a neverending sentence in my head (ally)

Certes, Ally avait sans doute été obligée bien plus que moi de se retrousser les manches pour s’en sortir avec ses dettes. Bon, je n’avais pas non plus passé neuf ans à Melbourne à ne rien faire. J’avais bossé, bossé dur. Ma vie ne s’était résumée qu’à ça, en fait. Sauf que ça n’avait jamais vraiment suffit à me permettre de vivre correctement, de payer mon loyer, de rembourser mes dettes, etc. Le coup de la loterie était certainement l’œuvre de Dieu, ou de cette quelconque force qui veillait sur moi. Ma mère, peut-être, si elle avait su rejoindre, au Ciel, une association pour alcooliques anonymes ou un truc du genre. Peut-être que, dans son au-delà, elle avait su reprendre le dessus sur ses démons, et qu’elle voulait que j’aie moi aussi une chance de m’en sortir. « Et tu t’en es sorti comment financièrement? Parce que c’est pas que 5$ ... » Me demanda Ally avec un air des plus intrigués. Puisqu’elle avait vécu la même chose, elle savait bien à quel point il était difficile de garder la tête hors de l’eau. Et comme personne ne m’avait acheté mon centre pour que je puisse le développer, comme Levi l’avait fait pour sa galerie d’art, et bien évidemment que les questions se posaient. « Euh … À Melbourne, bah … je prenais tous les remplacements que j’arrivais à avoir, en plus de mon temps plein, et c’était à la base assez bien payé comme c’était en construction alors … à force d’économiser j’ai … réussi à m’en sortir. » Je mentais lamentablement. Sans doute avais-je les joues rosées. Et, connaissant Ally, une réponse de ce genre, si peu convaincue, ne serait pas suffisante à dissiper toutes ses interrogations.

Justement, le sujet de Levi qui me tracassait tant fut analysé de long en large, surtout parce que je voulais qu’elle me raconte toute cette histoire. Je ne voulais pas avoir de mauvaises surprises, déjà que le fait d’apprendre que son ex avait une place aussi importante, présentement, dans sa vie, ne me plaisait pas. Je n’avais pas envie d’apprendre d’autres détails de ce genre plus tard dans notre relation, peu importe comment on pourrait qualifier celle-ci. Toutefois, je mentionnai mon désir de ne pas nous étaler sur le sujet là, maintenant, dans un moment où je me sentirais un peu prisonnier de la voiture si jamais ça tournait au vinaigre. « Mais j’ai pas envie que tu partes suite à la vérité, Concho. » Elle glissa alors sa main sur la mienne, et je tournai la tête vers elle pour lui sourire. « Je n’ai pas envie de partir non plus, Ally. J’ose espérer que ce n’est rien qui me fera déguerpir. J’ose espérer que je saurai voir plus loin que ça, peu importe ce que ce « ça » est … » Continuais-je. La belle rousse renchérit. « Je m’attache Concho, que j’le veule ou pas. Et j’ai envie qu’on continue ensemble... J’ai peur de t’avouer toute la vérité. Tu serais l’unique personne à la détenir, parce que moi je te fais confiance à ce point. » J’hochai la tête. Je me sentais alors tellement mal de lui avoir menti, tout à l’heure, pour mes finances. Après tout, si ça devenait plus sérieux, entre nous, elle allait bien devoir savoir qu’elle était aux côtés d’un nouveau millionnaire. Mais comme nous étions encore sur le sujet de Levi, je me promis de le lui dire plus tard. Je lui dis donc que la raison pour laquelle j’étais autant dérangé, c’était surtout parce que je ne comprenais pas trop ce que Levi attendait d’elle. S’il l’attendait elle. « Non. Parce que lorsque j’ai croisé, je lui ai demandé et tout ce qu’il attendait vraiment c’était qu’on s’entende bien. Il veut qu’on passe à autre chose. Il a sa copine et ses propres emmerdes à Bowen et c’est pas lui que j’attends. À l’époque, quand Levi m’a demandé de partir, j’ai eu le cœur brisé, Concho. Ça a été difficile à passer au travers de cette vraie histoire d’amour, ma première peine de cœur. Aujourd’hui, j’ai ma vie et il a la sienne. Et moi, c’est avec toi que je veux vivre la mienne pour qu’elle devienne la nôtre. Et... Ça sera pas toujours facile, mais ça vaudra la peine. J’peux te le promettre. » Ses paroles me faisaient du bien. Elles réchauffaient mon cœur. Elles dissipaient mes doutes. Je n’avais plus vraiment peur, face à toute la sincérité dans sa voix et dans son regard, que j’avais croisé avant de reporter le mien sur la route. « Je te crois sur parole. » Je lui souris. « Je sais que ça en vaudra la peine parce que les trois derniers mois ont été les plus agréables de ma vie. » Avouais-je. Ally avait réussi à mettre cette lumière qui avait été quasi-inexistante durant mes neuf années à Melbourne. Et pourtant, j’en avais connu, des femmes. Mais aucune n’arrivait à la cheville d’Ally. « Finalement, on arrête où en premier? T’as des envies particulières? » J’haussai les épaules. « J’opterais pour aller à l’endroit le plus éloigné au nord, ou à l’ouest, peu importe selon la carte … et revenir ensuite. » Proposais-je. C’était Ally qui semblait avoir bien localisé chaque activité, alors je la laissai regarder. « Ally … » Dis-je alors que le silence s’était installé un moment, pendant qu’elle regardait son téléphone. Elle releva la tête vers moi, toute ouïe. « Je t’ai menti, tout à l’heure … Je t’ai menti quant au comment je m’en suis sorti de mes nombreuses dettes … » J’avalai difficilement. Dans ma tête, Ally n’allait pas s’imaginer grand-chose. En même temps, j’avoue que mon air un peu perturbé pouvait laisser croire que j’avais braqué une banque ou un truc dans le genre, mais je n’y songeai pas une seule seconde. Alors je laissais le suspens, attendant sa réaction avant de tout dévoiler de ma situation financière.

