Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
J’avais toujours été jalouse, c’était un trait de mon comportement que l’on ne pouvait pas m’enlever, certainement créé par le fait d’être une petite princesse unique dans la famille des Sorensen. Le fait qu’ils n’arrivaient pas à avoir d’enfant, le fait de penser que l’argent faisait le bonheur, toutes ces choses faisaient partie de moi chaque jour, non elles m’atteignaient, du coup cela changeait mon comportement. Au début j’avais été exécrable avec Aaron, parce qu’il n’était pas du même monde, et parce que je valais mieux que ça, mais très vite j’étais descendue de mes grands chevaux pour me remettre à ma place. Après tout l’argent n’était rien, ce n’était qu’un bien matériel. Et si j’avais été abandonné à ma naissance c’était probablement parce que mes parents n’avaient pas eu assez de fric pour s’occuper de leur bébé. Si Aaron ne s’était pas accroché à moi, s’il n’avait pas eu terriblement envie de me connaître, nous n’aurions jamais pu être amis, et je serai certainement la plus grosse peste du monde, ce qui me déroutait totalement étant donné que je méprisais du plus profond de mon être ce genre de fille. J’avais changé grâce à lui, je m’étais adoucie, j’avais appris à faire la part des choses, à rire, à aimer, cependant ma jalousie n’avait jamais pu disparaître, au contraire elle s’accentuait à mesure que je passais du temps que je passais en sa compagnie, à mesure que mes sentiments évoluaient pour lui également. J'’avais été trop jalouse, de nombreuses fois. Je jetais un regard noir à toutes les filles qui osaient s’approcher de lui, même lorsque nous n’étions que des amis. J’étais prête à sauter au cou de chaque fille lui adressant ne serait-ce qu’un sourire, et bien souvent c’est sur lui que je déversais ma colère contre ces filles, sans qu’il ne comprenne grand-chose. Plus le temps passait et plus je me demandais comment il faisait pour aimer une fille comme moi, une fille aussi paumée, jalouse, possessive, une fille désormais sans rêves et sans avenir, empreinte à d’énormes doutes et à présent torturée.
« Oui, j'ai réussi à me tourner vers elle parce que je pensais t'avoir perdue pour toujours. » Je serrais les mâchoires quelques secondes en posant mon regard sur la bouteille d’alcool que j’avais entre les mains. Cette réponse m’avait poignardé en plein cœur, à vrai dire je m’étais arrêtée au oui qu’il avait prononcé, un oui si doux et si apaisant, pourtant empli de tristesse. Bien sûr qu’il l’avait aimé, que ma question idiote, mais j’avais une soudaine envie de souffrir. Même après cette révélation j’avais envie de poser mes lèvres contre les siennes, mon esprit n’arrêtait pas de me torturer, pourtant je me contentais de rester calme et de porter la bouteille à mes lèvres pour attiser le feu qui parcourait celles-ci. Je soufflais alors longuement après avoir pris une énième gorgée et avalais ma salive tout en haussant les épaules, faisant un léger coup de tête pour lui faire comprendre sa réponse. Qu’est-ce que je pouvais répondre à ça ? Je l’ignorais, à vrai dire je n’avais pas envie de répondre, j’avais soudainement envie que le temps s’arrête pour qu’il reste à mes côtés mais pour que je puisse souffler sans sentir son regard peiné sur mon dos. Je voulais rester amorphe durant de longues heures dans mes draps de soies comme je l’avais fait après notre rupture, et pourtant j’avais terriblement envie qu’il m’enlace dans ceux-ci. Je fermais alors les yeux en buvant une nouvelle gorgée, je voulais que l’ivresse me fasse oublier tout ça l’espace d’un instant.
Bien que le temps défilait, il n'eut pour seule réponse que le silence. Et cela, malgré le fait qu'elle l'avait rejeté, le faisait souffrir. À force, il ne savait plus sur quel pied danser, que dire, quoi faire. Devait-il s'approcher et tenter de la prendre dans ses bras pour la rassurer et lui dire que quoi qu'il arriverait, il serait toujours là pour elle ? Bien entendu il mourrait d'envie de prononcer ces paroles qui lui brûlait les lèvres mais celles-ci demeuraient au stade la pensée, rien de plus. C'était trop dur. Il luttait pour formuler chaque syllabe qui sortait de ses lèvres, si bien qu'il avait l'impression que son cœur s'arrêtait de battre à chaque fois, dans la peur de la réaction qu'elle pourrait avoir. Khaleen quant à elle restait muette. Ce n'était pas ce à quoi il avait eut l'habitude de faire face.
D'habitude il parvenait toujours à communiquer avec elle, la jeune femme lui exposait ses doutes et ses craintes, lui essayait de la rassurer et de faire s'envoler toutes ses incertitudes et ses frayeurs. Mais là, elle ne cessait de le questionner et semblait sans arrêt souffrir des réponses qu'il donnait. Était-il devenu si horrible qu'il ne parvenait plus à la protéger de lui-même ? Apparemment oui, du moins si l'on en croyait les réactions qu'avaient Khaleen. Jamais il n'avait voulut que les choses se déroulent ainsi. Pourtant pessimiste qu'il était de nature, cela ne faisait qu'alimenter et consolider toutes les inquiétudes qu'il avait, peu à peu. Une envie de s'enfuir se présenta de nouveau, plus forte que jamais certainement. Mais il était comme paralysé dans le canapé du salon de la jeune et jolie blonde à côté de lui. Et il ressentait une puissant vague d'effroi tenter de le consumé à l'idée de la laisser seule dans un appartement vide, avec pour seule compagnie une bouteille d'alcool. Aaron n'avait que trop connu ça cette dernière années, et même les années précédentes pour être honnête. Il ne dirait pas qu'il avait un problème d'alcool comme son paternel, mais cela ne devait pas en être très loin. Il appréciait tellement boire jusqu'à en perdre le fil de ses pensées, les noyant profondément et avidement sous des tonnes de verres enchaînés. À chaque fois, sa femme était anxieuse en le voyant boire, même s'il ne buvait qu'un verre. Pas pour le fait qu'il puisse être violent, ne sachant en fait même qu'il avait un père ainsi. C'était juste parce qu'elle comme lui connaissait la raison de ses actions.
D'une façon un peu tordue, il se voulait du mal, aller à des points de non retour et attendre de voir ce qu'il se passerait. Amy n'avait en vérité jamais été capable de l'empêcher d'avoir des penchants pour l'auto-destruction. Bien sur Aaron était conscient de ce tempérament, mais il ne s'était souvenu de celui-ci qu'après sa rupture avec Khaleen. Avec elle, il n'avait jamais été capable d'aller si loin, trop épouvanté à la simple pensée des conséquences que cela pourrait avoir sur elle. Ainsi, il l'avait toujours protégée d'une partie lui-même, celle qui était plus sombre que les autres. Mais grâce à ça, il avait été plus heureux qu'il ne l'avait été avec Amy, il fallait l'avouer. Khaleen l'obligeait à faire attention, à contrôler cette tendance légèrement kamikaze. De toute façon, tout cela était pour dire que depuis qu'il l'avait perdu, il s'était tout autant perdu lui-même.
