Retrouvailles fortuite [Pv Khaleen]

I'TS TIME TO REMEMBER

I need to know now, can you love me again ?

Un bruit sourd et répétitif, une sorte de tac tac permanent, voilà ce qui m’embuait l’esprit, voilà ce qui me perturbait. J’avais les yeux rivés sur mon bureau et des mèches blondes entouraient mon visage fatigué. « Khaleen ? Tu es avec nous ? » Je relevais la tête en secouant celle-ci, j’observais alors tour à tour les personnes qui étaient autour de moi, tout le monde me dévisageait et je détestais cette sensation semblable à celle que pouvait ressentir une bête de foire. Le bruit n’avait pas arrêté, il résonnait toujours dans mon esprit, il commençait à m’agacer de plus en plus. « Oui oui… quelqu’un peut arrêter ce truc ? » Voyant les yeux ahuris de mes collègues, j’abaissais le regard sur ma main avec une mine déconfite. Je produisais ce bruit depuis maintenant un quart d’heure à l’aide de mon stylo sans même m’en rendre compte. Je déglutissais alors en relevant le regard comme si de rien n’était, comme si ce passage avait pu être balayé de ma mémoire et j’invitais alors mon collègue à finir sa présentation tout en essayant de me garder concentrer. Les réunions du même genre s’enchainaient dans mon emploi du temps et plus les jours passaient, plus j’avais l’impression de m’enraciner dans la ville de Bowen. Celle-ci n’avait duré qu’une heure, pour ma plus grande joie, mais il arrivait que ce genre d’affaire dure encore et encore jusqu’à une journée entière, oui une journée entière où je devais rester assise à une table, à simplement écouter les gens parler des nouveaux taux de l’entreprise, de la future clientèle ou des futurs projets. Tout cela m’agaçait, tout cela me sortait par les yeux, je n’étais décidément pas faite pour être une femme d’affaires et à chaque minute qui passait je maudissais mon père de m’avoir projeté à cette place, pourtant confortable mais pas vraiment faite pour moi au sein de mon entreprise.

À peine la réunion terminée, j’avais sauté de ma chaise en attrapant des dossiers, je n’avais qu’une envie, celle de rentrer chez moi, de me faire couler un bon bain et de me détendre jusqu’à m’endormir, laissant battre mon cœur au rythme de la musique que diffuserait la radio. Je soupirais alors en attrapant mon manteau et sortais le plus vite possible des locaux, je n’avais pas envie de me faire alpaguer par quelqu’un d’autre qui m’exposera des théories dont je n’avais rien à faire. Mon père me disait pourtant que j’avais ça dans le sang, que j’avais du talent et qu’un jour je reprendrai son entreprise, mais comment lui dire que je détestais tout cela ? Les affaires, le travail en bureau et tout ce qui allait avec. Moi ce qui me faisait vivre c’était la danse, se sentir aimée parce que l’on sait s’exprimer pour les autres avec pour seul outil son corps. Danser me manquait, mais c’était également devenu une souffrance que j’essayais d’enfouir depuis un bout de temps maintenant, une chose parmi tant d’autres. Je descendais les escaliers tête baissée et sortais du bâtiment mon sac sur l’épaule et mes dossiers serrés contre ma poitrine. Je fonçais à une allure incroyable sans forcément regarder où j’allais, si bien que j’avais fini par rentrer dans quelque chose, plutôt quelque car la chose en face de moi avait réagi en m’attrapant le bras. « Oh non… » C’est la réaction que j’avais eue en posant mon regard sur le sol. Sur le coup je ne m’étais pas préoccupée de l’état de la personne en face bien que je me doutais qu’elle allait bien vu mon gabarit, non sur le coup je me souciais de mes dossiers étalés par terre. Je portais alors machinalement une main sur mon front en fermant les yeux, me traitant de tous les noms, puis je me baissais, j’étais dans une bulle, une bulle dans laquelle j’oubliais de m’excuser, où je me pensais visiblement seule…

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

I'TS TIME TO REMEMBER

I need to know now, can you love me again ?

