« C'EST PAS COMME SI JE PASSAIS DE JOYEUSES FÊTES ♣ AIDAN »

Savannah était morte de rire et je dois avouer que c'était plutôt communicatif, si bien que je ne pus m'empêcher de sourire sincèrement. La voir aussi joyeuse, ça faisait plaisir aussi. « Oh si, je dois bien avoir ça, bouge pas ! » Et pendant que la jeune femme tournait les talons : « Merci, mon coeur. Tu es parfaite, sache-le ! » Je déboutonnai ma chemise jusqu'au bout, en attendant Savannah et la retirai pour la déposer sur le dossier d'une chaise. Avec un bout de papier essuie-tout, j'essuyai mon torse encore collant de champagne. Je me retournai et Savannah était déjà de retour, une chemise à la main.

« T'es sûr que tu veux la mettre ? Ça ne me dérange pas que tu restes torse nu... » J'observai Savannah avec de grands yeux surpris. Décidément, elle me réservait plein de surprises. En fait, j'avais l'impression que lui avoir manqué l'avait rendue beaucoup plus ouverte avec moi. Sa remarque me fit rougir mais, comme à mon habitude, il fallait que je reprenne le dessus. « Mh... Seulement si tu te mets en soutien gorge parce que sinon, ce serait pas très égal, tout ça ! » lui soufflai-je avec un sourire taquin en enfilant l'autre chemise.

Savannah prit son verre en main et je l'imitais. « A cette soirée ? » Je souris puis, je fis tinter mon verre contre le sien. « À cette soirée, à nous, à toi, la femme parfaite, la femme de ma vie... » dis-je en souriant puis, je déposai un baiser sur sa joue. Je bus une gorgée de champagne et déposai ma flûte sur la table basse. Je m'approchai de la jeune femme et la prévins : « Tiens bien ton verre, hein.» Je passai un bras sous les cuisses de Savannah, l'autre dans son dos et la soulevai lentement du sol. Je m'approchai du sofa, m'y installai doucement et déposai la jeune femme sur mes genoux. Je posai machinalement une main sur la cuisse de Savannah. « Bon, il faut faire honneur à tes toasts... » Je tendis ma main vers le plateau et pris l'un des petits toasts au saumon. Je l'approchai de la bouche de Savannah. « Honneur aux dames. Et juste avant que la jeune femme puisse ouvrir la bouche, je ramenai le toast vers moi avec un sourire taquin sur les lèvres. Raté ! » Puis, mes yeux se posèrent sur les lèvres de Savannah et une idée qui allait lui déplaire me traversa l'esprit. « En fait, je préférerai que tu viennes le chercher... » Et je plaçai le toast entre mes lèvres, laissant une moitié à l'extérieur de ma bouche. Je sais, c'était sans doute un peu déplacé mais si elle n'avait pas envie... Elle pouvait toujours le prendre avec les doigts. Rien ne l'obligeait à utiliser ses lèvres en fait. Ce qu'elle allait penser de moi ? Sans doute que j'étais un séducteur et que ce genre d'attitude devait faire partie de mes habitudes. En clair, je ne risquais pas grand chose.

Je savais Aidan maladroit mais je ne pensais pas à ce point quand même. Et je n'avais pas pu m'empêcher de rire en le voyant couvert de champagne. Heureusement qu'il ne pensait pas que je me moquais de lui, parce que ce n'était pas du tout le cas. C'était juste la situation qui était comique. Je partis donc lui chercher sa chemise dans la chambre, tout en me disant qu'elle m'allait quand même bien, cette chemise. En tout cas, elle était confortable... Bref, je revins sur terre et la tendit à Aidan, qui avait déjà pris le pli de se déshabiller. « Mh... Seulement si tu te mets en soutien gorge parce que sinon, ce serait pas très égal, tout ça ! » Sourire amusé, je le regardai enfiler sa chemise « Parce que tu crois que je n'en serais pas capable ? » lui répondis-je, une lueur taquine également dans les yeux. Être en soutien-gorge, c'était un peu comme être en bikini, ça ne me dérangeait pas trop. Et ce n'était pas comme si Aidan ne m'avait jamais vue comme ça...

Vint le moment de passer à l'apéro, sans doute le meilleur moment de ce début de soirée. Parce que ça annonçait une suite des meilleures. J'allais partager un bon repas en compagnie de la seule personne que je désirais ce soir. Que demander de mieux ? Trinquer à cette nouvelle année qui arrivait. « À cette soirée, à nous, à toi, la femme parfaite, la femme de ma vie... » Le baiser d'Aidan me fit frissonner et je restai quelques secondes interdite. C'était à moi que ça s'adressait ? Non, je ne pensais pas être la femme parfaite, ni la femme de sa vie... « Elle en a, de la chance, cette femme... » murmurais-je doucement. Parce qu'il fallait bien l'avouer qu'Aidan se rapprochait fortement de l'homme parfait. En tout cas pour moi. Mais il avait peut-être une femme dans sa vie maintenant, je n'en savais rien. Et quelque part, je n'avais pas envie de le savoir.

« Tiens bien ton verre, hein.» Je me demandai alors ce qu'il avait en tête et m'accrochai à lui pour ne pas tomber, prenant place sur ses genoux. Que je retrouvai avec plaisir. Cette proximité était loin de me déranger, bien au contraire. Je retins même un soupir d'aise, tellement j'étais bien. « Honneur aux dames. » J'ouvris alors la bouche, bien naïve de croire qu'il allait me mettre le toast dans la bouche. « Raté ! » Toast que je ne sentis pas mais que je vis passer sous mon nez. « Hey ! » m'exclamais-je en regardant l'air narquois de mon meilleur ami. Ah ben sur ce coup-là, il m'avait bien eue !

Je fus une seconde tentée de lui chiper son toast mais il semblerait qu'Aidan soit encore plus d'humeur taquine que moi ce soir. Je lui avais manqué à ce point ? « En fait, je préférerai que tu viennes le chercher... » Je plongeai mon regard dans celui qu'Aidan et approchai mon visage du sien. « Cap... » soufflais-je doucement alors que mes lèvres se posaient sur le bout de toast qui dépassait de la bouche d'Aidan. Mes lèvres frôlèrent les siennes au moment où je croquai dans l'amuse-bouche, et je relevai les yeux vers lui. « Délicieux... » Ce n'était pourtant pas dans mes habitudes de me comporter comme ça, mais c'était plus fort que moi. Aidan m'avait vraiment manqué et je m'étais rendue compte que je tenais à lui plus que je ne le pensais avant son départ.

Je finis par me reculer avant de commettre l'inévitable, parce que j'étais bien tentée de l'embrasser. Je pris alors une gorgée de mon verre pour reprendre un peu de contenance et me levai ensuite des genoux de mon ami. « Je vais commencer à préparer l'entrée, je reviens... » Et je filai alors dans la cuisine. Je sortis la feuille de brick et préchauffai le four pendant que je sortais le foie gras et la compote de pommes pour faire un petit feuilleté. Mais je ne perdis pas trop de temps et revint rapidement dans le salon où je repris ma position initiale, à savoir sur les genoux de mon ami. Je pris le plateau de toasts, que je déposai sur la place libre à nos côtés, et esquissai un sourire. Déposant ma tête contre son épaule. « Tu m'as beaucoup manqué, tu sais... »

« Cap... » Je fronçai les sourcils, le toast toujours bloqué entre les lèvres, doutant encore du « cap' » de Savannah. Ce serait assez surprenant qu'elle le fasse, quand même. Pas vrai ? Le visage de la jeune femme se rapprocha dangereusement du mien et je la laissai faire. Elle croqua dans le toast, ses lèvres effleurèrent les miennes et je ne pus m'empêcher de lâcher un soupir de satisfaction, bien que celle-ci fut assez maigre. C'était frustrant de pouvoir l'approcher sans jamais la toucher. Sans jamais pouvoir profiter jusqu'au bout. « Délicieux... » conclut la jeune femme. Je souris bêtement, avalant ce que j'avais en bouche et me pinçai la lèvre. « Moi ou le toast ? » lui soufflai-je en posant sur elle un regard lubrique.

