In restless dreams I walked alone + Freja

Tu remarques que Léo grimace lorsque tu lui demandes si c'est un vieux bougon. Toi, tu ne disais ça que dans l'optique de le taquiner comme tu as l'habitude le faire avec la plupart des gens que tu côtoies. Est-ce le mot "bougon" qui le dérange ? Ou le terme "vieux" ? Certes, il semble plus âgé que toi mais pas des masses non plus. Tu lui donnes maximum trente ans ce qui ne fait que six ans d'écart entre vous. Pour certains c'est beaucoup mais pas pour toi. Mais en ce qui te concerne, tu ne t'es jamais vraiment arrêtée à l'âge des hommes. Du moins tant qu'ils sont majeurs, évidemment. « J'ai choisi le mauvais parti alors. » Réponds-tu en souriant légèrement. Tu avouais de cette manière que tu avais couché avec Noah mais ça ne te gênait pas vraiment. Même s'il semblait perdurer une certaine animosité entre les deux hommes. Lorsque tu expliques que Bowen est devenu ta maison, tu ne peux t'empêcher de repenser à tout ce chemin parcouru. Il était bien loin ce temps où tu débarquais seulement en ville pour construire une nouvelle vie. Aujourd'hui, tu n'étais plus du tout la même personne. Aujourd'hui, tu t'étais forgée une carapace encore plus solide qu'auparavant mais c'était nécessaire. Tu ne voulais pas te laisser démolir par un homme et c'est sans doute pour cette raison que tu te montres si fermée et distante avec les hommes. Du moins pas au début, pas lorsque ton seul objectif est de partager leurs draps. Tu hoches la tête pour toute réponse, partageant l'opinion du jeune australien sur son pays et sa ville d'origines. Lorsqu'il lève son verre pour trinquer à tes paroles qu'il semble partager, tu lèves également le tien, un sourire aux lèvres. Tu portes ton verre à tes lèvres sans détacher ton regard de celui de Léo. Lorsqu'il t'explique brièvement quelques voyages humanitaires qu'il a fait, tu ne peux t'empêcher d'avoir les yeux brillants d'excitation. Tu as toi-même déjà fait de l'humanitaire et c'est sans aucun doute une expérience que tu tenterais à nouveau. En parlant de l'Afrique, tu vois une certaine nostalgie dans son regard. Ou peut-être même de la tristesse ? Tu ne sais pas vraiment mais tu y décèles quelque chose en tout cas. « Tu as été où ? » Demandes-tu par curiosité. Tu as déjà fait pas mal de pays d'Afrique, toi aussi, mais tu n'es pas contre quelques nouvelles idées. « Vodka. » Réponds-tu simplement avant de faire signe au serveur de vous mettre quelques shots. « Prêt ? » Demandes-tu en attrapant un shoot de vodka entre tes doigts et en défiant Léo du regard. S'il voulait se mesurer à toi, tu étais prête à relever le défi. S'il y a bien quelque chose à savoir te concernant, c'est que tu ne refuses jamais un défi. Jamais.

Que la brune ait eu une aventure, voir plus, avec le français, ça ne faisait aucun doute pour Léo, allez savoir pourquoi, peut-être à cause de la façon dont ils se mangeaient du regard le soir où ils s’étaient croisés, de toute façon ça importait peu, ça ne regardait qu’eux. Et puis elle semblait assez intelligente pour comprendre qu’un homme comme Noah ne serait jamais celui d’une seule femme. Il sourit alors lors qu’elle lui répondit, pour choisir il aurait déjà fallu qu’ils se croisent à cette époque là. Mais c’était toujours agréable de sentir qu’une fille n’était pas indifférente à son charme. Depuis leur rencontre Freja gardait son regard braqué sur Léo comme si elle cherchait à lire en lui, c’était perturbant et envoûtant malgré tout, il se prenait au jeu, chacun allant de sa confidence, sans trop en donner, juste ce qu’il fallait pour entretenir une conversation et pour donner à l’autre l’envie d’en savoir plus. Aucun des deux n’était trop curieux, c’était sûrement pour ça que tout se passait bien. Ces deux là se ressemblaient beaucoup, séducteurs et sociables, il semblaient à l’aise, pourtant il ne serait pas étonnant que l’un ou l’autre se ferme s’ils allaient trop loin dans l’investigation. Léo n’avait pas toujours été épargné par la vie et il se doutait qu’il en était de même pour la belle norvégienne bien qu’il ne chercherait pas à en savoir plus, il n’aimerait pas qu’elle le fasse. Il apprécia qu’elle ne fasse aucune remarque sur ses voyages caritatifs, content de voir qu’il ne s’était pas trompé sur elle en osant lui révéler cet aspect si personnel de sa vie et dont il parlait peu. Le dernier séjour était au Bénin. J’ai aussi visité la Tanzanie et le Gabon. Répondit-il dans un sourire, il avait adoré ces pays, la chaleur des gens principalement, mais si elle cherchait à en savoir plus sur le dernier séjour il ne dirait rien. C’est certainement l’Amérique que je connais le moins, ajouta-t-il, songeur, il était moins attiré par ce continent, bien qu’il y ait fait quelques séjours. Le serveur leur disposa six verres devant eux, trois chacun donc, puis les remplit. Léo observait Freja qui semblait très enthousiaste quant à ce défi. Ca ne posait pas vraiment de problème au barbu de boire ces quelques shots, il tenait plutôt bien l’alcool. Prêt. Il attrapa le premier, dernier regard en haussant les sourcils. C’est parti. Et ils avalèrent leurs verres les uns après les autres. La vodka était infecte, Léo regrettait déjà cette idée, s’il tenait l’alcool, il avait acquit un certain niveau d’exigence et se retrouver à boire ça le ramenait à ses années étudiantes qui n’avaient rien de reluisantes à ce niveau là. Il fit pourtant bonne figure face à la brune qui ne se démontait pas. Une fois les trois verres vidés il regarda Freja. C’est ce à quoi tu t’attendais ce soir en débarquant ici ? Ou je ruine tous tes plans ? Il fit signe au serveur de les resservir, se doutant que ces trois nouveaux verres n’aideraient pas à sa lucidité. Mais c'était peut-être ce qu’il cherchait, s’étourdir.

