Retrouvailles fortuite [Pv Khaleen]

I'TS TIME TO REMEMBER

I need to know now, can you love me again ?

J’en avais des faits conneries en étant saoule, j’étais une autre personne. J’aimais m’amuser lorsque je n’avais pas de l’alcool dans le sang, j’étais du genre maladroite, rigolote, la fille qui riait pour un rien, la bonne vivante, alors avec l’alcool tout ça était multiplié. Il y avait eu cette fameuse soirée où avions passait la soirée chez un ami qui avait décidé de faire une grande fête pour son anniversaire, l’hiver était là depuis quelque temps déjà. Le décor nous entourant était blanc, vêtu de neige, et les lacs étaient gelés en cette saison. J’avais beau avoir toujours froid, l’hiver n’en restait pas moins ma saison préférée car j’avais l’habitude de passer des heures à regarder les paysages changer. La neige était quelque chose qui m’avait toujours attiré, quelque chose qui me faisait rêver. Bref pour en revenir à cette soirée où j’étais très fortement alcoolisée, j’avais souhaité aller me baigner car sous le coup de l’alcool j’avais chaud, je ne portais qu’une légère robe. J’étais alors sortie du chalet en courant vers le lac qui était en contrebas de la propriété en criant que j’allais plonger avec ou sans Aaron. Une vraie furie ce soir-là, heureusement que mon ami avait été là, j’aurais pu finir gelée, ou le crâne fracassé contre la glace. Tout le monde avait ri en me voyant me débattre contre ses bras qui m’entouraient, c’était le bon vieux temps. J’avais aimé mon adolescence, encore plus que mon enfance qui m’avait paru longue, je l’avais aimé autant que j’avais aimé Aaron, tout simplement parce qu’il avait été à mes côtés. Me séparer de lui avait été une chose la plus dure à faire de toute ma vie, et j’en avais pleuré des larmes chaudes, j’aurais pu remplir un lac justement…

« Oh oui... Je ne vois pas comment oublier ça, c'était une sacrée soirée je m'en rappelle. Tu étais incroyablement têtue et j'ai dû tout mettre en œuvre pour te dissuader. » Je me mettais automatiquement à sourire en le regardant. Il venait de rire, et ce bruit si familier résonnait encore dans ma tête, oui son rire m’avait manqué pendant tout ce temps, c’était à la fois si étrange et si agréable de l’entendre. Je l’observais se resservir un autre verre pendant que je finissais le mien et lui tendais pour qu’il le remplisse en même temps. « Tu as dû te débattre pour que je garde mes vêtements aussi ! » Ce soir-là, alors que je courais, j’étais déjà prête à me déshabiller pour un bain de minuit, comme quoi l’alcool m’aidait à me désinhiber. J’attrapais alors mon verre et le posais contre ma joue pour refroidir légèrement celle-ci, repenser à tout ça faisait battre mon cœur plus rapidement que la moyenne et j’avais peur d’être rouge comme une tomate. « Tout ça me manque. » Enfin quelque chose que je voulais entendre. Un sourire à la fois nostalgique et triste s’installa sur mon visage, s’il savait à quel point tout ceci me manquait, à quel point tout ceci m’avait manqué pendant ces dernières années. « Tu me manques aussi… » Je n’avais pas fait attention à mes paroles, il avait parlé de nos souvenirs alors que j’avais parlé de sa personne, mais qu’importe, je m’en fichais, après tout je n’étais pas doué avec les mots et j’étais tête en l’air, du genre à comprendre autre chose. Je lui tendais alors ma main libre pour qu’il l’attrape, comme un signe de compassion ou de réconfort. Je ne souhaitais qu’une chose, me blottir dans ses bras mais cela me semblait totalement interdit.

