Je n'allais pas dire ce n'est rien car ça n'aurait pas collé car tous les deux on sait que ce n'est pas rien, que c'est quelque chose d'important, qui a une vraie signification. Ensuite, on décide de regarder un film, Lennox choisit assez rapidement un film donc je ne connais pas le nom. J'accepte donc lui laissant le choix. Je croise les doigts dans l'espoir que ça puisse l'aider à ce calmer quelque peu même temporairement. Je regarde le film sans vraiment le regarder je grignote des morceaux de ma crêpe de temps à autre repensant, à mon cauchemar de cette nuit. A chaque fois que je fais ce cauchemar j'ai l'impression de revivre la scène, de revivre le moment. Je suis soudainement sortie de mes pensées pars la voix de Lennox. Je n'ai vu Lou qu'une fois à la soirée de Lily et me dire qu'elle ai pu lui faire ça me donne envie de vomir. La prochaine fois que je la vois je sais pas ce que je fais mais ça finnira mal pour elle. Il ne mérite pas de vivre ça. Quelle garce cette fille. J'ai du mal a croire qu'une fille aussi peu fidèle que ça ce moment là  aussi important et difficile qu'est la désintox, puisse avoir une si grande place dans son coeur. C'est tellement triste. Je n'imagine même pas ce qu'il peut ressentir. Je me tourne vers lui. « Je suis vraiment désolée. Comment elle a pu osée te faire ça, je sais que je te dise ça ne risque pas de t'aider, désolée. » Je me tais trente secondes mais je n'y tiens plus. « Elle ne mérite pas que tu fasses ça pour elle. Elle n'a pas su garder sa culotte sur elle alors que tu faisais tous ces efforts en pensant à elle. Tant pis pour elle, elle ne pourra pas profiter de l'homme que j'ai vu à cette fête la dernière fois. Un homme heureux et bien dans ses baskets. Un homme fier d'avoir réussi à arrêter de boire. Peut être qu'aujourd'hui tu n'es pas cet homme, mais je suis qu'un jour tu pourras le redevenir et je te promets de ne pas te lâcher jusqu'à ce jour car quoique qu'il se passe je tients énormément a toi. Et la première chose à faire c'est de régler tes comptes avec cette fille pour pouvoir passer à autre chose. Peut importe ce que vous avez vécu avant, ce qui important c'est le présent. » Je sais pas d'où me sorte ces belles paroles. « La maintenant tu voudrais lui dire quoi ? » Dis-je dans l'espoir qu'il s'énerve un peu au lieu de s'apitoyer. J'ai envie de le voir réagir.

Il l’avait dit. Ce qu’il gardait sur son cœur, ce qui lui nouait la gorge, ce qui l’agitait dans tout son corps, il l’avait déballé à Sacha. En même temps, elle était l’une de ces personnes en qui il avait une confiance démesurée, sans pouvoir se l’expliquer. Comme Siam. Comme Léo. Même si avec les trois c’était tellement différent, Lennox sentait qu’il pouvait se confier à eux, sans avoir peur de se faire juger. Certes, avec Léo, c’était différent, ça remontait à loin et puis il avait eu honte, à quelque part, d’être encore comme il était aujourd’hui alors que son ancien voisin avait grandi, évolué, d’une bien plus belle manière. Et puis avec Siam, c’était un lien inexplicable, cette relation qu’ils entretenaient tous les deux avec la mort, différemment bien sûr, mais tout de même. Dernièrement, Sacha s’était fait cette place aussi, parce qu’ils avaient partagé un moment intense, parce que Lennox avait pu, pour la première fois de sa vie, être la béquille de quelqu’un et non pas le contraire. Le trentenaire plongea son regard dans celui de Sacha alors qu’elle déblatéra sur Lou, sur ce qu’elle avait eu le culot de lui faire, sur ce qu’il méritait ou pas dans cette histoire. Lennox avait peut-être les yeux perdus dans le vague, mais il la voyait, il l’écoutait. Il l’entendait. Puis, à la toute fin, Sacha lui demanda ce que Lennox aurait voulu dire à Lou, là, maintenant. Un rictus s’échappa d’entre ses lèvres alors qu’il détournait le regard, se calant de nouveau dans son fauteuil. « Je lui dirais que je l’aime. » Sacha s’attendait sans doute à ce qu’il l’insulte, à ce qu’il crache sa hargne contre Lou, mais de la colère, il n’en avait plus à jeter au visage des autres. Il était vidé de tout, et c’était justement pour cela qu’il avait eu besoin de boire. Pour ressentir quelque chose de nouveau. « Je sais que c’est pas ce que tu voudrais entendre, je sais que c’est pas ce que je devrais ressentir non plus. Mais j’arrive pas à lui en vouloir … enfin, je lui en ai voulu, pendant un moment … puis … puis j’ai réalisé que je l’aimais davantage que je la détestais. » Il haussa les épaules. Il aurait bien pris quelques gorgées d’alcool encore une fois, là, parce que l’angoisse s’emparait de nouveau de lui. « Mais être avec quelqu’un parce qu’on l’aime plus qu’on ne la déteste, c’est pas sain. » Mais son amour envers Lou n’avait jamais été ni sain, ni rationnel. Il dépendait d’elle. Toute sa vie dépendait d’elle.