Évidemment qu’elle ne me croyait pas, je ne me serais pas attendu à autre chose. Autant certaines personnes pouvaient vous en passer plus d’une sans que vous ne le sachiez, autant moi, j’étais incapable de faire croire quoi que ce soit à qui que ce soit. Même pour une blague bien simple, j’avais toujours ce regard malicieux ou traitre qui me vendait avant même le mauvais coup. C’était à se demander comment Eleanor réussissait à toujours se faire prendre par les attrapes que les jeunes et moi mettions en place pour rire d’elle un peu. En même temps, elle se doutait toujours que nous avions fait une mauvaise blague, mais de là à deviner laquelle, peut-être pas. Bref, pour les blagues, je m’en foutais un peu de ne pas savoir bien les cacher. Mais pour des moments comme celui-là, avec Ally, j’aurais bien aimé pouvoir tasser un sujet du revers de la main, par un mensonge quelconque, et ne plus y penser. Là, je ne cesserais d’y songer, parce que je savais qu’elle aussi savait que ce n’était pas la vérité. Je culpabilisais à fond. On arriva quand même à changer de sujet, Ally ayant décidé de laisser tomber pour cette fois, et je lui confiai alors que les derniers mois passés avec elle avaient été plus qu’agréables.  « Et tu ne regrettes rien? » Me demanda-t-elle, toute timide. Je souris en la regardant un moment. « Non. Bien sûr que non. » Et là je ne mentais pas. Je ne regrettais même pas d’avoir laissé Ally nous emprisonner dans ce moule d’amitié qu’elle s’entêtait à respecter. Au fond, c’était ça qui, aujourd’hui, nous rendaient si uniques.