Contrairement à la plupart des femmes, tu ne pensais pas que c'était aux hommes de faire le premier pas. Pourquoi serait-ce le cas ? Pourquoi ne serais-tu pas libre de tes choix et mouvements ? Toi, tu préférais être cash et ne pas te cacher de tes désirs et envies. Tu préférais aller droit au but, tout simplement. Voilà déjà quelques années que tu fonctionnes de cette façon et ça ne t'a jamais porté préjudice. Lorsqu'un homme ou une femme ne te plaît pas, tu ne te gênes pas pour le faire comprendre non plus. Ça va dans les deux sens. Bref, en ce qui concerne Léo, tes intentions semblaient plutôt claires. Il l'avait sans doute perçu, lui aussi, mais il n'en montrait pas grand chose. Et c'est sans doute pour cette raison que tu ressens le besoin de sonder son regard et son esprit, d'une certaine façon. Tu percevais quelque chose de sombre chez lui mais tu ne poserais aucune question. Sauf si le photographe désirait t'en parler mais ça te semblait bien peu probable. Comme toi, il préférait rester vague sur ses sentiments. Il parlait de sa vie mais sans trop en dire. Juste le strict minimum. Juste ce qu'il faut pour ne pas paraître froid ou impoli. Tu perçois tout ça parce que c'est comme ça que tu te protèges depuis des années. C'est comme ça que s'est forgée ta carapace. « Ça devait être vraiment très beau. » Réponds-tu avec un sourire sincère. Tu ne doutes pas que Léo ait passé de sublimes moments durant ces derniers voyages en Afrique. Toi, tu ne retiens que du positif de ce continent. Les gens sont bien plus ouverts et gentils que partout ailleurs dans le monde. Malgré l'extrême pauvreté à laquelle tu as été confrontée, les gens ont toujours voulu t'aider alors qu'eux-mêmes ne possédaient presque rien. Pour ne pas dire rien. Ce sont toutes des petites choses de ce genre qui rendent les voyages aussi beaux. « J'crois qu'il n'y a qu'en Amérique où j'ai vraiment visité les grandes villes. Je ne le regrette pas mais je préférerais voir des pays et des villes moins populaires. » Réponds-tu en fronçant légèrement les sourcils. L'Amérique n'était pas ta priorité en ce moment mais tu y retournerais certainement et principalement pour l'Amérique du Sud. Lorsque Léo donne le top départ pour avaler les shots, tu ne traînes pas et vides rapidement les trois petits récipients. En général, tu préfères la téquila à la vodka mais ça fait partie du défi. Tu secoues légèrement la tête en reposant le dernier shot puis reposes ton regard sur le photographe. Lui, il ne semble pas le moins du monde dérouté par l'alcool ingurgité. D'ailleurs, il ne faut que quelques secondes avant que vos verres soient à nouveau remplis. « J'aime penser que tout arrive pour une raison. » Vous vous étiez vus à la soirée de Noah et vos retrouvailles n'étaient peut-être pas une coïncidence. Tu croyais beaucoup au Destin et au karma mais tout le monde ne partageait pas ces convictions. Sans parler d'amour ou de sentiments, tu avais tendance à penser que tomber sur Léo n'était peut-être pas si inattendu que ça. Rapidement, tu reprends la parole pour clarifier tes idées : « Mais non ce n'était pas ce que j'avais prévu même si je n'avais pas prévu grand chose finalement. » Dis-tu en riant légèrement. « Mais ne penses pas que ça me déplaît. Et toi, tu n'es pas trop déçu d'avoir été abandonné par ton ami ? » Demandes-tu avec un léger sourire. C'est sûrement grâce à cette question que tu comprendras enfin le fond de la pensée de Léo. Jusqu'ici, il n'était pas facile à déchiffrer.

