Dreams aren't what they used to be + Jamie

Il s’en souvenait comme si c’était hier. Quelques mois plus tôt un homme d’une corpulence imposante était arrivé dans sa boutique, le pas lourd, l’air peu avenant, clairement Terrence l’avait remarqué tout de suite, il n’était pas là pour parler surf ou short de bain, ni même pour une visite de courtoisie. Il avait tourné autour du pot un moment avant de lui parler clairement, ce qui avait eu le don d’énerver le commerçant, parce qu’il aimait la franchise et qu’il n’avait pas que ça à faire. Cet homme, donc Harvey Dawson, voulait lui racheter sa boutique, ni plus ni moins, sorti de nulle part. Il fallait avouer qu’il lui proposait une somme conséquente et qui aurait pu en convaincre plus d’un, mais Terrence se foutait pas mal de l’argent alors il l’avait renvoyé le plus gentiment possible et il avait continué sa journée. Cependant il était doué pour sentir les gens et ce Dawson, il ne le sentait pas du tout, alors le soir-même, ne trouvant pas le sommeil, il avait regardé sa carte de visite qui n’apprenait pas grand-chose sur lui et il avait tapé son nom sur internet. Dawson était un promoteur immobilier, en cherchant un peu plus profondément, en se renseignant auprès de ses contacts dans les jours suivants, Kelly avait appris qu’il était du genre raclure sans cœur qui ne marchait que par l’appas du fric quitte à écraser les autres, il avait fait raser pas mal de maisons ou de commerces pour y imposer ses résidences, quitte à détériorer le paysage, joli tableau. Dans les mois qui avaient suivi les deux hommes s’étaient revu, en effet, Dawson avait bien en tête de racheter la boutique de Gray’s bay, pour y construire une résidence de vacances les pieds dans l’eau avec spa intégré et tout le tintouin. Terrence n’avait jamais plié, malgré les sommes de plus en plus grosses que l’autre lui proposait, il avait déjà vendu son âme au diable plusieurs fois dans sa vie, plus jamais il ne voulait recommencer, c’était à présent un commerçant honnête et il tenait à ce titre. Sauf que la situation s’était envenimée, Dawson, avec ses gros sabots et surtout ses contacts haut placés avait ressorti une loi concernant la biodiversité qui interdisait un commerce à s’installer à une certaine distance du littoral et il se trouverait que Terrence ne respecterait pas cette loi, à deux mètres près, chose qui ne l’avait pas empêché, à l’époque, d’avoir les autorisations pour s’installer. Pourtant il appuya sur ce fait pour le menacer d’aller régler ce litige au tribunal. Kelly, ne tenant pas à retourner devant un juge après ses multiples mauvaises expériences avec la justice, tenta tout d’abord une médiation pour trouver un accord, pour que Dawson s’installe éventuellement à côté de lui, pour parler d’un partenariat, n’importe quoi. Mais le promoteur ne voulut rien entendre et voilà que Terrence se retrouvait à contacter un avocat pour se défendre au mieux auprès du juge. Il était outré, dégouté, ne comprenait pas pourquoi cet homme s’acharnait sur lui, se demandant si on le laisserait un jour tranquille. Et puis, plus que tout, si lui ne respectait pas les deux mètres officiels, qu’en serait-il d’une énorme résidence qui allait détruire tout un pan de plage, la faune, la flore, sans parler de la détérioration du paysage côtier, pour lui ce serait un désastre. Dans ses recherches il avait trouvé Jamie Rankin, jeune avocate spécialisée dans l’environnement à priori. Il l’avait contacté et voilà qu’ils se rencontraient. Ils s’étaient donné rendez-vous au bar de la plage pour discuter, c'était presque ironique. Un peu nerveux, Terrence l’attendait devant la terrasse à l’extérieur en fumant clope sur clope avant de repérer une petite blonde qui s’avançait vers lui. Effectivement elle avait l’air jeune, ce qui ne le rassura pas. Maître Rankin j’imagine. Il écrasa sa cigarette puis lui tendit une main, sérieux, professionnel. Terrence Kelly, enchanté. Simple formule de politesse, enchanté il ne l’était pas tellement, il se serait bien passé de ce genre de rencontre.