Avec un effort incommensurable, il quitta ses pensées, constatant que la demoiselle aux cheveux dorés n'avait pas arrêtée de boire depuis son absence. Il ignorait combien de minutes s'étaient écoulées depuis, mais il était certains qu'il y en avait eut au moins plusieurs. Aaron bougea même un bras, venant poser sa paume lentement contre le goulot de la bouteille pour l'empêcher de continuer de boire. Ensuite, il parvint à faire casser ce silence installé depuis trop longtemps. Sa voix ne voulait pas être autoritaire, d'ailleurs elle ne l'était pas le moins du monde. Au contraire, elle était suave et extrêmement concernée.
« Tu ne devrais pas boire autant. »Il se tut une seconde et le même ton doux se faisait entendre. « S'il te plais fait quelque chose, ou parle-moi. Je ne supporte pas de te voir souffrir à cause de moi. Je peux m'en aller si c'est ce que tu veux. Je peux comprendre que tu le veuilles. »
Je me foutais de tout à ce moment, j’essayais de ne plus penser à quoi que ce soit, j’essayais de m’isoler dans cette bulle que j’avais construit plus jeune, bulle que je n’avais pas utilisé depuis quelques années déjà. Voulait être seule sans pour autant le ressentir, voilà pourquoi je n’ordonnais pas à Aaron de partir bien qu’une partie de moi avait envie de lui crier à la figure de déguerpir d’ici. Le seul problème était qu’une autre partie de moi voulait qu’il reste encore et encore et que cette partie commençait à dominait l’autre, ce qui n’allait pas c’est que j’ignorais quelle partie était vraiment la bonne. Depuis des années ma vie était plate, je ne dansais plus, je n’avais plus d’amis, je ne m’amusais plus au quotidien, je me contentais d’errer dans mon appartement dénué de vie lorsque je n’étais pas au travail à taper sur ce fichu ordinateur des comptes rendus concernant les chiffres de l'entreprise de mon père. Retrouver Aaron avait été comme un coup de fouet, quelque chose qui m’avait fait sentir vivante l’espace d’une seconde, mais désormais les conséquences étaient là et mes pensées ne cessaient de vouloir me faire la morale. Je me souvenais tout d’un coup de tant de choses en sa compagnie, des choses que j’avais cru oublier, bonnes ou mauvaises comme toutes ces fois où il m’avait fait rire, toutes ces fois où j’avais pleuré dans ces bras, et toutes ces fois où il attendait patiemment que je déballe mon venin sur sa personne alors qu’il n’avait rien fait. J’avais été totalement exécrable comme fille à l’époque même si je l’aimais plus que ma propre vie. Lui demander de s’éloigner était certainement plus un moyen de le protéger de moi que l’inverse. J’avais dû le faire souffrir tant d’années, et le fait qu’il avait trouvé une femme aimante et douce pour le rendre heureux était bien la preuve qu’il était bien mieux sans moi non ? Alors je le questionnais sur ses sentiments pour me faire payer, pour souffrir en silence car au fond c’est tout ce que je méritais. Et si mon père nous avait séparés pour protéger Aaron de moi ? Je commençais à croire dur comme fer à cette théorie.
Je voyais sa main s’approcher de ma bouteille jusqu’à ce qu’il pose ses doigts sur le goulot. Le liquide était encore bien présent dans celui-ci et le goût toujours si infect pourtant cela ne m’empêchait pas de vouloir boire encore et encore. « Tu ne devrais pas boire autant. » D’un geste légèrement violent j’éloignais la bouteille de ses doigts et regardais ailleurs, je tentais de chercher quelque chose qui aurait pu retenir mon regard mais il n’y avait rien de bien concret puisqu’il n’y avait décidément rien de personnel dans ce foutu appartement. « S'il te plaît fait quelque chose, ou parle-moi. Je ne supporte pas de te voir souffrir à cause de moi. Je peux m'en aller si c'est ce que tu veux. Je peux comprendre que tu le veuilles. » Je haussais les épaules, je n’avais pas envie de parler, je voulais juste que le temps passe, je voulais boire pour tout oublier et recommencer ma vie si minable le lendemain, sans lui, sans tous ces souvenirs qui me hantaient sans cesse. « Je ne sais pas ce que je veux, je me fiche de tout… » Je fermais un instant, sentant tout de suite l’alcool me monter terriblement à la tête. Lorsque je les rouvrais, les premières secondes étaient troubles, si bien que je secouais légèrement la tête. J’avais l’impression que tous mes doutes s’étaient envolés, non, que ma conscience avait soudainement disparu. « Mais pourquoi tu restes toi hein ? Tu attends peut-être quelque chose … » Disais-je avec un sourire maligne sur le bout des lèvres et d'une voix suave. Je me levais alors et venais m’asseoir à califourchon sur les jambes d’Aaron, je buvais une dernière gorgée et portais mes lèvres aux siennes pour partager un autre baiser.
« Je ne sais pas ce que je veux, je me fiche de tout… »
Sa réaction rapide et légèrement empreinte de violence avait piquée à vif le cœur du grand brun à ses côtés. Il ne faisait que tenter de l'aider, sachant qu'elle n'avait pas vraiment de résistance à l'alcool, il craignait qu'elle ne soit déjà ivre. Une partie de lui se doutait qu'elle l'était probablement déjà maintenant. Peut être était-ce aussi ses paroles qui l'amenait à cette pénible conclusion. Il aurait dût l'arrêter avant, ou lui déconseiller vivement de ne serait-ce qu'avoir commencé à boire quand il était arrivé. Mais il savait que même en le disant, il y avait de grandes chances qu'elle s'en contrefiche royalement et balaye ses inquiétudes d'un geste de la main pour continuer à boire. Un peu comme ce qu'elle venait de faire en réalité. Cela dit, il avait eut pour habitude de ne pas s'offusquer de ce genre de réaction, parce qu'elle avait bu. Malgré ça, rien n'empêchait le fait qu'elle le blessait légèrement, mais elle n'y pouvait rien. Il n'avait qu'à pas être si sensible quand il s'agissait d'elle. Le bras qui avait bougé avait finit par se reposer sur le canapé, entre elle et lui. Aaron n'avait aucun droit sur elle après tout, alors il ne pouvait se permettre d'insister sur sa consommation d'alcool exagérée.
