Tu es mon meilleur | Donovan & Vicky (terminé)

Voilà un an presque jours pour jours que Donovan n’avait pas foulé le sol australien, en descendant de l’avion, le jeune homme avait été saisi par la fraicheur printanière, lui qui s’était habitué à la moiteur thaïlandaise. Alors qu’il récupérait son bagage il ne cessait de fixer les grandes baies vitrées, que faire maintenant. Il allait réapparaitre dans la vie de ses proches aussi subitement qu’il s’en était échappé. Il se moquait bien de la réaction de ses parents, bien qu’il aurait surement du mal à voir sa mère pleurer, mais il redoutait plus que tout de revoir Victoria, pourtant elle était la seule raison qui l’avait poussé à revenir. Il ne regrettait pas le moins du monde d’avoir tout quitté sur un coup de tête, il savait qu’à cette époque ça avait été pour lui la seule solution envisageable pour faire taire sa souffrance et celle de celle qu’il aimait. Il avait vécu une expérience hors du commun à Bangkok, il avait grandi, murit et s’était grandement endurci, le jeune homme naïf et peu plutôt craintif qu’il avait été s’était muté en quelqu’un de confiant et sûr de lui, c’est fou ce qu’on pouvait changer en un an.

Il n’avait pas le courage de se rendre directement au domicile de ses parents et à bien y repenser, il n’avait plus d’endroit où aller mis à part là-bas. Il avait bien eu une maison à lui, celle qu’il avait acheté avec Victoria il y a de ça trois ans. C’était donc délicat d’arriver … coucou chérie, je suis rentré, bien ta journée ?... Alors il avait décidé de s’installer dans une chambre d’hôtel, au moins les premières nuits, le temps qu’il reprenne ses marques à Bowen. Il choisit un petit hôtel de centre-ville, de là il pourrait se déplacer à pied. Malgré sa modeste chambre, le tout semblait tellement luxueux comparé à son mode de vie à Bangkok. Il avait pourtant vécu dans le luxe toute sa vie, mais s’était si bien habitué à cette vie simple, sans artifices, une vie qui lui convenait bien plus, que le retour à la normal le dérangea un peu. Il se regarda dans le miroir, une barbe mal taillée, des cheveux un peu trop longs, il avait une apparence presque négligée qui contrastait avec celle du gentil garçon propre sur lui que les gens avaient connu. Il portait une tenue en lin clair, assez décontractée, il n’avait plus de costumes ou de basic jeans et polos. En se scrutant il était tenté de se demandé si Victoria le reconnaitrait avec une telle apparence. Il finit par s’assoir sur son lit, sans trop savoir ce qu’il allait faire maintenant qu’il était là. Il regarda le plafond, la porte, s’allongea, ferma les yeux, se releva, il était prêt à tourner en rond. Une seule chose le hantait, que faisait Victoria à cet instant précis ? Finalement, n'y tenant plus, il se décida à aller la voir.

Une fois dans la rue il ne savait pas vraiment où aller, comment savoir si elle vivait encore dans leur maison ? Mais ses pas le menaient inévitablement vers le southern district, puis vers leur ancien nit d’amour, l'air extérieur lui faisait du bien et il prenait de grandes inspirations pour essayer de faire taire son coeur qui cognait trop fort dans sa poitrine. Il monta le perron, hésita une longue minute avant de frapper à la porte. Il ne savait pas s’il espérait qu’elle lui ouvre ou le contraire, finalement il ne savait pas ce qu'il allait lui dire et plus que tout, il était conscient du choc qu'elle allait avoir en le trouvant sur le pas de porte. Il avait les mains moites et se sentait fiévreux malgré le vent frais qui aurait dû le faire frissonner.