« Mais dis-moi... Qui t'a appris à te dévergonder comme ça ? T'étais pas aussi... Tactile avant mon départ. J'espère que t'as pas fait des cochonneries avec un autre homme que moi pendant mon absence..? » dis-je en reprenant tout de suite un air grave. Bon, j'avais lâché ça sur le ton de l'humour mais j'avoue que j'étais toujours aussi curieux et Savannah ne savait rien me cacher. Si elle avait eu une aventure durant mon absence, j'avais bien envie de le savoir - ce qui pouvait sembler malsain - mais vu son comportement avec moi, j'en conclus qu'elle n'avait personne. Savannah n'était pas le genre de femme infidèle.

Aussitôt, je sentis la jeune femme un peu perturbée. Elle but une gorgée de son verre et se leva. Je saisis sa main pour la retenir encore quelques secondes mais je finis par la laisser partir. « Je vais commencer à préparer l'entrée, je reviens... » Je l'entendis déballer des trucs, ouvrir des armoires,... Intrigué, je pris une voix d'enfant pour lui demander : « Tu fais quoiiiiii ? » Lorsque la jeune femme revint dans le salon, elle retrouva sa place sur mes genoux. « Hey, si t'as besoin d'un coup de main, demande-moi, hein. Je vais pas faire la larve toute la soirée. Et promis, j'éviterai de massacrer ta cuisine comme j'ai massacré le champagne ! »

La jeune femme posa sa tête sur mon épaule et j'appuyai ma joue sur son front. Je glissai ma main dans son cou pour caresser doucement sa peau. « Tu m'as beaucoup manqué, tu sais... » Je souris, attendri par ce que venait de me dire Savannah. « Mon plan diabolique a donc fonctionné : tu ne sais plus te passer de moi. » Je fis glisser le plateau un peu plus loin sur le sofa pour éviter d'écraser les jolis toasts de Savannah. Je me décalai sur la place à côté de celle où je me trouvai à la base pour laisser la jeune femme y poser ses fesses, mais je gardai malgré tout ses jambes sur moi. Je pris ses mains dans les miennes et les caressai doucement avec mes pouces. « Mais tu m'as manqué aussi, mon coeur... Je t'aime très fort, tu sais ça ? Et ça, ça changera jamais. » Je me penchai vers Savannah pour la prendre dans mes bras. J’enfouis mon visage dans sa chevelure, passant l'une de mes mains dans sa tignasse. Je déposai quelques baisers fort chastes dans son cou, histoire de rendre le contact physique un peu plus intense.

« Moi ou le toast ? » Je regardai alors Aidan avec un sourire en coin. S'il m'avait vraiment cru incapable de le faire, il s'était trompé. Mais, dans mes souvenirs, c'était la première fois que nous jouions tous les deux à ce genre de petit jeu. « Le toast, bien sûr... » Quoi que, si j'avais pu goûter aux lèvres d'Aidan en prime, je l'aurais fait aussi. Ce qui ne me ressemblait pas du tout. « Mais dis-moi... Qui t'a appris à te dévergonder comme ça ? T'étais pas aussi... Tactile avant mon départ. J'espère que t'as pas fait des cochonneries avec un autre homme que moi pendant mon absence..? » L'air mystérieux, je me mordis la lèvre en regardant mon ami, un peu aguicheuse. Qu'est-ce qui me prenait de me comporter comme ça ? Il fallait dire qu'Aidan ne m'aidait en rien, à me lancer de telles perches. C'était évident que j'allais les saisir. « J'ai du trouver une occupation pendant que tu n'étais pas là... » Mais non, je ne m'étais pas trouvé d'autre homme pendant le départ d'Aidan. A vrai dire, je ne m'étais jamais sentie aussi seule et je n'avais pas vraiment eu le cœur à chercher un quelconque amant. Je m'étais jetée à corps perdu dans le travail, c'était sans doute pour ça que j'avais l'air aussi fatiguée.

Me rendant compte de ce que je venais de faire, je décidai d'aller dans la cuisine commencer à préparer l'entrée, parce que nous n'allions pas tarder à manger. Nous avions toute la soirée, c'est vrai, et nous avions le temps de manger. Je ferais cuire doucement, ça serait encore meilleur. Et puis, j'avais besoin de m'isoler un peu pour ne pas craquer et commettre l'irréparable. « Tu fais quoiiiiii ? » entendis-je Aidan demander d'une petite voix. Je me penchai alors un peu en arrière pour regarder dans le salon, même s'il me tournait le dos. « Quelque chose de bon ! » Et le feuilleté mis au jour, j'allais m'installer une nouvelle fois sur lui. « Hey, si t'as besoin d'un coup de main, demande-moi, hein. Je vais pas faire la larve toute la soirée. Et promis, j'éviterai de massacrer ta cuisine comme j'ai massacré le champagne ! » Je déposai un baiser sur sa joue et souris. « C'est gentil, mais j'arrive à me débrouiller seule. Quoi que, pour le plat, j'aurai peut-être besoin d'un coup de main mais nous n'y sommes pas encore ! »

Blottie contre Aidan, je fermais les yeux et profitais de ce moment entre nous. Et lui avouai à quel point il m'avait manqué. J'avais passé beaucoup trop de temps loin de lui, sans nouvelles. J'avais pu imaginer des tas de scénarios, dont celui qu'il ne reviendrait jamais. « Mon plan diabolique a donc fonctionné : tu ne sais plus te passer de moi. » J'esquissai un sourire, léger, laissant ensuite mon meilleur ami bouger. Et c'était limite si je n'avais pas les larmes aux yeux. Moment confessions... « Mais tu m'as manqué aussi, mon coeur... Je t'aime très fort, tu sais ça ? Et ça, ça changera jamais. » Je profitai du fait qu'il me serre contre lui pour me blottir davantage, fermant les yeux lors de ce câlin. Et je le sentais aussi se serrer contre moi. Mon cœur se mit à battre plus vite dans ma poitrine, je respirais son parfum, je pouvais presque goûter la saveur de sa peau. Est-ce qu'il sentit les frissons quand il m'embrassa dans le cou ? « Me laisse plus comme ça... » murmurais-je, très bas mais suffisamment pour qu'Aidan l'entende. Son départ m'avait vraiment fait mal, très mal, je n'avais plus envie de vivre ce que j'avais vécu au cours de ses dernières semaines. « Ne m'abandonne plus... » J'inspirai lentement et profondément, voulant chasser les larmes qui semblaient décidées à perler au coin de mes yeux. Mais je ne voulais pas pleurer, pas maintenant. Ne pas gâcher cette soirée qui devait être belle pour nous deux

« J'ai du trouver une occupation pendant que tu n'étais pas là... » Ma bouche s'ouvrit, sous le choc et je fus incapable de dire quoi que ce soit d'autres qu'un « Sérieux ?! » étranglé. Bien que j'essayai de ne rien laisser paraître, la nouvelle me retourna l'estomac. Ou plutôt, affectant un organe plus sensible, me fendit le coeur. Je ne savais pas si elle était sérieuse ou non. À vrai dire, surpris par sa réponse - et sa spontanéité - j'avais répondu d'une manière impulsive.