Brisbane avait été intense, trop intense pour Jamie. Heureusement qu’il y avait eu la soirée d’inauguration des bureaux de son amie Freja pour couper cette semaine forte en émotion. Elle qui voulait en profiter pour réfléchir sur ses sentiments envers le tatoué, elle n’avait pas réussi. Après des heures d’audience, l’affaire avait été gagné. Ils avaient été quatre avocats pour se battre contre cette entreprise. Mais les juges leur avaient été favorable, condamnant l’entreprise à une amende exorbitante et en leur imposant l’arrêt immédiat de leur activité illégale sous peine de fermeture définitive. Les requins renards allaient avoir plusieurs mois de repos avant qu’une nouvelle attaque humaine ne revienne. C’était ce genre de victoire qui motivait et animait Jamie. C’était pour ce genre de victoire que Jamie ne regrettait aucun choix qu’elle avait fait dans sa vie, même si ça avait mené à un divorce. Pourtant elle savait à quel point il était difficile de gagner contre les entreprises, il fallait des tonnes de preuves, un dossier en béton et aucune fausse note. Secrètement pourtant, elle espérait une semaine calme, une semaine sans drame personnel et professionnel. Une semaine où elle aurait que des dossiers tranquilles qui lui permettrait de se reposer un peu. En arrivant ce matin au bureau, elle regarda ses rendez-vous, elle n’avait pas changé par rapport à la semaine d’avant à l’exception de cet après-midi. Fronçant légèrement les sourcils, Jamie ne reconnaissait pas le nom de cette personne alors qu’elle avait une bonne mémoire. Prenant un café, elle allait demander plus d’information à son secrétaire. Il lui expliqua vaguement l’appel d’un nouveau client potentiel. Il avait été plutôt léger sur les informations préférant en parler directement avec elle. « Parfait, tout ce que j’aime. » Disait-elle ironiquement. Elle ne pouvait pas se préparer. La seule chose dont elle était sûre c’était qu’il s’agissait d’un problème de propriété et d’environnement. Autrement dit, elle ne savait rien. Elle retourna dans son bureau profitant de ces quelques heures pour avancer un peu. Quand vint presque l’heure du rendez-vous, Jamie était sortie de son bureau, apposant ses lunettes de soleil sur son visage. Heureusement qu’elle connaissait de mieux en mieux la ville et que la bar de la plage ne lui était pas inconnu. Peut-être que si son client savait qu’elle avait fumé quelques joints au même endroit, il ne l’aurait pas embauché. Cette réflexion fit rire la blonde. Le problème, en venant à ce rendez-vous hors de son bureau était qu’elle ne connaissait absolument pas la tête de la personne qu’elle devait rencontrer. Mais un homme brun assez grand s’approchait d’elle. Au moins, lui il l’avait reconnu. « C’est ça. » Disait-elle avec le sourire. Tendant également sa main, ils se saluèrent. « Enchantée également. » Il partait avec un bon apriori parce qu’il n’avait pas jeté sa cigarette. C’était peut-être stupide comme réflexion mais Jamie ne souhaite pas défendre une personne qui n’avait pas un minimum un esprit écologique. Avant de discuter, ils s’installèrent sur une table et chacun commanda ce qu’il voulait. Pour la blonde ce sera un eau gazeuse. « Je serais venue un peu plus préparée mais vous avez été plutôt secret sur les raisons de ce rendez-vous. » Elle lui souriait, pour lui montrer qu’elle ne lui reprochait rien. C’était plutôt pour une entrée en matière un peu moins formelle.

Ecolo, Terence l’était, mais il n’en était pas moins imparfait pour autant. Il mangeait bio, il triait ses déchets, se déplaçait quasiment toujours à pieds, il avait un logement quasiment auto-suffisant en matière d’énergie, il entretenait son potager qui lui donnait légumes, fruits et même un peu d’herbe à fumer pour les soirs difficiles. Mais oui, il fumait, trop, beaucoup trop, depuis bien trop d’années. Une mauvaise habitude prise durant son service militaire et dont il n’avait cherché à se défaire parce que c’était sa seule façon d’apaiser les tempêtes qui grondaient en lui, de calmer la douleur aussi parfois, quand elle se faisait trop forte. Et, soit dit en passant, il se foutait bien du regard méprisant d’une gamine qui ne le connaissait en rien. Après avoir jeté sa clope dans le cendrier adéquat il suivit la blonde dans le bar, ils furent vite rattrapés par un serveur qui prit leur commande, Terrence demanda un thé glacé, c’était de saison. Je n’aime pas parler à un intermédiaire, surtout lorsqu’il est insistant. Votre secrétaire a tenté de me soutirer des informations, mais j’ai décliné. Le ton était donné, Terrence et son franc parlé qui en rebutait plus d’un. Mais en même temps il avait face à lui quelqu’un qu’il allait payer pour travailler pour lui alors il voulait mettre les choses au clair dès le départ et si Rankin n’aimait pas son style il trouverait ailleurs. C’est une situation particulière qui ne pouvait pas s’expliquer par téléphone. Il se cala sur son siège et entreprit de lui expliquer la situation. Un promoteur veut me forcer à lui vendre ma boutique de surf pour mieux la raser et construire un hôtel spa de luxe à la place. Et comme je refuse il invoque une loi qui date de Mathusalem pour rendre ma propriété non viable, une loi qui parle d’environnement et de préservation du littoral alors que lui-même le détruira bien plus avec ses centaines de mètres carrés de piscine plutôt que moi avec ma bicoque de guingois. Il grondait déjà, le ton était monté sans qu’il s’en rende compte, cette histoire le rendait fou pour être honnête. Il s’arrêta alors, sonda son expression pour voir si elle le suivait mais ne remarqua rien, elle semblait impassible, sérieuse. Vous pensez que ce genre d’affaire pourrait être dans vos cordes ?