Alors qu’il se trouvait devant cette porte close, le temps s’étira en une attente insoutenable et Donovan aurait milles fois voulu faire demi-tour. Maintenant qu’il était là, il mesurait toute l’importance de son départ il y a un an. Il se doutait qu’il ne serait pas simple pour lui de reconquérir Vicky, voir même qu’elle ne lui pardonnerait jamais son abandon. S’aurait été trop facile qu’au nom de leur amour, aussi fort ait il put être à l’époque, elle tombe dans ses bras à la seconde ou elle ouvrirait cette porte. D’ailleurs lorsqu’il allait se retrouver en face d’elle, qu’allait-il lui dire ? Il avait quitté Bangkok sur un coup de tête, tout comme sa chambre d’hôtel il y a quelques minutes, sans savoir comment il allait devoir se comporter devant son ex.
Donovan avait été un jeune homme de nature plutôt angoissé, qui ne prenait pas de décisions à la légère, pourtant dès qu’il avait compris qu’il ne pourrait pas rendre Victoria heureuse, son comportement avait totalement changé. Peu importait le poid de ses décisions, il ne souhaitait que son bonheur à elle et il savait qu’il ne serait pas complet si elle n’avait pas d’enfant, donc que jamais lui, Don Every, ne pourrait jamais la rendre pleinement heureuse. Il avait pensé qu’elle pourrait avoir une autre chance avec un autre homme, un homme qu’elle réussirait à aimer autant qu’elle l’avait aimé lui et qui lui donnerait cet enfant qu’elle attendait tant. Finalement, malgré l’aspect égoïste au premier abord, sa démarche était totalement altruiste puisqu’il avait sacrifié son bonheur à lui dans l’espoir qu’elle trouve le sien.

Alors qu’il était perdu dans ses pensées, il sursauta légèrement lorsque la porte s’ouvrit. Et elle apparut. Toujours aussi belle, au départ surprise de le voir devant elle, son visage se ferma rapidement et c’est une Victoria froide qui l’accueillit. « Qu’est ce que tu fais là ? » une question bien intéressante, Donovan chercha milles façons de lui répondre, mais tout ce qui lui venait était maladroit et empreinté. Il passa la main dans ses cheveux, signe de nervosité de sa part. Mais Vicky ne lui laissa pas le temps de répondre « C’est ton père qui t’a forcé à venir, n’est-ce pas ? » Cette deuxième question, Don ne s’y attendait pas. Certes son père avait voulu le forcer à quitter Bangkok au départ, mais lorsqu’il avait compris qu’il n’avait plus d’emprise sur les choix de son fils il ne s’était plus melé de sa vie par la suite.

C’est vrai que Every père avait vu en Victoria la jeune femme idéale pour Donovan, une fille de famille convenable, jolie, bien élevée et ambitieuse. A l’époque où Don avait commencé à sortir avec la jeune femme, son père l’avait félicité pour son choix, lui assurant que c’était la meilleure décision qu’il avait pris pour son avenir et pour son image. Le jeune homme en avait été un peu froissé, mais son amour pour elle était tellement fort qu’il n’avait pas relevé la remarque de son père. Et il savait que ce fut une des plus grosses déceptions de sa vie lorsque Don avait choisi de fuir Vicky. Mais les choix du jeune homme ne concernaient pas son père, il était seul maître de ses décisions, quitte à se mettre son père à dos.

« Je … non je suis revenu, de moi-même, ça fait un moment que mon père ne dicte plus mes actes Vicky » Il aurait voulu un premier contacte plus doux, plus amical, au lieu de ça, il avait répondu sèchement à la question de Victoria, parce que tout ce qui concernait son père avait tendance à le mettre facilement à cran.

Lorsque Victoria invita Donovan a entrer il ne fut pas surpris que ce soit pour éviter les regards indiscrets, la jeune femme avait une tendance maniaque à vouloir contrôler son image coute que coute. Ça avait souvent amusé Don par le passé, il trouvait cette coquetterie adorable et ça la rendait tellement différente de ces filles qui voulaient à tout prix se monter, étaler leur vie, leurs bonheurs comme leurs conflits aux yeux de tous. Mais aujourd’hui, il fut déçu qu’elle se contrôle à ce point.

Néanmoins cela ne démonta pas notre homme pour autant, il entra dans sa maison, pour la première fois depuis un an, il eut l’impression que son estomac se tordait alors qu’il posait le regard sur ce long couloir qu’il avait si souvent arpenté, de nombreux souvenir de leur bonheur passé lui revinrent en mémoire mais l’heure n’était pas au larmoiement. « Vick je … » Alors qu’il se retournait pour lui parler, il remarqua que Vicky n’était plus derrière lui, il ne l’avait pas entendu s’éclipser et un peu décontenancé, il regarda autour de lui, ne sachant que faire de sa bonne volonté. Il tomba nez à nez avec une photo qu’il ne connaissait pas, Victoria y posait, souriante, avec un couple de jeunes mariés. A l’époque où il vivait encore ici, une photo d’eux deux lors d’un séjour à Sydney avait eu cette place. Mais il remarqua que toutes les photos du couloir avaient été remplacées par de nouvelles dont il ignorait l’histoire. Il n’eut pas le temps de s’émouvoir que la jeune femme revenait déjà, trainant une lourde valise derrière elle. Il ne comprenait pas quel était son but et la regarda avec un air dubitatif, était-elle en train de quitter la maison ?