Je proposai alors d’aller au point le plus éloigné sur la carte avant de revenir, ce à quoi Ally acquiesça, replongeant son regard sur son téléphone tout en me demandant si je prévoyais avoir faim bientôt. « J’ai toujours faim. » C’était bien ça mon problème, celui qui faisait en sorte que je devais toujours me parler, mentalement. « Mais regarde s’il y a des endroits qui ont l’air bien aux environs, sinon on attendra de croiser un restaurant qui a de l’allure. » Je n’avais pas forcément envie de passer notre petite escapade à manger des plats provenant de restauration rapide. Dans ma jeunesse, j’en avais mangé pour toute une vie. Maintenant qu’elle était concentrée sur la carte des restaurants, je prononçai son prénom, lui avouant que je lui avais menti un peu plus tôt. « Oh. Et tu t’en es sorti comment? Honnêtement, cette fois. » Elle prit ma main, moi qui m’attendais à ce qu’elle soit un peu plus vexée suite à son élan d’honnêteté. Le fait que je n’avais pas attendu dix ans avant de le lui dire m’aidait, sans doute. J’hésitais quand même à le lui dire, surtout parce que je ne savais pas vraiment comment le dire. Pas que c’était la révélation la plus monstrueuse ou la plus grosse de l’univers. Je savais bien qu’au fond, Ally ne réagirait pas si fortement, du moins je ne le pensais pas. Mais comme je gardais mon statut secret depuis huit mois maintenant, je ne savais toujours pas comment en parler avec les autres. « Tu peux m’en parler que j’arrête de m’imaginer qu’on va chercher un cadavre à l’autre bout du Queensland? » Elle riait nerveusement, me sortant de mes pensées. Je rigolai nerveusement, suite à sa proposition. « Ce n’est rien de tel, rassure-toi. » Dis-je en riant. J’avais la tête d’un mec qui ne ferait pas de mal à une mouche, et l’attitude qui venait avec, quand même. Enfin, sauf si j’avais de très bonnes raisons, mais je n’irais pas jusqu’à tuer. J’inspirai avant de jeter un regard à Ally, puis de fixer la route de nouveau en déclarant : « Je m’en suis sorti surtout parce que … avec deux collègues de Melbourne on a gagné à la loterie. » Je la regardai. « Mais genre, un gros montant. Le gros lot. Alors … du jour au lendemain, j’étais millionnaire. » Avouais-je. Je n’avais aucun mérite, au fond, de m’en être sorti. Ally, elle, avait travaillé d’arrache-pied alors que moi, même si j’avais aussi bossé dur, j’avais quand même dorénavant la vie facile, avec mon compte en banque bien garni.  

S’il y avait une chose qu’Ally ne comprenait pas, c’était mon combat constant avec la nourriture. Pourtant, elle avait été là. Elle avait été là tout ce temps où j’avais eu bien trop de livres en trop, où on ne me trouvait drôle que parce que j’avais le visage rond et que je faisais des blagues qui me dénigraient moi-même dans ma grosseur, où je n’avais aucune véritable confiance en moi et que je me laissais porter par la vague que créait les autres. J’avais repris le dessus sur ma vie et la saine alimentation que j’adoptais maintenant était un peu comme mon ancrage, mon point d’équilibre. Pourtant, la rouquine tentait toujours de passer au-dessus de ça, alors soit elle décidait de ne pas le voir, soit elle ne comprenait pas mes difficultés. Je ne lui en glisserais pas tout de suite un mot, par contre. Nous avions des sujets plus importants à aborder. « C’est bon, je suis capable de tenir un moment jusqu’à ce qu’on croise un bon restaurant. Mais si toi, t’as faim, te gêne pas. C’est pas très long d’arrêter dans un service au volant. Et puis y’a pas de presse. » Lui affirmais-je avec un sourire. J’avais peut-être mes propres restrictions, mais jamais je n’imposerais ces limites à Ally. Et jamais elle n’aurait besoin de se sentir mal vis-à-vis de cela. De toute façon, connaissant Ally, je me doutais qu’elle ne s’en sentirait pas gênée.