J’étais accablée par cette journée et plus que fatiguée à cause de la semaine qui précédait cette journée, et à cause de la semaine avant, et celle encore d’avant. Je n’arrivais pas à m’habituer à Bowen, je n’arrivais pas à me sédentariser, et par-dessus tout je me sentais seule. Certes j’avais laissé mes amis derrière moi lorsque j’avais décidé de partir en tournée pour faire ce que je rêvais depuis toute petite seulement… Seulement ici ce n’était pas pareil. Au fond j’avais tout perdu, je n’avais pas revu les gens que j’aime depuis les lustres, j’avais perdu beaucoup d’amis, je n’avais pas petit ami, je ne faisais que travailler et surtout je ne pouvais plus danser. J’avais juste l’impression d’être une âme en peine errant de ces stupides rues que je connaissais déjà par cœur. Chaque soir je priais presque pour qu’il se passe quelque chose, pour qu’il m’arrive quelque chose, ou tout simplement pour que mon père débarque en me disant que je pouvais déménager à ma guise, pour faire ce qui m’inspire, mais les jours passaient et rien de tout ça ne se déroulait. Le pire dans tout ça c’est que cela me rendait nostalgique et que l’être était une mauvaise chose pour moi. À l'heure actuelle ma vie était à mes yeux un échec cuisant, alors lorsque je me laissais envahir par mes souvenirs et mes songes, les larmes me montaient directement aux yeux et je n’avais plus qu’à tenter de les ravaler. J’avais l’impression d’avoir perdu tant de choses, et aujourd’hui j’avais tout simplement l’impression de stagner. Voilà, je stagnais littéralement, comme à ce moment même alors que j’étais baissée en train de ramasser mes stupides feuilles constituant un dossier, histoire de travailler encore chez moi comme si cela ne suffisait pas. Je tentais en vain de garder l’équilibre sur mes talons tout en me penchant pour ramasser les feuilles, j’étais déjà dépitée à l’idée de chercher à quel dossier appartenait chaque feuille et je me permettais de souffler assez fort car j’étais lassée de tout ceci, je me pensais sur le coup la femme la plus malchanceuse du monde.

« Khaleen ? Je... J'ignorais que tu étais à Bowen. » Je continuais de ramasser mes feuilles sans y prêter attention, cependant je répondais machinalement un « Oui ? » comme lorsque des réunions barbantes auxquelles j’assistais. La dernière feuille ramassée j’attrapais le paquet que me tendait la personne en face d’elle mais je m’arrêtais soudainement. Cette voix… et puis comment connaissait-il mon nom d’abord ? Je relevais alors automatiquement mon regard vers l’inconnu que j’avais percuté précédemment et devenais d’un coup toute blanche. Je me laissais alors tomber sur les fesses mes jambes chancelant sous mon maigre poids. « Aaron ? » Je n’en revenais pas, qu’est-ce qu’il faisait ici ? La bouche entrouverte je l’observais en silence, il était visiblement dans le même état que moi. Je lâchais alors dans la précipitation mes feuilles par terre et me jetais à son cou pour l’enlacer. Enfin quelqu’un que je connaissais dans cette ville, enfin un visage appartenant à mon passé, et enfin un souvenir heureux retrouvé. Je le serrais fortement tout en humant son odeur, profitant de ses bras fermes dans lesquels j’aimais me blottir autrefois. Mon cœur battait à mille à l’heure si bien que je me dégageais de lui pour me calmer. J’avais un immense sourire aux lèvres, j’étais d’un seul coup béate, tout s’était envolé autour de moi. Aaron avait été mon seul amour et ce serait mentir que de dire que mon cœur l’avait oublié. Je me raclais alors la gorge tout en époussetant mes vêtements, reprenant un air calme. « ça fait plaisir de te voir tu… tu as l’air en forme ! Mais qu’est-ce que tu fais ici ? »

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

I'TS TIME TO REMEMBER

I need to know now, can you love me again ?