« Ce sont les affaires que tu as laissé. Bon. Maintenant que tu es là il faut qu’on parle de la maison. Comme tu sais elle est à notre nom. Je ne peux pas la vendre sans ton accord. Seulement je ne veux pas la vendre, j’achète ta part. » Il venait de recevoir un réel uppercut dans le visage et fut sonné durant un instant, sa réaction devait se voir à ses yeux exorbité fixant tour à tour Victoria et la valise. L’effet de surprise ne dura que quelques secondes et déjà il reprit ses esprits, un masque inexpressif marquait maintenant sa face, il se racla la gorge.

« Tu n’aurais pas dû te donner tout ce mal pour rassembler toutes mes affaires, je reconnais bien la maniaque que tu étais, au moins les choses restes identiques à Bowen. » Qu’il était idiot de parler sur la défensive. Mais il lui en voulait tellement de prendre cet air si froid, il venait de traverser l’océan pour la récupérer et il n’avait droit à aucun plaidoyer, que l’accusé accepte sa sentence sans ciller « Je ne veux pas d’une grande maison, je n’ai jamais aimé entretenir un jardin. Si tu la veux prends là, ce n’est qu’un bien, une belle maison ne fait pas qui tu es, ce n’est que de l’apparat. » Si lui n’avait jamais été à l’aise avec le faste de son nom, l’argent et l’image qu’il se devait de donner, si il avait toujours aspiré à une vie bien plus simple et sans prise de tête, il savait que Victoria, sans être superficielle, appréciait le luxe et l’apparence, il ne lui était donc pas compliqué de comprendre que cette grande maison signifiait pour elle la réussite professionnelle et surement, dans le fond, une vengeance aux yeux des autres, contre celui qui lui avait fait tant de mal, lui.

Certes il était clair que l’entente n’allait pas être cordiale entre les deux ex, ils se regardaient maintenant en chien de faïence, comme deux étrangers qui se vouaient une haine mutuelle. C’était stupide et ce n’était pas du tout la façon dont Donovan voulait que les choses se passent. Ils étaient censés être des adultes, avoir un self contrôle, au lieu de ça Victoria venait de lui reprocher d’être parti comme un lâche, elle avait même osé utiliser le terme de « looser », quelle vilaine expression. Il est certain que le jeune homme venait de l’énerver sérieusement, tout comme il était certain qu’elle était profondément blessée et qu’elle tentait de le cacher. Donovan la connaissait par cœur, il savait interpréter ses réactions et ce depuis toujours, n’avaient-ils pas grandis ensembles ? Il est la seule personne dont il pouvait dire qu’il la connaissait depuis toujours, il savait quand elle était heureuse ou triste, énervée ou touchée par quelque chose, il savait lire en elle. Pour elle ça avait toujours été plus compliqué, Donovan n’étant pas un grand bavard ni très démonstratif, Victoria avait toujours trouvé frustrant de ne pas pouvoir le comprendre aussi bien qu’il la comprenait. Aujourd’hui il tirait une grande force de ce défaut, aujourd’hui, alors que lui pouvait voir combien elle souffrait et tout le mal qu’elle se donnait pour le cacher, lui ne montrait rien, il restait de marbre alors que dans le fond il mourrait d’envie de la prendre dans ses bras, d’apaiser sa peine et de s’excuser et s’excuser encore, pour qu’elle comprenne enfin combien il regrettait son erreur.

« Moi je n’ai pas grand-chose, je n’ai que mes regrets et peut-être un peu d’espoir de pouvoir me racheter un jour… Je suis parti pour des raisons qui me sont propres, je n’attends pas que tu les comprennes ni que tu veuilles les entendre… » Il semblait chercher ses mots, il ne savait pas quoi dire, comment s’expliquer, il n’avait jamais été bon à ça, porter son cœur devant soi et s’ouvrir aux autres n’était pas son truc, il ne savait que se taire et laisser passer la tempête. Pourtant il était pleinement conscient qu’en revenant à Bowen il lui devrait des explications, à Vicky et aux autres d’ailleurs, il savait que pour peu qu’on veuille bien lui pardonner, tourner la page ou bien simplement le comprendre, il devrait parler et rendre des comptes.

