instead of going under again (aelya) -HOT-

Il aurait sûrement peiné à se reconnaître si on lui avait montré des images de son ancien quotidien, lui qui s'était maintenant habitué à cette vie partagée avec Aelya, tournant autour de son couple qu'il voulait voir grandir tous les jours. Il aimait celui qu'il était dans ses bras, comprenant qu'il avait mûri en apprenant à l'aimer, à découvrir l'ampleur de tous ces sentiments qui le fusillaient dés lors qu'il se retrouvait avec elle. Il était convaincu qu'Aelya était son âme-sœur, qu'elle était exactement celle qu'il lui fallait, celle qu'il avait toujours attendu sans même le savoir, l'amour suintant de chacune de ses cellules dés qu'il pensait à elle et au contact de ses lèvres sur les siennes. Il l'aimait à en crever et prenait un plaisir fou à le lui montrer, comme lors de ces moments qu'ils se réservaient pour eux, ces réveils dont ils ne profitaient que depuis que Niels ne travaillait plus à l'hôpital et donc, ne se réveillait plus à l'aube. Ils avaient pris le temps de se chercher dans les draps, s'amusant à jouer avec cette complicité inépuisable, leurs lèvres venant se provoquer juste pour espérer que l'autre ne vienne à céder. Ils s'étaient levés malgré eux, voyant l'heure tourner et leurs obligations se concrétiser, amenant une ambiance un peu plus lourde dans leur appartement. « C'est pas cool pour moi, parce-qu'on sait très bien tous les deux que j'ai pas des idées très pacifiques non plus quand j'vois un type t'approcher. » Ajouta-t-il, roulant des yeux, un air joueur étirant toujours ses traits. Il mit fin au jeu en lui faisant face, ses lèvres cherchant les siennes dans un baiser sans équivoque, animé par cet amour et cette fierté qu'il avait pour elle. « J'aimerais bien que ça soit vraiment le cas. » Souffla-t-il, lui faisant savoir qu'il n'était pas le seul à en pincer pour elle, parce-qu'elle était incroyablement attirante, même sans rien faire. Elle dégageait ce quelque chose d'extrêmement fascinant, dont Niels était d'ailleurs tombé raide dingue. Il lui offrit un doux sourire à ses mots, acceptant son baiser qu'il prolongea quelques secondes avant de se détacher d'elle. Ils prirent la route vers le club, Niels venant se poster derrière le bar pour commencer à prendre ses marques, conscient que ça serait son nouveau lieu de prédilection pour les soirées à venir s'il se montrait convainquant ce soir. Il se retrouva bien vite entouré de clients assis autour du comptoir, leur attention attirée par les danseuses qui se déhanchaient non loin de là, Niels pouvant aisément entrevoir la scène d'où il était, et surtout les mouvements sensuels de sa petite-amie. Il sentait la jalousie se frayer un chemin en lui alors que les pourboires affluaient à travers les vêtements d'Aelya, tentant de garder son calme alors que ses pensées devenaient toxiques. Il s'était éloigné, perdant patience face au corps dénudé de la brune, n'ayant clairement pas envie de voir le regard affamé de ces types lui être adressé, parce-qu'elle était à lui, et qu'il n'accepterait jamais de la partager. Dans son coin, il l'avait entendu revenir vers lui, cherchant probablement à essayer de savoir comment il se sentait vis-à-vis de tout ça. Sans pouvoir s'en empêcher, il s'était montré plus distant dans ses mots, sa possessivité venant le rappeler à l'ordre, jusqu'à ce qu'une deuxième femme ne vienne à sa rencontre, presque trop poliment. Cherchant à être courtois, il répondit à ses questions, détournant les yeux vers Aelya lorsqu'elle la coupa sèchement, sa gorge se serrant devant son comportement qui laissait entrevoir sa jalousie. Il soupira discrètement, la collègue de sa petite-amie finissant par couper court à la conversation pour le laisser en compagnie d'Aelya. Le cœur à la peine à cause de ces quelques mètres qui les séparaient, il ne put s'empêcher de lui glisser quelques mots doux, très discrètement, son cœur se mettant à battre plus fort à sa réponse. « Moi aussi bébé... » Il se retint de venir la prendre dans ses bras, conscient que la soirée allait encore être longue et éprouvante pour eux deux. Il fronça les sourcils à ce qu'elle lui apprit, concernant cette collègue qui venait de s'éclipser et qui avait visiblement Niels dans son viseur. « Ça a pas d'importance, j'répondrai pas à ses avances dans tous les cas. » Dit-il fermement, lui faisant savoir qu'elle n'avait pas à s'inquiéter, parce-qu'il était incapable de dissimuler le fait qu'il appartenait déjà à quelqu'un. Il fut peiné de la voir aussi agitée, comprenant qu'elle subissait ses propres tourments, comme lui actuellement. Il jeta un coup d’œil à ce qu'il avait dans les frigos du comptoir, choisissant un mélange qui pouvait la détendre. Il déposa le verre devant elle, son regard captant le sien. « Ça fait rien, je sais ce que ça fait. » Dit-il en haussant les épaules, baissant le regard pour ne pas lui laisser entrevoir sa frustration, bien qu'elle était clairement palpable. Un homme vint s'asseoir au comptoir peu après ça, commandant une boisson avant de s'adresser directement à Aelya. De dos, Niels sentit son sang ne faire qu'un tour alors qu'il préparait le cocktail de l'homme, se faisant violence pour ne pas le remettre lui-même à sa place alors qu'Aelya avait répondu habilement. « T'es mystérieuse, c'est encore plus sexy. Et... est-ce que tu donnes ton numéro de portable entre deux danses ? » Souffla l'homme, d'une voix plus qu'intéressée. Niels se retourna vivement, déposant la boisson devant le client, le toisant du regard. « Les danseuses ont pas à divulguer des infos sur leur vie privée, y'a quoi que tu comprends pas dans ça ? » S'emporta-t-il, serrant la mâchoire, conscient qu'il devait se calmer s'il ne voulait pas finir à la porte tout de suite. « Et peut-être que certaines d'entre elles sont pas contre l'idée de faire des rencontres. » Répondit l'homme sur le même ton que lui, attendant probablement qu'Aelya ne prenne son parti. Niels contenait son envie de lui faire mal, se concentrant sur sa respiration pour prendre sur lui. « J'crois que y'a ta collègue qui t'appelle, tu devrais y aller. » Ajouta-t-il, en direction d'Aelya, lui faisant silencieusement comprendre qu'il avait besoin qu'elle s'éloigne, parce-qu'il risquait de perdre contrôle si cette conversation entre elle et son client s'éternisait.