Je décidai finalement d’aborder le sujet pour moi épineux de mon compte en banque. Il était plus que temps que je sois à mon tour honnête. Et puis, tourner autour du pot pendant trop longtemps allait très certainement me revenir en pleine face tôt ou tard. Aussi bien me débarrasser de ce fardeau et voir ce qui arriverait. Une dispute ne pouvait pas découler d’une telle révélation, quand même. Ce n’était que de l’argent. Et pas des problèmes d’argent, qui plus est. Tout le contraire, même. À la limite, Ally se réjouirait de la situation, autant pour moi que pour nous. Parce que même si je la savais trop respectable et indépendante pour penser volontairement une telle chose, je me disais bien qu’à quelque part, elle savait qu’elle pourrait en profiter elle aussi. Et si elle ne le savait pas, elle le saurait bientôt. Si Ally avait à devenir celle qui partagerait ma vie, ma princesse, alors elle serait gâtée comme telle. La réaction d’Ally après que je lui aie dit était pour moi indéchiffrable. « Woah. » C’était tout ce qu’elle avait soufflé. Et là, le silence. Je la regardai du coin de l’œil, et je vis une mèche de cheveux roux qui s’enroulait autour de son doigt, doucement, tranquillement. Elle semblait vraiment perdue dans ses pensées et, honnêtement, je n’avais aucune idée de si c’était une bonne ou une mauvaise chose. À tel point que je commençais un peu à paniquer, et à regretter de lui avoir dit que j’étais millionnaire. Après un silence qui m’avait paru éternel, mais que j’avais respecté surtout parce que je sentais qu’Ally était en train de gérer elle-même toutes ses émotions, elle reprit finalement la parole, après avoir soupiré. Et, contre toute attente, elle ne me parla même pas de mon argent à moi. Elle me parla de son argent à elle. Comme si tout ce que je venais de lui dire n’avait aucune importance. Comme si ce secret que je gardais depuis huit mois, que je cachais à tout le monde, n’avait que peu d’importance. Et elle me parla de son contrat à elle, son contrat qui était Levi. Je fronçai les sourcils. Si elle avait voulu détourner le sujet, c’était réussi. Mes millions, ils étaient bien loin. « Attends … qu’est-ce que ça veut dire, ton contrat était Levi ? » Dit comme ça, ça sonnait plutôt comme un contrat d’escorte ou un truc dans le genre. Comment pouvais-je me douter qu’il s’agissait en fait d’espionnage ? J’avais beau avoir beaucoup de billets, je ne les cachais pas dans une valise en sautant d’un hélicoptère. Nous n’étions pas dans James Bond. Elle m’expliqua finalement de quoi il s’agissait réellement et, malgré que toute cette information était difficile à gérer, je lui laissai le temps de continuer. Je savais maintenant pourquoi son histoire avec Levi s’était terminée. Je demeurai silencieux, un moment. « Bon. Moi, mes secrets ont tous été dévoilés au grand jour. Les tiens ? » Je n’avais pas vraiment envie de commenter sur son séjour aux États-Unis. Je n’étais pas assez certain de savoir ce que j’en pensais alors, pour éviter des embrouilles, j’avais préféré faire comme si de rien était, moi aussi. Tasser du revers de la main une telle nouvelle était plus facile que d’y faire face. « Bon, tu dois bien avoir des CDs meilleurs que ça. Mets quelque chose qu’on pourra chanter ensemble. » Comme ça, si nous écoutions de la musique jusqu’à ce qu’on arrive à destination, j’aurais peut-être une chance de faire de l’ordre dans mes idées.