« Mais pourquoi tu restes toi hein ? Tu attends peut-être quelque chose … »
Ses mots le firent relever les yeux vers elle de façon perplexe et ce qu'il vit sur son visage ne dissipa pas ce sentiment. Ayant à peine le temps de prendre conscience du sourire rusé qu'elle affichait et qu'il avait plus l'habitude de sentir sur ses propres lèvres que les siennes, il se figea en la voyant debout. Il avala sa salive avec difficulté en ne pouvant pas la quitter des yeux, s'apprêtant à répondre pendant qu'elle prenait place au-dessus de lui. Quand il ouvrit les lèvres, ce ne fut que pour être étouffées par les siennes. Machinalement, il clos les yeux. La position qu'elle avait sur lui était loin d'être désagréable, même s'il refusait de se l'avouer, quant à ses lèvres contre les siennes, c'était la même chose. Aaron resta gelé à ce contact soudain et des plus inattendu. L'alcool dans ses veines vociférait de se laisser entraîner par ce geste. Le garde du corps était parfaitement conscient du fait qu'elle avait trop bu et que c'était uniquement pour cela qu'elle agissait de cette façon. Après tout elle l'avait repoussé auparavant alors pourquoi venait-elle à lui maintenant ? Rien n'avait changé si ce n'est son taux d'alcoolémie. En un sens, cela l'attrista un peu. S'amusait-elle à jouer avec lui en fin de compte ? C'est la question qu'il se posa.
Malgré toutes ses pensées concernant les raisons d'un tel élan, son corps ne pût s'empêcher de frissonner sous son touché. Tout comme il finit par fondre complètement, laissant s’effondrer brutalement le peu de protection qu'il avait tenté d'établir maladroitement. Faible et désireux de pouvoir sentir ses lèvres chaudes et pulpeuses, il enveloppa lentement un bras autour de la taille de Khaleen. Il décolla légèrement son dos du dossier du canapé et se redressa pour percevoir son buste contre celui de la belle jeune femme pendant que ses lèvres répondait enfin aux siennes. Il mouva ses dernières avec une certaine envie teintée de douceur. Non il ne voulait pas quitter ce moment, même s'il savait que c'était mal de faire ça, d'exploiter le fait qu'elle ait bu et ne soit probablement vraiment responsable de ses actes. C'était juste que cela lui avait tellement manqué, son corps entier aspirait tellement à être proche du sien que même s'il savait que ce n'était pas la bonne chose à faire, il ne pouvait se résigner à la stopper. Néanmoins leurs lèvres finirent par ses séparer quand il fallut qu'ils reprennent leur souffle. Aaron se sentit lamentable d'être parfaitement incapable de la repousser, il ne chercha pas à rencontrer ses lèvres de nouveau même si c'était la seule chose qu'il avait en tête. Au lieu de ça il essaya de reprendre sa respiration correctement en murmurant, son visage juste en face du sien.
« Je ne peux pas faire ça si tu penses que c'est ce que j'attends de toi. Je ne peux pas mentir, je meurs d'envie de t'embrasser à en mourir. Mais je ne supporte pas l'idée que tu fasses ça juste pour me contenter ou parce que tu as bu. Je ne veux pas que tu crois que je profite de toi. Je reste parce que je t.. Je suis tellement attaché à toi que je ne peux pas me résoudre à te laisser seule encore une fois. »Il parvint à finir sa phrase de façon étouffée, cherchant ses yeux des siens.
L’alcool avait toujours été un ennemi. Je n’avais jamais osé toucher à l’alcool avant que quelqu’un ne m’y contrait. A vrai dire j’avais peur de ce liquide, peur après tout ce que m’avait raconté Aaron à propos de son père et de ses vices de boisson. J’avais peur d’être comme lui, d’être une autre personne, une personne encore plus immonde et désagréable que je ne pouvais l’être. Pourtant ce soir l’alcool était quelque chose de bénéfique. Plus je buvais, plus j’avais l’impression de décoller de ce sol froid, un peu comme lorsque mes lèvres s’étaient posées sur celles d’Aaron la toute première fois. Et si c’était ça la solution ? Pourquoi je n'avais pas pensé à ça bien avant ? Boire me permettait de tout oublier, de ne plus penser à ce qui me tourmentait et même si je pleurais, l’alcool me faisait terriblement du bien, quelque part je comprenais pourquoi le père d’Aaron buvait, bien que je ne cautionnais pas les gestes et intentions qu’il avait après, bien sûr que non, comment pouvait-il oser lever la main contre quelqu’un ? J’avais toujours été une fille pacifique, un de ces roquets à longs poils qui préférait aboyer plutôt que de mordre, c’était ma nature après tout. Je pouvais sentir dans mon haleine les nombreuses gorgées que j’avais pu boire en quelques minutes. Ma tête me tournait et j’avais parfois des nausées, cependant je riais intérieurement à l’état dans lequel j’allais être le lendemain, c’était si ironique, j’ignorais même si je buvais pour fêter nos retrouvailles ou pour les enfouir, les oublier. L’alcool m’avait fait faire de nombreuses choses idiotes, avoir des relations d’un soir, me désinhiber devant un tas de personnes inconnues, me faire passer pour une fille que je n’étais pas, et ce soir l’alcool avait le don de me faire faire des folies que je regretterais sûrement le lendemain, des folies qui s’apparentaient à une relation d’une nuit, chose que je n’aurais jamais faite en étant totalement sobre.
Je m’étais donc levée en direction d’Aaron, toujours ma bouteille à la main et j’avais pris une position aguichante sur lui, là non plus ce n’était pas dans mes habitudes, après tout j’étais plutôt du genre discret en amour ou en affection. Je l’embrassais alors langoureusement en me concentrant sur le bruit que faisait l’alcool qui se fracassait contre le verre de la bouteille étant donnée que ma main était instable. Je mêlais alors ma langue à la sienne pour un baiser encore plus langoureux. Je n’en profitais même pas, j’étais déjà ailleurs mais j’aimais l’emprise qu’il avait soudainement sur moi, son corps se collant au mien, c’était tout bonnement parfait. J’essayais de me concentrer sur le fait que c’était mon amant de toujours qui était là et non un amant banal, ce qui me donnait des hauts le cœur car je me traitais soudainement de fille facile ou de garce, mais je me reconcentrais alors et l’embrassais de plus belle, jusqu’à ce que nos lèvres se séparent. « Je ne peux pas faire ça si tu penses que c'est ce que j'attends de toi. Je ne peux pas mentir, je meurs d'envie de t'embrasser à en mourir. Mais je ne supporte pas l'idée que tu fasses ça juste pour me contenter ou parce que tu as bu. Je ne veux pas que tu croies que je profite de toi. Je reste parce que je t... Je suis tellement attaché à toi que je ne peux pas me résoudre à te laisser seule encore une fois. » Malgré tout l’alcool que j’avais ingurgité, ma conscience semblait toujours là, à gratter pour remonter à la surface et me faire culpabiliser à propos de mes gestes. Je soufflais alors longuement en plongeant mon regard soudainement embrumé dans celui d’Aaron. L’envie de pleurer était toujours là mais qu’importe. Je posais alors l’index de ma main libre sur sa bouche en chuchotant « Arrête de dire n’importe quoi tu veux. » puis mon autre main venait porter la bouteille à ma bouche pour une dernière gorgée avant que je ne repose mes lèvres sur les siennes.
Son doigts s'était posé sur ses lèvres fines pour lui intimer le silence et sans comprendre vraiment pourquoi, il avait obéit. Il savait qu'il allait falloir lutter âprement s'il souhaitait la faire entendre raison, sachant que la position actuelle n'était pas franchement propice à une discutions aussi sérieuse. Au fond, il ne savait même pas pourquoi il avait prit la peine de se forcer à lui expliquer ses sentiments une minutes plus tôt. Il ne savait que trop bien lui-même que l'alcool obscurcissait trop l'esprit de la jeune femme pour qu'elle tienne un dialogue cohérent.