Il savait qu'il se perdrait en une fraction de seconde si leurs chemins venaient à se séparer, comme s'il était conscient qu'il errerait dans les précipices de sa vie, jusqu'à se laisser emporter dans le noir complet, parce-qu'il n'aurait plus aucune raison d'espérer sans elle. Elle était la raison pour laquelle il se battrait nuit et jour, celle qui rendait son existence valable et légitime. Et il savait que son cœur lui appartiendrait jusqu'au dernier souffle de vie qu'il émettrait, convaincu qu'il ne trouverait l'amour qu'une seule et unique fois, parce-que tout ce qu'il ressentait pour elle était inégalable, inatteignable si ce n'était pas elle. Et c'était aussi pour cette raison qu'il peinait à se gérer dés lors qu'on s'approchait un peu trop près d'elle, lui qui aurait aimé être le seul à profiter de la vue de son corps même s'il se doutait que ça ne serait jamais compatible avec son choix de carrière. Pourtant, il faisait des efforts, parce-qu'il n'avait finalement que ça à faire, refusant qu'elle puisse choisir entre sa passion et sa relation, conscient que les deux participaient à son épanouissement. « On les attire comme des aimants je crois. Tant pis pour eux s'ils se brûlent en voulant jouer avec nous... » Parce-qu'ils étaient des véritables tempêtes enflammées lorsque la jalousie venait à les contrôler, ne mesurant absolument plus les mots et les gestes qu'ils pouvaient balancer à l'encontre de ces menaces extérieures. Il avait profité de ce baiser comme si c'était le dernier, comprenant qu'il allait devoir patienter de longues heures avant de pouvoir regoûter à ce paradis, avant de pouvoir de nouveau lui délivrer cette affection qui bouillonnait en lui à chaque minute. Pour une des premières fois, ils allaient devoir faire preuve de patience et tenter de rester sur la retenue, chose pour laquelle ils n'étaient pas particulièrement entraînés, eux qui préféraient de loin succomber à toutes leurs envies sans même réfléchir. Les premiers regards sur lui, lui avaient fait comprendre que la soirée allait être longue, qu'ils allaient tous les deux devoir calmer cette possessivité qui parcourait leur échine dés qu'ils se voyaient approcher de près ou de loin par d'autres silhouettes. Et elle l'avait percuté cette possessivité, bien plus violemment, dés lors que son regard s'était posé sur la femme de sa vie, à quelques mètres de lui, habitée par sa passion alors qu'elle se déhanchait de manière bien trop sensuelle devant ces hommes, son corps se dénudant un peu plus à chaque minute. Il avait du mal à garder son calme, à faire semblant qu'il ne ressentait rien alors qu'il se sentait mourir à l'intérieur, la jalousie pourrissant sa bonne volonté. Il était vulnérable et Aelya n'avait pas tardé à le comprendre quand elle était revenue vers lui, et qu'il n'avait pas pu s'empêcher d'être plus froid dans ses mots, encore percuté par les visions qu'il avait dans l'esprit. Et sans qu'il ne s'y attende, une danseuse était venue les interrompre dans cette conversation presque glaciale, n'ayant aucun scrupule à lui adresser des sourires chaleureux, presque charmeurs devant les yeux de sa petite-amie. Il tentait de rester professionnel, choisissant de lui répondre alors qu'Aelya semblait perdre patience de son côté. Soupirant, il avait discrètement laissé parler son cœur, ayant besoin de sa tendresse et de son contact, chose qu'elle n'était pas en mesure de lui donner pour l'instant. « J'vais l'éviter, ok ? Je veux pas que tu t'emportes... » Lui souffla-t-il, regardant à son tour autour de lui avant de sentir son cœur louper un battement en observant ce client s'adresser à sa petite-amie, la complimentant longuement pour la danse qu'elle venait d'effectuer et cherchant visiblement à obtenir plus d'informations sur sa vie privée. Il s'était vu s'emporter d'un œil extérieur, la rage commençant à couler dans ses veines, l'incitant à être soudainement plus violent dans sa manière de dire les choses. Il détourna un instant les yeux, retrouvant le regard d'Aelya, comprenant qu'elle tentait de le calmer comme elle le pouvait. Il se força à rester calme derrière son comptoir aux nouvelles paroles de l'homme, bien que l'envie de le remettre à sa place devenait de plus en plus bruyante, menaçant sérieusement d'exploser. Il baissa les yeux en regardant Aelya partir après qu'il lui ait demandé discrètement de le faire, conscient que ça n'était pas dans ses habitudes d'être comme ça avec elle, de la repousser de la sorte même si cette fois-ci, il le faisait pour eux, pour qu'il puisse avoir une chance de gérer son tempérament explosif. Mais l'homme en face de lui ne semblait absolument pas se rendre compte d'à quel point il annihilait la volonté de Niels qui cherchait à rester un minimum calme, lui confiant maintenant qu'il désirait une danse privée de la part d'Aelya. « Elle a pas l'air dans son assiette, tu devrais t'intéresser à quelqu'un d'autre. » Dit-il, cherchant inévitablement à l'éloigner d'Aelya, parce-que la simple idée de savoir sa petite-amie entre les mains de cet homme le rendait fou de jalousie. Nerveux, il chercha son portable dans sa poche, envoyant discrètement un message à Aelya. « Bébé, il veut une danse privée. Je vais pas réussir à le supporter. » Il envoya son message, son cœur battant la chamade alors qu'il avait vu l'homme quitter son tabouret, probablement à la recherche d'Aelya pour obtenir ce qu'il désirait. La gorge nouée et le souffle coupé, il se força au calme, s'activant à servir les clients alors que son cauchemar continuait.