Lorsque Savannah quitta le salon pour se rendre dans la cuisine, je lui demandai ce qu'elle préparait. Elle me répondit encore une fois d'une façon assez mystérieuse. « Quelque chose de bon ! » Je soupirai. Décidément, ce soir, Savannah avait envie de semer le doute dans mon esprit dans tous les domaines. Elle finit par me rejoindre et j'en oubliai toutes mes petites frustrations. Collé à elle, mon visage enfoui dans sa chevelure, j'étais aux anges. « Me laisse plus comme ça... Ne m'abandonne plus... » Je me redressai et posai deux doigts sur les lèvres de Savannah. Je murmurai : « Chut... Tu te fais du mal toute seule... Je suis là, d'accord, et tu te débarrasseras pas de moi aussi facilement. » Je tirai Savannah vers moi pour coller un baiser sonore sur sa joue. Et c'est ce moment que mon estomac choisit pour gargouiller. J'éclatai de rire. « C'était romantique, ça... Je crois que tes toasts ne m'ont pas totalement rassasié. On passerait pas à la suite ? » demandai-je d'une voix suppliante. Je me levai et tendis la main à la jeune femme pour l'aider à se relever. « Ah et, au fait, il faudra que je te pose une question un peu... personnelle. Si ça t'embête pas. »

Aidan venait de me tendre un perche et je l'avais saisie. Quelle idée de me poser une telle question quand même. Pensait-il vraiment que j'étais le genre de fille à coucher avec le premier venu ? C'est vrai que la dernière fois que nous nous étions vus, j'avais passé la soirée avec un homme que je trouvais charmant, et que j'avais envisagé la possibilité que ça aille plus loin. Mais je connaissais déjà cet homme auparavant. « Sérieux ?! » Je levai les yeux au ciel. « Tu me crois vraiment comme ça...? » Que penser après ça ? De toute façon, depuis tout à l'heure, je ne savais plus vraiment quoi penser de mon histoire avec Aidan.

Je partis ensuite dans la cuisine pour commencer à préparer l'entrée, qui devait quand même cuire un peu dans le four. Pas très longtemps mais il fallait quand même que ce soit chaud. Et cette petite diversion me permettait de me changer les idées. Tout était perturbant pour moi, aujourd'hui. Ça me faisait vraiment plaisir de retrouver Aidan mais je me sentais un peu bizarre. Blottie dans ses bras, je fermai les yeux pour profiter de cette étreinte qui me fit beaucoup de bien. Ça aussi, ça m'avait énormément manqué. « Chut... Tu te fais du mal toute seule... Je suis là, d'accord, et tu te débarrasseras pas de moi aussi facilement. » Les yeux fermés, blottie contre lui, je tentais de me persuader de ses paroles. Mais quelque chose me disait que je ne devais pas lui faire entièrement confiance. Il m'avait abandonnée une fois, il pourrait bien le faire une seconde fois. C'était d'ailleurs la première fois de ma vie que je ressentais ce sentiment d'abandon.

« C'était romantique, ça... Je crois que tes toasts ne m'ont pas totalement rassasié. On passerait pas à la suite ? » Je me relevai alors et hochai la tête. « Je vais finir de préparer. Tu peux mettre la table ? » Aidan connaissait bien l'appart, il savait où se trouvaient les assiettes et tout le reste. Pendant ce temps, je pouvais terminer de préparer l'entrée. « Ah et, au fait, il faudra que je te pose une question un peu... personnelle. Si ça t'embête pas. » J'eus alors, sans doute, un air surpris. Depuis quand Aidan me demandant-il s'il pouvait me poser une question personnelle ? C'était nouveau ? « Tu sais bien que oui... Qu'est-ce que tu veux savoir...? » Maintenant, j'étais curieuse de savoir ce qu'Aidan voulait me demander. Sachant que je n'avais aucun secret - ou presque - pour lui. Je partis alors vers la cuisine pour surveiller le feuilleté dans le four, et sortis deux assiettes pour pouvoir les y disposer. Mais j'avais la tête ailleurs, tant et si bien que je me brûlai en ouvrant le four. « Oh bordel de merde... ça fait mal !» Et comme une conne, j'enlevai d'abord le plat avant de m'occuper de ma brûlure. Le repas avant tout, non ?

« Tu me crois vraiment comme ça...? » J'écarquillai les yeux et secouai la tête. Décidément, ce soir, j'étais aussi maladroit dans les gestes que dans les paroles. « Non, justement, d'où ma surprise. Mais tu sais, tu aurais pu changer et... Ça n'aurait absolument pas influencer l'opinion que j'ai de toi. J'ai pas à te juger. » lui assurai-je d'une voix douce. Que Savannah croit au prince charmant ou qu'elle enchaîne les mecs, ce n'était pas vraiment mon problème, après tout, vu que je ne serais jamais concerné... Tant qu'il ne lui arrivait rien.

Mon estomac ayant confirmé le fait que j'étais affamé, je proposai à Savannah qu'on enchaîne sur l'entrée. Après tout, tout ce qu'elle préparait semblait absolument délicieux alors c'était assez difficile de résister. « Je vais finir de préparer. Tu peux mettre la table ? » Je hochai la tête et répondis d'un ton assuré : « Oui m'dame ! » Je fouillai les armoires et les tiroirs pour en sortir les assiettes, couverts et verres afin de les disposer sur la table. Je profitai de mes allers et venues entre la cuisine et la salle à manger pour demander à Savannah si je pouvais lui poser une question personnelle qui me chiffonnait assez vu son attitude. « Tu sais bien que oui... Qu'est-ce que tu veux savoir...? » Je me raclai la gorge. « Hm... T'as quelqu'un en vue, en fait..? J'te demande ça parce que je suis parti un moment alors, il faut que j'me tienne informé des fréquentations de ma meilleure amie. »

Et je retournai dans la salle à manger pour déposer un paquet de serviettes sur la table. C'est là que j'entendis : « Oh bordel de merde... ça fait mal !» Je revins dans la cuisine à toute vitesse et je vis Savannah retirer le plat du four alors que sa main, rougie, semblait déjà bien brûlée. Je lui arrachai le plat des mains pour le poser sur le plan de travail avant de m'écrier : « Savannah ! T'es folle ou quoi ? » Je la poussai jusqu'à l'évier et fit couler l'eau jusqu'à ce qu'elle devienne tiède. Je pris doucement le bras de Savannah et plaçai sa main sous le jet d'eau. « Bouge pas, je vais chercher ce qu'il faut dans la pharmacie. Et ne touche plus à rien ! » Je l'abandonnai quelques minutes pour me rendre dans la salle de bain et prendre ce qu'il fallait dans l'armoire à pharmacie. Je revins ensuite dans la cuisine et fermai le robinet. Je fis asseoir Savannah sur le plan de travail, séchai sa main dans un essuie de bain, la désinfectai, la barbouillai de pommade et déposai un pansement sur ses brûlures. Je l'aidai à descendre et pointai un doigt menaçant sur elle. « Ne refais plus jamais ça, d'accord ? De toute façon, c'est moi qui vais m'occuper de la cuisine ce soir, t'auras qu'à me guider. » J'avais un peu l'impression de lui faire la morale comme un grand frère. C'était peut être pour ça que ça ne marcherait jamais avec Savannah, dans un autre domaine que l'amitié.

