Running time - Knox Hendrix

J'enfilais mes baskets en éteignant la télé, attrapant un morceau de brioche et mes clés pour rejoindre la côte et notamment la plage de Bowen. Et tout ça, sans m'emmêler les pinceaux ! Il était 6h10, l'heure d'aller se décrasser en bordure de plage, et retrouver mon compagnon de sport Knox. Je l'avais pas vu depuis des semaines, il s'était marié, était parti en lune de miel et devait flotter au dessus de son corps à l'heure actuelle, délaissant ses vieux potes de sport, célibataires de surcroit et limites vieux garçons à force que le temps passe !

Dans le pick up qui roulait, j'écoutais Dire Strait à fond en tapotant le rythme sur le volant. Quelques minutes suffisent, et je me gare sur le parking de la plage, vérifiant ensuite que mes lacets sont bels et bien attachés correctement. Je tire légèrement sur mon cycliste qui se trouve sous mon short pour remettre tout en place correctement, on va éviter la brûlure du tissus entre les jambes, c'est disgracieux !

La voiture de sport de Knox arrive, il a mis encore la barre haute, faut dire que pro en formule 1 et pompier ne gagnent pas du tout la même chose. Je siffle entre mes dents quand il sort de sa voiture.

- Visez moi cette machine... La caisse est pas mal non plus. Je ris de ma connerie. Alors le jeune marié, comment c'était la Polynésie française ?

Je vins vers lui, notant en me rapprochant, que l'homme avait de sacrées grandes cernes sous les yeux, pour un homme apaisé et sur un nuage. Je fronçais les sourcils, attendant de, potentiellement, dissiper mon interrogation présente.

C'est dernier temps, je faisais énormément de sport, ça m'aidait à garder le rythme de ma nouvelle vie. Comme beaucoup le savait, j'avais accepté un nouveau travail pour l'écurie Mercedes, qui officiellement débuterait l'an prochain, mais qui en réalité avait déjà commencé. Ce que les gens ne savaient pas, c'est que pendant l'hiver je m'étais marié et quasi immédiatement divorcé. Mercy n'était plus que la maman de Pento, mon ex femme... Mais heureusement nous avions réussi à avoir une discussion il y a peu et même si nous avions fini en larmes notre histoire s'était finie sur une note positive. Mercedes allait rester mon premier vrai amour, le seul qui avait été assez puissant pour que je veuille passer le cap du mariage...

Divorcé.Dis-je à mon ami qui m'avait accueillis pour aller courir. Il avait du voir mes cernes, car j'avais senti que le ton de sa voix s'était modifié en s'approchant de moi. Ça n'a pas fonctionné. Ou plutôt la vie n'avait pas été tendre avec nous. Nous avions perdu notre bébé et à partir de là nos vies n'avaient été que tristesse et colère. Notre couple n'avait pas survécu et il nous avait fallut du temps avant de pouvoir accepter que c'était fini. Surtout pour moi en fait. Mais je n'avais pas trop envie d'en reparler, car les larmes que j'avais partagé avec Mercy était encore trop fraiches.

Tu pourras la conduire si t'arrives à courir plus vite que moi. Le mis-je au défi en commençant à courir sans attendre.

C'est ce qui s'appelait jeter un froid. Et le pauvre bougre, j'avais mis les pieds dans le plat glacé. Il ne voulait pas s'appesantir sur le sujet et je comprenais, les relations qui prennent l'eau après un mariage, c'était devenu monnaie courante pour ainsi dire.

Ce qu'il me dit me fit rire, et je le vis partir en courant, j'aurais voulu le héler, mais il avait certainement trop envie de me semer, et de courir en même temps. A foulées lancées, je le suivis, mais sans pouvoir réellement le doubler, et si j'avais voulu le faire, il aurait fallu user de stratagème terrible, comme reparler de son ex... ce n'était pas ma came, je ne souhaitais pas tant que ça, conduire sa caisse à bien y réfléchir.

Au bout de 8 km, on se mit à marcher pour rétablir le cœur dans des pulsations plus light.

- Tu m'as tué, ta rage au ventre m'a tué. Dis-je en me pressant une bouteille d'eau sur le visage.

Il n'y avait personne sur la plage, et le calme régnait en maître.

- Bon vas y balance... que le prochain running se fasse plus en douceur, raconte ce qu'il s'est passé... vide ton sac.

J'avais besoin de courir pour évacuer certaines émotions, car même si j'avais fait la paix sur ma relation avec Mercy, ça n'enlevait pas la douleur que je ressentais à chaque fois que j'y pensais. Elle avait été ma femme, ma première et probablement l'unique, la maman de Pénélope... Il ne fallait pas trop y penser, juste courir et faire le vide pour avancer. Les kilomètres s'enchainaient et je n'avais pas l'impression de fatiguer, ce n'est qu'en ressentant des douleurs dans les genoux que je ralentis. Christopher me rattrapa et ça ne manqua pas, il me demanda de vider mon sac.

Je ne sais pas si j'en ai vraiment besoin. Mercedes et moi c'est fini pour tout un tas de raisons... On s'est aimé, on a traversé tout un tas d'épreuves et on a décidé de mettre fin à notre relation. C'était la chose à faire. Un passage douloureux, mais qui nous avait permis de clôturer une page de nos vies. Parle moi plutôt de toi. Je suis certain qu'il y a beaucoup plus à dire.