Cet allait tout changer. Parfois il y a des moments où l’on sait directement que notre vie va changer du tout au tout, pour moi c’était à ce moment précis. J’avais simplement relevé les yeux pour me laisser emporter par le regard si entraînant d’un homme qui hantait mes souvenirs. Une vague d’émotion avait soudainement envahi mon corps, j’avais eu un frisson puis j’avais eu soudainement très chaud, puis les idées s’étaient bousculées dans ma tête et j’avais été prise d’une soudaine envie de le gifler mais au lieu de ça je l’avais serré dans mes bras. Qu’est-ce qui m’avait pris de me jeter à corps perdu dans ses bras, en manquant bien sûr de le faire tomber et moi avec ? Si quelque nous voyait, comme ça affalés dans la rue, il y aurait de quoi se poser des questions, surtout si ce quelqu’un travaillait dans l’entreprise de mon paternel. Une boule noua d’un coup mon ventre pendant que j’étais prise de remords, je voulais alors m’excuser mais j’avais trop peur d’être ridicule, après tout c’était fait un point c’est tout. Je prenais alors un instant à moi afin d’observer ses traits. Il n’avait pas changé, il avait toujours cette beauté envoutante à laquelle j’avais succombé plus jeune. Lorsque j’étais plus jeune… aussitôt mon petit sourire disparaissait en même temps que ma conscience. Mes yeux toujours rivés sur son visage j’étais désormais absente, je me laissais simplement bercer par le flot de souvenirs me donnant presque mal au cœur. Car oui mon cœur battait la chamade à ce moment, il battait comme au premier jour où je l’avais rencontré, il battait comme le jour où il m’avait embrassé, comme tous les jours qui suivaient, il battait même comme le jour où il m’avait quitté, comme le jour où mon père m’avait annoncé qu’il avait trouvé quelqu’un d’autre pour me remplacer bien que mon cœur, ce jour-là, ait été totalement brisé.

Je reprenais soudainement conscience alors que mon cœur se mettait à avoir des ratés, et voilà que mon stupide subconscient me faisait souffrir une fois de plus inutilement. Mes yeux se mettaient alors à papillonner à cause du manque d’oxygène et je lui adressais un léger sourire, comme celui que j’adressais par politesse lors de mes mauvais jours. Je me remettais ensuite à ramasser une nouvelle fois mes feuilles et attrapais celles qu’il m’avait tendues. Je me sentais mal, je ne savais plus où me mettre, qu’est-ce qu’il m’avait pris de m’emballer si vite, de lui montrer tant d’intérêt, après tout il était peut-être marié, sa femme allait peut-être débarquer d’une minute à l’autre, mais surtout qu’est-ce qu’il s’était passé pour que mon cœur redémarre comme avant ? Pour me changer les idées j’abordais un sujet banal, le genre de phrase que l’on dit lors des grandes retrouvailles, le genre de phrase que l’on expédie vite fait car on ne sait jamais quoi répondre. « Je suis content de te voir aussi. Toi aussi. Je suis ici pour le travail, et toi qu'est-ce qui t'amène à Bowen ? » Je me contentais de hocher les épaules tout en désignant les dossiers que je tenais à nouveau contre moi du menton. « Pour le travail également comme tu peux le voir… » Je n’arrivais pas à me mettre en tête qu’il était à Bowen, en face de moi, c’était inconcevable car depuis le début le destin n’avait fait que nous séparer, encore et encore. Mes lèvres brulaient, j’avais envie de lui poser mille questions, pourtant je me ravisais et garder un calme un peu trop suspect. « En fait j'aillais boire un verre pour me détendre après le travail, tu voudrais m'accompagner ? » J’entrouvrais ma bouche, hésitante, est-ce que c’était vraiment une bonne idée ? J’hésitais mais en voyant son regard fondre sur moi je ne pouvais pas résister. « Hum d’accord je te suis… » Je me mettais alors à marcher à ses côtés en direction du bar présumé, pendant le trajet un silence nous avait étrangement séparé ce qui renforçait mon angoisse. Alors que je posais une nouvelle fois mon regard sur son doux visage, il semblait également me regarder, c’est là que je remarquais sa lèvre blessée. « Oh mince je t’ai fait mal ? Je suis désolée ! » Je m’empressais alors de chercher un mouchoir dans mon sac en pagaille sans vraiment y trouver l’objet cherché.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

I'TS TIME TO REMEMBER

I need to know now, can you love me again ?