Elle paraissait tellement lui ressembler dans sa façon de penser et de voir la vie, c’était assez surprenant et plutôt agréable de discuter avec une personne qui le comprenait. Freja ne prenait pas Léo pour un énergumène, elle ne le jugeait pas, au contraire, elle semblait sincèrement aimer l’entendre parler de ses voyages, de sa passion et ça lui faisait du bien. Ils ne partageaient rien de trop personnel, mais c’était suffisant. New-York est étourdissant, j’ai aimé m’y perdre. Il y a quelque chose d’intéressant aux Etats-Unis, je ne dis pas le contraire, les grands espaces, les villes immenses, mais je ne suis jamais revenu aussi enrichi que de mes voyages en Afrique ou en Asie. Quelque part il savait que la brune serait d’accord avec lui. Ces shots c’était une façon de montrer à Freja que Léo était capable de s’amuser, depuis le début de leurs échanges il ne montrait pas forcément le côté le plus fêtard de lui-même, en retrait il semblait plus spectateur de cette soirée que vraiment acteur, il la laissait le bouffer des yeux sans forcément se prendre au jeu. Peut-être parce qu’il n’en avait pas vraiment envie, peut-être parce qu’il n’osait pas, il ne savait pas trop. Fut un temps où il s’amusait beaucoup avec les filles, il les étourdissait et ça marchait à chaque fois, fut une époque où c’était facile, mais il semblait s’être lassé de ces jeux là, de cette séduction facile qui ne menait à rien de bien sérieux, il pensait s’être assagit, il était tombé amoureux aussi. Et puis ce qu’il avait dans son verre, son éternel whisky, cette boisson avait le don de le rendre plus mélancolique. Alors que la vodka, même mauvaise, lui redonnait le sourire, elle le désinhibait doucement à mesure que les shots l’enivraient. Parce que sous ses airs de garçon sociable et avenant, Léo était un éternel timide, c’était des restes de son enfance dans l’ombre de son père et de son éducation plus qu’autoritaire, il avait dû faire un énorme travail sur lui-même pour aller vers les gens et même si aujourd’hui il paraissait guéri de cette réserve naturelle, il lui fallait parfois se forcer surtout lorsqu’il était en présence d’inconnus, d’autant plus lorsqu’il était question de se livrer un peu. On était fait pour se croiser à nouveau, selon toi ? Demanda-t-il en haussant légèrement les sourcils. Il ne comprenait pas vraiment cette notion de karma, lui prenait la vie comme elle venait sans vraiment se poser de question, peut-être qu’au fond il croyait au destin mais ça ne définissait pas sa façon de voir les choses. J’ai bien remarqué que ça ne te déplaisait pas… sourire en coin alors qu’il jouait avec l’un des verres que le serveur venait de remplir à nouveau. Mon ami peut bien aller se faire voir, je pense que j’y gagne au change. Enfin il osa poser sur Freja un regard appuyé pour marquer le poids de ses mots et assumer qu’il ne lui était pas indifférent. Il avala un shot et puis détailla la brune sans s’en cacher, elle savait se mettre en valeur et la vue était plus qu’agréable. Peut-être qu’on pourrait quitter ce bar et continuer la soirée ailleurs. Deuxième shot.

Elles n'étaient pas nombreuses, ces personnes qui partagent ta philosophie de vie. Il y avait bien Woody dans ton entourage proche et ça s'arrêtait là, ou presque. Léo semblait de ton avis sur bien des points et c'était plaisant de comparer vos points communs de cette façon. Sans se prendre la tête sur les détails et en se concentrant davantage sur le fond. Là, vous parliez de voyage qui marquent une vie. Des voyages qui font prendre conscience que les petits détails, les petits ennuis, devraient être bien loin de vos préoccupations principales. Le genre de voyage qui remet votre existence en question. Tu ne peux donc pas aller à l'encontre des paroles du photographe lorsqu'il parle de l'enrichissement d'un voyage en Afrique ou en Asie. C'était tout à fait. Léo venait de mettre les mots exacts sur ta pensée. Tu hoches la tête, les yeux toujours brillants en repensant à tous ces souvenirs qui ne quittent jamais ta tête. Des souvenirs que tu garderas jusqu'à ton dernier souffle. Peut-être qu'un jour, vous partagerez vos souvenirs respectifs avec l'australien, qui sait ? Peut-être qu'un jour vous serez plus aptes à vous ouvrir l'un à l'autre si le coeur vous en dit. Mais aujourd'hui, vous n'étiez pas prêts à en dire autant. Aujourd'hui, vous pouviez vous suffire du vague, du bref. Quelques minutes plus tard, tu fais part de tes croyances pour le destin à Léo. Tout arrive pour une raison, c'est un genre de mantra pour toi. Mais vu son air étonné, le photographe ne semble pas partager totalement ton avis. « Quelque chose dans ce genre-là. Je ne crois pas au grand amour ou à ce genre de conneries mais je crois que le destin met certaines personnes sur ma route pour une raison précise. » Réponds-tu en haussant légèrement les épaules. « Tu sembles perplexe. » C'est peut-être bête voire même stupide pour certaines personnes mais pas pour toi. Si tu n'es pas croyante religieusement parlant, au moins tu crois en autre chose. Ce serait plutôt triste de vivre sans avoir de convictions profondes. « Ce n'est pas comme si je m'en cachais. » Murmures-tu avec un sourire malicieux aux lèvres. Non, tu ne caches pas ton attirance pour Léo parce que tu n'en vois pas l'utilité. Pas alors que vous semblez tous les deux plutôt libres et ouverts à ce genre de relation. Les relations one shoot. Lorsque le brun pose son regard sur toi, tu comprends enfin qu'il n'est pas indifférent à ton charme. Et ses paroles ne font que le confirmer. Même s'il n'était pas aisé de le déchiffre au début, à présent, la situation semble s'éclaircir un petit peu. Quelques secondes après Léo, tu portes le shot à tes lèvres. A présent, la vodka semble un peu plus douce en bouche. Sans doute parce que ton corps s'y habitue petit à petit. Tu ne fais qu'une bouchée du deuxième et lorsque Léo t'invite à aller continuer la soirée ailleurs, tu le défies du regard et avales ton dernier shot. « Qu'est-ce que tu proposes ? » Demandes-tu avec un léger sourire. Vous pouviez aller chez toi ou même chez lui ça t'importait peu. L'un ou l'autre te convenait mais Léo avait peut-être une autre idée derrière la tête.