Changer en quelques semaines ? Aidan était vraiment sérieux ? Je n'avais de toute façon pas envie de poursuivre sur le sujet, ça me mettait assez mal à l'aise. Aidan ne s'était jamais vraiment soucié de ce que je faisais de mes nuits, mais ça semblait avoir changé depuis quelques temps. Juste avant son départ en fait. Mais il avait raison, il n'avait pas à me juger, je ne l'aurais certainement pas supporté. Et je croyais que le sujet était clos jusqu'à ce qu'Aidan me demande s'il pouvait me poser une question relativement personnelle. « Hm... T'as quelqu'un en vue, en fait..? J'te demande ça parce que je suis parti un moment alors, il faut que j'me tienne informé des fréquentations de ma meilleure amie. » Et là, je faillis m'étrangler. C'était quoi comme question, ça ? Si j'avais eu une personne dans ma vie, je n'aurais certainement pas passé le réveillon de Nouvel An seule. Et je ne me serais pas montrée aussi tactile envers mon meilleur ami... « Non, je n'ai personne en vue et personne dans ma vie... J'ai pas vraiment eu temps pour ça... Ni l'envie... » répondis-je d'une façon un peu brutale. Au vu de comment Aidan était parti, je n'avais pas vraiment de comptes à lui rendre... Mais s'il voulait le savoir, alors il le saurait. Je n'allais quand même pas jusqu'à préciser que je m'étais noyée dans le boulot juste pour combler le vide que son absence avait laissé.

Douée comme j'étais, il avait bien fallu que je me brûle. C'était le genre de chose qui m'arrivait assez souvent quand je pensais à autre chose en sortant un plat du four. Ce n'était pas la première fois et ça ne serait sans doute pas la dernière. Mais je ne m'attendais pas à voir Aidan se précipiter vers moi comme ça. « Savannah ! T'es folle ou quoi ? » J'eus à peine le temps de réagir que j'étais déjà près du lavabo avec de l'eau sur la main. bon, c'est vrai que ça pinçait un peu mais ce n'était pas la mort. « Bouge pas, je vais chercher ce qu'il faut dans la pharmacie. Et ne touche plus à rien ! » Pour être réactif, il l'était, j'avais à peine eu le temps de broncher qu'il était déjà parti chercher ce qu'il fallait dans l'armoire à pharmacie. « Aidan, c'est rien, c'est juste une brûlure, c'est pas grave ! » Je me laissai pourtant soigner sans rien dire, pour ne pas prendre le risque de contrarier mon ami. Il s'inquiétait pour moi, mais il en faisait peut-être trop.

« Ne refais plus jamais ça, d'accord ? De toute façon, c'est moi qui vais m'occuper de la cuisine ce soir, t'auras qu'à me guider. » Je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire et déposai un baiser sur la joue de mon meilleur ami. « C'est pas la première fois que je me brûle et c'est pas la dernière. T'inquiète pas pour moi, ça va aller. Et je suis tout à fait capable de cuisiner ! » Ce n'est pas que je refusais qu'Aidan cuisine à ma place, mais ce n'était pas une brûlure à la main qui allait m'empêcher de le faire. Je déposai un autre baiser sur sa joue et finis par servir notre entrée, qui avait eu le temps de refroidir un peu. « Allez, à table ! » Je déposai les assiettes et m'installai ensuite à table. « Feuilleté de foie gras aux pommes, bon appétit ! »

« Non, je n'ai personne en vue et personne dans ma vie... J'ai pas vraiment eu temps pour ça... Ni l'envie... » Je me raclai la gorge et détournai le regard. Lorsqu'il s'agissait d'entamer des sujets peu plaisant, on peut dire que je battais des records. Je pris la décision de ne plus poser ce genre de question à Savannah si c'était pour qu'il y ait à chaque fois un froid entre nous. Si elle voulait m'en parler, je l'écouterai. Sinon, bouche cousue.

Alors que j'étais en train de mettre la table, j'entendis Savannah pousser un cris. Elle s'était brûlée. La voir ne rien faire pour arranger sa situation - allant même jusqu'à aggraver les choses - me mit hors de moi. Elle était comme ça, je sais, mais ça avait le don de m'exaspérer. Parfois, elle souffrait et elle n'en disait rien. Elle fuyait le problème et selon elle, il était résolu. En la soignant, je ne pus d'ailleurs m'empêcher de la réprimander. « Aidan, c'est rien, c'est juste une brûlure, c'est pas grave ! » Je levai les yeux au ciel : « Ouai, enfin, avec toi, c'est jamais grave... Bref. » À vrai dire, je ne faisais pas vraiment référence à cette brûlure mais à son comportement en général. Elle répondait sèchement à certaines questions qui l'auraient bien fait rire auparavant. J'étais certain qu'elle m'en voulait encore pour mon départ. Après tout, j'étais parti au moment où elle venait de se prendre une terrible gifle. Cela dit, j'aurais préféré qu'elle me hurle dessus, qu'elle me frappe, qu'elle pleure et puis que tout redevienne comme avant plutôt qu'elle ne garde ça sur le coeur. À présent, je devais m'attendre à un retour de flammes d'ici quelques jours, semaines, mois...

Après avoir emballé la main de Savannah dans un pansement adapté aux brûlures, je lui proposai - ou plutôt, lui imposai - de faire la cuisine à sa place. Ce à quoi elle s'opposa immédiatement. « C'est pas la première fois que je me brûle et c'est pas la dernière. T'inquiète pas pour moi, ça va aller. Et je suis tout à fait capable de cuisiner ! » Je levai les yeux au ciel et soupirai : « Tête de mûle... J'vois même pas pourquoi je discute... » Bien sûr, ma remarque n'avait rien de méchant. Et puis, ce n'était que la vérité ! Mais la jeune femme vint poser ses lèvres sur ma joue et mon coeur dur d'infirmier en chef fondit littéralement. « Naaaaan ! Les bisous, c'est pas du jeu ! Tu sais bien que j'peux pas résister à la femme la plus sexy du monde... » soupirai-je, affichant un léger sourire.

« Allez, à table ! » Savannah m'imposa sa « remise » en service et je fus incapable de lutter. Elle déposa les assiettes remplies sur la table, nous nous assîmes et elle annonça : « Feuilleté de foie gras aux pommes, bon appétit ! » Je ne pus m'empêcher d'éclater de rire en entendant ce ton-là ; c'était le même ton que celui qu'elle employait à la radio pour son émission. « À toi aussi... C'est marrant, on dirait que t'es au boulot. Cette phrase-là est tellement récurrente dans ton job... » Je finis enfin par goûter le plat de Savannah - qui d'ailleurs sentait très bon - et je fus envoûté. Elle était vraiment douée. « Orgasmique. » lâchai-je. « Tu m'expliques pourquoi t'es pas encore chef dans un restaurant étoilé ? »

Je quittai la table pour aller rechercher nos verres de champagne dans le salon. Je revins après deux secondes et je tendis une flûte à Savannah, sans trop savoir si c'était la sienne. À vrai dire, on s'en foutait un peu. On partageait tout. Je pris encore une petite voix : « Savannachou d'amour que j'aiiiime fooooort ? » Et là, elle savait déjà que j'allais lui demander un truc. « On fait dodo ensemble comme avant, ce soir, hein ? Ou tu préfères que je dorme dans le sofa, avec les toasts ? »