Elle avait dédié sa vie à l’environnement et depuis des années. Elle se souvenait des combats permanents qu’elle entretenait avec son ex-mari pour le forcer juste à trier ses déchets. Ce n’était pourtant pas si compliqué. Il ne comprenait pas non qu’elle préférait se déplacer en vélo plutôt qu’en voiture. Déjà ça lui permettait de garder sa forme, il avait l’air d’apprécier son physique et sa petite musculature. En plus, c’était un moyen écologique, qui lui évitait d’utilise du kérosène et de polluer l’air environnant. L’Australie était un pays à protéger et beaucoup trop d’entreprise oubliait la richesse naturelle que le pays possédait. Devant son potentiel client, elle arrivait les mains vides ignorant s’il s’agissait d’un conflit environnemental, s’il était un délinquant ou qu’il avait un problème avec son voisin. Elle lui fit poliment la remarque tout en souriant. Sauf que lui il n’avait pas l’air de rire, et le sourire de Jamie s’effaçait aussitôt. Elle aurait voulu soupirer, mais elle se tenait en face de lui. Elle aurait le temps de râler sur lui après ce rendez-vous. Mais l’avocate n’avait pas non plus sa langue dans sa poche, elle savait très bien exprimer ses pensées sans aller au-delà du raisonnable. « Vous savez il ne faisait que son travail. C’est plus simple pour tout le monde si on a quelques informations en amont. » Répondait-elle doucement en haussant les épaules avant de prendre une gorgée de son eau. Il avait une raison pour ne rien dire, ce qu’elle comprenait l’avocate. « Je vous écoute. » Elle ne sortait rien, préférant l’écouter avant de prendre des notes. Les deux mains jointes devant elle, elle écoulait le récit de cet homme. C’était bien environnemental ce problème. Elle avait l’habitude de ce genre d’affaire, de la dépropriétisation au profit d’une grande entreprise. Il l’observait, peut-être pour la sonder et Jamie restait impassible, réfléchissant déjà aux axes de défense. « Tout à fait, c’est même le genre d’affaire qui m’ont poussé à être avocate. » Elle avait bien compris qu’il fallait qu’elle soit franche avec cet homme. « Mais j’ai des conditions. » Elle ne l’avait pas cerné entièrement, mais rien que le fait qu’il ait refusé de donner quelques informations à son secrétaire montrait une certaine habitude de ne pas tout dire. Alors l’avocate voulait qu’ils s’accordent sur les conditions, ce que lui était prêt à accepter de ce qu’elle allait lui demander.

Si la jeune femme pensait avoir le dernier mot avec Terrence elle n'allait pas être déçue du voyage, il était bien plus têtu qu'un autre. Il avait toujours eu horreur des intermédiaires, s'arrangeant toujours pour parler avec la personne qui l'intéressait dès le départ, ça mettait tout de suites les choses au clair. Je n'ai rien contre lui, il est certainement très compétent. Cependant c'est à vous que je voulais parler et à personne d'autre. Et il était à présent face à elle, celle qui, selon les avis de beaucoup, était la meilleure dans son domaine, malgré son jeune âge, elle avait une solide expérience, un caractère d'acier et de belles réussites à son palmarès. Terrence ne jugeait pas au premier regard alors il avait envie d'être conforté dans son choix, sinon il chercherait ailleurs, malheureusement le temps ne jouait pas en sa faveur alors il espérait malgré tout qu'elle soit capable de l'aider. Il lui raconta alors son histoire, son conflit, cherchant à lui faire comprendre l'urgence de la situation et le désastre qu'elle pourrait causer s'il perdait contre cet homme. Il perdrait tout, sa boutique, son argent, puisque maintenant qu'il y avait une procédure entre eux il n'y aurait plus aucun arrangement financier avantageux, juste une bataille entre Terrence et son radeau contre ce homme et son paquebot destructeur. Il le sentait mal, il se sentait si petit, si démuni face à lui, chose qui lui arrivait rarement, il ne se démontait pas si facilement. Il en dormait mal la nuit, il pensait à tout ce qu'il avait construit de sa sueur et aussi à tout l'impact que ça aurait sur sa plage, un impact néfaste, il en était convaincu. Jamie sembla se sentir concernée par son problème et sa façon de lui répondre conforta un peu le surfeur. Jusqu'à ce qu'elle parle de conditions, il était presque relâché, mais en entendant ces mots il se renfrogna, bombant le torse, fronçant les sourcils pour la fixer, avec presque un air de défi. Votre prix sera le mien. Si seulement il s'agissait seulement d'argent, les choses seraient plus simple, assurément. Mais il se doutait qu'elle avait autre chose à dire, attendant fébrilement qu'elle se mette à table, sirotant, tendu, son thé glacé.