« Arrête de dire n’importe quoi tu veux. »
Ses mots par contre ne firent que percer un peu plus son cœur fragile et gonflé. Il parvenait à avouer certaines choses qu'il aurait probablement pût retenir indéfiniment par peur et elle rejetait ça d'un trait, comme si ce qu'il disait n'avait aucune importance. Mais le pire était certainement qu'elle continuait à boire, cela avant de rejoindre ses lèvres, se moquant du fait qu'il voulait répondre à ses paroles. Ses paupières luttèrent un moment pour demeurer ouverte, en vain, dans l'espoir qu'il parvienne à l'écarter un tant soit peu de lui. Mais son corps ne semblait plus vraiment vouloir obtempérer. Son bras était resté dans son dos pour coller étroitement leur corps, comme s'il refusait qu'un seul centimètre ne les séparent. Aaron sentit de nouveau rapidement sa langue contre la sienne et l’accueillie, jouant avec cette dernière de façon languissante. Sa main libre quant à elle restée sagement sur le canapé vint s'emparer de la bouteille de façon douce. Une fois qu'il eut réussit son coup, il se pencha juste un peu pour poser l'auteur alcoolisé de ce crime sur la table basse. Veillant à s'assurer qu'elle ne viendrait pas récupérer la bouteille de whisky, il glissa sa paume dans la sienne pour entremêler leurs doigts, occupant ainsi la main de la jeune femme.
Bon, au moins il avait éloigné une menace imminente. Mais le problème restait entier, soit Khaleen saoule et assise sur ses genoux. Ça aussi, il allait devoir s'en occuper, mais il semblait tellement peu maître de lui en ce moment, à laisser sa main parcourir sa colonne vertébrale de haut en bas en quelques caresses. Dans un sens, il avait la cruelle impression d'abuser d'elle, clairement, bien que c'était elle qui s'était mise ainsi sur lui. Ses lèvres peu charnues continuaient de prolonger le baiser sans cesse, son désir d'en profiter le plus longtemps possible ne faisant que croître à toute vitesse en conséquence. Et visiblement, c'était ce qu'il faisait, profiter de l'instant en sachant que cela n'allait pas durer bien longtemps.
Ses deux mains finirent par rejoindre les jambes de la belle blonde, plus précisément ses cuisses. Prenant son courage à deux mains – et c'est le cas de le dire-, Aaron se leva lentement en maintenant Khaleen contre lui, l'incitant à passer ses longues jambes fuselées autour de lui. Il avait déjà fait la moitié du chemin, pensait-il en laissant ses lèvres quitter celles de la demoiselle pour embrasser à plusieurs reprises la ligne de sa mâchoire, glissant dans son cou. Profitant de ça pour pouvoir ouvrir un instant les yeux, il repéra la chambre et la conduit jusque là en poussant négligemment la porte pour l'ouvrir. Quand il franchit les derniers mètres les séparant du lit, une once d'hésitation le surprit. Allait-il vraiment parvenir à mettre fin à ce moment qui -il le savait bien- lui plaisait. Sa conscience l'emporta sur le reste et son idée initiale en venant ici resta inébranlable. Alors il murmura contre son cou en remontant vers ses lèvres tandis qu'il courbait l'échine pour la déposer sur les couvertures du lit.
« Je ne mentais pas. Et je ne peux pas faire ça en sachant que tu es ivre. Maintenant il faut que tu dormes Khaleen. »
Réussit à articuler le garde du corps, espérant simplement maintenant qu'elle se résigne et qu'elle le lâche pour qu'il puisse se relever, sachant que ses jambes encerclaient sa taille.
Je laissais l'alcool envahir mes songes, et encore. C'était ma manière lâche à moi de me déconnecter de la réalité. Il fallait que je me fasse à l'idée, j'avais perdu ce que j'avais de plus cher : une relation amoureuse e t mon père, et rien ne pourrait me redonner l'une d'entre elles. Mon cœur était à nouveau en miettes, perdu, et les mots n'auraient pas suffi à décrire ce que je ressentais, ou pire, ne ressentais pas à ce moment même, et puis après tout je n'étais pas comme Aaron, je ne savais pas m'exprimer. Autrefois, il m'avait fallu longtemps avant qu'il ne comprenne mes sentiments, oh bien sûr au départ je n'étais sûre de rien et surtout trop fière pour avouer quoi que ce soit, mais lorsque la jalousie avait pris une autre tournure et lorsque je posais mes yeux sur son visage à m'en faire péter le cœur, je savais que c'était bien que c'était lui que j'aimais. J'avais alors tenté maladroitement de lui avouer sans trop vouloir le brusquer, au final, pendant un temps, j'avais cru qu'il faisait exprès de ne pas comprendre, tout ça pour ne pas me dire non, trop brusquement. Le jour, où pour la première fois nos lèvres s'étaient rencontrés était un jour comme celui-ci, emprunt à d'immenses doutes. J'étais en train de tout faire foirer dans cette position, sur lui, à jouer de mes charmes, et le je savais, c'était mon comportement autodestructeur que je tentais de cacher depuis des années, alors oui j'avais bu car j'ignorais comment réagir, cela faisait-il de moi une mauvaise personne ? Je l'ignorais et comme un tas d'autres choses à cette heure-ci, je ne voulais pas le savoir. Alors je me contentais de boire une dernière fois et j'avais à nouveau déposé mes lèvres sur les siennes, étant persuadée que cela serait la dernière fois, parce qu'il me traiterait bientôt de folle et s'en irait en me laissant seule, comme je l'ai toujours été.
Je profitais alors pleinement de ses caresses, de mon corps collé au sien et de ses fines lèvres au goût si attirant. Je sentais que notre contact lui avait manqué, du moins c'est ce que j'espérais. Je le sentais soudainement séparer nos lèvres et je m'empressais de recoller nos lèvres encore une fois, je voulais me souvenir de cette sensation pour toujours, je voulais profiter un maximum de ce dernier instant. Mais Aaron posa ses mains sur mes cuisses et se leva pendant que mon cœur avait des ratés, sûrement aussi surpris que moi de cette réaction. Je le laissais alors me diriger vers la chambre et m'allonger sur mon lit que je trouvais trop vide puis des années. « Je ne mentais pas. Et je ne peux pas faire ça en sachant que tu es ivre. Maintenant il faut que tu dormes Khaleen. » Je plissais alors les yeux en restant un instant silencieuse, il voulait donc me laisser là, en plan, et désespérément seule ? J'entrouvrais alors mes lèvres et balançais « Quoi ? Mais... » Je soufflais alors et desserrais mon emprise de son corps, je rampais alors presque pour aller loger ma tête dans mon oreiller. « Je savais bien que tu allais me laisser, qu'est-ce que je pouvais espérer. » Je ramenais alors mes jambes contre mon corps et regardais à travers la fenêtre de ma chambre en soupirant derechef. Je n'imaginais pas ce qu'il allait faire, s'il allait rester ou s'enfuir en prenant ses jambes à son cou, après tout j'ignorais ce que je désirais, ou plutôt espérais. J'étais bornée, s'était sûrement dû à l'alcool, ou alors s'était peut être encore une façon tortueuse d'en apprendre toujours un peu plus sur ses sentiments, pour me rassurer. Qu'est-ce que je pouvais être stupide.