Je n'avais pas vraiment envie de m'attarder sur ma vie sentimentale plus que désastreuse, surtout avec Aidan. Il était parti parce qu'il se sentait seul, parce qu'il voyait tous ses amis se caser et qu'il avait besoin de faire le point. C'était, en tout cas, la version officielle. Je n'allais pas remuer le couteau dans la plaie en lui disant que moi aussi, je me sentais seule. Qu'est-ce que ça aurait changé, de toute façon ? Heureusement, quelque part, que je me brûlai, ça nous força à changer de conversation. Parce que mes histoires de cœur, je n'avais pas forcément envie d'en parler. Et maladroite comme j'étais, voilà que je me faisais en plus engueuler par mon ami. « Ouai, enfin, avec toi, c'est jamais grave... Bref. » Je soupira et secouai la tête. Je ne savais évidemment pas qu'Aidan ne parlait pas de ma brûlure. D'ailleurs, comment aurais-je pu le savoir ? Je faisais tout pour retrouver notre complicité mais c'est vrai que j'avais été blessée de le voir partir comme ça. Mais il n'avait pas besoin que je lui répète à chaque fois non plus, il devait le savoir...

Maintenant que j'étais soignée, j'allais pouvoir reprendre mes activités normales. Ce n'était pas une main bandée qui allait m'empêcher de faire la cuisine, ça c'était clair. « Tête de mûle... J'vois même pas pourquoi je discute... » J'eus un sourire en coin. C'est vrai que j'étais une vraie tête de mule. Plus têtue que moi, c'était difficile. Et je n'allais pas laisser une brûlure gâcher cette soirée de réveillon. Si Aidan savait le nombre de fois où je m'étais brûlée comme ça et où j'avais continué à cuisiner, il m'aurait plus qu'engueulée... « C'est ce qui fait mon charme, non ? » Je lui fis un grand sourire et déposai ensuite un baiser sur sa joue, histoire de me faire un peu pardonner de mon entêtement. « Naaaaan ! Les bisous, c'est pas du jeu ! Tu sais bien que j'peux pas résister à la femme la plus sexy du monde... » Si ce n'était pas du jeu, ça avait en tout cas suffi à me faire pardonner, et j'en souris.

Vint le moment de passer à table, ces bons feuilletés que je venais de préparer mais qui m'avaient coûté une belle brûlure et une main bandée. Bandage qui ne resterait pas très longtemps, soit dit en passant... « C'est marrant, on dirait que t'es au boulot. Cette phrase-là est tellement récurrente dans ton job... » Je fis une petite moue. C'est vrai que dans mes émissions, c'était une petite remarque qui arrivait souvent. Mais c'était, selon moi, l'un des plus grands plaisirs. « Je ne vais quand même pas te dire "mauvais appétit", si ? » lui répondis-je avec un sourire amusé. C'est certain que ça ne donnait pas envie de manger. Heureusement, Aidan goûta et ça sembla lui plaire. « Orgasmique. Tu m'expliques pourquoi t'es pas encore chef dans un restaurant étoilé ? » Et là, je fis une autre moue, de déception cette fois. Je soupirai légèrement. « Parce que la cuisine reste un milieu d'hommes et assez macho... Regarde comment ça s'est fini la dernière fois qu'on m'a proposé de faire la carte d'un grand restaurant... » Inutile de revenir davantage sur le sujet vu que c'était juste avant le départ d'Aidan. Ce fameux homme qui n'était d'accord que je fasse sa carte uniquement si je couchais avec lui. Et je n'avais pas envie de me battre contre des moulins à vent, je savais que je n'avais aucune chance de toute façon.

Je regardai Aidan se lever pour prendre nos coupes de champagne et pris une gorgée de la mienne. C'est vrai que j'avais oublié de servir à boire, c'était du joli tiens. Ma brûlure m'était montée à la tête... « Savannachou d'amour que j'aiiiime fooooort ? On fait dodo ensemble comme avant, ce soir, hein ? Ou tu préfères que je dorme dans le sofa, avec les toasts ? » Et là, je ne pus m'empêcher d'avoir un grand sourire. J'aimais quand Aidan se comportait comme ça, comme un enfant. Il était si adorable avec cette petite moue, comment vouliez-vous que je ne craque pas ? « Mon lit est plus confortable que le sofa, non...? »

Ça me ferait du bien de passer cette nuit dans les bras d'Aidan, ça nous permettrait de nous retrouver. Et nous connaissant, il était fort probable qu'on discute jusqu'à la levée du jour au lieu de dormir. Comme à chaque fois que nous avions "dormi" ensemble, ou presque. Je lui souris et nous pûmes terminer notre entrée. Heureusement que je n'avais pas fait de feuilletés trop gros. Je me levai pour débarrasser. « Tu me donnes un coup de main pour le plat ? » Comme ça, je ne passerais pas trop pour une tête de mule. Surtout que je devais encore toucher au four et je ne voulais pas passer trop pour une tête de mule, comme Aidan avait dit. Et je lui fis mes yeux de biche pour qu'il accepte de me donner un coup de main, et non de tout faire à ma place « Magret de canard, poires chaudes, sauce à l'échalote et galettes de pommes de terre, ça te va ? »

« Je ne vais quand même pas te dire "mauvais appétit", si ? » Je plissai les yeux, prenant un faux air menaçant. « Non... Mais arrête de tout le temps me contredire. » Je lui tirai la langue, faisant mine de bouder avant de terminer mon entrée. Je conclus cette dégustation par un adjectif pour le moins explicite. Je demandai à Savannah pourquoi elle n'était pas encore chef d'un grand restaurant. « Parce que la cuisine reste un milieu d'hommes et assez macho... Regarde comment ça s'est fini la dernière fois qu'on m'a proposé de faire la carte d'un grand restaurant... » Je soupirai : « Ouai, c'est clair... Mais en fait, tu devrais gravir les échelons. Tu devrais peut-être te trouver une place dans un petit resto, d'abord. En plus, en général, de bons cuisiniers, il en manque. Et vu ton talent, soit le restaurant va gagner des étoiles grâce à toi, soit quelqu'un en recherche de la perle rare te fera une offre. » J'étais peut-être un peu optimiste mais après tout, Savannah en avait sans doute besoin en ce moment.

Après avoir été recherché les flûtes de champagne dans le salon, je demandais à Savannah si je pouvais dormir avec elle ou si j'étais condamné à passer la nuit dans le sofa. Après tout, je ne savais pas trop ce que Savannah voulait et ce qui pouvait lui sembler déplacé ou non, à présent. « Mon lit est plus confortable que le sofa, non...? » Je hochai la tête avec vigueur. « Carrément ! Puis toi, t'as des bras, le sofa, non... Enfin, j'te demande ça parce que tu sais comment je suis quand j'ai bu... Enfin... Tu m'as déjà vu bourré, en fait ? J'me souviens plus. » Autre désavantage : quand je suis bourré, au lit, je suis du genre collant. Parfois, j'ai même les mains baladeuses mais ça, Savannah n'en savait rien vu que je n'avais jamais passé la nuit avec elle avec quelques verres dans le nez.

Savannah se leva pour débarrasser la table et je lui volai ce qu'elle avait dans les mains en lui tirant la langue pour la narguer. Je rangeai les couverts et assiettes dans le lave-vaisselle. « Tu me donnes un coup de main pour le plat ? » me demanda Savannah en me faisant ses yeux de chat potté. Un large sourire illumina mon visage. « Aaaah ! Tu fais enfin preuve de bonne volonté ! » dis-je sur un ton satisfait.