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C’était si étrange. Nous avions beau nous connaître depuis notre tendre enfance, j’avais l’impression d’être une parfaite inconnue à ses yeux. Les années s’étaient écoulées, nous séparant alors, seulement j’avais le sentiment que mon cœur avait fait soudainement abstraction de ce temps qui avait défilé. Chaque fois que je posais mon regard sur son doux visage j’avais envie de pleurer à cause de toutes ces années ratées. Je l’aimais, je l’avais toujours aimé, mais même si durant ces années nous n’avions pas été amant, il aurait tout de même été à mes côtés pour que je suis tout partagé en tant qu’ami d’enfance exceptionnel qu’il était. Avant d’être mon amant il avait été mon ami, mon confident, il avait tenu tous ses rôles, à vrai dire il avait été le seul qui était resté au fil des années, le seul à me comprendre réellement, et devoir vivre avec sans lui avait été très dur, surtout du jour au lendemain. Je soupirais longuement en repensant à l’appel que m’avait passé mon père au sujet d’Aaron, si seulement… Si seulement je n’avais pas été si sotte, si sensible et si peureuse qu’il m’abandonne, j’aurais peut-être tenté de l’appeler, j’aurais tout fait pour le retrouver, seulement alors que les mots se déversaient dans mon esprit, les larmes étaient montées et j’avais senti mon cœur se briser en plusieurs milliers d’éclats. À présent je ne pouvais pas éloigner mon regard se son visage blanc, c’était comme une torture de m’obliger à le regarder. Bien sûr son visage était plus qu’agréable à toiser, seulement en le regardant je voyais tous les moments que nous avions pu rater, et ça me serrait soudainement le cœur jusqu’à m’en couper le souffle. « Ça aussi je m'en souviens parfaitement » Je m’autorisais à lâcher un léger rire en repensant à cette fameuse scène. J’avais adoré cette fête et le lendemain j’avais eu quelques trous de mémoire, mais j’étais fière d’avoir Aaron à mes côtés, bien que sur le coup je le plaignais de devoir me surveiller.

Je ne voulais pas le brusquer, et moi non plus d’ailleurs, mais tout ça me manquait, au fond nous avions eu beau ne pas nous voir depuis des années, j’avais l’impression que rien ne nous avait séparée. Bien sûr nous étions un peu des étrangers l’un pour l’autre depuis que chacun avait refait sa vie, mais un passé nous unissait et en ça j’avais l’impression de toujours le connaître sur le bout du doigt. Justement, mes doigts voulaient frôler les siens, juste un contact, un seul, que je désirais depuis que nos regards s’étaient croisés. Sa proximité me manquait soudainement, et je voulais y gouter seulement quelques secondes quitte à me brûler les ailes. Je tendais alors ma main et il posa sa main sur celle-ci, je lui accordais alors un sourire en soufflant longuement, à vrai dire j’avais peur qu’il me rejette. Il n’y avait pas d’ambiguïté dans ce geste, je voulais juste être proche de mon ami encore une fois. L’idée qu’il se soit marié abaissait quelques barrières entre nous, j’avais justement peur d’être trop proche et trop sentimentale. Aaron quitta alors ma main et m’attira dans ses bras en quelques secondes. Je finissais alors d’une traite mon verre et le déposais sur la table de basse en passant, puis je venais me blottir en posant ma tête sur son poitrail, ramenant mes jambes sur le canapé. Je venais alors poser ma main près de son cœur tout en appréciant ce battement, cela me rappelait tant de choses. « Je ne comprends pas comment ça a pu nous arriver... À nous.» Moi non plus je ne comprenais pas, j’ignorais pourquoi on nous avait faits ça alors que nous avions tout pour être heureux même si au fond ce n'était pas grand-chose. « Dis-toi qu’au moins, tu as eu une vie. » Cette phrase me faisait mal au cœur car je désignais indirectement sa femme, mais au départ, je ne voulais pas qu’il tombe dans les regrets comme je le faisais à ce moment même.

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Même si je n’étais pas le genre de fille à croire en sa beauté, mon charme et mes origines en avaient charmé plus d’un, je ne pouvais pas mentir à ce sujet. C’est sûrement le fait que j’étais toujours de ses filles qui restaient au naturel, une belle chevelure, des seules traites de maquillage sur mes yeux et s’était tout. J’étais bien loin des filles trop maquillées et habillées vulgairement, après tout ça faisait partie de mon éducation. Ma peau blafarde, mes yeux étincelants et ma bouche pulpeuse transformée en sourire attendrissant m’avait valu des demandes d’amants auxquelles j’avais toujours dit non. Lorsque j’étais avec Aaron, des garçons m’approchaient parfois en me demandant bien ce que je foutais avec lui, me promettant alors monts et merveilles, de l’or, des robes, une vie de richesse et d’allégresse, mais je n’en avais que faire, je recherchais l’amour, ce sentiment qui vous donnait l’impression de voler, d’avoir des ailes, et je l’avais trouvé en la personne d’Aaron, pour rien au monde je l’aurais abandonné pour autre chose, pourtant c’est ce qu’il avait fini par croire… Je croyais que je n’étais pas une fille superficielle, et pourtant il avait cru que je l’avais délaissé pour un de ces faux gentlemans du jour au lendemain, mon père avait dû manier les mots à la perfection pour réussir à le convaincre et à nous briser. Je sentais mon ami nicher sa tête dans mon cou, je sentais son souffle chaud, c’était si apaisant. Je fermais alors les yeux, sentant que ma tête commençait à tourner à cause de l’alcool, j’étais soudainement en train de passer d’une émotion à une autre. Je voulais me mettre à rire, puis à pleurer, c’était insensé. J’adorais être contre lui, dans cette position, c’est toujours ainsi que je me positionnais lorsque je n’allais pas bien comme lorsque j’avais envie de pleurer ou lorsque je venais de me réveiller en sursaut à cause d’un de mes nombreux cauchemars.