Je tentais de reprendre mon souffle à chaque seconde qui défilait. Combien de fois j’avais pleuré en pensant à Aaron, combien de fois j’avais également ris. Trop de choses nous entouraient, trop de souvenirs et je voyais dans son regard qu’il n’était pas indifférent à notre rencontre. J’avais beau adopter un masque d’éternelle impassible, tout bouillonnait à l’intérieur de moi. Je voulais hurler et pleurer, lui demander pourquoi et comment il avait fait pour me remplacer si vite, et pourtant… Je voulais connaître la femme qui avait réussi à obtenir son cœur. Après tout j’avais mis tant d’années à essayer de l’avoir auprès de moi, peut-être que le destin avait eu raison de nous séparer, peut-être que le karma savait qu’il était prédestiné à une autre femme. Tout cela nous faisait souffrir en silence car j’avais eu beau avoir des relations après lui, j’avais mon cœur ne s’était attaché à quelqu’un comme avec lui. Un rictus s’afficha sur mes lèvres alors que je parlais du travail, je me rendais compte que cette vie n’était pas pour moi, et le voir après tant d’années me rendait dingue. Ce qui était complètement dingue c’était le calme qui m’envahissait soudainement alors que la gorge me brulait. Je désirais tout savoir à son sujet, je désirais lui poser un tas de questions toujours plus indiscrètes les unes des autres, pourtant je me contentais de marcher à ses côtés, totalement silencieuse. J’étais plutôt heureuse de remarquer sa lèvre blessée, au moins je pensais à autre chose qu’à nos moments passés ensemble, et je pouvais porter mon angoisse sur autre chose.

« C'est rien. Ce n'est pas toi c'est au travail. » Je fixais avec étonnement Aaron, il ne me disait pas tout, je le savais, mais pour l’instant je me contentais de poser mon regard sur sa main forte qu’il venait de déposer sur la mienne. Un sourire nostalgique s’empara alors de mes lèvres, sourire que je perdais à la seconde où il avait enlevé sa main. J’avais toujours aimé son contact, ses petites attentions qu’il portait à mon égard chaque jour. Je secouais alors légèrement la tête et fouillais à nouveau dans mon sac pour en sortir un mouchoir. « J'ai protégé ton père et j'ai dû encaisser un coup au niveau du visage. » Je fronçais les sourcils et baissais les yeux, que venait faire mon père dans toute cette histoire, et depuis combien de temps Aaron était à Bowen ? Je n’en pouvais plus, il fallait que j’explose. « Mon père ? Mais… » Je relevais les yeux vers lui mais je devinais qu’il ne m’en dirait pas plus. Je me contentais alors de souffler et de le fixer avec un air triste, puis en silence j’approchais ma main de son visage et tamponnais près de sa lèvre afin d’enlever le sang avant qu’il ne sèche, et en silence je reprenais ma route avec lui.

Je ne savais pas comment m’y prendre avec lui, comment réagir, que dire, toutes mes émotions étaient amplifiées alors je me contentais d’aller au bar en sa compagnie. Je m’introduisais dans celui-ci et me dirigeais alors en sa compagnie vers une table dans un coin discret, je voulais être isolée avec lui, je voulais parler librement. « Tu prendras quoi ? » J’enlevais alors mon manteau et posais mes dossiers à côté de mon sac. « Un cocktail, avec n’importe quoi dedans tant qu’il y a de l’alcool ! » Car oui j’avais beau ne pas tenir l’alcool, à ce moment il me fallait quelque chose de fort. Je l’observais aller commencer les boissons et revenir pour attendre en ma compagnie qu’elles soient réalisées. Je lui souriais alors faiblement, l'air plutôt gêné. J’entrouvrais alors ma bouche, je comptais le questionner à propos de son travail, de mon père et de toutes ces choses qui restaient sans réponses, seulement mon regard se porta sur sa main gauche et là j’avais soudainement eu l’impression de perdre pied. « Tu… tu es… » Ma voix s’étrangla soudainement. Il était marié et je ne pouvais détacher mon regard de cet objet si singulier.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

I'TS TIME TO REMEMBER

I need to know now, can you love me again ?