Son visage pouvait tromper n'importe qui mais pas Aelya. Elle était la seule et l'unique à pouvoir déchiffrer ses émotions à travers les traits de son visage, n'ayant aucun mal à discerner ses peines, ses doutes ou ses angoisses, comme si elle le connaissait par cœur. Et il était intimement convaincu que c'était le cas, parce-que personne ne s'était déjà intéressé d'aussi près à lui, avec un aussi grand intérêt, comme s'il était enfin important aux yeux de quelqu'un. Il aimait penser qu'il la connaissait de la même façon qu'elle le connaissait, vouant depuis le premier soir une passion pour son âme qu'il sondait sans se lasser, y découvrant des trésors à chaque fois qu'il s'y aventurait. Elle était ce qu'il avait de plus précieux, conscient qu'il détenait le paradis à portée de ses mains, de ses lèvres qui avaient une chance inestimable de caresser les siennes le temps d'un baiser. Il avait profité de la vibration de son cœur qu'il avait senti contre son torse en l'enlaçant une dernière fois, se donnant mutuellement du courage pour affronter les heures à venir, celles où ils ne pourront compter que sur eux-mêmes. Et Dieu sait que Niels peinait à le faire, parce-qu'Aelya était son plus grand soutien, celui sur lequel il pouvait compter à n'importe quel moment lorsqu'il menaçait de s'effondrer. C'était ce qu'il avait cherché à éviter lorsqu'il l'avait vu danser sur cette estrade où il n'avait vu qu'elle, parce-que son aura était bien trop puissante, d'une intensité à en couper le souffle, ne laissant de place pour personne d'autre. Elle était magnifique et ça lui faisait mal d'admettre qu'il comprenait pourquoi tous ces hommes la désiraient de cette façon. Il avait pourtant essayé de se détendre sous ses mots doux qui s'étaient frayés un chemin jusqu'à son cœur, n'ayant pas envie de rendre sa soirée encore plus difficile qu'elle ne l'était déjà. Il la rassura quant aux avances de sa collègue qu'il comptait éviter, lui adressant un regard bourré d'amour. Il esquissa un léger sourire à ses mots, tentant de contrôler son envie de fondre sur ses lèvres lorsqu'un client vint perturber ces quelques secondes de tendresse, faisant immédiatement renaître la jalousie de Niels. Il sentait le feu se propager en lui, celui qui n'amènerait que la destruction, conscient que s'il ne le maîtrisait pas maintenant, il n'aurait aucune chance de s'en sortir indemne. Il avait pris sur lui, faisant en sorte qu'Aelya s'éloigne de lui, même si ça lui crevait le cœur de lui demander de la sorte, lui qui n'en avait jamais assez de sa présence. Mais ce soir, il n'avait aucun pouvoir, aucune emprise, et la perte de son contrôle pourrait avoir les pires conséquences pour eux. Le cœur à l'envers, il sentit le poignard s'enfoncer à nouveau lorsque l'homme reprit la parole, usant de mots que lui seul aurait dû avoir le droit d'utiliser. Parce-qu'elle était à lui, et qu'il refusait de croire qu'un autre puisse l'avoir de cette façon. Il cilla, peinant à respirer alors que l'homme était déjà à la recherche de l'amour de sa vie, Niels ne perdant pas une seconde pour signifier à Aelya le mal qui le parcourait et qui manquait de s'ensevelir. Il reçut sa réponse quelques secondes après lui avoir envoyer son message de détresse, sentant son souffle se couper à la lecture de ses mots, son cœur se fracassant au sol en des milliers de miettes. Elle allait accepter. Parce-qu'elle n'avait pas le choix et qu'il n'y avait aucune autre solution. Il resta un moment à relire encore son message, cherchant à s'imprégner de son amour alors que la colère s'installait en lui, le laissant sans mot. Il serra les dents, verrouillant son portable qu'il lança plus loin, dans un geste animé par la rage qu'il ressentait. Le regard vidé de cette lueur habituellement présente dans ses iris, il avait croisé le regard d'Aelya qui était suivie par son client, baissant rapidement les yeux pour éviter de se faire du mal, parce-que la douleur qu'il lisait dans les siens lui était tout aussi insupportable. Il savait qu'il n'était qu'à un doigt de la rejoindre pour la supplier de ne pas danser pour cet inconnu, mais les fêlures de son cœur l'empêchaient de bouger, comme s'il était paralysé par les images qui tournaient déjà en boucle dans son esprit. Il reposa son regard vers le rideau maintenant fermé, ne revenant qu'à lui que lorsqu'un client l'interpela pour remplir son verre une énième fois. La rancœur lui parcourait l'échine, peinant à ne pas en vouloir à Aelya même si ça n'était pas sa faute, parce-qu'elle lui avait promis de lui faciliter les choses et qu'il n'en était rien. Il avait compté les secondes, chacune d'entre elles, attendant d'être désespérément libéré de ce mal qui le faisait flancher, bien qu'il savait que son retour n'arrangerait pas les choses. Il décida à ce moment de prendre sa pause, ayant besoin d'air puisqu'il était en apnée depuis trop longtemps, prenant la sortie à l'arrière du bâtiment. Il s'alluma une cigarette qu'il regarda se consumer sous ses doigts, adossé à ce mur qui devait subir le poids de sa rancœur, de sa peine et de sa culpabilité.