J’haussai tout simplement les épaules quand Ally m’avoua qu’elle pouvait attendre aussi, mais qu’il fallait considérer qu’on avait encore quelques heures de route à faire sans manger si on attendait de passer à travers une ville ayant de bons restaurants. Je me disais que si on n’en pouvait plus du tout, on aurait qu’à quitter l’autoroute et aller au centre d’une ville, où il y aurait sans doute de vrais restaurants. À moins de tomber sur un vrai trou perdu, on devrait s’en sortir. De toute façon, avec la discussion qui suivit, j’allais rapidement avoir autre chose à penser que de me concentrer sur mon ventre. Je la questionnai sur son contrat avec Levi, parce que bien franchement, tous les scénarios que je m’imaginais étaient tous plus mauvais les uns que les autres. « Quelqu’un m’a envoyé près de Levi pour avoir de ses nouvelles. Je répondais à quelques questions simples. J’devais obtenir la confiance de Levi pour mieux répondre à mon employeur. Et, je suis tombée amoureuse de lui indépendamment de tout ça. Et lui de moi. Il a découvert l’employeur, il m’en a voulu... Tout ça pour dire, que j’ai un montant important, moi aussi dans mon compte... Et que l’argent n’est pas tout dans la vie. » Elle m’avait tout déballé ça, s’asseyant en tailleur ou prenant ma main à certains moments. « Attends, genre … Tu t’es d’abord  rapprochée de lui dans le seul but d’avoir des informations à rapporter à ton employeur ? T’es une genre d’espionne, quoi ? » Demandais-je en fronçant les sourcils. Si j’avais bien compris la chose, je trouvais ça franchement horrible. Je n’allais pas me montrer compatissant envers Levi, mais en même temps, je pouvais comprendre pourquoi il lui en avait voulu. J’aurais trouvé ça dégueulasse, moi aussi. S’il fallait que j’apprenne qu’Ally était dans ma vie rien que pour me soutirer des informations. Je n’arriverais plus jamais à faire confiance aussi facilement. Malgré cela, je décidai que pour le moment, j’allais me distancer de cette histoire, prendre le temps nécessaire pour songer à ce que ça voulait dire pour moi. Je lui demandai alors si elle avait d’autres secrets, parce que moi, je n’en avais plus. « J’crois qu’on a fait le tour des squelettes du placard d’Ally... Enfin, mon prénom complet c’est Alexandria, mais ça je crois que tu le savais déjà. Ce que tu ne sais pas, c’est si tu m’appelles comme ça en public, j’ai un fusil caché dans la voiture et une pelle pour les cadavres. » Je savais effectivement qu’elle s’appelait Alexandria, le nombre de fous rires que j’avais pu avoir avec d’autres camarades de classe à qui je ne parlais plus aujourd’hui. Ally fusillait toujours les professeurs et les élèves du regard quand son prénom complet était révélé au grand jour, en début d’année. Bon, en même temps, c’était rapidement suivi des fous rires concernant mon prénom à moi, une fois que tous les « B » étaient passés. « T’sais, tu parles au gars qui s’appelle Conchobáhr. » Lui rappelais-je avec un sourire amusé. Je me retenais pour ne pas rire, parce que franchement, même après autant d’années de vie, je ne m’habituais pas vraiment. Je proposai finalement à belle rousse de mettre de la musique, et son choix aurait dû me surprendre, mais avec elle, plus vraiment. « Backstreet Back alright! » Chanta-t-elle en chœur avec peu importe quels étaient leurs prénoms, à eux. Je me laissai quand même aller à la musique, parce que le rythme en général était bon, et qu’à force de les entendre dans ma jeunesse je connaissais la plupart des refrains par cœur. On écouta le CD de leurs meilleures chansons au complet, avant de finalement arriver à destination. Heureusement, parce que la journée était bien avancée. Bon, la destination c’était un endroit vague, c’était la Grande barrière de corail. Je m’étais garé au bord de l’eau, pour le moment. « Est-ce qu’on essaie de s’informer s’il y a encore possibilités d’aller nager et faire de la plongée même à l’heure qu’il est, ou alors on prend ça relax pour ce soir, souper au restaurant et soirée à l’hôtel, pour mieux découvrir l’endroit demain ? » Demandais-je. Honnêtement, les six heures de route m’avaient épuisé, mais si Ally désirait vivre à cent mille à l’heure, je la suivrais. Évidemment.

« Attends, genre... Tu t’es d’abord rapprochée de lui dans le seul but d’avoir des informations à rapporter à ton employeur? T’es une genre d’espionne, quoi? » En détournant le regard, j’avais hoché la tête positivement. Je me remémorais à quel point tout ça me semblait si immoral et ce l’était... Mais je me complaisais à dire que j’étais tombée amoureuse de lui et que j’avais souffert plus que lui. Peut-être avais-je tord finalement... Lui aussi devait avoir eu un peu de peine, non? Pour la première fois depuis longtemps, je m’imaginais que Levi devait avoir aussi des sentiments plutôt tristes de son côté... « Je voyais quelque chose de positif en cet employeur qui se souciait de lui. » Je me mordillais la lèvre en me disant que c’était son père. Je tournais la tête vers l’extérieur le regard vaporeux, devenant peu à peu humide. Ça me rappelait mon propre père qui aurait tourné la terre à l’envers pour me retrouver si le besoin avait été.