Cette réaction… Je semblais être porteuse d’une mauvaise nouvelle ou d’un geste déplacé. En même temps mon geste n’était pas quelque chose que j’aurais pu faire avec quelqu’un d’inconnu. J’avais hésité à m’approcher de lui, j’avais terriblement eu peur qu’il me repousse et qu’il se mette à déballer qu’il était heureux en ménage, que je devrais passer ma route bien qu’il ait été heureux de m’avoir revu, vous savez ce genre de scène qui vous poignarde en plein cœur. Je ne m’attendais pas non plus à une caresse de sa part, à vrai dire je m’attendais à tout sauf à un geste de recul semblable à celui d’une bête blessée et effrayée. Je me contentais de souffler et de tamponner sa blessure, c’était de ma faute, du moins la faute de mon père mais tout le ramenait à moi, pourtant le destin s’efforçait de nous séparer, drôle de chose n’est-ce pas ? Mon cœur s’emballait et j’avais une envie irrésistible de me blottir contre lui, de le toucher, de l’avoir encore près de moi ne serait-ce qu’une seconde. Nous avions été séparé si vite que je n’avais jamais vraiment eu le temps de le revoir, même après notre seconde relation qui n’avait pas non plus duré. Tout allait trop vite, c’était peut-être ça le problème, j’avais envie d’aller trop vite, de rattraper le passé alors que lui ne partageait peut-être pas cette idée. J’avais alors marché comme si de rien n’était, je ressemblais à une poupée amorphe, mon teint était fade et mes boucles blondes appuyaient ma fatigue, j’avais juste l’impression d’être hantée par des fantômes de mon passé, ce qui n’était pas forcément une bonne chose. Avant de rentrer dans le bar je m’étais même misé à grelotter, je n’avais pas forcément froid mais j’avais presque envie d’éclater en sanglots, j’avais toujours été comme ça, une fille un peu trop douce et surtout trop fragile qui se laisse toucher par tout ce qui pourrait arriver autour d’elle, une fille que tout atteint.

Au moins le bar réchauffait mon corps frêle et l’odeur y était envoutante, j’avais l’impression d’être dans un petit cocon. Je souriais soudainement à la serveuse qui me rendait agréablement mon sourire. Ce n’était pas la première fois que je mettais les pieds ici, c’est souvent dans cet endroit que je venais m’isoler pendant mes pauses, j’aimais l’ambiance qui se dégageait d’ici et puis au moins j’étais au calme pour me vider les idées. Mais désormais cet endroit aura une tout autre signification, à chaque fois que j’entrerais dans ce bar je me reverrais à cette table en compagnie de l’homme qui m’avait arraché le cœur. « Votre meilleur cocktail alcoolisé avec votre meilleur whisky s'il vous plaît. » Oui j’avais besoin d’alcool, j’avais besoin de sentir mon esprit vagabonder, j’aurais tout donné pour être dans mon bain chaud avec un verre de vin à la main, c’était certainement le programme que j’allais exécuter en rentrant. Mais pour l’instant l’heure était aux retrouvailles alors pourquoi ne pas en profiter avec le sourire pour se remémorer le bon passé ? Après tout je devais voir le bon côté des choses et avancer, Aaron devait avoir des tas de choses à me raconter et puis avant d’être un amant il avait été mon meilleur-ami non . Je comptais alors aborder un sujet banal lorsque mon regard se déporta sur sa main gauche, et l’instant d’après j’avais l’impression que tout autour de moi s’était écroulé. J’avais presque pu sentir mon cœur s’arrêter et s’effriter jusqu’à devenir un vulgaire tas de poussière. Je fermais les yeux un moment en soufflant pendant que je serrais mes mains en les joignant sur mes genoux. J’avais mal, terriblement mal, j’avais l’impression que quelque chose m’avait percutée de plein fouet. Même si je l’avais imaginé refaire sa vie, même si je savais qu’il avait trouvé quelqu’un le voir avec cette bague c’était trop.