Il sentait qu'Aelya était aussi tourmentée que lui, parce-que son boulot à elle restait le même, que Niels soit présent ou non. Elle devait attiser le désir de ses clients, même si ce soir les choses étaient particulières parce-que Niels opérait derrière le bar, son regard forcément porté sur la silhouette de celle qu'il aimait, presque inévitablement, incapable de ne pas la regarder. Et lorsque son cœur parlait, Niels ne pouvait plus rien contrôler, et devoir gérer en même temps son amour et sa jalousie lui faisait perdre la tête, sentant qu'on lui arrachait son âme en le forçant à rester neutre face à ces regards qui fusaient sur la femme de sa vie. Il avait sans cesse besoin de savoir qu'il était le seul dans sa tête, celui qui occupait ses pensées comme elle le faisait, parce-qu'il ne supportait pas l'idée de partager. Il avait trouvé le bonheur dans ses bras et il était incapable de le partager, ni même de penser au fait qu'il pouvait lui échapper à tout moment. C'était sans doute idiot, mais il avait peur qu'Aelya ne s'éprenne un jour d'un de ces clients qui pourraient lui promettre bien plus que ce que lui ne pourrait jamais le faire. Qu'elle vienne à en fréquenter un d'entre eux, plus souvent que les autres, le retrouvant dans des rendez-vous interdits, comme lorsqu'ils s'étaient rencontrés et que la flamme s'était mise à briller entre eux. Il n'avait aucune raison de penser que ça arriverait et pourtant, ces peurs étaient réelles, présentes pour lui intoxiquer l'esprit et le faire délirer. Et lorsqu'il l'avait vu attirer cet homme derrière les rideaux, il n'avait pas pu s'empêcher de réfléchir à ce qu'il pourrait perdre en la perdant elle, en perdant son unique raison d'exister, la femme sur laquelle il avait jeté son dévolu. Pourtant, il avait choisi de ne pas bouger d'un poil, se murant dans ce silence destructeur avec ses pensées noires pour seule compagnie. Il l'aimait à en crever et ça le tuait justement, voyant bien qu'il ne pouvait rien faire pour changer la situation actuelle, laissant sa tristesse se diffuser dans ses veines comme un poison, sans qu'il n'y ait aucun remède. Il laissa quelques minutes s'écouler, aussi longues que l'éternité, avant de décider d'aller fumer une cigarette, préférant s'emplir les poumons de fumée en espérant paradoxalement retrouver son souffle. Il sortit vers l'extérieur, le regard pensif, le silence qui l'entourait venant rapidement se briser lorsqu'il entendit quelqu'un le rejoindre. Il leva les yeux pour découvrir la collègue d'Aelya, qui avait visiblement envie de partager sa pause avec lui, lui demandant son feu. Et il semblait que cette demande s'était vite transformée en question rhétorique puisqu'il sentit ses doigts s'infiltrer dans la poche de son jean, contact qui le fit légèrement reculer, surpris par cette initiative qui semblait l'amuser. « Fais pas ça... » Souffla-t-il d'une voix faible, n'ayant pas même le temps de la repousser qu'il entendit la porte s'ouvrir de nouveau, Aelya apparaissant dans son champ de vision, au pire moment, lui laissant entrevoir cette proximité avec cette femme qu'il n'avait jamais voulu instaurer. « Aelya, attends. » Il la regarda faire le chemin inverse, sentant dans son intonation qu'elle était blessée, comme lui pouvait l'être. « Putain ! » Il s'écarta de ladite collègue, rentrant à son tour à l'intérieur du bâtiment en la laissant derrière lui, à la recherche de sa petite-amie qu'il savait remontée par les images qu'elle venait de voir. Il la retrouva dans les vestiaires, son cœur se serrant à la vision qu'il avait d'elle, son regard cherchant le sien. « C'est pas ce que tu crois. Elle est venue à moi, j'ai rien fait. J'ai même pas eu le temps de lui dire d'arrêter qu'elle avait déjà sa main dans ma poche. » Se justifia-t-il, d'un ton neutre, encore empreint de rancœur. « J'ai tenu ma parole. » Lâcha-t-il, presque comme une pique qu'il lui envoyait, son cœur saignant depuis qu'il l'avait vu amener cet homme dans cet espace intimiste. « Ma pause est finie, j'y retourne. » Il traversa le couloir pour retourner derrière son bar, incapable d'affronter son regard tant il était blessé et peiné, encore accablé par les émotions qui bouleversaient son équilibre.