Non, Léo ne croyait pas à grand chose, il ne se posait pas mille questions sur la vie, il vivait, comme il pouvait et c'était déjà bien. Il lui était arrivé de se dire qu'elle pouvait être cruelle, son existence, comme lorsque sa fiancée était morte à l'aube de ses vingt ans, mais il n'était pas le seul à avoir perdu quelqu'un, aucune douleur n'était vraiment insurmontable. Et puis il lui était arrivé parfois de se dire que le destin faisait bien les choses, évidemment Grace était l'exemple parfait pour illustrer cette idée, elle qu'il n'avait pas croisé une seule fois en sept ans à Bowen, il l'avait retrouvé alors même qu'elle brisait ses chaines et qu'elle était prête à plus de folie, on ne pouvait pas mieux faire comme timing. Alors oui, parfois il se disait qu'il devait bien y avoir quelque chose qui le faisait avancer mais ça ne dictait pas sa vie ni sa conduite, il avait d'ailleurs tendance à se dire qu'on n'avait rien sans rien, qu'il fallait parfois pousser sa nature pour que les choses arrivent. Et puis avouons qu'à ce stade de la soirée il n'en était plus aux réflexions philosophiques. Advienne que pourra pourrait être son mantra ! Lui non plus ne croyait pas au grand amour, pourtant il n'avait jamais été aussi prêt de l'avoir trouvé que ces derniers mois, mais bon, il fallait croire que ça non plus ce n'était pas pour lui. Non, j'suis pas perplexe. Moi j'crois juste que si tu ne te bouge pas tu n'obtiens pas ce que tu veux, destin, karma ou autre, c'est pareil, à un moment il faut savoir forcer les choses. C'étaient des paroles bien terre-à-terre pour un homme qui avait pourtant l'impression d'être toujours dans la lune. Nouveau sourire en coin lorsque Freja avoua ne pas se cacher, encore une fois il remarquait qu'elle n'y allait pas par quatre chemins, elle lui mâchait tout le travail et lui se laissait tenter petit à petit, avouant enfin qu'il était intéressé lui aussi. Il n'avait pas été facile à détendre parce qu'il était en plein chagrin d'amour, de ceux dont on ne guérit jamais vraiment. Pas sûr de vouloir jouer au jeu de la séduction ce soir, il se retrouvait malgré tout en plein dedans et finalement ça donnait un peu de répit à son cœur meurtri. La vodka le réchauffait, autant que le regard de Freja et ce fut lui qui finit par prendre un peu le contrôle des choses en proposant de quitter le bar. Il n'avait aucune idée d'où aller, sûrement chez lui, c'était le plus simple, il n'habitait pas bien loin. Il termina son dernier shot, sortit son portefeuille pour en sortir un billet assez gros qui couvrirait largement toutes ses dépenses ce soir ainsi que celles de la brune et puis il se leva, passant une main dans le dos de Freja pour l'inviter à partir avec lui. Je n'habite pas loin, on peut passer par la plage. Il ne cachait plus rien de ce qu'il voulait qu'il se passe entre eux. Une fois dehors ils marchèrent quelques mètres avant de passer devant la boite de nuit. Tu veux danser un peu ? Ou on rentre tout de suite ? Il n'était pas allé en boite depuis des mois, des années peut-être et peut-être que c'était l'effet de l'alcool mais il n'était pas contre un corps à corps en musique avant de terminer chez lui.

Tu ne pouvais pas réfuter complètement les paroles de Léo parce qu'il y avait du vrai dedans. Tu étais d'accord sur le fait qu'il fallait parfois provoquer le destin ou pousser les choses pour qu'elles arrivent mais parfois ça ne suffisait pas. Et c'est à ce moment-là que tu vois si les choses devaient vraiment arriver ou non. Si le destin se met sur ta route, alors, c'est que ça devait se passer comme ça. Enfin, c'est ta façon de concevoir ta vie mais tu peux comprendre que tout le monde ne partage pas cette idéologie. « Là-dessus tu as raison. C'est juste que parfois ça ne suffit pas et c'est pile à ce moment-là que tu vois si les choses devaient se passer comme tu le voulais ou non. » Réponds-tu en haussant légèrement les épaules. En gros, vous étiez plus ou moins sur la même longueur d'ondes avec Léo enfin à quelques nuances près. Tu as l'impression que vous avez encore pas mal de points communs mais tu ne vas certainement pas creuser ce soir parce qu'au fond, ce n'est pas votre but. Tu l'as compris alors que le photographe t'invite à aller prendre un verre ailleurs. Si au début ses intentions n'étaient pas très claires, maintenant, elles le sont bien assez. Mais ce n'est pas toi qui vas t'en plaindre. Tu souris en voyant le gros billet que Léo dépose sur le comptoir puis le suis jusqu'à la sortie. Il propose d'aller jusque chez lui et tu ne refuses évidemment pas. Après un hochement de tête de ta part, vous commencez à marcher en direction de son domicile. Mais lorsque vous passez devant une boîte de nuit, l'appel de la fête est plus fort que tout. Que ce soit pour toi ou pour Léo. Lorsqu'il te propose d'aller danser, tu attrapes sa main et t'engouffres à l'intérieur. « Allons-y. » Tu te faufiles à travers la foule, Léo toujours derrière toi. Une fois sur la piste de danse, tu approches ton corps de celui du photographe, poses sa main sur ta hanche et commences à danser de façon très collée serrée. Tu te laisses complètement emporter par la musique, bougeant tes hanches selon le rythme et la mélodie. Puis, tu te retournes pour être dos à Léo. Tu rapproches tes hanches des siennes, collant un peu plus vos deux intimités séparées par le tissu de vos vêtements.

