Closer + Woody & Charlie

Je prends goût à nos taquineries. Qui aime bien châtie bien. lui fais-je remarquer. Je lui rappelle également que lors de notre dernière discussion, il m'a assuré avoir un souvenir de son roadtrip pour moi. J'y crois pas trop mais je le lui rappelle. Et surprise, Woody fouilla quelque chose dans sa poche et en sortit un objet. Je suis sur les fesses. Époustouflée j'admire cette petite pierre d'un bleu presque transparent entre mes mains. Peu importe qu'il avait l'intention de le jeter, je suis très touchée par sonbgeste. Difficile de ne pas le montrer. Je préfère les coquillages, la prochaine fois tu sauras... Non c'est vraiment joli. Merci, Woody. lui dis-je avec une grande sincérité, le serrant dans mes bras. Puis je ne fais qu'admirer le rocher et sourire. Il n'avait pas besoin de me convaincre pour quoi que ce soit. Je peux être du genre rancunière mais je donne toujours le bénéfice du doute aux gens. Je crois au deuxième chance. La sienne m'a ébahie. Très bonne stratégie! Tu t'es bien rattrapé aujourd'hui. J'attends de voir demain. Quand deux jeunes gens viennent de se rencontrer, ils vont plutôt boire un verre ou se promener dans un parc ou à la plage. Nous, nous sommes aller à la fête forraine et demain nous comptons aller à l'animalerie. Plutôt bizarre mais cela ne nous a pas empêché de passer un très bon moment ensemble. Regarde. j'attrape son bras pour l'attirer vers moi afin qu'il puisse admirer la vue. C'était stupide et inutile car il pouvait la voir aussi de son côté. J'ai juste eut envie de le toucher, de me sentir plus proche de lui, car la fin de notre rendez-vous s'achève bientôt aussi.

Qui aime bien châtie bien, ce qui signifiait à la fois que Charlie aimait bien Woody, à la fois que le contraire était tout aussi vrai. Et elle avait raison. Le trentenaire n’était pas le meilleur pour témoigner de son affection pour les autres, mais lorsqu’il pouvait le laisser savoir par d’autres moyens, il le faisait. La taquinerie était certainement une belle manière de démontrer qu’il ne se fichait pas complètement de quelqu’un … au contraire, même. Woody donna finalement à Charlie cet objet qui avait été, au fond, l’heureux élément déclencheur de ce rendez-vous-même s’il n’avait pas été trouvé pour ça, à la base. Le jeune homme avait juste aimé ramasser les cailloux apportés et façonnés par la mer. Et même s’il ne pensait pas à Charlie à ce moment-là, il ne faisait nul doute qu’à présent, à chaque fois qu’il en ramasserait un, ce serait vers elle que son esprit se tournerait. Créer des souvenirs, même anodins, avec une femme autre que Freja, c’était un début, non ? « Tu fais déjà ta difficile … Je ne sais pas dans quoi je me suis embarqué, moi. » Se plaignit-il avec un sourire quand elle évoqua préférer les coquillages. Il fut surpris de l’accolade partagée avec Charlie, mais ne se referma pas pour autant. Au contraire, il la serra contre lui, d’une main tremblante sans savoir si c’était sa maladie ou sa nervosité qui en était la cause. « Il sera parfait au fond de l’aquarium de Woolie. » Déclara Woody en pointant la petite roche du doigt, une fois le prénom du poisson trouvé. Charlie les ramena au moment présent en attrapant le bras du physiothérapeute pour le tirer vers elle, le regard rivé vers la vue. « C’est rare qu’on puisse voir Bowen sous cet angle. C’est plus beau d’en haut. » Admit-il, avant de tourner la tête vers Charlie sans réaliser à quel point ils étaient tout près l’un de l’autre, maintenant. Dans un élan d’impulsivité mais aussi de profond désir de se libérer de ses chaînes, le jeune homme réduisit à néant cette mince distance restante en posant ses lèvres sur celles de la pâtissière, alors que la roue reprenait sa course vers le bas.