Il aurait pu passer sa vie à admirer son visage, à entendre son cœur battre à travers sa poitrine comme la plus belle des réponses aux battements du sien. Il était éperdument amoureux de tout ce qu'elle était, amoureux de son âme, de son corps, de chaque partie de son être qui faisait d'elle l'être unique qui la définissait. Il perdait ses mots à chaque fois qu'il l'étreignait, parce-qu'il était toujours percuté par ces milliers d'émotions dés qu'il se liait à elle, conscient que c'était sans doute la plus belle chose qu'il lui ait été donné de faire depuis son premier souffle. Il la voulait pour lui, intégralement, jusqu'à son dernier jour, lui qui n'avait aucune envie de divulguer au monde entier le trésor sur lequel il était tombé, comprenant aisément qu'on désirerait le lui dérober à chaque minute où il aurait le dos tourné. Et c'était ce qu'il avait ressenti dés la seconde où elle était montée sur cette estrade, dévoilant son corps à ces dizaines d'inconnus qui n'attendaient que ça, en redemandant toujours davantage parce-qu'ils voyaient bien qu'Aelya était fascinante et que son corps l'était tout autant. Il était jaloux de ces types qui avaient le droit de la regarder quand lui devait se contenter de rester droit, serviable, obéissant à la volonté des clients qui s'alcoolisaient l'esprit le temps d'une soirée. Il s'était senti percuter par la rage en voyant cet homme s'approcher d'Aelya, alors qu'ils venaient seulement de s'apaiser à travers des mots discrets mais d'une tendresse infinie, se rappelant dans un souffle à quel point ils s'aimaient. Mais le destin semblait toujours aussi joueur et vicieux, s'amusant à les faire valser d'un extrême à un autre, cherchant à les déstabiliser pour leur faire perdre le contrôle. Et ce contrôle peinait de plus en plus à rester intact à mesure que les minutes défilaient, laissant Niels en proie à ses démons qui le rongeaient sans aucun scrupule, lui rappelant sans cesse qu'Aelya était dans cette pièce à l'ambiance tamisée, offrant une danse sensuelle à un autre que lui. Il s'était réfugié dans la nuit fraîche, ne s'attendant certainement pas à recevoir de la compagnie et encore moins à se faire prendre par Aelya qui avait montré un visage fermé en le découvrant avec sa collègue, dans une proximité qui laissait forcément place aux doutes. Niels était incapable de la laisser penser qu'il aurait pu fauter, alors qu'il n'avait qu'elle, sans arrêt, dans la tête, son corps subissant le manque de son être à chaque instant, ce soir plus que jamais. Il l'avait retrouvé dans les vestiaires, se détachant de l'emprise de la danseuse pour retrouver son véritable amour. Il fronça les sourcils à sa remarque, détestant lorsqu'elle lui disait de faire ce qu'il voulait parce-qu'il avait l'impression d'être abandonné, livré à lui-même, comme si ses choix ne l'intéressaient plus. « Et donc vu que tu l'as vu se coller à moi, c'est de ma faute ? C'est moi qui doit prendre pour son geste ? » Ajouta-t-il, blessé par ses mots, accablé par la douleur qu'il percevait dans son comportement et celle amenée par la jalousie qui lui brûlait encore les entrailles. Il s'était rapidement défilé, voyant que la conversation n'était pas possible, préférant se réfugier derrière la montagne de boulot qu'il avait encore. Mais avant même qu'il ne puisse tenter de faire quoique ce soit, il avait vu Aelya se poster devant lui, l'empêchant de faire le moindre geste alors qu'elle lui balançait ces mots lourds de sens et empreints de déception qui étaient venus lui écorcher l'âme. « Si tu m'avais prévenu dés le début que t'aurais pu accepter de faire des danses privées, peut-être que ouais, ça aurait été moins difficile pour moi. J'pensais que t'allais me faciliter la tâche. J'me suis fait des films, c'est tout. » Répondit-il, se concentrant sur ses verres alors qu'elle était venue le percuter de nouveau avec ses dernières paroles. « On fait notre putain de boulot, et ça s'arrête là. J'ai pas envie de débattre sur ça. » Il se retourna, prenant la commande des clients qui étaient arrivés, n'arrêtant pas de s'activer pour au moins s'occuper l'esprit, oublier à quel point il crevait de mal et d'amour pour Aelya. Elle lui manquait terriblement et il comprenait qu'elle subissait la même douleur dans son coin, lui lançant quelques regards qu'elle n’interceptait jamais, son cœur se déchirant en la voyant aussi peinée. La fin du service était arrivée, laissant la possibilité à Niels de souffler alors qu'il essuyait les derniers verres, éreinté par les émotions qui l'avaient traversé ce soir. Le responsable vint à sa rencontre avant de partir, lui faisant savoir qu'il était satisfait de son boulot et qu'il acceptait volontiers de le voir à l’œuvre pour les semaines à venir. Niels le remercia, d'un sourire sans joie, comprenant que si l'argent allait rentrer dans sa poche, il allait également subir cette tristesse destructrice encore un bon moment. Le cœur encore serré, il s'était dirigé vers la sortie en sachant qu'Aelya se changeait dans les vestiaires, se postant contre le mur, fumant une cigarette pour essayer de se détendre. Il ignorait si elle avait encore la volonté de lui parler après leurs derniers mots échangés, si elle ne voulait ne serait-ce que rentrer et dormir avec lui ce soir, ces pensées venant réveiller son angoisse de la voir partir. « Peut-être que ça aurait été plus prudent que je reste dans le réseau... J'suis ce qu'il peut t'arriver de pire pour ta carrière. » Souffla-t-il alors qu'elle passa à son tour la porte, attirant son attention alors que son visage était marqué par cette soirée lourde en émotions.