Il y a encore quelques années, Léo connaissait tous les videurs de chaque boite de Bowen, chaque bar, il sortait tous les soirs, se mettait la tête à l'envers et finissait rarement par rentrer seul. Il aimait ça, faire la fête, danser, passer du bon temps sans se poser de question. Il avait été un fêtard invétéré dans cette ville qu'il connaissait par cœur et également aux quatre coins du monde. Mais avec le temps il s'était un peu lassé et puis il avait rencontré une ou deux filles qui l'avaient assagi un peu. Et puis Grace, qui était tellement loin du monde de la nuit. Mais la blonde faisait à présent parti de son passé, il devait s'y faire, il avait lui-même choisi de la quitter. Il devait se faire à l'idée qu'elle était sorti de sa vie et qu'il était à présent célibataire, il était libre comme l'air et visiblement son charme agissait toujours autant, pourquoi s'en priver. Il était en bonne compagnie ce soir et elle avait l'air d'aimer danser autant que lui. La main de Freja dans la sienne, bien loin des discutions sur le karma ou le destin qu'ils avaient quelques minutes avant, Léo semblait être revenu des années en arrière alors qu'ils fendaient la foule dense du club à la musique assourdissante. Le rythme les entraînait et la jolie brune semblait être parfaitement à l'aise pour mener la danse, elle n'hésita pas à poser la main du barbu sur ses hanches et à danser très proche de lui, il pouvait sentir l'odeur de ses cheveux et voir ses yeux briller d'un désir encore bien plus brûlant qu'au comptoir tout à l'heure, ce qui le fit sourire. La nuit leur appartenait et il comptait bien en profiter pour se sortir de son chagrin, au moins pour quelques heures. Freja se retourna pour coller ses hanches à celles de Léo, ses fesse si proches de lui, surpris il leva les mains en l'air, avant de reprendre le contrôle de lui même et de poser sa main gauche sur son bassin, d'écarter sa chevelure de la droite, découvrant sa nuque dans laquelle il déposa sa bouche pour un baiser des plus sensuels. Il n'avait pas tout perdu de ses réflexes, se laissant porter par la musique et la sensation du corps de la belle contre lui qui l'étourdissait bien plus que la vodka.

Il y a quelques mois encore, tu avais laissé partiellement tombé la danse, les boîtes de nuit et l’alcool. Tu préférais t’investir totalement dans ton travail pour faire grandir ton entreprise florissante et tu passais la plupart de tes soirées dans cet esprit-là. Pourtant, aujourd’hui, tu retrouves ce besoin de liberté que tu ne connais que trop bien. Tu as côtoyé ce besoin durant des années. Des années passées à profiter de l’ambiance de la fête et de tout ce qu’elle a à t’offrir. A commencer par de la compagnie dans ton lit. Aujourd’hui, tu étais de retour au point de départ et tu cherchais cette fameuse compagnie dans les bras de Léo. Et quelle compagnie. Il était séduisant, ça ne faisait pas de doute. Et d’ailleurs, tu n’étais pas la seule à le penser aux vues des regards que les autres femmes de la boîte lui lançaient. Il ne laissait que peu de femmes indifférentes. Mais tu étais bien loin de tout ça, toi, tu profitais seulement de son corps contre le tien. Lorsqu’il dégage ta nuque et dépose quelques baisers au creux de celle-ci, tu ne peux t’empêcher de réagir, passant une main dans ses cheveux. Tu laisses Léo continuer sa course de baisers avant de te retourner et d’entourer sa nuque de tes bras. Tu t’avances un peu, rapprochant vos deux corps l’un de l’autre. Ton regard ne se détache pas du sien, puis, dans un moment de sûreté, tu poses tes lèvres contre les siennes. Peut-être est-il surpris par ce geste, tu ne saurais le dire, mais en tout cas, lorsque ses lèvres se font plus pressantes contre les tiennes, tu en profites pour passer une main dans ses cheveux pendant que l’autre descend vers son dos. Lentement, ta langue s’immisce à l’intérieur de sa bouche, dansant tout contre la sienne. Quelques secondes plus tard, vos lèvres s’éloignent le temps de reprendre votre souffle. Tu en profites pour offrir un léger sourire à Léo, amusée par la tournure que prend votre soirée. « La danse ça fait toujours un drôle d’effet aux gens. » Murmures-tu près de son oreille, en riant légèrement. Même si vos intentions étaient plutôt claires dès le début – ou presque –, la danse vous avait rapproché davantage.