Aaron me toisait du regard sans que je comprenne pourquoi, était-ce peut-être à cause de mes paroles emplies de tristesse. J’étais heureuse pour lui, qu’il est trouvé l’amour, même si aujourd’hui il l’avait perdu. Même si j’étais jalouse de sa femme, j’aurais voulu être là pour l’aider à surmonter ce chagrin. « Durant un temps oui. » Je savais qu’il ne voulait pas me brusquer, ou me dire une chose qui m’aurait blessé, après tout il n’avait pas changé, il était toujours ce protecteur qui pesait chacun de ses mots avant de les prononcer pour ne pas briser la frêle poupée que j’étais. « Je suis heureuse que tu aies pu… aimer quelqu’un, être heureux un temps. » Je n’abordais pas le décès de sa femme mais il pouvait comprendre dans mon regard à quel point j’étais désolé pour lui, et cette fois-ci j’étais vraiment sincère, je savais à quel point perdre un être cher était douloureux. « Tu n'as jamais réussi toi... ? » Je lâchais un léger sourire, que répondre à ça ? Il pouvait voir combien j’avais réussi ma vie en un seul coup d’œil après tout. « Comme tu peux le voir… non. » Que pouvais-je dire d’autre ? J’avais bien eu des amants mais aucun d’eux n’avait atteint mon cœur, ils étaient plutôt là pour essayer de me rendre heureuse qu’autre chose, en vain bien sûr. Des larmes me montaient alors aux yeux cependant je les ravalais très vite avant qu’elles ne m’embuent la vue. Je soulevais alors ma main et la passais sur le visage froid de mon interlocuteur en souriant faiblement. « C’est la vie...» Chuchotais-je, j’étais enfin prête à accepter tout ce que j’avais raté, au moins il ne m’avait pas quitté comme j’avais pu le croire toutes ces années.

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Mon appartement était silencieux, un peu trop à mon goût même si cela m’apaisait. A vrai dire la présence d’Aaron rendait vivant cet endroit qui me paraissait si triste auparavant, il avait le don d’égayer cette pièce et me donnait envie d’y rester alors que la première idée que j’avais en ouvrant la porte de mon meublé était de fuir à toute vitesse. Je me souvenais alors de quelques souvenirs au sein de la villa familiale, là-bas aussi la décoration était froide, seuls quelques portraits de famille ornaient les meubles, mais souvent on pouvait entendre mon rire entremêlé à celui d’Aaron qui passait beaucoup de temps dans notre maison familiale. Le plus souvent je lui donnais rendez-vous dehors, cela me permettait de m’aérer l’esprit, de penser à autre chose et surtout à sortir de ma prison mais lorsque mon père refusait que je sorte je le suppliais de laisser venir le seul ami que j’avais. Il acceptait souvent devant mon regard de chien battu et parce qu’au fond il ne voulait pas rendre malheureusement sa fille, du moins c’est ce que je pensais mais tout avait changé depuis ma rencontre avec Aaron dans la soirée, mes avis étaient défaits, je ne croyais soudainement plus en rien. Mon père appréciait Aaron, surtout pour lui confier sa propre vie, je ne comprenais pas pourquoi il nous avait séparés, avait-il une rancœur à cause de moi ? J’étais la source de cette mascarade j’en étais sûre, il voulait me faire payer quelque chose, il ne me restait plus qu’à deviner quoi et à agir en conséquence, mais pour l’instant je me contentais juste de profiter de l’instant présent, sentant la chaleur du corps de mon ami envouter le mien. « C'est injuste. » Je me contentais de hocher les épaules, en réfléchissant à ce que je pouvais dire. Je n’étais pas douée avec les mots, et je n’aimais pas parler pour rien dire, je me contentais alors de chuchoter « C’est comme ça… » Je n’avais pas connu l’amour ni le bonheur, je ne pouvais pas rester là à m’apitoyer sur mon sort, c’était la vie, le destin ou le karma, appelez ça comme vous voulez après tout.