« Magret de canard, poires chaudes, sauce à l'échalote et galettes de pommes de terre, ça te va ? » J'écarquillai les yeux, comme si Savannah venait de me parler en chinois. Enfin... Moi, mis à part les pizzas et les plats surgelés. Hum, voilà quoi. « Euuh... J'ai jamaid mangé du canard... » avouai-je en affichant une mine désolée (genre comme ça (a) → là). « Tu sais, Savannah, je bouffe que des plans de célibataire, moi. Pour moi, tout ce que t'as fait jusqu'à maintenant, ça relevait de l'hyper compliqué. Tu veux pas venir habiter chez moi, par hasard ? Comme ça, je mangerai autre chose que des lasagnes. »

Être une femme dans un milieu d'hommes, ce n'était pas évident. Et la cuisine était un milieu encore très masculin, même si de plus en plus de chefs étaient des femmes. Mais j'étais encore bien trop jeune pour en arriver à ce stade, surtout que je n'avais pas vraiment d'expérience en la matière. Je n'avais pas fait d'études en hôtellerie, je n'étais donc pas considérée comme un chef, même au niveau le plus bas. « Ouai, c'est clair... Mais en fait, tu devrais gravir les échelons. Tu devrais peut-être te trouver une place dans un petit resto, d'abord. En plus, en général, de bons cuisiniers, il en manque. Et vu ton talent, soit le restaurant va gagner des étoiles grâce à toi, soit quelqu'un en recherche de la perle rare te fera une offre. » J'esquissai un sourire en voyant qu'Aidan tentait de me rassurer, mais secouai la tête. « Je n'ai aucune formation en cuisine, j'ai tout appris sur le tas. Et je crois que le fait que je fasse une émission sur le sujet, je ne suis pas très bien vue. Je m'entends bien avec tous les chefs, ça oui. Mais de là à me faire une place dans leur restaurant, je ne suis pas sûre... » Et puis, je cuisinais pour le plaisir, pour les personnes que j'aimais. Est-ce que j'allais apprécier de me retrouver dans un restaurant tous les jours ? C'était une autre question. C'est vrai que c'était un rêve inavoué mais je n'étais sans doute pas prête pour ça.

Heureusement, la discussion ne s'attarda pas trop sur ce sujet, qui avait tendance à un peu me déprimer quand j'en parlais. Surtout depuis la claque que j'avais prise la dernière fois. Mais bon, je devais faire avec et avancer, je ne pouvais pas rester sur un échec. « Carrément ! Puis toi, t'as des bras, le sofa, non... Enfin, j'te demande ça parce que tu sais comment je suis quand j'ai bu... Enfin... Tu m'as déjà vu bourré, en fait ? J'me souviens plus. » Aidan me fit sourire. Il avait des remarques tellement spontanées... C'était aussi ce que j'aimais chez lui. « A l'une ou l'autre soirée, oui répondis-je en souriant. Je sais d'ailleurs bien que tu ne craches pas sur le champagne... » ajoutais-je en désignant sa flûte d'un air amusé. Mais c'est vrai que nous n'avions jamais dormi ensemble quand il avait trop bu. J'étais d'ailleurs curieuse de voir ce que ça pourrait donner...

« Aaaah ! Tu fais enfin preuve de bonne volonté ! » Comme si c'était mon genre d'être si obstinée... Bon, oui, un peu quand même, c'est vrai. J'avais une main bandée, c'était moins pratique mais ce n'était pas ça qui allait m'arrêter. Et puis, j'avais envie de le faire participer un peu aussi. C'était notre soirée, après tout. « Bah oui, qu'est-ce que tu crois ? » Je lui adressai un sourire et nous partîmes dans la cuisine pour commencer à préparer le plat. Mais je ne m'attendais pas à une telle confidence de la part d'Aidan. « Euuh... J'ai jamaid mangé du canard... » Je le regardai avec de grands yeux écarquillés. « T'es sérieux ? » Non, il devait se moquer de moi, ce n'était pas possible autrement. « Tu sais, Savannah, je bouffe que des plans de célibataire, moi. Pour moi, tout ce que t'as fait jusqu'à maintenant, ça relevait de l'hyper compliqué. Tu veux pas venir habiter chez moi, par hasard ? Comme ça, je mangerai autre chose que des lasagnes. » Waouw, Aidan Stanford ne mangeait que des plats préparés et ce genre de choses. Bon, je ne m'attendais pas à avoir un super cuistot, mais je ne l'imaginais pas comme ça. Surtout avec son métier. Je l'imaginais plus au resto qu'au supermarché acheter des plats déjà préparés. « Tu casses u mythe là, tu sais ? » Bon, j'exagérais un peu, c'est vrai. « Et bien ce soir, tu goûteras à tout ça et tu verras à quel point c'est délicieux ! Par contre, c'est pas le genre de truc qu'on a envie de manger tous les jours, c'est plus un repas de fête » Que j'allais nous préparer avec grand plaisir. Une nouvelle fois, je souris. « Et raison de plus pour que tu m'aides à préparer, tu y prendras deux fois goût comme ça ! »

Je sortis alors ce qu'il fallait du frigo, à savoir le canard et les poires que j'avais déjà préparées un peu à l'avance. « Tu nous ressert un peu ? » Bah oui, quitte à être un peu éméchés à la fin de la soirée, autant en profiter pour boire du bon champagne, surtout que j'avais un bon vin rouge pour le plat. J'expliquai ensuite à Aidan ce qu'il devait faire, à savoir se charger de mettre le gratin dans le four. Ce qui n'était pas bien compliqué. Et comme il m'avait interdit de toucher au four, c'était à lui que revenait cette tâche. Et de mon côté, je chauffai la poêle pour y mettre le magret. C'était un repas relativement simple à faire mais délicieux, et j'étais bien contente de le partager avec mon meilleur ami. A qui je jetai un coup d’œil en coin, ne pouvant m'empêcher de sourire

« Je n'ai aucune formation en cuisine, j'ai tout appris sur le tas. Et je crois que le fait que je fasse une émission sur le sujet, je ne suis pas très bien vue. Je m'entends bien avec tous les chefs, ça oui. Mais de là à me faire une place dans leur restaurant, je ne suis pas sûre... » Je haussai les épaules en soupirant : « Bon, d'accord... Mais ça te coûterait rien d'essayer... » lâchai-je avec un sourire malicieux avant de boire une gorgée de champagne. J'étais certain que certains restaurants engageaient sans que l'on présente nécessairement un diplôme en or. Enfin bon, Savannah ne semblait pas vraiment vouloir s'étendre sur le sujet alors je n'insistai pas.

Et il fallut, je ne sais trop comment, qu'on glisse sur le sujet concernant mes exploits lorsque j'étais bourré. Ça ne m'embêtait pas d'en discuter avec Savannah. Discuter, c'était rien. Avoir un comportement ambigu au bout de quelques verres dans le nez, ça l'était plus. « A l'une ou l'autre soirée, oui. Je sais d'ailleurs bien que tu ne craches pas sur le champagne... » J'ouvris la bouche, fronçant les sourcils, puis je la refermai. En fait, je venais seulement de capter ce que Savannah avait lâché. Je souris, intrigué et penchai la tête sur le côté. « À l'une ou l'autre soirée... répétai-je. J'ai rien fait de gênant, au moins..? Du genre... Danser la Macarena en boxer sur une table ? » Quoi ? De ma part, ça aurait pas été si surprenant.