Il faillit laisser échapper un soupir des plus soulagé quand elle le laissa se relever en abandonnant l'étreinte qu'elle exerçait avec sa paire de jambes galbées. Une fois de nouveau debout, il reposa ses prunelles bleu sur la jeune femme qui partait caler son visage sur l'oreiller. Et bien il avait peut être eut du mal, mais il était parvenu à ses fins, comme souvent à vrai dire. Il remercia intérieurement le fait que Khaleen soit peut être un peu vexée par la tournure des choses, sans quoi, il n'aurait probablement pas sut résister bien longtemps à ses gestes envers lui. C'est qu'il fallait une certaine dose de courage pour repousser une jeune femme aussi belle.
« Je savais bien que tu allais me laisser, qu'est-ce que je pouvais espérer. »
Toujours immobile, il continua de regarder fixement la jolie blonde dans son lit, tandis qu'elle se recroquevillait sur elle-même. Il décida d'ignorer ses paroles, ou du moins de ne pas laisser celle-ci le blesser. C'était sur qu'une partie de Aaron lui criait de partir, tant qu'il le pouvait et avant qu'elle ne décide qu'elle ne le laisserait pas partir. Car après tout, il était toujours impossible de déterminer avec certitude quelles seraient les réactions d'une personne ivre. Le garde du corps le savait mieux que beaucoup de personnes grâce à son paternel. Il se souvenait encore de la première fois qu'il avait levé la main sur sa mère, la première fois qu'il était véritablement violent. Le jeune homme avait fait de son mieux pour arrêter les coups du père, sans succès. Puis ce dernier s'était détourné de sa mère pour lui donner une bonne correction, prétextant qu'il était 'impoli' d'interrompre la punition qu'il infligeait à sa génitrice. La suite ne laissait que peu de place à l'imagination. Certes il n'aimait peut être pas sa mère, mais la laisser être rouée de coups ne faisait pas partie de son caractère. Le plus cocasse dans tout ça était le fait que lors du levé du soleil le lendemain, son paternel n'avait pas le moindre souvenir de ce qu'il s'était passé la veille, il avait misérablement oublié cet incident.
Aaron secoua doucement la tête en fronçant les sourcils, tentant de se dégager de toutes ces images qui passaient devant ses yeux malgré lui. Quand il se rendit compte qu'il était resté muet et debout à côté du lit depuis plusieurs minutes, il daigna enfin s'activer. D'abord en silence, il plia les genoux et vint s'asseoir sur le rebord du lit de Khaleen. Ses iris pâles n'avaient pas quittées une seule seconde le doux minois de l'ancienne danseuse. Son visage afficha finalement un grand sourire amusé qui dévoila ses dents blanches. Elle était irrécupérable lorsqu'elle était ivre. Il l'avait presque oublié ce détail, ou du moins à quel point cela s'avérait véridique.
« Tu vas devoir me supporter toute la nuit parce que j'ai bien l'intention de rester jusqu'à ce que tu t'endormes, puis te réveilles avec les idées claires. »
Après sa simple phrase, son sourire s'effrita peu à peu pour qu'il puisse retrouver son expression semblable au marbre une poignée de secondes plus tard. Intérieurement, il mourrait d'envie de s'allonger à son côté, enlacer son corps chaud pour qu'elle réchauffe le sien comme elle avait prit l'habitude de le faire durant plusieurs années. Mais au lieu de ça, il demeurait simplement assit et attentif à ses gestes.
J’évitais de boire… d’habitude. J’évitais car je savais que je devenais incontrôlable, car je savais que toutes les pensées qui passaient par ma tête effleuraient mes lèvres et parce que je savais que je pouvais passer des rires aux larmes en une fraction seconde. Autrefois je riais, je dansais, je m’amusais lorsque l’alcool serpentait dans mes veines, seulement depuis certains événements j’étais devenue beaucoup plus lunatique et bien moins maître de moi-même. Quelque part j’étais heureuse de savoir Aaron dans les parages même s’il n’allait pas tarder à me quitter, et au final, peut-être que je me réveillerais et me souviendrais de rien car tout ceci n’avait été qu’un rêve. Peut-être que j’étais encore plus saoule que je ne le pensais et que je l’imaginais à cause de la combinaison de la liqueur et des médicaments que j’aurais pu prendre pour x raison. En posant mon regard sur lui, je savais désormais que mon avenir était incertain, que mon destin était chamboulé et si je détestais bien quelque chose c’était être perturbée, changer les choses. Le changement avait le don de me déstabiliser, de me laisser pantoise, les bras ballants car j’avais toujours été incapable de réagir à propos de ce genre de chose. Aaron avait toujours sur, maître de lui-même il avait un self-control extra, ce que je n’avais… pas du tout. J’étais la bombe explosive et il était la glace qui m’apaisait, c’est pour ça que nous nous entendions si bien. Je faisais les conneries et il était là pour les réparer… Je me sentais si pitoyable sur le coup que j’ignorais quoi faire ou dire, je préférais alors me recroqueviller sur moi-même comme une petite fille qui aurait eu peur des monstres de sa chambre. Lâchant une dernière phrase de dédain dans un soupir, je fermais ensuite les yeux, essayant de me concentrer pendant que ma tête se mettait à tourner. Je fronçais alors les sourcils en essayant de me forcer à dormir, comme si cela allait marcher…
Je ne faisais plus attention à ce qu’il se passait sur moi, je ne voulais pas me mettre à pleurer car il partait ou ne me désirait pas, au fond je savais pourquoi, parce que j’avais bu, ou parce que des années avaient passé depuis notre dernière relation, seulement je n’arrivais pas accepter toutes ces hypothèses qui me brisaient le cœur encore une fois. Je le sentais alors une pression sur mon lit, il avait apparemment pris place sur celui-ci. « Tu vas devoir me supporter toute la nuit parce que j'ai bien l'intention de rester jusqu'à ce que tu t'endormes, puis te réveilles avec les idées claires. » Je serrais alors les poings sur mes draps, j’ignorais encore une fois comment réagir, après tout il venait de m’arrêter en plein élan d’affection. J’ouvrais alors doucement les yeux embués de larmes en prenaient une longue respiration. « Pourquoi tu restes si tu ne veux pas de moi ? À quoi ça sert ? » J’avalais alors difficilement ma salive à cause de la boule qui barrait ma gorge. Tout se mélangeait dans ma tête, je savais pourtant la réponse à mes questions, mais comme une petite fille bornée je demandais encore et encore. Je vidais mes poumons de l’air emmagasiné et me redressais quelque peu. J’attendais quelques secondes en le regardant puis je me rapprochais de lui. Délicatement j’ôtais sa veste et la jetais sur une chaise qui était non loin de mon lit. J’enlevais ensuite mon pull, tout en gardant le tee-shirt que j’avais en dessous de celui-ci et ancrais ma main dans la sienne. Je le tirais alors avec moi pour l’obliger à venir se coucher près de moi, sans dire un mot. Moi lunatique ? Allez vous plaindre à l'alcool.