Que les autres femmes regardent Léo, il ne voyait pas leurs yeux posés sur lui,  il savait qu’il ne laissait pas indifférent et ce charisme naturel qui l’avait gêné lorsqu’il était plus jeune, le bel homme avait réussi à en faire une force, une vraie arme de séduction. Lui, le garçon timide et réservé s’était caché derrière sa belle gueule pour se donner plus de prestance et ça avait presque soigné sa timidité. Quoi qu’il en soit, ce soir il n’avait que Freja en tête, surtout depuis qu’ils étaient entrés dans la boite, depuis qu’elle avait commencé à danser contre lui. Il était bon danseur, il savait guider les femmes pour que leurs mouvements s’accordent mais là c’est elle qui avait pris le contrôle et il n’en était pas mécontent, c’était agréable de se laisser faire sans réfléchir et de sentir la chaleur monter en lui. Il ne repris le pouvoir que quand il dégagea la nuque de la brune pour y déposer ses lèvres, se laissant aller à ses envies, la réaction de Freja ne se fit pas attendre longtemps, elle enfouit sa main dans les cheveux de Léo comme pour l’empêcher de s’éloigner d’elle. Mais il ne comptait pas partir, maintenant qu’il était réveillé il avait bien l’intention de passer la nuit avec elle, de retrouver l’homme qu’il était avant, celui qui laissait ses sentiments et sa conscience de côté, celui qui laissait jamais passer l’occasion de s’amuser avec une fille qui lui faisait comprendre qu’elle en avait envie également. Contre Freja il se sentait vivant et ça lui faisait un bien fou. La musique battait ses tempes et les lèvres de Freja s’accrochèrent à celles de Léo. Il n’hésita pas bien longtemps à la resserrer contre lui, accentuant la pression de leurs bouches, la belle l’embrassa alors et il le lui rendit à son tour. A bout de souffle ils finirent par s’éloigner un peu, elle lui sourit et lui glissa un regard sur son corps qu’il avait envie de découvrir davantage. Il sourit à sa réflexion, la danse lui avait permit de se décoincer totalement, elle n’avait pas tort. Il s’approcha de son oreille à son tour. La danse c’est bien, mais il y a trop de monde ici. I la pris à nouveau par la main et l’entraîna jusqu’à une petite alcôve un peu isolée, il connaissait ce lieu par cœur et même après quelques années rien n’avait changé, il avait embrassé bien des filles dans cette boite et ce soir il avait l’impression de n’avoir rien oublié. Poussant doucement Freja contre le mur il attrapa son visage entre ses mains pour l’embrasser avec tout le désir qui montait en lui. Il s’éloigna doucement, posa une main contre le mur pour freiner ses ardeurs. Tu veux continuer à danser ? Parce que lui n’en avait plus aucune envie, malgré le peu de temps qu’ils avaient passé dans le club.

Au bar, vos esprits semblaient particulièrement proches, plutôt semblables même et c'était presque déroutant. Vous partagiez des points de vue communs sur bien des choses et tu ne te souviens pas avoir déjà vécu ça avec qui que ce soit auparavant. En tout cas, c'est l'impression que tu as eu lors de votre discussion au bar mais tu ne connais pas encore assez Léo pour te prononcer davantage. Dans cette boîte de nuit, par contre, ce n'est plus vos esprits qui s'emmêlent et s'entremêlent mais plutôt vos corps. Ils bougent en harmonie sur cette piste de danse et vos gestes semblent incroyablement naturels. L'australien semble en accord avec son corps et le tien et il en est de même pour toi. Vous n'êtes pas à votre première fois, ça ne fait pas de doute. En ce qui te concerne, tu as longtemps erré dans ce genre d'endroits, finissant rarement la soirée seule. Une femme, un homme, peu t'importait. Il est plutôt évident à tes yeux que Léo a déjà fait ça, lui aussi : errer dans des bars. Mais ce n'est pas quelque chose qui te dérange, bien au contraire, ça permet même à vos corps de s'adapter avec aisance à celui de l'autre. Ton sourire s'élargit lorsque Léo mentionne qu'il y a bien trop de monde autour de vous. Tu hoches la tête, ne décrochant pas ton regard du sien. Lorsqu'il attrape ta main dans la sienne, tu le suis instinctivement vers un endroit un peu plus isolé et lorsque ses lèvres agrippent les tiennes, tu y réponds avec ardeur, passion. Ton corps appelle le sien, cherchant à combler par-dessus tout ce désir qui te consume. Alors, lorsqu'il te demande si tu désires continuer à danser, ta réponse est plutôt évidente. « Non. » Tu passes une main dans ses cheveux bruns, détaillant son regard et lisant à travers ses yeux son propre désir. « Mais si tu continues à m'embrasser comme ça, je ne suis pas certaine de pouvoir tenir jusqu'à chez toi. » Ajoutes-tu avec un léger sourire au coin des lèvres. Tu entremêles tes doigts au sien puis, l'attires vers la sortie afin de rejoindre son domicile.