« Je hais la vie si c'est comme ça. » Je me contentais de souffler, j’ignorais si je devais sourire ou non, j’avais l’impression qu’il m’avouait qu’être séparée de moi durant toutes ces années avaient été dures pour lui, mais je me trompais souvent. J’étais comme ça, trop entreprenante avec mes émotions, je me faisais souvent des films comme le disent certaines personnes. Je préférais alors rester de marbre, passant juste ma main froide sur son visage pour en apprécier la douceur. Son visage fin m’avait manqué, c’est dingue ce qu’il m’attirait encore. Pour moi il était le plus bel homme sur terre, celui qui me faisait chavirer en un regard translucide. Comme absorbée par mes pensées, je secouais délicatement mes boucles blondes pour me défaire de cette léthargie. J’abaissais alors ma main par peur de le brusquer ou de le gêner, je lui adressais cependant un léger sourire sans prendre conscience que la distance entre nous s’était réduite. Mon cœur battait à travers toutes les veines de mon corps, ma tête tapait si bien que je n’arrivais plus à réfléchir et mes poumons manquaient d’air, pourtant j’étais bien, là, à le regarder dans les yeux, à sentir son souffle chaud sur mon visage. Je n’avais pas eu le temps de prendre de l’air que ses lèvres s’étaient posées sur les miennes. Je n’avais pas pu m’empêcher de fermer les yeux, profitant un maximum de ce présent qu’il m’offrait, certainement en gage de passé. Ses lèvres douces m’avaient manqué, cette sensation de nos lèvres collées, mon cœur s’emballait d’autant plus. Ce baiser aurait pu durer des heures, j’avais soudainement l’impression que l’on m’arrachait une fois de plus à lui, que l’on m’arrachait à mon rêve. « Excuse-moi je ne voulais pas être si inconvenant... Je devrais probablement te laisser. » Je rouvrais alors les yeux et le toisais du regard. J’étais perdue, j’ignorais pourquoi il avait fait ceci, tout ce que je savais c’est que j’en voulais encore, même si c’était interdit. Je ne voulais pas penser à la raison, je ne voulais pas réfléchir, juste me délecter de lui encore un peu. Je me redressais alors et posais mes deux mains sur son visage. Je venais ensuite coller mon front au sien en fermant les yeux et chuchotais « Non s’il te plaît… reste avec moi. »

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Combien de fois j’avais rêvé de ce moment, combien de fois j’avais espéré qu’Aaron franchisse ma porte à toute allure et me prenne dans ses bras après que j’avais couru vers lui, combien de fois j’avais songé à nos lèvres s’entrechoquant ? Trop de fois certainement puisque à chaque fois mon cœur s’était resserré un peu plus, comme une torture essayant de me mettre en tête qu’il fallait que j’arrêter de penser à lui. Je me faisais mal rien qu’à me remémorer mes souvenirs, seulement c’était trop dur de ne pas me souvenirs de ce que nous avions vécu. Je n’avais pas pu tirer un trait sur notre passé, quelque chose de trop fort nous unissait, enfin, nous avait unis. L’avoir si proche de moi à l’heure actuelle n’était pas réel pour moi, je me consolais en me disant que pour une fois je ne cauchemardais pas, que pour une fois j’allais me réveiller avec un sourire nostalgique accroché aux lèvres. Je me voyais déjà me réveiller dans mes draps, attrapant mon ordinateur portable pour chercher son adresse, puis je me voyais écrire une lettre pleine de rature encore et encore pour finir par abandonner croyant qu’il m’avait définitivement oublié. Si tout ceci était un rêve je voulais forcer mon esprit, forcer le destin à en profiter, à me laisser vivre cette romance que je n’avais jamais pu avoir, je voulais encore sentir mon cœur battre à m’en exploser la poitrine, c’était à la fois si violent et si magique. Je voulais qu’il reste auprès de moi, je voulais que nos corps se touchent et que nos regards se croisent encore et encore jusqu’à ce que la tension entre nous soit palpable. Il ne pouvait rien se passer j’en serai satisfaite, j’étais déjà heureuse de l’avoir auprès de moi, de pouvoir le voir, le toucher, humer ce parfum qui m’entraînait immédiatement dans une vague de souvenirs.