« Marié. Je l'étais, elle est décédée il y a un an. » Je me contentais de hocher la tête, je me réjouissais presque de la mort de sa femme par jalousie, car oui j’étais jalouse qu’il puisse aimer quelqu’un d’autre que moi. Mais au final, m’avait-il vraiment aimé ? J’en doutais fortement à présent. Je reprenais mon souffler tentais de penser à autre chose. « Je garde la bague en tant que souvenir mais aussi pour que les femmes ne viennent pas trop vers moi. » Je paraissais d’un coup totalement froide, je savais qu’il était ému, que la mort de sa femme était quelque chose qui avait dû créer une large cicatrice, cependant je ne pouvais être là pour lui, c’était trop dur. J’observais alors la serveuse nous apporter les boissons pendant que je tentais de ravaler les larmes qui essayaient de franchir la barrière de mes yeux. J’attrapais alors mon verre et le portais directement à mes lèvres pour boire une grande quantité du liquide. Je le reposais ensuite et lâchais « Je suis désolée. » Tout en évitant son regard le plus possible. J’ignorais si je l’étais ou pas, tout était tellement confus, mais qu’importe, l’essentiel était de le faire croire à mon interlocuteur. « Et toi, tu es toujours avec quelqu'un ? » Je relevais mon regard sur lui, un regard méprisant, emplit tout d’un coup de haine. Comment pouvait-il me demander ça ? Il avait totalement détruit ma vie sentimentale en se foutant de moi et il osait demander si j’étais heureuse en ménage ? « Tu sais quoi, c’était une mauvaise idée de venir ici… je devrais y aller. » Je me penchais alors pour attraper mes affaires en laissant Aaron réagir à ma phrase cinglante et je m’apprêtais à me lever pour décamper d’ici à toute vitesse.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

I'TS TIME TO REMEMBER

I need to know now, can you love me again ?

Je soupirais, après tout qu’est-ce que je pouvais faire d’autre ? J’étais dépitée, totalement absente, vide à l’intérieur, je me sentais comme l’une de ses héroïnes de films romantiques que je regardais souvent avec un pot de glace à la main, vous savez celles qui sont d’un coup heureuses et amoureuses et qui l’instant d’après se retrouvent en larmes et le cœur brisé parce qu’elles ont aperçu l’homme de leur vie aux bras d’une autre femme, tout sourire. J’éprouvais la même sensation, j’avais désormais cette envie de tout plaquer et de fuir, de me noyer dans ma baignoire afin de tout oublier. Après tout à quoi je m’attendais ? Voilà un bout de temps qu’Aaron et moi ne nous étions pas revus et en fille-fleur bleue que j’étais je pensaié qu’il allait revenir dans mes bras à la première occasion . J’étais décidément sotte, j’avais trop d’espoir et au final cela me faisait souffrir, réalise Khaleen, ouvre les yeux un peu. Mon regard ne pouvait se détacher de sa bague qui sciait son doigt à la perfection. J’étais jalouse car il s’était marié, il avait certainement dû porter un beau costume, il avait dû embrasser sa femme en belle robe blanche, et ils avaient probablement coupé le gâteau ensemble, je me prenais à avoir une expression de dégout accroché à mon doux visage en pensant à tout cela, tout simplement parce que c’est ce que j’avais toujours rêvé d’avoir. Je me torturais l’esprit encore et encore, me faisant souffrir pendant que mon cœur avait des ratés. Il s’était marié ! Je n’en revenais pas, c’était encore pire qu’une vulgaire amourette, là il avait posé le genou à terre et lui avait fait sa demande car il avait terriblement aimé cette femme. Je me sentais démunie et dépourvue d’amour, j’avais beau être en face de lui, je me sentais terriblement seule. J’avais toujours été une fille sensible, certes, mais qui ne gardait pas sa langue dans sa poche quitte à avoir des représailles, or là j’avais la voix coupée, je ne savais même pas quoi dire, tout allait trop vite dans mon esprit, si bien que j’avais la tête qui tournait. Je me sentais vaseuse tout d’un coup et je savais qu’il était temps de déguerpir, de prendre la fuite, de couper court à notre rencontre, parce qu’il fallait que je passe à autre chose.