Alors que Victoria continuait de cracher son venin, alors qu’elle lui demandait à quoi il s’attendait en réapparaissant, alors qu’elle lui parlait plus durement qu’il ne l’avait jamais entendu parler, Donovan encaissait, sans broncher.
« Je ne m’attendais à rien, s’aurait été trop simple que tu me tombe dans les bras comme tu dis Vick, il fallait que je revienne, c’est tout, il fallait que je te vois … tu aurais préféré que je me cache de toi jusqu’à ce qu’un jour on tombe nez à nez dans la rue, comme deux idiots ? Je ne suis pas si lâche que ça. »

La seule chose qui pouvait trahir Donovan sur ce qu’il pensait ou ressentais vraiment à ce moment précis aurait pu être l’expression dans ses yeux, la flamme douloureuse qui dansait et rendait son regard triste.

Le jeune homme ressenti d’un coup une grande lassitude comme si toute la fatigue et la peine du monde venait de s’abattre sur lui, sûrement le contre coup de son voyage, finalement il s’était à peine posé en arrivant à Bowen, avant de débarquer chez lui. Il cala contre un mur pour se soutenir, il comprenait bien que le tournant de leurs retrouvailles se terminerait probablement sur une dispute et qu’il ne prendrait clairement pas Victoria dans ses bras pour ce soir. De toute façon il n’était pas vraiment démonstratif dans ses gestes, il avait toujours peur d’être maladroit. Il lui semblait que la colère de celle qu’il aimait ne faisait qu’augmenter de plus en plus, bien entendu elle lui demandait des comptes, bien entendu elle lui reprochait de l’avoir abandonnée sans explications, sans donner une seule nouvelle, mais qu’aurait-il pu faire d’autre, il était perdu lui-même, il avait beau l’aimer, il savait qu’il ne la rendrait jamais complètement heureuse, il devait le lui expliquer, se faire comprendre à défaut de se faire pardonner, mais lui qui avait tant de mal à parler, c’était l’exercice le plus difficile qu’il lui ait été donné de faire.

« Je ne pouvais pas t’appeler, pour te dire quoi ? Que j’étais à Bangkok, que je ne savais pas quoi faire de ma vie et que je préférais me perdre seul plutôt que de t’entraîner avec moi ? Victoria cette solution ne n’y ai pas réfléchit, je n’ai pensé à rien quand je suis parti, c’est le seul moyen que j’ai trouvé pour te faire le moins de mal possible … c’était sans préméditation, il fallait que je parte c’est tout, je pensais que tu oublierais, tu es jeune, ils sont tous fous de toi … tu aurais pu trouver un autre homme qui te fasse cette enfant que tu voulais tant. »

Voilà c’était dit, avec beaucoup trop de douleur dans la voix, il ne pouvait pas lu faire d’enfant et c’est ce qui le rongeait. Evidemment elle ne verrait pas la chose sous cet angle, bien entendu elle dirait certainement qu’il a eu tort, qu’il avait été lâche, et elle aurait probablement raison, mais il assumait totalement sa fuite. Quant aux raisons de son retour, deuxième question de Victoria, il n’y en avait qu’une seule, c’était elle, l’amour qu’il lui portait, le manque qu’il avait d’elle, une raison bien égoïste encore une fois irréfléchie, il avait peur de le lui dire, peur de se faire jeter, peur d’être revenu pour rien, même si elle ignorait encore qu’il pouvait se montrer obstiné et qu’il ne renoncerait pas à elle. Alors il préféra ne pas répondre, pas encore.

Victoria n’écoutait rien de ce qu’il disait, elle entendait certes, mais elle était trop renfermée dans sa colère pour comprendre l’effort que ça demandait à Donovan d’être là à justifier ses actes. Mais il ne lui en voulait pas, il n’en avait pas le droit, il savait qu’il avait fauté et surtout il savait qu’elle était profondément blessée. Il comprenait combien ce qu’il avait fait avait été égoïste mais maintenant que c’était fait il ne pouvait pas revenir en arrière, il devait juste payer les pots cassés, tenter de recoller les morceaux si possible, mais il se doutait tout serait différent.

« Non je n’aurais pas dû faire ça, je me souviens parfaitement des promesses qu’on s’était fait. Mais te voir souffrir jour après jour, te voir regarder ton ventre avec envie tous les matins devant la glace … avec le temps on serait devenu comme tous ces couples qui finissent par se déchirer par désespoir et c’est tout ce que je voulais éviter »

Aujourd’hui ils se déchiraient par ce qu’ils s’aimaient trop, elle lui en voulait pour de réelles raisons. Il aurait détesté qu’ils se fassent la guerre à cause d’un enfant qui ne venait pas. Ce n’étaient de la faute ni de l’un ni de l’autre dans le fond, juste une nature trop capricieuse qui les avaient privés de ce qu’ils désiraient et s’aurait été trop dur pour Donovan de voir Victoria le regarder avec regret, le regret qu’il ne puisse pas lui faire d’enfant, il se sentait déjà assez fautif alors qu’il n’avait pas à l’être alors s’aurait été la pire raison pour une séparation.