La distance qu'ils s'imposaient était déchirante, sans doute nécessaire, mais elle était ce qu'il pouvait y avoir de pire pour Niels. Parce-qu'il se nourrissait d'elle, constamment, de cette affection débordante dont elle ne se privait jamais de lui donner, comme pour lui inscrire à chaque instant combien leurs sentiments étaient puissants. Il n'avait pas l'habitude de rester aussi loin d'elle, sans émettre le moindre contact charnel alors que ses lèvres réclamaient les siennes à tout moment. C'était d'autant plus difficile pour Niels de devoir garder son sang-froid alors qu'il n'avait aucun moyen de montrer à tous ces autres hommes qui tournaient autour d'Aelya qu'ils avaient jeté leur dévolu sur la mauvaise proie. Elle était sienne comme il était sien, et il aurait tué pour pouvoir le signifier aux autres, afin de leur faire comprendre qu'ils étaient ensemble et que leur lien était indéfectible. Sauf que Niels n'oubliait pas les enjeux de cette soirée, conscient qu'Aelya était obligée d'agir comme elle le faisait habituellement, comme lorsqu'il n'était pas là pour garder un œil discret sur elle. Et sans qu'il ne puisse le contrôler, ça lui faisait mal, beaucoup trop mal de voir que ces inconnus recevraient de l'attention de sa part alors que lui était prostré derrière ce bar, à se forcer au calme pendant qu'Aelya jouait de ses charmes pour assurer leur proche avenir. Il s'était senti crouler de peine en la retrouvant dans les vestiaires, à devoir s'expliquer de ses gestes alors qu'ils auraient simplement pu profiter de ces quelques minutes pour enfin se retrouver. A la place de ça, ils s'étaient crachés au visage cette rancœur qui pourrissait en eux, teintée de la jalousie qui leur brouillait la vision depuis la seconde où ils avaient franchi la porte du club ensemble. Il avait le cœur qui battait irrégulièrement, la colère se déversant en lui comme de la lave en fusion, comprenant à travers les mots d'Aelya que ses paroles ne lui suffisaient pas, qu'elle avait besoin de voir pour le croire. Il serra la mâchoire, pouffant sarcastiquement avant d'ajouter : « J'peux te dire la même chose, je sais pas ce qu'il s'est passé derrière le rideau. » Lâcha-t-il, avant de s'éloigner d'elle, sentant que la discussion ne mènerait à rien, la confiance vacillant des deux côtés. Il reprit place derrière son comptoir, les membres tremblant de colère alors qu'Aelya vint de nouveau le retrouver, cherchant probablement à l'atteindre comme lui l'avait fait, comme un douloureux retour des choses. Il sentit son cœur louper un battement à ses paroles, faisant mine de ne pas s'y intéresser alors qu'elles le percutaient bien plus violemment qu'il ne le laissait paraître, l'amenant directement à réfléchir à leur portée. Il aurait aimé lui demander d'arrêter, parce-qu'il n'était plus sûr de pouvoir tenir sur ses deux jambes si elle continuait à l'écorcher. Mais il se contenta de serrer les dents et de prendre les coups silencieusement, jusqu'à ce qu'elle finisse par s'éloigner, le laissant sans mots. Il était resté silencieux jusqu'à la fin du service, se contentant de servir et de débarrasser, comme un automate, le cœur bien trop ravagé pour n'émettre qu'un seul sourire. Ses yeux se posaient machinalement sur Aelya alors qu'il parvenait à observer le même vide dans son regard qui évitait le sien, lui faisant encore plus ressentir cette sensation d'abandon qui parcourait son échine parce-qu'ils n'avaient jamais été aussi distants. Il était sorti après avoir rangé et lavé le comptoir, doutant maintenant du fait de devoir l'attendre, parce-qu'il était incapable de savoir ce qu'elle ressentait, si elle désirait partager sa nuit avec lui ce soir. Il l'avait vu passer la porte, soufflant quelques mots à travers la nuit noire en espérant qu'elle puisse les intercepter et accepter de lui parler. Accablé par la peine, il était resté adossé à son mur, sentant des parties de son âme se briser à ses mots. Il avait baissé les yeux avant d'accepter de confronter les siens, conscient qu'il faisait de la peine à voir, parce-qu'il n'y avait pas une seule once de joie en lui à ce moment même, le manque d'elle l'ayant réduit à néant. « Je t'aime moi aussi Aelya... J'pourrais jamais être aussi sincère que quand j'te les dis, ces mots. » Lâcha-t-il, d'un ton presque désespéré, ses yeux captant les siens alors que son cœur se resserra une nouvelle fois à la triste vérité qu'elle venait d'émettre. « J'suis pas un cadeau, j'en suis conscient tu sais. Je l'ai jamais caché et on me l'a jamais caché non plus. » Souffla-t-il, comme si les mots d'Aelya venaient lui confirmer ce qu'il savait déjà. « J'suis désolé. Même en essayant, j'arriverai jamais à rester calme. Pas quand il s'agit de toi... » Avoua-t-il, déçu de son propre comportement, déçu de lui avoir fait du mal en souffrant de cette jalousie maladive. « J'te ramène jusqu'à ta voiture. » Dit-il, sur un ton plus bas, résigné, incapable de ne pas vouloir la protéger même lorsqu'il était abattu, parce-qu'il l'aimerait toujours même s'il était réduit en miettes, prenant les devants pour marcher jusqu'à son véhicule garé à quelques mètres.