Ma première impression est que Woody est quelqu'un de très fier, qui ne doit pas vouloir exprimer ses sentiments. Lui-même l'a certifié : il est orgueilleux. J'ai aussi la sensation inexplicable qu'il est autant brisée intérieurement que moi. Il m'a dit qu'il sortait d'une longue relation, je ne suis pas censée savoir si il en souffre encore. Mais si toutefois c'est le cas, j'aimerais pouvoir le soigner, comme lui, arrive à me soigner à cet instant précis.

Je scrute cette jolie pierre qu'il m'a donné et je trouve encore le moyen de le taquiner alors que je suis réellement touchée. Il ne sait pas dans quoi il s'est embarqué, et en effet il ne croit pas si bien dire. Oh non, tu ne sais pas. Il ne connaît pas encore la tempête Charlie, celle qui explose, celle qui est inconstante; celle qui s'emporte excessivement quand elle ne contrôle pas la situation. Jusqu'ici tout va bien. Pour le remercier mais aussi parce que j'ai envie de me rapprocher de lui, je me faufile dans ses bras. On a déjà prévu de se revoir, pour adopter un poisson. Woolie. C'est notre petit truc rien qu'à nous. J'en souris. Ça fait du bien de... juste être avec lui.

Avec un élan de courage, j'ose lui prendre le bras pour l'attirer vers moi. Je veux lui montrer la vue, du moins c'est ce que je prétends. Tout là-haut, Bowen semble minuscule et c'est magnifique. Très beau, j'enchéris. Nous tournons notre visage au même moment et je suis surprise de le voir si proche de moi. Je n'attend que ça. Embrasse-moi, embrasse-moi... Et il le fait. Quand ses lèvres se posent sur les miennes, ma déesse intérieure sursaute et mon petit cœur se réchauffe. Je veux prendre mon temps, savourer ce baiser, m'habituer au contact de sa bouche. Ma main glisse sur sa joue, son cou, son épaule, puis sa main. J'ai dû mal à relâcher notre étreinte car j'aime cette impression d'être hors de la réalité. Depuis Liam, personne m'a fait cet effet.

Brisé n’était même plus le mot pour décrire Woody. C’était bien plus que de simples failles traversant son âme, laissant des tracés de douleur sur son chemin. C’était des débris de sa personne éparpillés dans la noirceur qui fracassait les derniers pans d’espoir qu’il avait en lui. S’il arrivait à se reconstruire un jour, il se reconstruirait à partir de rien, parce que ce qu’il avait un jour été était perdu, introuvable, abandonné. S’il tentait maintenant d’aller vers l’avant plutôt que de courir en rond, dans le vide, c’était quand même hors des sentiers battus. La voie qu’il avait suivie jusqu’alors n’était plus balisée pour un homme comme lui. Il devait désormais réapprendre à s’orienter à travers cette vie qu’il avait trop longtemps boudée. Étrangement, il avait l’impression que Charlie était le chemin de cairns le long des crêtes de sa pensée embrouillardée. En raison de ce feeling, sans doute, de ce sentiment qu’ils avaient tant à s’apporter alors qu’ils foulaient à peine l’existence de l’un et de l’autre, Woody s’autorisa à saisir le moment tel qu’il se présentait, posant ses lèvres sur celles de Charlie quand leurs regards se croisèrent dans une proximité d’abord intimidante, puis tout d’un coup si douce. Son esprit s’enivra tout d’un coup de l’odeur de son parfum, de la chaleur de son corps, de la tendresse de ses mains voyageant sur sa peau. Sa bouche goûtait encore la barbe à papa et il eut l’impression que les filaments de lumière du coucher du soleil étaient maintenant sur les lèvres sucrées de Charlie. La roue les emportait peut-être vers le bas mais lui, lui se sentait tellement léger qu’il aurait pu être en train de s’envoler. Si seulement ils n’avaient pas eu à retomber, à remettre leurs pieds sur terre. Mais la roue s’immobilisa et on ouvrit la barrière de sécurité de leur nacelle. Woody s’éloigna, un sourire béat sur son visage. « Ça, c’était … unexpected. » Autant pour ce soir que pour toujours. Woody s’était lancé dans cette aventure des applications de rencontre sans trop d’attente. Charlie avait mis la barre bien haute, en un seul saut.