L’avocate aurait pu soupirer mais elle essayait de rester la plus professionnelle possible. Mais son futur client avait l’air d’être têtu, plus qu’elle. Ça n’allait pas être facile. Elle essayait pourtant de lui faire comprendre que son secrétaire était là pour aider, là pour prendre les informations pour que Jamie n’arrive pas au rendez-vous sans rien. Mais soit, il n’avait rien voulu dire, alors elle venait les mains vides attendant les problèmes de cet homme. « Ok, très bien. Je vous écoute. » Elle l’écoutait et très vite l’affaire l’intéressait. Les délais étaient courts, et la partie adversaire allait être redoutable. Pendant qu’il parlait, Jamie réfléchissait. Malheureusement, les procès environnementaux mettaient à mal toutes les parties. Les avocates cherchaient la petite bête dans la partie adversaire et surtout ramenait des tonnes d’expert pour appuyer leur propos. Heureusement pour lui, Jamie commençait à avoir un annuaire d’expert assez conséquent. Elle riait ironiquement aux argument que le promoteur immobilier avait sorti à Terrence. Si le gérant du magasin ne respectait pas les standards, ce n’était pas lui avec son exploitation commerciale qui allait le respecter. Jamie voulait cette affaire, parce qu’elle représentait tout ce pour quoi elle se battait. L’avocate, cependant, voulait avoir des certitudes. Ils ne pouvaient pas gagner si lui et elle ne se faisaient pas confiance. Elle acceptait sous condition. « Non ce n’est pas le prix. » Disait-elle avant de prendre une gorgée de son eau pétillante. « Je ne veux pas de mensonge. Ils ne seront pas tendre avec vous, j’ai besoin de toutes les informations vous concernant vous et votre magasin pour être préparée à tout argument. » Parfois, elle ne l’aimait pas ce système interrogatif des procès. Pourquoi fallait-il toujours trouver la brèche chez quelqu’un qui n’avait aucun rapport avec l’affaire. « Et pour le prix, ça dépendra de vous et de vos moyens. » Jamie ne profitait pas de la détresse des gens, alors la plupart du temps, elle négociait le prix de ses honoraires avec le client en fonction de ses revenus.

Si Terrence avait un fort caractère et pas mal de principes qui le rendaient presque antipathique, il était du genre sincère et franc. Il avait horreur des mensonges, les bonnes vingt premières années de sa vie en ayant été jalonnées, avec toutes les conséquences qui allaient avec. Depuis qu'il était sorti de prison, enfin surtout depuis qu'il avait rencontré Violet, il avait à cœur d'être honnête. Et c'était aussi pourquoi toute cette affaire le foutait en l'air, lui qui, pour une fois n'avait rien à se reprocher, il se retrouvait à faire appel à un avocat pour passer à nouveau devant un tribunal, sûrement l'une des choses qu'il détestait le plus au monde. Et puis sa boutique c'était son bébé, son rêve, un peu toute sa vie, ce pourquoi il s'était battu depuis des années. Je n'ai aucune raison de vous mentir, à quoi ça me mènerait ? Je veux gagner, je veux garder mon magasin, c'est tout ce qui compte pour moi. Alors vous n'aurez qu'à me demander ce que vous voudrez, je vous répondrai. Si vous avez besoin de papiers je vous les apporterai. Il comptait bien coopérer, s'il le fallait il lui parlerait de son passé avec la justice, parce que même si cette affaire n'avait rien à voir avec la précédente, il avait un casier judiciaire assez conséquent, ça ne jouerait sûrement pas en sa faveur, il en était conscient, d'ailleurs ça lui faisait peur, qu'il perde cette affaire à cause de ses erreurs de jeunesse. Comme si son passé devait le suivre toute sa vie sans qu'il ne s'en défasse jamais. Terrence était l'objet de pas mal de rumeurs à Bowen, surtout à une époque, à présent ça s'était un peu tassé, mais on avait dit pas mal de choses sur lui, vraies ou fausses, il n'y avait jamais répondu. Mais face à cette femme, si elle pouvait l'aider, il dirait la vérité. De toute façon à quoi bon mentir ? Il se doutait bien qu'avec son métier elle pourrait remonter la trace de son premier procès. Je ne gagne pas mal ma vie avec mon commerce, enfin je n'ai pas non plus envie que vous me plumiez mais je pense que je pourrais payer. Enfin il se détendait vraiment, sauf qu'il avait une vraie interrogation. J'ai vraiment besoin de quelqu'un en qui je peux avoir confiance, qui croit en cette affaire, vous voyez ? J'ai un sale caractère et j'suis pas toujours facile. Mais je veux être sûr que vous ne me laisserez pas tomber. Ma boutique c'est basiquement toute ma vie. Il ne voulait pas qu'elle le plaigne ou le prenne en pitié, il ne voulait pas non plus qu'elle croit qu'il jouait sur la corde sensible ou que c'était un mélodrame, mais il fallait qu'elle le prenne au sérieux et qu'elle croit autant que lui en cette histoire.