Il avait du mal à fonctionner sans elle, c'était une évidence qu'il avait appris à admettre en apprenant à la connaître et à vivre avec elle, à aspirer ce bien-être qu'elle inscrivait dans ses veines à chaque fois qu'elle venait contre lui. Il avait l'impression que chaque pas était une épreuve, et qu'en même temps, il en passait un pour en reculer de trois. Il avait besoin d'elle plus que l'oxygène lui-même, désirant retrouver son souffle de vie, la lueur si brillante dont il s'imprégnait à chaque fois qu'il croisait son regard. Et il lui semblait bien noir son regard, à cet instant précis, alors qu'elle devait digérer tout ce qu'il lui disait pour se protéger à son tour des poignards qu'elle lui balançait en plein cœur. La peine qu'il ressentait en les voyant se déchirer était infinie, parce-que ce n'était jamais voulu, lui qui aurait simplement désiré l'aimer jusqu'à en perdre haleine. Il sentit son corps se crisper aux mots qu'elle lui renvoya et qui venaient détruire son désir d'arranger les choses, voyant qu'elle s'amusait avec sa jalousie pour le blesser. Il savait qu'elle ne faisait que de lui renvoyer la monnaie de sa pièce et qu'il le méritait amplement, c'était simplement beaucoup plus dur à encaisser qu'il ne l'aurait pensé. Le cœur à l'envers, il l'avait laissé s'échapper, conscient qu'il n'était pas en mesure de la rattraper avec cette tonne de rancœur sous laquelle il croulait, ayant soudainement besoin d'être seul avec ses pensées trop bruyantes qui perturbaient son équilibre déjà trop bancal. Il avait le cœur en miettes et la vision brouillée par ce mélange trop intense d'émotions qui le traversaient, le perdant entre l'amour éternel qu'il lui vouait et la colère qui ne parvenait pas à redescendre. Les heures avaient défilé alors qu'ils étaient restés chacun dans leur coin, survivant comme ils le pouvaient aux coups qu'ils venaient de recevoir jusqu'à ce que ne vienne l'heure de partir du club. Il l'attendit dehors, stressé de confronter son regard à nouveau, probablement de peur d'y voir sa peine, la même dont il était victime. Les regrets avaient fait leur apparition, et il doutait qu'Aelya ne veuille les entendre parce-que ce qui était fait était fait, et que les mots étaient bien sortis de ses lèvres même s'il n'en avait pas pensé un seul d'entre eux. Face à elle, il s'était mis à lui faire part de sa déception, et du fait qu'il n'était sûrement pas bon pour sa carrière, ni pour elle. Et pourtant, il l'aimait comme un fou, et cette vérité était toujours ancrée au plus profond de lui, prête à lui être dévoilée encore et encore jusqu'à ce que les doutes ne s'envolent en fumée pour ne laisser place qu'à la certitude. Il sentit une douce chaleur le réconforter lorsqu'elle se mit à défendre sa cause, redorant son blason en lui faisant savoir qu'il lui importait toujours autant. « Tu peux pas faire des miracles Aelya. J'ai pas tenu ma parole, t'aurais rien pu faire pour m'arrêter. » Dit-il la gorge nouée, conscient qu'elle avait dû valser entre son boulot et la jalousie de Niels, admettant qu'il n'avait pas été d'une grande aide pour lui soulager l'esprit. Il hocha la tête quand elle évoqua le temps qui leur serait nécessaire pour apprendre de cette expérience et de ne plus laisser la jalousie les consumer. Il lui fit part de son désir de la raccompagner jusque sa voiture, marchant à une certaine distance d'elle qui le rongeait encore, ses mains dans ses poches. Il cilla à ses excuses, baissant les yeux pour ne pas lui montrer à quel point il était atteint, comme un animal abattu. « C'est pas grave. On va s'en remettre, on s'en remet toujours. » Souffla-t-il, espérant venir toucher son cœur pour l'apaiser, à défaut de pouvoir la toucher et la prendre contre lui. Il détestait devoir vivre avec cet éloignement, le ressentant dans chacune de ses cellules qui se mourraient devant son absence de contact, son être entier souffrant de ne pas encore être blotti contre elle. « T'as sûrement raison... On a déjà assez fait de dégâts comme ça. » Et pourtant, il savait qu'il n'y avait qu'un seul remède à ses maux et que seuls ses bras étaient capables de faire taire la douleur. Il sentit un vent de panique l'emporter juste avant qu'elle ne vienne le rassurer, lui faisant savoir qu'elle rentrerait chez eux ce soir. « Fais attention sur la route s'il-te-plaît. » Ajouta-t-il tendrement, accrochant son regard une demi-seconde, s'apprêtant à faire le chemin inverse pour se réfugier dans sa voiture, prenant soin d'allumer une énième cigarette pour soulager sa conscience meurtrie.