Je m’étais donc levée d’un bond, tentant de rassembler mes affaires comme je le pouvais. Je tentais de garder les larmes qui essayaient de se frayer un chemin sur mes joues totalement blanches, je me contentais de serrer les poings et de faire un pas. Un seul pas, c’est tout ce que j’avais pu faire. Je sentais le regard de la serveuse sur nous, heureusement que les derniers clients venaient de franchir la porte. Nous étions seuls, enfin presque. « Non, s'il te plaît reste. Je ne savais pas que c'était une question à laquelle tu ne voudrais pas répondre. » Je relevais mon regard haineux sur le sien, je le détestais à ce moment précis, je souhaitais le gifler, j’étais prête à laisser tomber mes affaires pour avoir une main libre, mais je ne voulais pas rester plus longtemps, devoir à nouveau ramasser mes feuilles serait un supplice, et puis mon autre main était entrelacée dans la sienne et même si ce contact me faisait mal je tenais à le garder le plus longtemps possible. « C'est juste que depuis que ton père m'a dit que tu étais avec quelqu'un, j'ai pensé que tu étais toujours avec... Je suis vraiment désolé Khaleen. » Je secouais la tête comme pour éviter un coup qui aurait pu m’arriver en pleine figure. Je ne comprenais rien. Mon père ? Que venait-il faire là ? J’avais à nouveau le souffle coupé et je sentais que mes jambes n’allaient pas tarder à se dérober. Du coin de l’œil j’observais la serveuse qui m’adressait un léger sourire, disparaissant ensuite dans une pièce derrière un rideau de perles. « Ne m'abandonne pas encore une fois. » J’entrouvrais mes lèvres sans savoir quoi dire. J’étais totalement perdue, ailleurs. Il semblait pourtant sincère sur le coup et en même temps pourquoi il chercherait à me mettre toute cette histoire sur le dos puisque c’est lui qui avait eu la belle vie ? Je fronçais alors les sourcils et baissais ensuite la tête pendant qu’une larme perlait sur ma joue, laissant une trace argentée sur celle-ci. J’observais alors en silence nos mains jointes en essayant de réfléchir, en vain. « Pour… pourquoi tu me racontes ça, pourquoi tu mens ? Et comment oses-tu me demander de rester après ce que tu m'as fait ? C’est toi qui es parti, tu t’es marié et tu m’as oublié… Tu m'as abandonné et tu m’as brisé le cœur alors que je t'aimais et tu oses me demander si j’ai pu avancer après ce que tu m’as fait ? Tu es ignoble… » J'appuyais alors sur chaque pronom le désignant pour renforcer mes paroles et fait transparaître mon indignation.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

I'TS TIME TO REMEMBER

I need to know now, can you love me again ?