Jamie se souvenait de ses premiers pas dans la profession. Collaboratrice dans ce grand cabinet à Perth, elle n’avait pas eu d’autres choix que de se taire et accepter tous les clients. Heureusement pour elle, très vite elle était partie, surfant sur la vague de la protection de l’environnement. Pour l’idéaliste qu’elle était, l’environnement et les droits de l’homme était sa mission principale. Mais il n’y avait pas un jour où elle ne se battait pas contre ses confrères pour prouver la légitimité du combat. Ennemie des fiscalistes, elle avait galéré Jamie avant d’avoir la réputation qu’elle avait. Aujourd’hui, elle pouvait avoir le privilège d’imposer à ses clients certaines conditions. C’était ce qu’elle faisait à Terrence, aucun mensonge. Il le prenait plutôt mal et Jamie l’observait en buvant son eau, pendant qu’il plaidait pour son affaire. S’il était convaincu par sa défense, alors Jamie saura être convaincante. Surtout qu’il lui offrait un cas spécifique, le genre de cas qui empêchait l’avocate de dormir. Elle se connaissait. Elle pouvait bosser des heures sur une affaire s’oubliant parfois. « D’accord d’accord ! » Répondait-elle. « Je vous crois. Juste que parfois ça ne sera pas facile. » Il avait l’air d’avoir un sacré caractère et la collaboration passait également par répondre gentiment à son secrétaire. Mais ça elle lui dirait plus tard. Il gérait une boutique de surf et l’avocate se promettait d’aller jeter un coup d’œil. Déjà elle devait le faire dans le cadre de son travail, mais si elle pouvait avoir l’avis d’expert ça ne serait que positif. Elle avait tout type de client plus ou moins fortunés et Jamie fixait ses honoraires à raison de leur ressource. Il n’était pas question qu’elle ne ruine cet homme. « Je ne prends pas cher pour ce genre d’affaire. Il y a plus de risque de perdre que pour les autres. » Elle n’allait pas lui mentir. Tout dépendait des juges. Certains avaient à cœur l’environnement, alors que d’autres traditionnels trouvaient toutes les excuses pour ne pas donner raison aux écologistes. C’était pour cette raison que souvent Jamie essayait une autre voie, plus traditionnel comme le droit de l’urbanisme ou de la propriété. « Je ne laisse jamais tomber les gens. » Répondait-elle comme outrée par cette supposition. « Je ne compte pas perdre. Votre caractère je m’en moque tant que vous m’écoutez tout au long de la procédure. » Les juges n’aimaient pas les mauvais caractères. « Puis j’aime le surf et c’est tellement plus agréable de se faire conseiller par un connaisseur que d’aller acheter son matos dans un grand magasin. » Disait-elle en haussant les épaules. Ce n’allait pas être facile, mais Jamie avait une nouvelle affaire importante et elle n’abandonnera pas.

Qui sait, peut-être que Jamie finirait par trouver Terrence sympathique avec le temps, visiblement ils allaient en passer un peu ensemble, puisqu’elle semblait ne pas rejeter son affaire. Tout n’était pas gagné, il s’en doutait bien, mais déjà elle ne le laissait pas démuni, c’était un bon début. Ensemble ils allaient probablement faire des étincelles, visiblement elle aussi avait fort caractère, mais ça lui plaisait, de toute façon il fallait en avoir pour porter ce genre de plaidoirie. Si ça avait été facile je n’aurais pas fait appel à vous. Je me suis renseigné avant de vous contacter, il me fallait le meilleur avocat dans ce domaine et votre nom est ressorti plusieurs fois. Vous avez gagné la plupart de vos procès, vous avez un bagage solide malgré votre jeune âge. L’environnement est une de vos causes principales et à priori c’est tant par l’aspect intéressant que par convictions personnelles. Il prouvait qu’il avait bossé son sujet, ils n’étaient pas vraiment sur le même pied d’égalité, Terrence en savait plus sur la jeune avocate qu’elle en savait sur lui, mais ça changerait, il n’aurait pas le choix que de se livrer au moins un peu. Ils parlaient argent même si c’était une formalité, Kelly était prêt à payer et Rankin ne comptait à priori pas l’arnaquer, ils étaient au moins d’accord pour ça, c’était plutôt la fin de sa phrase qui le fit tiquer. Comment ça plus de risques pour les autres ? Pour lui, perdre n’était pas en option. Et comme il voulait le lui faire comprendre il lui expliqua à quel point ça lui tenait à cœur, combien il avait besoin d’elle. Une nouvelle fois elle remettait en cause le fait qu’il ne coopère pas, il grogna. On dirait ma prof de math en quatrième… je vous écouterai, vous voulez ma parole ? Il haussa les sourcils, évidemment lors des audiences il se tiendrait à carreaux, il avait suffisamment d’expérience dans ce domaine pour savoir qu’il ne fallait pas l’ouvrir face à un juge sous peine d’aggraver son cas. Vous surfez ? D’un coup il était plus attentif, plus détendu. Les grands magasins sont un fléau. Mais heureusement il n’y en a pas à Bowen, on s’est battu avec Cox pour qu’ils n’ouvrent pas, ou du moins qu’il n’y ait pas d’articles de surf de qualité sur leurs étalages. Ca aussi ça avait été une sacrée bataille.