Nostalgique, le garde du corps se remémora toutes ces fois où Khaleen était complètement ivre, ignorant tous les conseils du jeune homme au profit de se mettre à faire la fête comme jamais. Dans ces cas là, c'était souvent Aaron qui représentait la raison. Et il essayait bien souvent de ne pas trop boire pour être capable d'assurer ce poste en toutes circonstances. Voilà également une autre raison qui faisait qu'il réussissait davantage à se contrôler lorsqu'il avait été avec la jeune danseuse. Il était tellement et constamment inquiet pour elle, alors il buvait raisonnablement, la plupart du temps tout du moins. Car oui, il s'accordait quelques écarts par moment, sachant qu'au bout du compte, il serait toujours prêt à gérer des événements imprévus et désagréables s'ils se présentaient. Bien sur il y en avait déjà eut, mais aucun que Aaron n'avait pas sut gérer jusqu’à maintenant.
Aujourd'hui, il avouait de façon légèrement honteuse qu'il avait été à deux doigts de tout laisser tomber pour profiter pleinement de la nuit que lui proposait Khaleen. Ce genre de nuit qu'il avait passé avec quelques rares femmes cette dernière année. Une nuit sans lendemain en résumé. Bien que ce n'était pas ce que souhaitait le grand brun, il fallait dire qu'il était plus que dur de résister éternellement aux avances plutôt aguichantes de la belle blonde. Jusque là, il ne s'en était pas trop mal sortit. Et apparemment, il pouvait être rassuré puisque Khaleen demeurait statique de son côté du lit, semblant ne pas s'intéresser à lui. Alors il pouvait se sentir de nouveau en sécurité là où il était. Malgré ça, il ne parvenait pas à repousser certaines de ses envies, comme celle de sentir de nouveau le corps de la jolie demoiselle contre le sien, ou encore celle de simplement percevoir son souffle tiède sur lui. Heureusement pour Aaron, Khaleen finit par reprendre la parole pendant que lui se faisait de nouveau happer par ses pensées.
« Pourquoi tu restes si tu ne veux pas de moi ? À quoi ça sert ? »
« Ce n'est pas que je ne veux pas de toi tu le sais bien.. Je veux simplement veiller sur toi. »
Une chose à laquelle il ne s'attendait pas vraiment arriva ; Khaleen se remettait de nouveau en mouvement. Lorsqu'elle s'approcha prudemment de lui, il ne la lâcha pas du regard, ses prunelles translucides étant fermement agrippée à celles de Khaleen. Il ouvrit légèrement la bouche pour lui demander ce qu'elle faisait mais le simple fait de sentir ses doigts agiles sur lui lui intimèrent le silence. Aaron ne protesta donc pas le moins du monde lorsque sa veste de costume le quitta, venant serrer doucement par réflexe la main de la jeune femme quand elle s'empara de la sienne. Calmement, et peu être même de façon docile, il suivit les mouvements que la belle blonde l'incitait à faire, soit de venir s'allonger à côté d'elle. Il balança ses jambes lentement sur le lit pour être en position horizontale près de Khaleen. Lorsque ce fut fait, les doigts de sa main libre vinrent finalement balayer une mèche de ses cheveux dorés à l'arrière de son oreille avec une certaine tendresse. Aaron se perdit finalement dans la contemplation des iris de la belle jeune femme, murmurant doucement à son intention.
De nombreuses fois j’avais été saoule, et de nombreuses fois j’avais été malade. Je tombais très vite dans l’excès lorsque je pouvais sortir de ma prison dorée. Enfermée, je me sentais vide, sans intérêt, alors lorsque j’arrivais à échapper à la garde de mon père, j’en profitais pour faire tout ce que je désirais en une seule et unique nuit, bien souvent Aaron me raccompagnait discrètement, ou lorsque j’étais vraiment dans un état lamentable, je lui demandais simplement de me déposer devant chez moi et de repartir pour que j’assume seule les conneries que j’avais faite durant la nuit. Je savais que si mon père me prenait en sa compagnie, ou même celle d’un autre ami, il mettrait la faute sur cette personne et en profiterait pour m’empêcher de les voir. Dans le pire des cas je rentrais, admettais mes fautes, me prenais une gifle et allait me coucher, attendant impatiemment la nuit suivante, la nuit où j’allais à nouveau pouvoir me sentir libre. À une période s’en était presque devenu pitoyable, c’est simple je faisais tout pour découcher de chez moi. Plus jeune j’étais le type de petite fille princesse, celle qui ne fait jamais un pas de travers, mais lassée de tout ceci, j’avais laissé mon côté sombre m’envahir, je m’étais rebellée et j’avais fait n’importe quoi. Je n’aurais sûrement pas remonté la pente sans mon ami de toujours, et pourtant à cet instant je foirais notre relation, je foirais nos retrouvailles, mais qu’est-ce qu’il me passait par la tête ? « Ce n'est pas que je ne veux pas de toi tu le sais bien... Je veux simplement veiller sur toi. » Je n’avais pas répondu, à quoi bon après tout, c’est ce qu’il avait toujours fait, les années avaient beau avoir passé, il était toujours là à s’éloigner de moi parce que j’étais devenue incontrôlable.
Mais j’en avais décidé autrement, je le voulais à mes côtés. J’avais peut-être tout foiré mais je voulais profiter de sa présence jusqu’à ce que les bras de Morphée s’ouvrent à moi. Je m’étais alors dirigée vers lui et les doigts tremblant j’avais enlevé sa veste en coupant mon souffle. Je ne pouvais pas nier que j’avais envie de lui, et que ce n’était pas à cause de l’alcool, je me contentais alors de secouer mes boucles blondes pour chasser cette pensée et lui attrapais la main. Je l’attirais alors vers moi pour qu’il s’allonge à mes côtés. Avant de me poser confortablement, j’avais pris un instant pour le regarder une dernière fois avant de complètement fermer les yeux, soudainement angoissée de m’endormir ou de me réveiller sans aucun souvenir. « Qu'est-ce que tu attends de moi Khaleen ? » Je soufflais longuement, je baissais alors mes yeux sur son corps en cherchant une réponse. J’ignorais ce que je désirais mais surtout j’ignorais ce qu’il désirait, ce qui m’angoissait au plus haut point. J’avais toujours été comme ça, j’avais toujours eu peur de m’engager, ou de dire quelque chose dont l’avis de quelqu’un différait, parce que la seule chose que j’avais toujours voulue c’était plaire, uniquement, et je savais que dans cet état, j’étais loin d’être la douce et aimante Khaleen qu’il avait connue des années auparavant. Je chuchotais alors « Je l’ignore. » J’avalais ensuite ma salive et reportais mon regard sur le sien, puis je reprenais « Et toi ? »
Quand elle l'avait touché à nouveau, même simplement au travers de ses vêtements pour lui ôter sa veste et le laisser en chemise, il avait brusquement eut l'envie de lui bondir dessus et d'envoyer au Diable toutes ses bonnes résolutions. Particulièrement au moment où elle-même s'était défait de son pull, ce geste n'ayant en rien calmé les désirs du jeune homme présent dans la chambre de Khaleen. Et c'était bel et bien parce qu'il y avait de nouveau une longue lutte interne qu'il s'était faire aussi facilement sans opposer la moindre résistance. Une partie de lui en était même venue à espérer qu'elle ne lâche pas l'affaire et revienne coller ses lèvres aux siennes pour les dévorer avec avidité. Mais au lieu de réagir, il s'était contenté d'obéir et de rester interdit à tout mouvement qui pourrait pousser Khaleen à l'embrasser. Pourtant il se doutait qu'il ne suffirait que d'une petite provocation, d'un geste un peu tendancieux à son égard, comme une petite pichenette qui les pousseraient à s'envoyer en l'air comme on dit, sans se préoccuper dans conséquences. Mais Aaron était un professionnel quand il s'agissait de songer aux conséquences. Lui-même passait le plus clair de son temps à ne rien faire par qu'il pensait trop à ces dernières. Il était obnubilé à l'idée de faire un faux pas, sans compter que lorsqu'il y avait Khaleen en jeu, tout était décuplé au centuple.