Ce n'était pas si désagréable que ça, de lâcher prise, de laisser son esprit s'égarer au profit des envies de son corps. De retrouver les réflexe de ses jeunes années qu'il pensait avoir oublié. C'était même totalement grisant de sentir le regard que Freja posait sur lui, empli de désir, rappelant à Léo qu'il avait aujourd'hui tous les droits de se sentir homme à nouveau et de répondre à l'invitation de sa peau contre la sienne. Elle était la première qu'il rencontrait depuis qu'il était à nouveau célibataire, avant il n'avait fait que se vautrer dans sa peine et même si le début de soirée avait été timide, même s'il s'était montré hésitant, à présent il ne comptait plus reculer. Il savourait sa liberté retrouvée et s'accrochait à la brune comme s'il cherchait à rattraper le temps qu'il avait perdu. Ils semblaient tous les deux si avides de se découvrir comme pour combler un manque ou un certain mal être, quelque chose dont ils n'avaient pas voulu parler parce qu'aucun des deux n'était là ce soir pour se confier. Alors Léo embrassait Freja avec cette soif retrouvée et la belle en redemandait. Le club était devenu trop bruyant, trop plein d'une foule dont ils n'avaient plus besoin. Elle répondait à sa question avec un non qui semblait évident et Léo sourit à cette fraîcheur, à cette franchise qui lui faisait du bien. Ce n'était pas compliqué, elle avait envie de lui autant qu'il avait envie d'elle, pas plus de question à se poser. On n'est pas forcé de tenir jusque chez moi. Il haussa un sourcil entendu, lui n'était pas contre un peu de fantaisie. Et quand elle glissa sa main dans la sienne il la suivit sans broncher, pourtant, une fois à l'extérieur il préféra vite la pénombre d'une contre-allée à la lumière blafarde des réverbères, il l'attira contre lui, laissant ses mains glisser contre le corps brûlant de la jeune étrangère et ses lèvres s'aventurer de sa bouche à son cou et descendre à la lisière de sa poitrine. Il n'allait pas la déshabiller ici, il ne devait pas, à la possible vue de tous ça n'avait rien de décent, pourtant il en mourait d'envie et  n'arrivait plus vraiment à se raisonner. Si Léo était un homme raisonné, qui savait se tenir, il pouvait facilement perdre la tête et se retrouver esclave de ses sens.

Ces derniers temps, c'était devenu pratique courante pour toi de sortir, de danser, de se mettre la tête à l'envers et de profiter, tout simplement. Tu en ressentais le besoin aujourd'hui plus que jamais. Sans doute parce que tes problèmes personnels prenaient le dessus sur ta vie quotidienne. Alors, une fois la nuit tombée, tu avais ce besoin de reprendre un peu le contrôle de ta vie. Du moins, d'une certaine façon. Parce que boire et coucher à droite et à gauche est sans doute une drôle de façon de reprendre sa vie en mains. Mais pas pour toi. Tu avais souvent fonctionné comme ça par le passé et ça ne t'avait jamais porté préjudice, au contraire. Malgré tout, aujourd'hui, tu n'étais plus la même personne. Et peut-être que cette façon de faire ne serait plus aussi bénéfique finalement. Mais là, tout de suite, en présence de Léo, tu ne voyais pas meilleur moyen de se changer la tête et se vider l'esprit. Alors que vous êtes à présent à l'extérieur, le brun t'attire dans une contre-allée, pressant son corps contre le tien lorsque vos lèvres se retrouvent enfin. « Ici ? » Demandes-tu avec un sourire amusé contre ses lèvres. Tu n'étais pas contre un moment de folie mais tu n'étais pas certaine que ce soit faisable, ici, contre ce mur. Peut-être que Léo serait plus imaginatif que toi, qui sait ? Néanmoins, tu préfères jouer la carte de la sécurité et demander : « Tu veux qu'on aille dans les toilettes du bar ? Celles des femmes sont plutôt grandes. » Il n'y avait rien de romantique à votre désir l'un pour l'autre. C'était juste passionnel et imprévisible. Vos désirs réciproques étaient devenus incontrôlables et surtout insatiables. Vous ne pouviez imaginer perdre du temps en chemin. Tes lèvres retrouvent bien vite celles de Léo alors que tu passes une main dans ses cheveux pour tirer légèrement dessus. Tu gémis doucement lorsque vos lèvres se font pressantes. Ton autre main passe dans le dos du jeune homme, sous son haut, pour enfin goûter de tes doigts à sa peau. Tu serais capable de te perdre complètement à cet endroit et contre les lèvres de Léo. C'est comme si tout son corps enchantait le tien. Comme si c'était plutôt naturel d'être intime de cette façon avec l'australien.

Passer de draps en draps, dans des bras différents tous les soirs, Léo l'avait fait, à une époque, peu avant la naissance de son fils. Il était revenu de Bangkok, il avait laissé cette fille enceinte sans même le savoir et pour éviter de penser qu'il avait fait une erreur monumentale en la plantant là alors qu'il avait des sentiments pour elle, il se vautrait dans la luxure. C'était assez classique et plutôt pathétique, mais il y avait pire comme addiction, selon son point de vu. Son nouveau truc, trois ans plus tard, c'était plutôt la boisson et ça il n'en était pas vraiment fier. Il avait commencé lorsque Grace et lui avaient rompu une première fois et puis il s'était calmé quand il avait appris qu'elle attendait un enfant, se voulant un bon père pour ce petit miracle. Mais la rechute n'avait été que plus violente quand ils s'étaient quitté pour de bon, voilà quelques semaines, il ne passait pas ses journées à se saouler mais clairement il ne manquait aucune occasion de s'en mettre une bonne, comme ce soir. Les shots de vodka n'étaient pas étrangers à son comportement envers Freja et même s'il n'y avait pas que ça, même si ses désirs d'homme étaient bien réels, la façon dont il agissait était en partie guidée par l'alcool qui coulait dans ses veines, comme l'envie furieuse de la plaquer contre le mur de cette petite ruelle sans même se dire qu'ils étaient en pleine rue et que ce n'était donc pas la meilleure idée au monde. Il se contenta de sourire et puis de rechercher ses lèvres à nouveau lorsqu'elle le questionna. Ici, pourquoi pas, ou ailleurs, tout lui allait, du moment qu'il brûle cette nuit par les deux bouts. Mais la brune ne semblait pas aussi aventurière que lui sur ce point là. Pourtant l'idée même qu'elle sache que les toilettes des femmes seraient plus ergonomiques que ceux des hommes était un indice sur ses habitudes. Nouveau haussement de sourcils et petit sourire en coin, loin de lui l'idée de la juger, il était plutôt amusé. Si tu veux. Il la pris par la main et l'entraîna rapidement vers le bar qu'ils avaient fréquenté un peu plus tôt. Le serveur à qui il avait offert un pourboire bien assez généreux tout à l'heure les accueillit avec un sourire, il avait une bouteille de rhum dans la main. Léo sortit un nouveau billet de sa poche et lui tendit. Je te prends la bouteille. Le gars avisa le billet, hésita une seconde et puis échangea la bouteille contre la somme assez importante. Léo le remercia d'un hochement de tête et continua sa route, bras dessus bras dessous avec Freja. Une fois à l'arrière du bar il verrouilla la porte des sanitaires et descendit une bonne rasade de rhum puis tendit la bouteille à la jeune femme. J'imagine que le confort d'une chambre ce ne sera pas pour nous ce soir. Il s'approcha d'elle et fit glisser ses mains le long de ses bras pour remonter à sa nuque puis à la naissance de ses cheveux qu'il tira doucement. Elle releva la tête comme un réflexe et Léo en profita pour goutter à sa peau et y laisser presque une morsure alors que son autre main descendait le long de ses reins. Peut-être que quand ils auraient terminé la bouteille et vibré dans ce lieu presque interdit, à ce moment là seulement ils finiraient dans le lit du garçon, la nuit leur appartenait, ils avaient tout leur temps.