Elle en avait marre Jamie de devoir toujours faire ses preuves. Elle pensait qu’elle méritait qu’on la laisse tranquille. Elle avait plus gagné d’affaire qu’elle en avait perdu et ça devrait être suffisant. Alors maintenant elle était plutôt claire, on le faisait en fonction de ses règles à elle et non celle du client. Et s’il n’était pas contente c’était pareil. Elle fut néanmoins étonnée par le monologue de Kelly. Lui au moins il avait pu préparer son dossier et plus il avançait et plus Jamie souriait. Il marquait beaucoup de point pour une personne bougonne et un peu désagréable. « Vous avez bien plaidé votre cause. » Disait-elle en riant. Au final ç’allait peut-être être plus facile. Il savait s’exprimer et il avait de la conviction. Et il lui en faudra de la conviction pour gagner cette affaire. La planète avait besoin d’être protégée. La planète avait besoin de défenseur et Jamie était l’un d’eux. Elle n’avait peut-être pas une grande influence mais parfois ça marchait. Il y avait encore beaucoup de monde à convaincre. Et ce genre d’affaire n’était jamais facile à gagner. Il ne comprenait pas Terrence et Jamie grimaçait. « En fait c’est un droit nouveau, le juge a encore plein de pouvoir. Tout dépend des juges qui vont s’occuper de l’affaire. Certaines sont réfractaires à toutes sorte d’évolution dans un but de préserver l’écologie et d’autres sont plutôt attentifs. » Autant être honnête avec lui. Jamie ne donnait pas de faux espoirs à ses clients. Ç’allait être une bataille difficile et elle remettait une nouvelle fois en garde Terrence. Il râlait et Jamie riait contenant son fou-rire. « Non c’est bon je vous crois. » De toute façon elle n’allait pas le ménager, mais il n’était pas encore au courant. Mais elle ferait tout pour qu’il gagne, surtout qu’il était dans son droit. Elle aimait en plus ses petites boutiques de surf. Les conseils étaient toujours pertinents, et elle pouvait y passer des heures. « Oui ! » Répondait-elle en souriant. « J’en fais depuis une quinzaine d’année. J’ai commencé aux Etats-Unis. » Elle n’était pas la plus douée mais elle prenait toujours plaisir à en faire. Cette sensation de flotter sur l’eau faisait toujours un grand bien à la blonde. « C’est une bonne chose … » Elle n’aimait pas les grands magasins. « Attendez c’est même une excellente chose pour l’affaire. » Disait-elle pressement. Elle prit son sac pour sortir un papier et un stylo. C’était une voie à étudier. S’il n’y avait que deux boutiques, et qu’une fermait il y aurait un manque par rapport aux besoins de la population. Alors qu’un grand hôtel il n’y avait pas nécessairement un besoin.

Bougon et peu agréable, deux choses qui qualifiaient si bien Terrence et qui le mettaient en valeur ! En vérité il poussait un peu les traits, il aimait qu’on le voit de cette façon, au moins ce qui voulaient vraiment gratter ce vernis, ceux qui en prenaient la peine, se rendaient compte qu’il n’était pas si détestable au final, c’était surtout une façade et ces personnes-là il les gardait précieusement. Il n’y en avait pas tellement, pour être honnête, parce que les gens ne cherchaient pas tellement à savoir et puis entre sa réputation, les rumeurs, ses humeurs à lui, ça en faisait fuir plus d’un, mais ça il s’en foutait, il ne voulait pas être entouré d’hypocrites, trop peu pour lui. Il voyait bien qu’il marquait des points auprès de la blonde, il fallait avouer que cette fois il était en véritable opération séduction parce que c’était elle qu’il voulait pour le défendre, elle et personne d’autre. Il se moquait qu’elle soit jeune, que ce soit une femme, il se fiait à son cv et à présent qu’il l’avait face à lui, Jamie dégageait ce quelque chose qui lui plaisait, qui le mettait en confiance. Alors il la brossait un peu, pas trop non plus, ce n’était pas son genre. Elle était conquise, convaincue, mais visiblement ce ne serait pas simple, il s’en doutait un peu, mais elle lui expliqua et ça le fit grimacer. En gros c’est à la tête du client… Qu'il en déduisait, il haussa les épaules, de toute façon il n’avait pas d’autre choix que d’essayer, le problème étant que lui n’était pas vraiment le client idéal avec les casseroles qu’il trainait derrière lui. Tout ça ne le mettait pas vraiment de bonne humeur mais ça semblait bien amuser la jeune femme. Il se détendit finalement quand elle lui parla surf, juste surf, ce qu’il préférait. J’vous ai jamais vu sur ma plage. Ni dans sa boutique d’ailleurs, mais ça n’avait pas grande importance. Vous surfez où ? Quinze ans ça commence à faire, il faudra me montrer ce que vous avez dans le ventre. Il était toujours curieux et même si lui ne pouvait plus surfer ça restait un plaisir que de regarder les autres, il y passait des heures, assis sur ses marches… ses marches, celles qui allaient peut-être être détruites par un salopard. Il serra le poing en y pensant. Une bonne chose ? Vous dites ça comme si vous aviez une idée là. Et effectivement, elle commençait à griffonner sur le coin de table, l’oubliant presque. Vous me dites où je suis trop con pour comprendre ? Une nouvelle fois il bougonnait, elle devrait s’y faire.