Lorsque Savannah me demanda de l'aider, je sautais de joie. Et la taquinais aussi sur le fait qu'elle était trop têtue pour faire preuve de bonne volonté. « Bah oui, qu'est-ce que tu crois ? » Je lui rendis son sourire, sauf que le mien était bien plus espiègle, comme d'habitude. « Je crois que ça doit être très dur pour toi de me laisser t'aider... » Pour que Savannah ne boude pas ou... pour qu'elle ne me balance pas un truc dans la tronche suite à ma remarque, je collai un baiser sonore sur sa joue.

La jeune femme me demanda si du canard me convenait. Je haussai les épaules et lui avouai que je n'en n'avais jamais mangé, ce qui sembla beaucoup la surprendre. Pour rendre mes propos d'autant plus crédibles, j'expliquai à Savannah que mes repas étaient toujours des plats surgelés à réchauffer au four ou au micro-ondes. « Tu casses le mythe là, tu sais ? » Je levai un sourcil, étonné par la remarque de ma meilleure amie. « Quel mythe ? m'enquis-je. Mais... je tiens à préciser, pour le peu d'honneur culinaire qu'il me reste, que je suis très doué en dessert, par contre ! »

« Et bien ce soir, tu goûteras à tout ça et tu verras à quel point c'est délicieux ! Par contre, c'est pas le genre de truc qu'on a envie de manger tous les jours, c'est plus un repas de fête. Et raison de plus pour que tu m'aides à préparer, tu y prendras deux fois goût comme ça ! » Savannah semblait complètement emballée par son délire, ce que je trouvais très amusant. Je lui souris : « À ce sujet, je te fais confiance. » La jeune femme sortit quelques produits du frigo pendant que je vidais mon verre. Et aussitôt, elle me demanda : « Tu nous ressert un peu ? » Je hochai vivement la tête et me dirigeai vers la bouteille de champagne, posée sur le plan de travail. En remplissant les deux flûtes, l'envie de taquiner Savannah me titilla encore. « En fait, je pensais que t'allais être plus difficile à saouler que ça... »

Savannah se mit à préparer le repas et je la surveillai du coin de l'oeil, près à bondir dès qu'elle en aurait besoin. Ce qui ne tarda pas vu que j'avais reçu la lourde tâche de mettre le plat au four. Lorsque ce fut fait, je bus une gorgée de champagne et je fus surpris par l'effet qu'il me faisait déjà. Pourtant, j'avais l'habitude mais chez mes parents, l'alcool était prohibé et un mois sans une seule cuite... Je commençai à perdre la main. Je jetai un coup d'oeil à l'horloge qui indiquait vingt-deux heures trente. « Déjà... » soupirai-je. Décidément, le temps passait vite... Dans une heure et demi, il serait déjà minuit. Je m'approchai de Savannah, sentant mes joues s'enflammer sous l'effet de l'alcool... Ou d'autre chose, va savoir... Je posai un regard accusateur sur Savannah : « T'as mis de la drogue dans le champagne, avoue... Mais non, ce n'est pas la peine d'espérer, je ne danserai pas la Macarena en boxer sur la table ! » conclus-je en buvant une nouvelle gorgée. Puis je posai un regard désinvolte en direction du four : « Ça doit cuir combien de temps, au fait ? »

Spoiler:

Aidan avait raison, ça ne me coûtait rien d'essayer. Mais en avais-je vraiment envie ? J'étais bien dans mon boulot pour l'instant, j'envisageais même de me divertir un peu. Ou de revenir à mes racines. J'adorais mon émission culinaire mais ça ne me suffisait pas, j'avais besoin de plus. De voir d'autres choses. J'étais pourtant encore jeune, j'avais toute la vie devant moi pour me diversifier et faire mes preuves. Pourtant, j'en ressentais ce besoin.

Les soirées mondaines étaient parfois une obligation dans mon métier et il m'arrivait donc d'y participer. En compagnie d'Aidan, bien souvent. Je n'aimais pas aller dans ce genre de soirées seule et je m'appuyais souvent sur la présence de mon ami pour me motiver. S'il n'y allait pas, il y avait des chances que je n'y aille pas non plus. Et tout d'un coup, Aidan sembla s'inquiéta de savoir si je l'avais déjà vu faire des conneries en étant bourré. Ce qui me fit sourire. « J'ai rien fait de gênant, au moins..? Du genre... Danser la Macarena en boxer sur une table ? » Ah ben ça, c'était une chose que j'aurais aimée voir quand même ! Mon meilleur ami en boxer en train de danser la Macarena... Mais ça aurait certainement déjà fait le tour du web ! « Je ne t'ai jamais vu bourré à ce point. Juste éméché... Mais j'aurais bien aimé voir ça quand même... » répondis-je avec un sourire amusé. Oserais-je lui avouer que je l'avais déjà vu aller vers de charmantes jeunes femmes avec quelques verres dans le nez ? Mais il était comme tous les hommes, après tout. Bien qu'Aidan soit un charmeur, sans conteste.

« Je crois que ça doit être très dur pour toi de me laisser t'aider... » Et là, il avait raison, je ne pouvais le nier. Je n'aimais généralement pas qu'on me donne un coup de main, je préférais faire les choses à ma façon. Mais je ne pouvais pas non plus empêcher Aidan de me donner un coup de main, surtout avec la brûlure que je venais de me faire. « C'est vrai... Mais avec toi, je peux bien faire un effort ! » Avec Aidan, je pouvais tout partager, même la cuisine. Surtout qu'apparemment, il n'avait pas l'habitude de faire la cuisine et des bonnes choses, ce qui m'avait quand même relativement étonnée. « Quel mythe ? Mais... je tiens à préciser, pour le peu d'honneur culinaire qu'il me reste, que je suis très doué en dessert, par contre ! » J'esquissai un sourire et haussai légèrement les épaules. « Je ne sais pas... Je te voyais davantage aller au restaurant ou chez un traiteur plutôt que de manger des plats congelés... Mais si tu veux préparer le dessert pour ce soir, je peux te laisser faire avec plaisir !» répondis-je avec un sourire amusé. Comme quoi je ne le connaissais pas encore vraiment bien, dans le fond. Du moins, en ce qui concernait ses habitudes alimentaires du quotidien. Je l'imaginais plus aimer les bonnes choses plutôt que l'inverse. Mais ça serait un vrai plaisir pour moi de les lui faire découvrir. Parce qu'il fallait quand même bien avouer que manger restait, avec le sexe, l'un des plus grands plaisirs de la vie !