Une couverture chaude m'a enveloppé tout mon corps. C'est cette sensation que j'ai, de goûter les lèvres d'un autre homme, qui me semble inexplicablement tout aussi brisé que moi. J'ai cette petite satisfaction d'avoir réussi à ce qu'il fasse le premier pas, moi qui ne pensait pas à ce que ce rendez-vous prendrait cette issue. Je ne m'attendais pas à ce qu'un homme puisse me redonner le sourire et la confiance dont j'avais besoin. Avec Woody, je suis bien. Vraiment bien. Le retour à la réalité m'a troublé lorsque notre cabine s'immobilise pour que nous puissions sortir. Chose très rare mais je suis gênée. Il a l'air d'avoir aimé autant que moi. Unexpected Dans le bon sens j'espère? Je me lève la première et lui tends la main. Nous sortons du manège, pour ma part un peu sonné. J'ai le coeur léger quand nous marchons vers la sortie. Bon, il se fait tard... Demain matin je me lève tôt pour travailler et je ne veux pas avoir l'air d'un zombie quand on ira à l'animalerie. lui dis-je sur le ton de la plaisanterie. En réalité je n'ai pas envie de partir. J'aurais aimé rester encore un peu avec lui, pour l'embrasser, l'enlacer, peut-être même le faire rire. Mais toutes les bonnes choses ont une fin et j'aime laisser ce petit goût de légèreté avant que nous nous quittons. J'ai passé une très bonne soirée. Tu m'envoies un message pour me dire que tu es bien rentré? Puis sans réfléchir, sans lui laisser le choix, je me mets sur la pointe des pieds et l'embrasse avec douceur. Je dépose dans ce baiser une tendresse qui, je l'espère, lui fera penser à moi avant de s'endormir.

Spoiler:

La nacelle était désormais immobilisée, et paradoxalement c’est là que le temps sembla recommencer à tourner. Woody eut un léger rire à la question de Charlie. « Dans le meilleur sens. » Dit-il en hochant la tête. Le trentenaire attrapa la main de la pâtissière de sa main gauche, et sa canne de la main droite, avant de se relever, chancelant avant de trouver son équilibre, sa force. Ils marchèrent ensemble jusqu’à la sortie du manège, et vers la sortie de la fête foraine, même si leurs esprits semblaient vouloir y rester. « Ouais. On a largement dépassé mon heure de coucher, là. » Dit-il en contemplant sa montre, avant de rire doucement. De quoi lui rajouter encore plus un air de personne âgée, déjà que la canne était un fort indicatif. Le pire là-dedans, c’était que Woody ne mentait pas vraiment. Pour se garder le plus en forme possible malgré la maladie, il devait adopter un cycle de sommeil très régulier. « J’ai jamais entendu cette demande de la bouche de qui que ce soit d’autre que ma mère à mes seize ans … » Fit-il remarquer dans un doux rire. « Promis, je le ferai. Cette fois, j’donnerai signe de vie. » Il esquissa un sourire, avant d’hausser les sourcils de surprise quand Charlie vint l’embrasser. Il répondit à ce contact avec tout autant de tendresse, lui qui n’était pourtant plus habitué à une telle douceur. « Bonne nuit, Charlie. » Lâcha-t-il quand leurs lèvres se séparèrent, avant que leurs chemins ne se séparent pour ce soir.

FIN

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