Pour cette raison, il lui avait posée une question simple mais qui l'aiderait probablement à calmer ses ardeurs. Du moins, c'était ce qu'il espérait. Enfin, un part de lui priait pour qu'elle ne veuille que dormir, alors que l'autre, entretenue par l'alcool et son manque d'elle souhaitait tout l'opposé. Mais il ne s'attendait pas le moins du monde à la réponse qu'elle formula, courte et contenant si peu de syllabe qu'il faillit ne pas l'entendre, trop accaparé par ses propres pensées contradictoires.
« Je l’ignore. »
Ses iris claires perdues dans le mur derrière Khaleen rejoignirent celles de la jeune femme en notant qu'elle l'observait également. La suite ne tarda pas à tomber de ses lèvres si attirantes et chaudement pulpeuses. Bon sang, il allait falloir qu'il cesse de la dévorer des yeux dès qu'il posait un regard sur son visage ou son corps plus généralement pensait-il en se re-concentrant sur ses paroles.
« Et toi ? »
Il aurait dût s'attendre à ça, d'ailleurs il avait plus ou moins déjà songé à la question. Mais il en revenait toujours au même point ; son esprit semblait s'être partagé en deux.. Comme trop souvent à son goût. Il crevait d'envie de passer la nuit à explorer son corps de ses mains fraîches, pour laisser la chaleur de sa peau infiltrer la sienne lentement, intimement. Et malgré ça, il avait repoussé ses avances. Aaron ne pouvait se résoudre à profiter de tout ce qui avait été offert en raison de son taux d'alcoolémie bien trop élevé. Aaron craignait en fait tout simplement qu'au petit matin, elle l'insulte de tous les noms et le vire de chez elle en vociférant l'idée qu'elle ne voulait plus jamais le revoir. Là était sûrement le grand frein qui permettait à ses pensées lascives de rester à ce stade de rêveries. Finalement, il brisa le contact visuel et soupira en baissant la tête pour la nicher chastement dans le cou de la jeune femme, humant son parfum en silence avant d'oser répondre à la question.
« Je.. Je crois que je ne sais pas plus que toi. Je suis confus. »
Avoua t-il avec sa voix calme et suave, bien que l'on pouvait y détecter les doutes qui s'emparaient de lui, un peu plus fortement à chaque seconde qui s'écoulait. Jamais il n'aurait pût imaginer des retrouvailles aussi mouvementée et riches en émotions à ce point.
Je regrettais, je regrettais tout à cet instant, notre rencontre, non plutôt comment elle s’était déroulée et quelle tournure elle prenait à cause de moi. Je regrettais d’avoir bu, d’avoir posé mes lèvres après avoir pris une pose lascive devant lui, je regrettais d’avoir montré une partie de moi, seule, isolée, sombre, que j’avais tenté d’enfuir toutes ces années où il avait été absent de ma vie. Mon regard posé sur le sien, je lui demandais pardon même si mes lèvres n’avaient pas bougé. Autrefois il nous suffisait d’un regard pour nous dire tant de choses, pourtant aujourd’hui je craignais que ce lien ne soit définitivement rompu. En fait c’était ça mon problème, je voulais que tout soit comme avant, je voulais rattraper nos années volées, je voulais redevenir l’adolescente heureuse dans les bras de son petit ami, totalement insouciante et pourtant très souriante. Mais je devais me rendre à l’évidence, tout ceci était impossible, et peut-être que l’alcool n’avait été qu’un prétexte pour soulager ma peine sur le moment, le problème était que j’avais toujours préféré agir que réfléchir et que si Aaron se souciait des conséquences, j’étais plutôt du genre à les oublier, et à hurler le lendemain en y réfléchissant. Je m’imaginais mal le lendemain, un mal de crâne inoubliable, et Aaron, serait-il là ? Je ne pouvais pas me prononcer, après tout je n’avais pas rejoint le pays des rêves, et il pouvait y avoir tant de variante sur le chemin qui nous unissait. Alors pour une fois au lieu de lui envoyer tout un tas de reproches, de l’aguicher, ou même de me mettre à pleurer, je préférais rester silencieuse, et quasiment statique. Mes gestes étaient légers, et j’essayais de calmer ma respiration un maximum, comme si cela pouvait apaiser notre situation.
Je tentais également de faire ralentir les battements de mon cœur qui tambourinaient toujours dans mon corps comme s’il voulait exploser chacun de mes os. Après tout mon cœur lui appartenait toujours, c’est comme s’il désirait sortir de mon corps pour venir se nicher entre ses mains, pour lui prouver mes sentiments, pour prouver que je ne l’avais jamais oublié et pour peut être, me faire pardonner de cette soirée. La bouche close, je le regardais un instant alors que son regard était fixé sur mon mur. J’attendais avant de m’allonger calmement, à vrai dire pour une fois, c’était moi qui n’osais bouger, c’était moi qui voulait être cette pierre froide qu’était le marbre. « Je.. Je crois que je ne sais pas plus que toi. Je suis confus. » Je baissais légèrement la tête en profitant de son air chaud dans mon cou. Je fermais alors les yeux et profitais du frisson qui parcourait mon échine à cet instant. Reprenant mon souffle je réfléchissais un instant. Mes bras venaient alors se poser sur ses avants bras et je le dégageais un peu de moi pour l’obliger à planter mon regard dans le sien pendant que je me relevais légèrement. « Pourquoi quelque chose me dit que tu ne me dis pas tout ? » J’essayais de combattre l’alcool intérieurement, c’était une bataille ardue mais pour l’instant j’avais le dessus, cependant j’ignorais pour combien de temps car ma tête se remettait à tourner dès que je clignais des yeux.
