Tu es mon meilleur | Donovan & Vicky (terminé)

Il vit cette première larme couler sur la joue de celle qu’il aimait et son cœur se brisa une nouvelle fois. Ces retrouvailles les éprouvaient tous les deux, et alors que Victoria lui susurrait qu’elle le détestait tout en se callant contre lui, Donovan se détestait lui-même aussi. Pourtant sa chaleur contre son torse lui fit un bien fou. Bien entendu qu’elle le détestait, elle le détestait d’être parti, de l’avoir abandonnée presque devant l’hôtel, d’avoir laissé tomber leurs rêves, d’avoir fui contre l’épreuve, de ne pas avoir été l’homme fort qu’elle pensait aimer. Elle avait toutes les raisons du monde pour le haïr de tout son être, pourtant lorsqu’elle se blottit contre lui, il sentit que Vicky s’abandonnait totalement dans ses bras, il sentit que c’est ce qu’elle avait toujours voulu et bien qu’il s’en sente d’autant plus coupable, il ne put s’empêcher de ressentir un soulagement immense. Finalement, après les cris, après les reproches, il semblait rester un espoir, même infime, elle l’aimait encore c’était certain.

Lorsque doucement, entre deux sanglots, elle lui demandait ce qu’il ferait si quelqu’un qu’il aimait le laissait tomber, il ne sut quoi répondre, il leva les yeux au plafond en soupirant doucement, comme s’il pouvait y trouver une réponse, vainement. « Je pense que je me sentirais démuni, trahi, tout comme toi aujourd’hui… » Il avait parlé de façon honnête, il n’avait pas l’habitude de mentir. C’était un fait, il était quelqu’un de loyale en général, quelqu’un qui aime aussi que l’on soit loyal envers lui et comme n’importe quelle personne de normalement constituée, il aurait eu horreur d’être abandonné là et en aurait voulu à celui ou celle qui lui aurait fait ce coup. Mais encore une fois, il est important de répéter qu’il avait agi sur un coup de tête, que c’était pour lui la solution la mieux adaptée à l’instant T et que même s’il avait pensé aux conséquences, il pensait que rester aurait été bien pire.

« Je ne sais pas quoi te dire, j’ai vraiment eu ce besoin de partir, pour moi-même mais surtout pour toi. J’ai pensé que ce serait la meilleure chose à faire. Je sais qu’on aurait pu trouver des solutions. Mais je ne supportais pas que tu me regarde comme celui qui était incapable de te faire cet enfant. J’ai … ma fierté moi aussi, un orgueil qui a été salement amoché en apprenant mon infertilité. Te voir souffrir c’était insoutenable … » Encore une fois il cherchait ses mots, les plus sincères, les plus vrais pour qu’elle comprenne dans quel état d’esprit il se trouvait, mais ce n’était pas simple. Et alors qu’il cherchait la meilleure façon de s’exprimer, il la serra d’autant plus fort, il sentait son cœur battre près du siens, jamais il n’aurait voulu la lâcher.

Alors que Donovan avait enfin la sensation qu’il prenait le contrôle, que Victoria baissait sa vigilance, qu’elle s’abandonnait finalement dans ses bras, elle le supplia d’arrêter et son corps se défit du siens, elle alla s’appuyer contre le mur en face de lui et Don comprit qu’il l’avait perdu. Ne plus sentir sa chaleur contre le fit frissonner. Il croisa ses bras autour de ses épaules, comme pour contenir un peu de cette chaleur échappée.
Maintenant Vicky fuyait son regard, il savait pertinemment pourquoi, celle qui se voulait forte, dominante et fière venait de baisser sa garde, elle avait osé laisser parler son cœur, elle avait montré ses larmes et elle semblait s’en vouloir de s’être montré faible et désarmée. Parce que ça crevait les yeux qu’elle aimait encore Don, qu’elle l’avait dans la peau, mais aussi qu’elle lui en voulait trop pour le laisser revenir et tout pardonner parce qu’il la prenait dans ses bras. C’était compréhensible et bien qu’il lui en veuille de ne pas plus se laisser aller, il savait depuis le départ qu’il ne la retrouverait pas si facilement que ça et qu’il devrait faire ses preuves pour avoir une infime chance de revenir dans la vie de la jeune femme. Il acceptait les règles, il allait prendre son temps, il allait être charmant, charmeur, adorable. Mais un autre jour, aujourd’hui il en avait assez fait.

Il hocha la tête, la regarda une dernière fois avant de se décider à quitter la maison, comme elle le lui demandait. Elle était chez elle après tout, il n’allait pas s’imposer si elle ne voulait plus le voir. Il se sentait lourd, plein de regrets, plus lourd que cette valise pleine de souvenirs qu'il attrapait pour partir

« Je ne compte pas te faire plus de mal … mais je sais que tu as besoin de moi dans ta vie, autant que j’ai besoin de toi. »
Ça sonnait comme un son de défit, c’était une évidence de toute façon, elle et lui, mais il la défiait de se passer de lui, maintenant qu’il était revenu. Victoria savait qu’il était de nouveau en ville, prêt à revenir dans sa vie, à reprendre son rôle, elle avait dorénavant les cartes en main, si elle voulait le revoir, elle n’avait qu’un signe à lui faire. Bien entendu, elle pouvait encore le retenir, il n’avait pas encore passé la porte. Mais déjà il lui tournait le dos, prêt à quitter la maison. En un mouvement d’épaule, il tourna légèrement la tête.

« Je suis descendu dans l’hôtel en centre-ville, près du parc, chambre 37 … »