Sans cette affaire, la rencontre de Terrence et Jamie ne se serait jamais produite. Souriante et joyeuse, jamais elle ne se serait retourné vers une personne aussi bougonne et peu agréable. Petite, Jamie, adorait transmettre sa joie mais très vite elle comprit que les personnes pouvaient facilement lui prendre. Il était plus difficile d’apporter des pensées positives que négatives. Jamie avait peur de la dépression, peur que ce mal qui rongeait sa mère, qu’un jour il arrive à prendre dans ses filets l’avocate. C’étaient ses plus grandes force son sourire et ses gentillesses. La vie n’était tendre avec personne et Jamie ne s’en plaignait pas. Son divorce avait été difficile, plus difficile que celui de son frère. Son ex-mari avait été ignoble et cette confiance en l’humanité s’était un peu éteinte pour l’avocate. A Bowen elle retrouvait ses premiers amours, ceux de la légèreté et de la joie tout simplement. Mais dans le fond, elle gardait cette méfiance et osait dire les choses maintenant. Elle ne lui mentait pas à Terrence. Il y a autant de chance de gagner que de risque de perdre. « Oui malheureusement. Les juges seront primordiales. Ils seront trois. Ils en font au moins deux qui sont sensibles à l’environnement. » L’optimisme faisait partie de ses gènes et elle y croyait. Les consciences changeaient. Jamie savait que le changement viendrait également de la justice, qu’il suffisait parfois que d’un cas qui fasse jurisprudence pour que la loi change. Peut-être que ç’allait être cette affaire. Ça lui parlait ses petites boutiques de surf. Il n’y avait rien de plus spontanée et authentique que de se faire conseiller par un expert. « Votre plage ? » Disait-elle en riant légèrement et haussant le sourcil. « Kings beach principalement, mais parfois j’aime bien aller à Murray bay. J’ai commencé à surfer sur la plage californienne. » Mais ça il devait le savoir Kelly s’il avait des recherches sur Rankin. Parler de surf était un moyen simple pour sa rapprocher de son client. Surtout qu’elle ne se forçait pas Jamie, elle avait toujours adoré l’océan, elle se sentait à sa place près de l’eau. Ce n’est que quelques minutes plus tard qu’elle comprit qu’elle tenait un truc Jamie. Elle ne l’écoutait plus concentrée sur son idée. Il fallait absolument qu’elle la marque pour ne pas oublier et creuser dans ce sens. Elle ne s’attendait à ce que Terrence boude. C’était le cas il boudait parce que Jamie l’avait exclu de ses pensées. Elle mit le point final sur son idée en soupirant. « Vous n’êtes vraiment pas facile ! » Disait-elle le regard sévère. « Il y une obligation de concurrence pour faire tourner l’économie, c’est même un principe du capitalisme. » Jamais elle n’aurait penser qu’un jour elle allait utiliser le capitalisme pour une affaire. « Si votre boutique ferme, il y aura un manque par rapport aux besoins de la population. » Elle disait cela comme si c’était une évidence, s’en voulant de ne pas y avoir pensé plus tôt.