Il y avait quelque chose dans l'attitude et dans les gestes de Léo qui criait le désespoir. Ou la tristesse. Ou même les deux ? Quelque chose était plutôt alarmant mais tu préférais ne pas en tenir compte. Sans doute parce qu'on pouvait déceler la même chose dans ton propre comportement. Si tu passais régulièrement d'un homme à l'autre, ou même d'une femme à l'autre, c'était tout simplement parce que tu ne pouvais pas avoir l'objet de tous tes désirs. Le seul homme capable de te faire goûter à l'amour, le vrai. Alors, tu comblais le manque par un tas de conquêtes. Au moins, dans les bras d'une nouvelle personne, d'une nouvelle connaissance, tu oubliais tous tes problèmes le temps de quelques heures. Tu oubliais que tu n'étais pas digne d'être aimée. Et ce soir n'échappait pas à la règle. Ce soir, tu étais bien décidée à tout oublier dans les bras de Léo. Et même dans ses draps, avec un peu de chance. Mais lorsqu'il te conduit dans cette ruelle, son corps exprime tout le désir qu'il ressent à ton égard et si tu n'étais pas encore un peu lucide, tu aurais sans doute répondu à l'appel de vos deux corps, ici, sans tenir compte des passants et des regards indésirables. Malheureusement ou heureusement, tu ne sais pas bien, tu n'es pas encore assez alcoolisée pour le laisser faire. Tu préfères lui proposer d'aller dans les toilettes des femmes et l'idée ne semble pas lui déplaire. Tu glisses ta main dans la sienne, le suivant à nouveau à l'intérieur de la boîte. Lorsque Léo s'arrête au bar pour acheter une bouteille, un sourire élargit tes lèvres. Tu secoues la tête en voyant l'énorme billet qu'il tend au serveur, amusée. C'est fou qu'il ait ce besoin de claquer son argent de la sorte. Ou peut-être ne le fait-il pas de manière consciente ? Quoi qu'il en soit, tu le suis jusqu'aux toilettes des dames, refermant la porte derrière vous que Léo verrouille bien vite. Un rictus se dessine au coin de tes lèvres en entendant ses paroles. « Non mais connaissant notre goût pour l'aventure, c'est peut-être plus à notre image. Non ? » Demandes-tu en arquant un sourcil. Vous, vous étiez plus pour l'inattendu, l'imprévisible.  C'était loin d'être romantique, évidemment. Mais tu n'avais jamais été quelqu'un qui appréciait les coeurs et les fleurs alors tu t'en fichais pas mal. Tu attrapes la bouteille de rhum qu'il te tend et la porte à tes lèvres. Tu savoures cette douce liqueur qui te brûle légèrement la gorge, fermant les yeux pendant quelques secondes. Puis, lorsque Léo s'approche et fait glisser ses lèvres vers ta nuque, tu lui offres volontiers, profitant de la douceur de ses baisers. Tu fais glisser une main dans son dos, sous son haut, griffant légèrement sa peau de tes doigts pour exprimer tout le désir que tu ressens. Tes lèvres retrouvent bien vite les siennes, ta langue dansant lentement avec la sienne. Tu tires un peu sur ses cheveux, gémissant entre ses lèvres à cause du plaisir lié à ses lèvres et ses doigts, naviguant sur ton corps. Après quelques secondes, tu t'écartes un peu, haletante. Tu portes à nouveau la bouteille à tes lèvres avant de lui tendre. « Qu'est-ce que tu fuis, Léo ? » Demandes-tu, un léger sourire aux lèvres. Il n'était pas obligé de répondre mais tu avais très vite compris qu'il fuyait quelque chose de son quotidien. Comme toi, sans aucun doute. Et s'il te le demandait, tu serais sûrement assez honnête pour lui répondre. De son côté, par contre, tu n'étais pas certaine qu'il le soit autant.