Son coeur se délitait à mesure que les minutes défilaient, le laissant pour mort à l'intérieur alors qu'il avait besoin de la présence d'Aelya pour espérer respirer à nouveau. Mais il savait que leurs retrouvailles ne seraient pas aussi faciles, parce-qu'ils s'étaient mutuellement blessés à travers ces mots lourds de sens mais qui respiraient pourtant l'amour inconditionnel qu'ils se vouaient. La jalousie était destructrice, ils étaient les mieux placés pour le savoir et semble-t-il que ce soir encore, ils n'avaient pas pu échapper à cette douloureuse vérité. Il avait l'impression de s'approcher du gouffre, de tanguer dangereusement au-dessus du vide parce-qu'il ne parvenait plus à sentir la main d'Aelya dans la sienne, convaincu qu'il l'avait trop blessé pour qu'elle puisse encore le rattraper. Pourtant, à travers ses mots, tout semblait lui confirmer qu'elle l'aimait encore profondément, au moins autant que lui pouvait l'aimer, et s'ils restaient encore murés dans des silences évocateurs de ce mal intérieur qui les rongeait, leurs yeux eux, ne mentaient pas. Ceux de Niels avaient désespérément chercher le regard d'Aelya pendant tout le reste de la soirée, souhaitant établir ne serait-ce qu'un contact, une micro-seconde où elle aurait pu se rendre compte qu'il peinait à voir la lumière sans elle. Parce-qu'elle avait beau se trouver dans la même pièce que lui, à seulement quelques mètres, le froid qui recouvrait son cœur tendait à le tenir éloigné d'elle, sans même qu'il ne puisse rien y faire, comme s'il se butait à une barrière. Il avait émis un contact timide lorsqu'il la vit sortir, n'ayant pas pu faire autrement que de l'attendre, révélant son visage tiré par la peine à l'amour de sa vie. Il l'avait laissé s'approcher, frémissant déjà de cette proximité pourtant chaste mais qui parvenait à réchauffer son âme, au même titre que les mots qu'elle lui avait tendrement soufflé. « On est vraiment pas doués... » Lâcha-t-il en rigolant nerveusement, dépité par leurs comportements excessifs qui les menaient toujours à prendre les pires décisions. Ils avaient la vision brouillée par l'amour et par la rancœur, eux qui volaient toujours très haut pour se fracasser au sol, bercés par leur innocence et par cet espoir qui brillait toujours en eux, même lorsque plus rien ne semblait avoir de sens. Son regard cherchait le sien, percuté par ce qu'il pouvait y lire et qui semblait faire écho à ce qu'il ressentait à cet instant. Il se défila lorsqu'il prit la décision de la raccompagner jusqu'à sa voiture, ces quelques mètres lui permettant de baisser les yeux pour tenter de souffler, parce-qu'il crevait de mal en la voyant aussi éteinte. Il aurait eu envie de l'envelopper dans ses bras et de lui promettre qu'ils s'en sortiraient, de laisser cette promesse perdurer dans un baiser qu'il mourrait d'envie de lui donner. Ce soir, la peur du rejet le paralysait, parce-qu'il savait qu'il serait légitime, lui qui l'avait blessé en lui balançant des mots trop acides, qui mèneraient forcément aux regrets. Il l'observa renfermer ses bras autour d'elle, comprenant directement qu'elle était encore vulnérable, comme lui l'était. Il soupira discrètement, son regard fuyant encore le sien alors qu'ils étaient arrivés à hauteur de sa voiture, se confirmant qu'ils seraient ensemble ce soir ce qui avait le don de le soulager d'un poids. Parce-qu'il détestait savoir qu'elle aurait pu dormir autre part que dans leur lit, conscient qu'il aurait été incapable de fermer l’œil si ça avait été le cas. Son cœur loupa un battement aux derniers mots qu'elle prononça avant qu'elle ne rentre dans sa voiture, lui faisant savoir qu'ils avaient encore failli à ce niveau-là. Et ça le tuait encore plus de savoir qu'ils n'étaient pas capables de s'en tenir à leurs paroles alors qu'au fond, ils en avaient la volonté. Il resta silencieux, accrochant son regard peiné avant de se retourner, marchant pour revenir vers le parking du club, refroidi par ce vent glacial de solitude qui était venu le recouvrir, remuant le couteau dans la plaie en lui rappelant combien il était seul sans elle. Il resta un moment dans sa voiture, le souffle lui manquant alors qu'il tentait de faire taire toutes ces pensées qui l'accablaient, celles où il s'imaginait qu'Aelya finirait par perdre patience et le quitter. Il ne démarra que quelques longues minutes plus tard, retrouvant leur appartement vide de sa présence, l'inquiétude lui bloquant la poitrine même s'il savait qu'elle rentrerait. Il se débarrassa de ses affaires, se posant sur le canapé en regardant l'heure tourner, peinant à ne pas laisser l'angoisse monter en ne la voyant toujours pas revenir. La fatigue amoindrissant ses forces, il finit par s'allonger dans le canapé, incapable de rejoindre le lit si elle n'était pas avec lui, ses yeux peinant à rester ouverts alors qu'il avait commencé à lui écrire un message, lui demandant de revenir parce-qu'il n'en pouvait plus d'être loin d'elle. Avant même de pouvoir lui envoyer ces quelques mots doux, il avait fini par s'endormir, son corps aspiré par l'épuisement qu'il avait subi et qui avait eu raison de lui.