Alors que j'étais en train de préparer, j'avais demandé à Aidan de nous resservir un peu de champagne. Après tout, pourquoi ne pas en profiter un peu ? Ce soir était un soir exceptionnel, et c'était même la première fois que nous fêtions le réveillon tous les deux. Ça me changeait de la perspective d'être seule et je voulais vraiment en profiter. Je n'étais pas du genre à mettre la musique à fond, je préférais une ambiance plus tamisée, et cela semblait correspondre à Aidan aussi. « En fait, je pensais que t'allais être plus difficile à saouler que ça... » Je pris d'abord une gorgée de mon verre, sentant le champagne un peu réchauffé glisser dans ma gorge. On aurait du remettre la bouteille au frais, ça faisait encore plus d'effet quand il était chaud. « Hey, j'encaisse bien l'alcool, qu'est-ce que tu crois ? »

Même si je sentais que ça commençait à monter quand même un peu. Je n'avais pas la tête qui tournait, pas encore, mais ça ne tarderait pas. « T'as mis de la drogue dans le champagne, avoue... Mais non, ce n'est pas la peine d'espérer, je ne danserai pas la Macarena en boxer sur la table ! » Je me détachai de la taque de cuisson pour me retourner vers mon ami, que la situation semblait amuser. Après tout, c'était lui qui avait proposé que l'on soit un peu souls à la fin de la soirée... « T'es sûr ? Parce que j'aimerais bien voir ce que ça donne... » Surtout te voir en boxer en fait... Oups... Merde, moment de doute. Je n'avais quand même pas dit ça à voix haute, si ? En regardant l'air de mon meilleur ami, je me rendis compte que non. Mais, sentant mes joues commencer à devenir rouge, je me retournai pour regarder le canard cuire. Sauvée de justesse... « Ça doit cuire combien de temps, au fait ? » Pourquoi avais-je si chaud tout d'un coup ? Et ce n'était pas que le champagne... « Oh, encore dix petites minutes, à peu près, le temps que le canard cuise... »

Je me mordis l'intérieur de la joue, sentant mon cœur s'affoler. Était-ce vraiment raisonnable de continuer à boire comme nous le faisions ? Surtout que j'avais de plus en plus chaud. Waouw, je ne pensais pas que cette soirée se passerait comme ça. « Je vais passer quelque chose de plus léger, je commence à avoir un peu chaud... Si jamais ça fume, tu cries ! » J'esquissai un sourire amusé et partis en direction de ma chambre pour me changer. Uniquement le haut, mais il fallait encore que je trouve quelque chose de potable. Mais qu'est-ce qui me prenait ? Ce n'était quand même pas la première fois qu'Aidan me voyait et passait la soirée ici... Allez, mettons ça sur le compte du champagne qui commençait à me faire tourner la tête. Je finis par dégoter un joli débardeur noir en satin, assez simple mais échancré, et me regardai dans le miroir. Ça serait parfait ! Si j'avais froid, je pourrais toujours enfiler un gilet mais ce n'était pas encore le cas. Je revins rapidement dans la cuisine. Enfin, après cinq bonnes minutes quand même... « Tout va bien...? »

Comme la cuisine n'était pas pleine de fumée, j'imaginais que oui. Je me penchai pour jeter un œil au canard qui avait presque fini de cuire et sortis une bouteille de cognac de mon armoire. Et pris une bouteille de vin rouge. « Tu t'occupes de l'ouvrir ? Ça va bientôt être prêt »

Spoiler:

« Je ne t'ai jamais vu bourré à ce point. Juste éméché... Mais j'aurais bien aimé voir ça quand même... » J'éclatai de rire devant la franchise de Savannah avant de lui tirer la langue. Depuis le début de la soirée, on arrêtait pas de se provoquer, de se balancer des remarques ambiguës, comme si c'était tout à fait naturel. Alors que ça ne l'était pas. On n'avait jamais été aussi loin. Cela dit, on glissa rapidement sur un autre sujet, comme si de rien n'était. Savannah me promit de faire un effort pour qu'elle me laisse l'aider et pour toute réponse, je lui souris tendrement. Ensuite, on en vint à mon alimentation plus que variée, hum, essentiellement composée de lasagnes et de pizzas à réchauffer. Apparemment, ce détail sembla beaucoup surprendre Savannah qui m'avoua que je venais de casser un mythe ce qui m'étonna. « Je ne sais pas... Je te voyais davantage aller au restaurant ou chez un traiteur plutôt que de manger des plats congelés... Mais si tu veux préparer le dessert pour ce soir, je peux te laisser faire avec plaisir !» Je souris, flatté par l'image que Savannah se faisait de moi. « Je donne trois concerts et demi par mois, c'est pas avec ça que je vais me payer un restaurant cinq étoiles ! Et pour le dessert, si tu me laisses faire... J'vais choisir la solution de facilité, c'est-à-dire te mettre toute nue sur la table avec de la crème fraîche et du chocolat aux endroits stratégiques... » soufflai-je avec un sourire et un regard des plus pervers.

Je remplis à nouveau nos flûtes de champagne et avouai à Savannah que je la croyais plus difficile à saouler que ça. Comme à son habitude, la jeune femme ne manqua pas de me répondre du tac au tac. « Hey, j'encaisse bien l'alcool, qu'est-ce que tu crois ? » Provocateur, je me penchai lentement vers Savannah pour lui souffler à l'oreille, d'une voix suave : « L'espoir fait vivre... » Je m'écartai légèrement d'elle avant de tremper à nouveau mes lèvres dans le liquide pétillant. Juste tremper ? Ah bon ? Parce que le verre était déjà presque vide. Déjà ? Ce champagne semblait vachement traitre. Ce que je fis remarquer à Savannah, insinuant qu'elle faisait tout pour que je me déshabille et me mette à danser. « T'es sûr ? Parce que j'aimerais bien voir ce que ça donne... » Je passai la pointe de ma langue sur mes lèvres avant de sourire plus largement encore. « Hey ! Avec toi, c'est toujours moi qui finis à poil. Je te fais le strip-tease promis à minuit pile si tu te dénudes aussi. Comme ça, j'me sentirai moins seul. » Je finis d'une traite le fond de mon verre puis, je tendis ma main à Savannah, les yeux brillant - sans doute à cause de l'alcool : « Marché conclu ? »

Après avoir déposé des yeux avides sur le corps de Savannah, je décidai de détourner mon attention et de me reconcentrer sur la cuisson du canard. Je demandai à Savannah combien de temps nous devrions encore attendre avant de passer à table. Quoi ? J'suis un mec. Les mecs, ça a tout le temps faim. « Oh, encore dix petites minutes, à peu près, le temps que le canard cuise... » Je soupirai en hochant la tête. En fait, peut être qu'avoir quelque chose sur l'estomac dissiperait les effets de l'alcool. Du moins, c'est ce que j'espérais.

« Je vais passer quelque chose de plus léger, je commence à avoir un peu chaud... Si jamais ça fume, tu cries ! » Je me mis à rire mais dès que Savannah fut partie, je gardais les yeux rivés sur le canard. Histoire qu'il s'envole pas en pleine cuisson... Quelques minutes plus tard, la jeune femme était de retour, ayant passé un petit débardeur tout ce qu'il y a de plus léger et qui m'était beaucoup plus à nu sa peau. Je rougis, sans trop savoir pourquoi. J'avais vu des dizaines de filles défiler en sous vêtements devant moi et voir Savannah en débardeur me perturbait profondément. Qu'est-ce qui clochait chez moi, bon sang ? Pour éviter de me trahir, je me sentis obligé de sortir une connerie. « Han... Moi qui espérais que tu enfiles juste un tablier avec rien en dessous, en mode cuisinière sexy... Je suis déçu ! » lâchai-je dans un petit soupir aigu.

« Tout va bien...? » me demanda-t-elle au sujet de la cuisson de la viande. Je hochai la tête : « Je crois que la victime ne s'en sortira pas, lieutenant. Il faut que nous retrouvions son meurtrier... » Deux conneries à la suite... Savannah devait vachement me perturber. La jeune femme sortit finalement une bouteille de vin. « Tu t'occupes de l'ouvrir ? Ça va bientôt être prêt » Je me saisis de la bouteille, en me disant que, vu les effets qu'avaient déjà eu le champagne, la suite avec le vin, ça allait être du joli... Je pris un tire-bouchon dans un tiroir et ouvris la bouteille. Je remplis deux verres assez généreusement avant de revenir à la cuisine. « Besoin d'aide ? »

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