J’avais alors murmuré ce que je désirais vraiment, du plus profond de mon être. Je voulais qu’il reste auprès de moi pour rattraper tout ce temps qui nous avait été volé, je voulais tout rattraper en une seconde, je voulais revoir cette fougue dans ce regard et son sourire si contagieux. Posant mon front contre le sien je passais alors mes mains de ses joues à ses cheveux, commençant à caresser ceux-ci instinctivement. J’aimais tellement sa chevelure, avant j’y glissais toujours mes doigts afin de me détendre, c’était quelque chose que j’adorais, allez savoir pourquoi mais c’était quelque chose qui m’apaisait. « J'ai bien peur d'être incapable de ne pas recommencer... Et je ne veux pas prendre le risque de te perdre encore. » Sa voix était soudainement chaude, mais aussi emplie de doute ce qui avait le don de me déstabiliser, de remettre mes doutes à jour. Je soupirais longuement en réfléchissant à ce que j’allais pouvoir lui répondre, j’entrouvrais alors mes lèvres mais Aaron m’avait devancé. « Je ne sais pas comment tu résistes, moi je n'en ai jamais vraiment été capable. Tu m'as tellement manqué Khaleen... » J’avalais alors difficilement ma salive pendant que mon cœur cherchait à sortir de mon corps, mon souffle était coupé, j’avais du mal à respirer. Je me redressais alors en décollant mon crâne du sien et rouvrais les yeux. Doucement je tirais sur ses cheveux pour qu’il lève la tête vers moi, une fois son regard fixé dans le mien, j’exposais enfin mes mots « C’est dur, mais j’y arrive parce que j’ai peur que tout ceci ne soit qu’un rêve, ou parce que j’ai peur que tu fasses ça pour… je ne sais pas, essayer de te souvenir du passé, ou pour oublier quelqu’un, j’ai peur que… » Je ne pouvais pas terminer ma phase, je n’avais pas les mots. Je voulais lui crier mes angoisses pour qu’il m’aide mais j’en étais incapable.

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Je tremblais presque pendant que mes mains jouaient avec ses doux cheveux pour me détendre. J’en avais terriblement besoin et je trouvais même, sur le moment, que l’alcool ne faisait pas assez effet. J’aurais voulu être ivre pour rire de tout, pour me foutre de la situation et lui sauter littéralement au cou pour le couvrir de baiser, quitte à regretter le lendemain ou le faire fuir, j’aurais voulu être l’amante parfaite rien que le temps d’une nuit, pour qu’il s’en souvienne et revienne peut-être vers moi un jour. A vrai dire c’est comme ça que j’essayais de retenir les autres hommes. Au bout d’un moment, ils comprenaient que mon cœur n’était pas attaché aux leur et ils commençaient à me fuir en me disant l’éternelle phrase concernant un avenir à deux. Je tentais alors d’être l’amante parfaite pour les retenir même si le cœur et les pensées n’y étaient pas, mais c’était le seul moyen pour moi de ne pas être abandonnée à nouveau, puis, lorsque cela ne suffisait pas, je mentais, quitte à sentir comme un poison s’introduisant dans mes veines à chaque faux sentiment que je déballais. Jusqu’au jour où l’un d’eux me demanda ma main, me parlant de ses envies de bébé et d’habiter ensemble, et pour une fois c’est moi qui avais pris la fuite, car j’en étais totalement incapable, j’étais incapable d’être cette femme au foyer arborant un large sourire au retour de son mari, du moins pas avec lui, oui j’avais imaginé mon avenir de cette façon en compagnie de quelqu’un d’autre… Et cette personne était, bien évidemment, Aaron. Il se riait de moi lorsque je parlais du nombre d’animaux de compagnie que je désirais dans notre grande maison de campagne, de la couleur de la peinture que je disposerais sur les murs de la chambre de nos enfants. Bien sûr je rigolais également, mais quelque part, une part de moi envier vraiment cette vie calme où nous resterions ensemble pour l’éternité, heureux. Avec le recul je me disais souvent qu’il était temps pour moi d’arrêter de lire des romans à l’eau de rose…