Ainsi, il était plus ou moins à l'aise, profitant de la tiédeur de sa peau et de son contact aussi léger qu'il soit. Instinctivement, le jeune homme avait voulut refuser de quitter la chaleur de son cou pour devoir affronter son regard. Mais comme toujours, dès qu'il s'agissait de Khaleen, sa volonté s'évaporait à toute vitesse. Aaron avait alors relevé le visage pour la regarder, s'attendant soudainement au pire.
« Pourquoi quelque chose me dit que tu ne me dis pas tout ? »
« Peut être parce que tu as toujours été capable de tout lire à travers moi. »
Déclara t-il tandis qu'un sourire espiègle étirait légèrement ses lèvres en hausse. Oui, il n'avait jamais sut lui cacher quoi que ce soit. Au départ il avait essayé avec ferveur, souhaitant toujours garder le contrôle de toutes ses paroles, de tous ses gestes. Mais Khaleen avait toujours été là pour déceler le moindre mot qu'il omettait de dire. Comme si elle lisait dans ses pensées en somme. Au début, ça avait été très dur de rester proche d'une personne qui finissait par tout savoir de lui. Mais avec le temps, il avait finit par trouver des aspects positifs à cette situation. Au moins il avait quelqu'un de confiance à qui se confier, une personne qui le comprenait et l'avait aidé à surmonter tous les maux de la vie qui lui étaient tombé dessus. Cependant aujourd'hui, il regrettait le fait qu'elle soit toujours aussi capable de deviner quand il n'osait pas dire quelque chose. Néanmoins, il savait qu'il allait devoir formuler une véritable réponse à sa question. Cependant les mots refusaient de se former sur ses lèvres fraîches, ou plutôt il refusait de les laisser passer la barrière fines que constituait ses lèvres. Cela dit, à force de fixer son regard pâle dans le sien, il ne pût que céder. Le plus hésitant du monde et cela combiné à l'anxiété qu'il ressentait, il parvint à construire une phrase dans sa tête pour lui permettre ensuite d'être prononcée.
« Je.. »
Les mots moururent avant même d'être dit, le laissant une nouvelle fois muet. Il ne parvenait pas à confier ses pensées, les trouvant en réalité bien trop déplacées, ce malgré les précédents événements. C'était comme s'il faisait un lourd blocage, à la manière de murs de bétons s'abaissant violemment pour l'empêcher de dire le fond de ses pensées. Un soupir échappa à sa vigilance pendant qu'il combattait contre ses songes qui hurlaient de se taire, ce qu'il ne fit pas bien évidemment. Un mince filé de voix pouvait alors s'entendre, sachant que le moindre bruit suffirait à couvrir ce son. Quelque part, il priait même pour qu'elle ne l'entende pas et abandonne, quitte à se vexer et lui tourner le dos pour s'endormir et se moquer de la réaction qu'il pourrait avoir. Mais constatant que rien de tout cela n'allait se produire, il fut bien obligé de parler.
« J'ai terriblement envie de toi. De pouvoir passer à nouveau du temps avec toi, de laisser tous mes sentiments remonter à la surface. Mais j'ai peur que tu n'aies décidée de m'embrasser qu'à cause de l'alcool. Peur que tu me trouves indélicat et grossier. J'ai peur de tout vouloir trop vite. »
Finalement, il se sentit tout simplement ridicule et soupira à nouveau en fermant les yeux, rompant volontairement le regard qu'il avait gardé dans le sien.
« Peut être parce que tu as toujours été capable de tout lire à travers moi. » Il n’avait pas tort, en même temps je ne m’en étais jamais vanté. Je détestais lorsqu’il me cachait quelque chose, du moins lorsqu’il essayait de me cacher ne serait-ce qu’une chose. Parfois je le voyais arriver avec un visage en sang ou de simples coquards et en un regard je savais ce qui s’était passé, pourtant il avait mis des années à se confier à moi à propos de son père. J’avais beau deviner certaines de ces pensées ce n’était jamais assez pour moi, non je n'aurais voulu tout savoir dès que son regard croisait le mien, cela m’aurait aidé à le comprendre encore mieux, cela aurait sûrement tempérer mes émotions et mes réactions comme à ce moment et surtout j’aurais pu lui venir en aide, soulager toutes les tortures qu’il s’infligeait, j’aurais pu le protéger alors que pendant tout ce temps il avait été le seul à nous protéger tous les deux. J’aurais voulu lui prouver mon amour en m’interposant entre lui et son père par exemple, quitte à prendre des coups, j’aurais tant voulu montrer que je pouvais être une fille forte même si au final je n’en étais pas vraiment une. J’avais peut-être le don de lire comme dans un livre ouvert en le regard mais lui avait le don de me faire chavirer à chaque seconde par un seul et unique regard, il avait le don de savoir quelles étaient mes réelles émotions, même si au final je préférais garder mes secrets enfouis profondément, même si cela était égoïste, le forcer à me raconter ses maux et cacher les miens…
« Je... » Je restais accroché à ses lèvres, mes yeux fixant celles-ci, mes doigts fins parcourant toujours ses bras, j’étais comme suspendue dans le temps. Avant avec difficulté ma salive, mon cœur s’était soudainement mis à battre deux fois plus vite. Et s’il m’avouait quelque chose qui allait totalement me briser ? J’espérais que ce n’était pas le cas, sinon j’espérais que l’alcool se serait chargé de moi durant la nuit, enfin de ma mémoire. Je restais alors pendue à ses lèvres, fronçant légèrement les sourcils comme si cela pouvait m’aider à discerner ses pensées, les mots que j’attendais, en vain. Je ne voulais pas le précipiter, je savais à quel point il était dur pour lui de se confier, moi c’était tout le contraire, j’y arrivais seulement je n’avais jamais les mots qui convenaient, encore une fois nous étions différents, mais si complémentaires. « J'ai terriblement envie de toi. De pouvoir passer à nouveau du temps avec toi, de laisser tous mes sentiments remonter à la surface. Mais j'ai peur que tu n'aies décidé de m'embrasser qu'à cause de l'alcool. Peur que tu me trouves indélicat et grossier. J'ai peur de tout vouloir trop vite. » Je restais un moment silencieuse, il fallait que je me repasse ses phrases encore et encore pour y déceler chaque pointe d’émotion. Je réfléchissais alors rapidement à ce que j’allais pouvoir lui répondre, j’avais tellement peur d’être débile à côté de ses aveux, je me sentais sotte, et terriblement perdue, seulement pour une fois, c’était une bonne chose. « Je… Je t’ai longtemps aimé tu sais ça Aaron… » Je baissais lentement mon regard, cherchant la suite. « Et j’ai beau avoir essayé de t’oublier, je n’ai jamais réussi. L’idée de te savoir avec une autre femme, l’idée de savoir que nous avons perdu tant d’années me brise totalement alors… » Ma voix s’étranglait, encore une fois, et puis c’était mieux ainsi que je n’arrivais plus à trouver les bons mots. Je relevais alors le regard vers lui et chuchotais « Embrasse-moi s’il te plait, et par-dessus tout, reste avec moi… »
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