J’étais désemparée, j’avais une soudaine envie de lui sauter au cou mais pas pour de bonnes raisons. Il m’avait abandonné, il avait piétiné mon cœur et voilà qu’il arrivait la bouche en cœur en me demandant comment allait ma vie actuelle. Qu’aurais-je pu répondre à ça sans avoir l’air totalement débile ? Ma vie n’avait jamais été aussi désastreuse que depuis qu’il m’avait quitté. Lorsque nous avions été séparés j’avais pu me morfondre dans la danse, j’avais pu penser mes blessures en dansant jusqu’à ce que mes pieds saignent, mais aujourd’hui je n’avais plus rien et je ne m’étais toujours pas remise, la blessure était toujours ouverte, béante, et le voir, l’avoir en face de moi à cet instant précis avait pour seul résultat de creuser cette faiblesse. Je souffrais de l’intérieur, j’avais envie de hurler, de tout envoyer valser dans un élan de folie mais je n’en faisais rien, après tout j’étais la douce et adorable Khaleen qui ne faisait jamais un pas de travers, j’avais été élevé avec les bonnes manières, je me devais d’être sage, de garder mes songes et mes émotions pour moi. C’est sûrement ça qui faisait que j’étais à ce point si mal. Lorsque Aaron m’avait quitté je n’avais pas pu me confier, mon père s’en foutait, après tout il l’avait toujours détesté, uniquement lorsqu’il était avec moi, sinon il voyait en lui un fils modèle, allez comprendre. Garder toutes ces choses en moi n’avait fait que creuser ma souffrance, ça n’avait fait que la couver pour mieux exploser un jour, et ce jour était peut-être arrivé après tout. Je tentais de calmer mes légers tremblements en vain, j’étais tellement tendue que mes ongles commençaient à s’ancrer dans la hanse de mon sac jusqu’à en laisser une trace permanente. ’avais mal, terriblement mal, et apparemment j’avais raison car mon ancien amant ne pipait mot. Nous étions debout, immobiles comme deux idiots et j’étais heureuse que le bar soit vide car je n’aimais pas me donner en spectacle seulement… Seulement j’aurais aimé que quelque chose se passe, j’aurais aimé pouvoir faire quelque chose pour décoincer cette situation, au lieu de ça je restais là, la tête baissée, mes yeux fixant le sol, ma main dans la sienne.

J’avais terriblement envie de pleurer toutes les larmes de mon corps, toutes ces larmes que j’avais dû garder pour moi après notre rupture car mon père me disait toujours que ce n’était pas digne d’une fille comme moi de pleurer ouvertement, surtout pour un homme qui n’avait fait que se foutre de moi. L’accumulation était trop forte et même si je tentais à tout prix de retenir mes sanglots, une larme avait réussi à échapper à ma surveillance. Je sentais alors son doigt toucher ma joue, c’était le geste de trop, une seconde larme perla alors, puis une troisième. Son contact m’avait manqué, il m’avait manqué, lui tout entier, son physique, son être, lui, tout simplement. Je serrais alors machinalement la main tout en essayant de me convaincre qu’il fallait que nos mains se séparent, pourtant le faire état trop dur. « Je n'oserai pas te mentir tu le sais... J'ai simplement voulu t'appeler un jour et ton père à décrocher en me disant que tu ne voulais plus entendre parler de moi, que tu avais rencontrée quelqu'un et tu étais heureuse avec lui et non moi. Jamais je ne t'aurais abandonnée, tu es la personne la plus précieuse que j'avais... Je voulais te parler mais il a insisté sur le fait que tu ne voulais plus me voir alors j'ai essayé de me reconstruire. J'ai eu le cœur brisé durant tout ce temps et même encore aujourd'hui. Je m'excuse pour tout ce qui a pût te blesser, j'aurai dû insister auprès de ton père mais je croyais que tu ne voulais plus de moi. » J’avais fermé les yeux pendant qu’il parlait, pour me concentrer sur sa voix, et parce que j’appréhendais ses paroles comme un coup que l’on aurait pu m’asséner rapidement. De quoi parlait-il ? Je ne comprenais pas, mon père avait-il vraiment un lien avec toute cette histoire ? Pourquoi aurait-il fait cela ? Je sentais mes jambes trembler et l’une d’elles semblait me voir flancher, si bien que j’avais dû m’accrocher à la table pour ne pas tomber complètement. « J'ai besoin de m’asseoir. » Ma voix avait été à peine audible mais qu’importe. Je reculais alors doucement vers la chaise où j’étais assise précédemment et y reprenais place. Plongeant mon regard dans le sien si envoutant, je lâchais alors. « Mais je ne comprends pas… il m’a dit qu’il t’avait vu en compagnie d’une autre femme, que tu te foutais de moi, que tu désirais passer à autre chose. Et… et tu es passé à autre chose, regarde tu t’es marié Aaron… » Je n’arrivais plus à faire la part des choses, tout ceci était trop lourd, trop dur à comprendre. « Mais pourquoi alors ? » Si Aaron n’était pas le fautif, pourquoi mon père aurait tout fait pour nous séparer ?

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.