In restless dreams I walked alone + Freja

Léo ne faisait jamais vraiment l’étalage de son argent habituellement, en règle générale il s’en moquait, tout simplement. Il ne s’en cachait pas non plus parce que s’aurait été idiot, il était né dans une famille influente, avec une cuillère en argent dans la bouche et une jolie somme sur son compte en banque pour démarrer dans la vie. Mais il ne s’était jamais reposé sur ça, il avait travaillé dur pour gagner sa vie à sa façon, pour pouvoir se dire qu’il ne devrait jamais rien à personne, surtout pas à son père. L’héritage familiale il ne dépensait en œuvres caritatives en grande partie, sans jamais s’en vanter. Ce soir pourtant il claquait son fric comme s’il le jetait par les fenêtres, Freja pouvait bien penser qu’il cherchait à l’impressionner, ce n’était pas du tout le cas, il ne se rendait pas vraiment compte de ses gestes, la seule chose à laquelle il pensait c’est qu’en sortant un gros billet le serveur le laisserait tranquille et c’est tout ce qu’il voulait, acheter son silence en quelque sorte. Et son alcool. L’alcool, lui, était bien pour noyer sa peine, mais ça elle l’avait déjà compris et il ne cherchait pas à le cacher, bien qu’il n’en parle pas, encore une fois, il n’était pas là ce soir pour parler. Une fois enfermés, seuls, à l’abris des regards, Léo braqua le sien, avide, sur Freja. Il sourit, une nouvelle fois ils se comprenaient, elle venait d’exprimer ce qu’il avait à peu près en tête, en plus de l’envie d’elle, ce goût pour l’aventure qui leur collait au corps. Si on voyage ensemble je n’suis pas certain qu’on voit beaucoup de choses de ton pays finalement. A ce moment précis il se disait que Freja était une tentation bien trop forte et qu’il ne penserait pas autant à visiter qu’au moment où il pourrait retrouver sa peau. Non, en effet ça n’était pas romantique, rien dans cette soirée ne l’était, mais la brune ne semblait pas s’en plaindre. Léo pouvait l’être, fleur bleue, même, parfois, pire qu’une jeune fille. Mais pas cette nuit, le romantisme il le gardait pour la fille pour laquelle il avait des sentiments, Freja, aussi séduisante soit-elle, ne serait que la fille d’un soir et elle le savait parfaitement, il gageait qu’elle pensait la même chose de lui. Peut-être que s’ils terminaient cette soirée chez lui, à ce moment là il pourrait se montrer doux, presque tendre, mais pas maintenant alors que son désir était quasiment animal. En témoignait la façon qu’il avait de goûter à sa chair, de poser ses mains sur elle. Il n’était pas non plus indifférent à la façon dont elle explorait son corps, il avait l’impression de s’embraser à chacune de ses caresses, soupirant presque sous ses griffures. Il avait résisté à l’envie folle de lui retirer ses vêtements, repoussant l’échéance comme pour pousser le vice, mais il avait ses limites et celles-là n’étaient pas loin. Au moment où notre homme allait commencer à descendre la fermeture de sa robe, Freja le repoussa légèrement, pour respirer une seconde et reprendre une gorgée. Il ne s’attendait pas à une question pareille, c’était dommage, elle ruinait presque tout. Léo baissa les yeux et se saisit de la bouteille d’un geste sec, il s’adossa au mur en soupirant. Il ne voulait pas parler ce soir, pas parler de ça en tout cas. J’me fuis moi. Il descendit une bonne gorgée de rhum, elle ne voulait pas savoir à quel point il était misérable et triste, combien il se détestait et combien la vie lui était difficile en ce moment. Non, elle ne voulait pas savoir. Nouveau soupire, elle attendait. J’la fuis, elle… cette image dans ma tête qu’il faudrait que j’efface. Mais t’en fais pas, tu ne lui ressemble pas du tout. Et je ne préfère pas y penser parce que là, tout de suite, je n’veux penser qu’à toi. Il la fixa intensément. Et toi aussi tu fuis, je n’sais qui ou je n’sais quoi. Alors on peut se mettre d’accord sur le fait qu’on peut fuir ensemble, au moins cette nuit. Okay ? Nouvelle gorgée d’alcool. Il posa la bouteille sur le sol et attrapa Freja, il la souleva de terre et la posa sur le rebord de l’évier, remonta assez sa robe pour qu’elle puisse ouvrir ses cuisses et vint se caler contre elle, lui laissant si elle le voulait, le loisir d’enrouler ses jambes autour de sa taille. Il retrouva ses lèvres et sa peau, à présent plus rien ne les empêchait de laisser libre court à leur désir.

Un sourire se dessine sur tes lèvres en entendant les paroles de Léo. La vérité, c'est que toi non plus, tu n'es pas certaine que ce voyage sera très enrichissant si vous passez vos journées au lit. L'australien est une tentation bien trop grande. Tu sais d'avance que tu voudras te perdre dans ses bras durant votre voyage à maintes reprises. Mais tu sais aussi que tu désires lui faire découvrir ton pays de bien des façons. Tu ressens une certaine alchimie entre vous, est-ce seulement à cause de l'appel de vos deux corps ou parce que vous partagez bien des points communs ? Tu ne sais pas mais quelque chose te dit que tu le découvriras bien vite durant vos futurs moments à deux que ce soit ici, à Bowen, ou en voyage. « Moi non plus, je pense qu'on découvrira davantage de la chambre d'hôtel. » Dis-tu avec un rictus au coin des lèvres. Lorsque vous partirez pour la Norvège, tous les deux, il est plutôt évident que vous logerez à l'hôtel et non pas chez ta famille. Tu n'es pas en bons termes avec celle-ci, malheureusement, et il est hors de question que tu revois ton père. Mais tu aurais bien le loisir d'expliquer tout ça à Léo plus tard. Là, tout de suite, tu t'intéresses surtout à l'objet de sa fuite. Tu sais que le photographe fuit quelque chose qui le hante mais tu ne sais pas quoi. Tu le sais parce qu'on peut sans doute lire la même chose dans ton propre regard. D'ailleurs, Léo ne met pas longtemps à le souligner. « D'accord, fuyons ensemble. » Murmures-tu en t'approchant lentement de lui, attrapant la bouteille de rhum que tu déposes sur le rebord du lavabo avant de relever ton regard vers le sien. Bien vite, tes lèvres se blottissent contre les siennes et tu peux sentir un mélange de détresse, d'envie, de désespoir et de tentation à travers ce baiser. Des sentiments que vous partagez sans aucun doute l'un comme l'autre. Vous vivez tous les deux dans un monde où vos démons vous hantent mais là, durant le temps d'un instant, vous êtes prêts à vous livrer totalement et seulement à l'autre. Oubliant tout le reste.

Fin du sujet.