S'il s'était renseigné et documenté sur Jamie, Terrence n'avait fait que s'intéresser à la partie professionnelle, il n'avait pas épluché la totalité de sa biographie, le reste ne l'intéressait pas. Du moins, il le croyait, parce que ça lui aurait plu de lire qu'elle pratiquait le surf et qu'elle n'était pas qu'une amatrice. Mais le découvrir durant ce premier rendez-vous aurait au moins l'avantage de briser la glace et de le conforter dans son choix pour cette jeune avocate. Deux à se mettre dans la poche, pas simple. Il passait la main dans sa barbe naissante, songeur, malheureusement ce n'était pas son genre de passer de la pommade pour se faire bien voir, il était cash, Terrence, un peu trop parfois, ça plaisait rarement. Il espérait alors que la jeune femme aurait ce tact qui lui manquait cruellement à lui. Heureusement qu'elle était optimiste, parce que ça n'était pas son fort non plus, sauf que cette fois il devait y croire pour se battre, sinon ce serait foutu d'avance. Sa plage, oui, ça pouvait la faire sourire, Jamie, mais les choses étaient établies depuis des années déjà, il y avait Horsehoe Bay, la plage de Violet et Grays Bay, celle de Terrence, chacun son territoire et les vaches étaient bien gardées. Evidemment il n'y avait rien d'officiel dans tout ça, c'était quelque chose de tacite, un accord, même une affaire de désaccord au tout début, mais c'était de l'histoire ancienne. Depuis les habitants de Bowen faisaient la différence entre ces deux plages avec des ambiances bien différentes, celle de Terrence était l'un des lieux de prédilection des surfeurs chevronnés, c'était celle des meilleures vagues. Evidemment il y avait bien d'autres plages à Bowen, même dans les environs, mais c'était sur ces deux plages-là que se trouvaient les seules boutiques de surf de la ville. Ma plage, oui, Grays Bay. Ca lui paraissait évident, il en haussa presque les épaules avec un air suffisant. C'est sûr que si vous parlez des plages ricaines alors... mais il n'y a pas mieux que le surf australien, c'est d'ici que viennent les meilleurs surfeurs au monde. Oui, il boudait, il avait horreur d'être mis de côté, surtout que là, c'était lui qui était venu la chercher, il s'agissait de son affaire à lui, il estimait qu'il devait être mis au courant si elle avait un éclair de génie. Elle le houspilla gentiment, avec un sourire aux lèvres, il souffla en avalant une gorgée de sa boisson. Finalement il l'écouta, curieux, son argument tenait la route, à un détail prêt. On ne se fait pas vraiment concurrence en fait ... enfin si, au départ, il y a quelques années. Mais plus maintenant. Violet est ma compagne. Effectivement ils ne revendaient pas la même marchandise, ils n'avaient pas la même clientèle, mais ils n'étaient pas concurrents, plutôt complémentaires et ça, tout le monde le savait à Bowen. A l'époque leur rapprochement avait fait grand bruit, eux, les anciens ennemis, qui avaient fini par coucher ensemble. A présent ce n'était plus qu'une histoire de sexe et les rumeurs s'étaient tassées, mais les faits étaient là.

Parfois Jamie tombait sur des clients chouettes, sympathiques, rieurs. Parfois ils étaient anxieux, tristes et maladroits. Terrence il était à part. Boudeur, caractériel et têtu, ça n’allait pas être facile. Alors Jamie décidait d’arrêter d’être stricte, sans pour autant arrêter de lui faire comprendre sa pensée. Il allait devoir mettre de l’eau dans son vin s’il voulait avoir la sympathie des juges et des jurés. « Et les jurés. » Ajouta-t-elle. Autant les juges ça pouvaient être facile, les jurés il y avait trop d’incertitudes puis la partie adverses allait en choisir. Mais elle préférait garder ça pour elle, pour le moment. Elle ne connaissait même pas encore l’affaire parfaitement. Il parlait de la plage comme si elle lui appartenait. Ça la faisait doucement rire Jamie, même si elle devait absolument l’empêcher de dire ça au tribunal. Evidemment qu’elle surfait, la blonde avait grandi à Los Angeles et déjà petite elle était incapable de tenir en place. L’océan l’avait toujours fasciné, trouvant cette espace apaisant par son immensité. L’eau était son élément. Les gouttes d’eau qui tombent avaient toujours réussi à endormir la blonde. Elle était à Bowen depuis bientôt deux ans et pourtant elle ignorait que certaines plages étaient réservées. « Oh j’ai déjà surfé sur cette plage. » Disait-elle accentua sur le mot cette avec un sourire. Elle l’aimait bien Terrence et elle allait aimer l’agacer. Elle prenait une gorgée de sa boisson avant de le regarder outrée. « Pardon ? Je crois qu’il va falloir que vous vous renseignez sur les champions ricains comme vous dites. » Elle boudait à son tour, surtout qu’elle se sentait plus australienne et écossaise qu’américaine. En même temps le cerveau de Jamie ne faisait que remuer, ne s’arrêtant pas de réfléchir à la meilleure façon de gagner cette affaire. C’était exactement ce pour quoi elle se battait l’avocate. Puis les éléments s’alignèrent quand il parlait de boutique. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il casse son argumentaire en trente secondes. L’avocate se sentait presque stupide, mais en même temps il n’avait voulu donné aucune information sur lui. Peut-être que si elle s’était un peu préparée, elle aurait pu être plus optimiste. « Vous me compliquez la vie. » Disait-elle en soufflant un peu avant de reprendre une gorgée. Elle voyait déjà les arguments de la partie adverse. « A quel point n’aimez-vous pas être en contact avec beaucoup de monde ? » Demandait-elle très sérieusement. Elle avait une petite idée en tête, quelque chose qui fonctionnait dans les pays tels que l’Australie. Mais elle avait bien compris que son nouveau client était casanier et que ça n’allait pas être facile d’ouvrir sa carapace.