Je ne voulais pas que tout ceci s’arrête, pourtant je m’apprêtais à me décoller de lui à l’annonce de sa réponse. Mon cœur avait déjà été brisé une fois, je ne voulais pas reproduire ce même processus car je savais que tout sera fini niveau relationnel pour moi, et puis je ne supportais plus cette douleur dans ma poitrine qui creusait un trou béant chaque jour. Je le sentais alors diriger ses mains sur mon visage et sur ma nuque. Je me contentais de serrer les mâchoires, attendant le verdict en fermant les yeux, prête à être ruée de coup, enfin de paroles. « Je n'ai faits ça que pour une seule raison. Uniquement parce que... » Je retenais alors mon souffle, il était impossible pour moi d’expirer l’air contenu dans mes poumons. « Parce que je n'ai jamais vraiment cessé d'avoir des sentiments à ton égard... Et te voir là devenant moment, c'était plus que ce que je ne peux supporter. Donc je pense que tu n'as rien à craindre pour ça. » Mes yeux se mettaient à papillonner à cause du manque d’oxygène et je m’empressais de respirer avec que ses lèvres n’atteignent pas les miennes. Je me sentais à nouveau sur un nuage et je sentais son emprise sur moi, seulement, je décidais de poser mes mains sur son torse et de me reculer lentement, rompant notre contact. « Je ne veux plus revivre ça, je ne veux plus avoir le cœur brisé Aaron… » Chuchotais-je avant que ma voix ne se brise.

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Je ne savais pas comment réagir. Ma tête tournait, mon cœur semblait vouloir sortir de mon corps pour se laisser tomber sur le sol et mes mains tremblaient. J’aimais tellement ce contact que je désirais le ressentir jusqu’à la fin de mes jours. Nos lèvres s’entrechoquant, ce goût sucré et sa douceur, et puis cette vague de chaleur s’emparant de tout mon être, comment pouvais-je repousser l’homme que j’aimais depuis tout ce temps ? J’ignorais mais il avait fallu que je le fasse, parce qu’un volcan était prêt à exploser à l’intérieur de moi, et parce que je n’allais pas tarder à perdre la tête à cause de toutes ces questions sans réponses. Mes lèvres brulaient à chaque seconde, cependant j’ignorais comment aborder tous les sujets qui se bataillaient dans ma tête, et puis je n’avais jamais été douée avec les mots, j’avais peur de le perdre encore une fois. Je connaissais par cœur Aaron, je faisais souvent mine de rien mais depuis tout ce temps je le voyais reconstruire des murs entre nous dès que j’osais tourner le dos. J’arrivais tant bien que mal à les détruire mais c’est comme s’il essayait de les reconstruire à chaque fois qu’une brique tombait. Alors que je posais mes mains tremblantes sur son torse, décollant mes lèvres, non plutôt les arrachant car comme pour lui, je l’espère, rompre ce contact avait été une torture si douloureuse que mon cœur s’était arrêté d’un coup. Je plongeais alors mon regard peureux dans le sien, mes yeux changeant constamment de destination, c’était trop dur de soutenir son regard, pourtant je le devais, je ne voulais pas qu’il se sente rejeter car ce n’est pas du tout ce que je désirais, je voulais simplement qu’il sente l’angoisse qui grandissait en moi depuis le début de notre rencontre ici, à Bowen.

« Te briser le cœur est la dernière que je veux. Pardonne-moi te t'avoir blessée, ce n'était pas mon intention. » Je baissais soudainement la tête, je me sentais tellement honteuse de douter de lui ainsi. Après tout il avait été derrière moi toutes ces années non ? Mais j’avais peur que notre séparation ait changé quelque chose, casser quelque chose de maintenant irréparable. Il fallait me comprendre, toutes ces années je n’avais attendu que ça, et voilà que tout se déroulait comme dans mes rêves, c’était bien trop beau pour être vrai. Mon regard venait alors se positionner sur ses mains qui s’étaient détachés de mon corps. Voilà, le mur était à nouveau flambant neuf. Je fermais les yeux un instant, déçue de cette situation, encore une fois j’avais tout foutu en l’air à cause de mon angoisse. Relevant le regard vers lui, j’hésitais, puis je posais la question qui me bloquait pendant tout ce temps. « Est-ce que tu l’as aimé ? » Comme moi. C’est ce que je désirais savoir à tout prix même si je n’avais pas terminé ma phrase comme je l’aurais voulu. Je me contentais d’attendre sa réponse en savant pertinemment qu’il l’avait aimé, après tout à quoi je m’attendais. Il venait cependant de se confier qu’il ne m’avait pas oublié, qu’est-ce qu’il me fallait de plus après tout ? J’attendais sa réponse, encore et encore mais celle-ci ne venait pas. Je préférais alors baisser la tête et me détacher de lui pour retrouver ma place initiale, passant mes doigts fins dans mes boucles dorées. De mon autre main j’attrapais la bouteille de Whisky et la portais à mes lèvres pour sentir encore ce doux poison s’introduire dans mon corps.

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