Il voyait à quel point Victoria souffrait et bien entendu ça lui faisait mal, mais elle était tellement sur la défensive qu’une tentative d’approche quelle qu’elle soit n’était pas envisageable. Et elle reposa la même question, insistante, il savait qu’il devrait y répondre tôt ou tard, elle était capable d’insister jusqu’à ce qu’il craque, c’était un de ses petits jeux favoris, elle ne renonçait pas, jouait avec les nerfs de l'autre, même si aujourd’hui c’était tout sauf un jeu, on devinait qu’il était important pour Vicky d’avoir une réponse. Alors Donovan se redressa, il s’approcha doucement tout en restant à une distance convenable, poussa un long soupire.

« Je descends à peine de l’avion, la seule raison qui fait que je suis ici c’est toi, je n’ai eu qu’une idée en posant le pied à Bowen, te revoir. Même si c’est pour m’en prendre plein la figure… » Dans cette dernière phrase on sentait une pointe d’amertume.

A peine sa dernière phrase prononcée que déjà il s’en voulait. Donovan s’emportait rarement, il avait un caractère à rester calme, flegmatique, mais parfois il dérapait et lorsque ça arrivait, les mots dépassaient sa pensée, il ne réfléchissait plus et bien entendu, ça dérapait. Surtout avec une Victoria déjà bien en colère. Bien entendu il pouvait s’en prendre plein la figure, il l’avait mérité et il le savait pertinemment. Mais il souffrait trop de ne pas pouvoir la serrer dans ses bras après une si longue absence que s’en avait été trop. Et lorsqu’elle lui reprocha d’être parti alors que c’était « leur combat », il ne put que baisser la tête, certes elle avait raison, mais c’était aussi un combat perdu d’avance et il n’avait pas été capable de se battre d’avantage.

Alors qu’elle s’avançait, visiblement rageuse, il ne savait pas à quelle sauce il serait mangé. Elle commença à déblatérer, parlant vite, il peinait à tout retenir pourtant l’essentiel était là. Ils allaient se marier, c’est vrai, il avait choisi son costume, sobre, chic, la cérémonie était déjà bouclée, ils allaient célébrer leur amour devant un parterre d’invités … il ne lui avait jamais dit mais l’idée de ce mariage l’angoissait. Il n’était pas spécialement partisans de cette institution, il aurait très bien pu vivre auprès d’elle, toute sa vie, comme il le désirait, mais exhiber leur bonheur aux yeux d’une foule dont la moitié était hypocrite, ça l’avait toujours dérangé. Au mieux il aurait préféré une petite célébration avec peu de personnes, la famille, puisqu’il le fallait, et surtout leurs amis, les vrais, ceux qui étaient réellement heureux pour eux. Mais il avait concédé à épouser Victoria en grande pompe parce qu’elle le souhaitait et par ce que leurs familles l’exigeaient. Mais oui, encore une fois oui, il avait fuis, il avait fait ce choix pour eux, elle avait raison.

Finalement elle arriva très près de lui, il pouvait sentir son souffle rapide, preuve qu’elle était vraiment furieuse, et elle pointa ce doigt sur lui. Leur premier contact physique, on aurait pu rêver mieux … Il était désarmé, Victoria si proche de lui, il perdait le contrôle de lui-même, il ne voulait pas se battre, ils commençaient à peine et déjà il voulait hisser le drapeau blanc. Alors avec douceur il attrapa la main que Vicky pointait sur lui, il la prit dans les siennes pour tenter de l’apaiser.

« Je suis désolé Victoria, il n’y aura rien d’assez fort pour exprimer mes regrets, je n’attends pas que tu me pardonnes, mais ne me fais pas la guerre. J’ai fuis parce que j’ai eu peur, parce que je suis lâche, mais ça ne change rien au fait que je t’aime, que je tenterais tout pour te le prouver. »

Il tenta de l’attirer à lui, de la prendre dans ses bras, sans être sûr qu’elle se laisserait faire. « Tu es ce qui m’est arrivé de meilleur, je l’ai toujours sur mais cette rupture me l’a clairement rappelé. »