« T’sais, tu parles au gars qui s’appelle Conchobahr. » Je ris doucement en le regardant, chassant mes larmes du coin de mes yeux pour le regarder avec un petit sourire. S’en suivait de la musique, de certains mouvements de danse. Excellents pour ceux de Concho, moyens pour les miens. Je me débrouillais bien dans les boîtes, mais rien à côté de ce que l’homme à mes côtés savait faire. Arrivés à la Grande barrière de Corail, je sortais de la voiture en marchant un peu sur la plage pour me dégourdir les jambes. Il me questionnait pour savoir ce qu’on faisait et je regardais autour de nous. Il était toujours tôt... Je hochais la tête positivement. « On voit si on peut faire de la plongée pour ce soir, sinon ça peut toujours attendre à demain et on prend ça en... amoureux? » lui demandais-je, incertaine du terme que je venais d’employer. Je prenais sa main pour approcher le kiosque d’informations qui semblait déjà fermé... Eh bien, on avait déjà notre réponse dans ce cas. « Bon bah... Souper au resto, soirée à l’hôtel alors! » Je glissais un baiser sur sa joue avant de remonter dans la voiture pour se diriger vers un hôtel. Arrivés à destination, nous débarquions les valises pour mieux aller chercher une chambre. Ça allait être la première fois que nous allions réellement dormir ensemble, sans avoir eu d’autres intentions plus ou moins chastes un peu plus tôt. Nous montions rapidement à notre chambre et j’espérais profondément qu’il ne soit pas comme Isaiah lorsqu’il était question de sommeil. Arrivés à la chambre, je laissais ma valise sur le coin d’un meuble pour mieux me laisser tomber sur le lit le temps de quelques instants. « Resto de l’hôtel sans complexe ou tu préfères aller ailleurs? » lui demandais-je en regardant le plafond. Pas question que je bouge tout de suite. Je retirais mes chaussures pour mieux me remonter dans le lit quelques instants.

« Je voyais quelque chose de positif en cet employeur qui se souciait de lui. » Je ne répondis rien. Je n’avais rien à répondre. Et je ne voulais pas chercher non plus. Disons que cette révélation était plus que troublante. De savoir que pendant tout ce temps je couchais avec une femme qui avait été une sorte d’espionne envers son petit ami. Ça me donnait un peu la nausée et je préférais ne pas penser à tout cela. Je me doutais bien que c’en était fini pour elle, ces contrats d’espionnage, mais reste que le choc était toujours bien là et que je ne savais plus trop à quoi m’attendre avec Ally. Les surprises, c’était bien, mais celles d’Ally me prenaient toujours au dépourvu et jamais vraiment dans le bon sens. Au moins, nous mentionnions que nous avions tout révélé pour le moment. Je me disais donc que des surprises, il n’y en aurait plus autant. À moins qu’elle me cache encore des choses et ça, je ne pouvais ni le savoir, ni le prévoir.

Nous arrivâmes à la Grande barrière de corail et je tentai de laisser derrière moi ces conversations dans la voiture, parce que si je m’accrochais aux sentiments négatifs qu’elles avaient réveillé en moi, je ne pourrais profiter de ce voyage. Et puis, si tout cela était bel et bien dans le passé et appartenait à l’ancienne Ally, alors moi je n’avais aucun problème avec la nouvelle Ally. Au contraire, même : on s’amusait ensemble, on riait, on rougissait, on parlait de tout et de rien. Bien à l’aise. C’était à ça, à nous deux, que je devais m’accrocher. Pas à ce qui était fait et ne pouvait être changé. Je sortais de la voiture à la suite de la rouquine, la suivant vers la plage. Je parlai du plan de match pour la soirée et le lendemain. « On voit si on peut faire de la plongée pour ce soir, sinon ça peut toujours attendre à demain et on prend ça en... amoureux? » Elle avait hésité sur le terme, et moi j’hésitais sur ma réaction. Tout ça allait très vite. Dans le mot amoureux, il y avait amour, et bien que je me disais bien que c’était sans doute ça, je n’étais pas prêt à le dire à haute voix. « Bonne idée. » Avais-je alors répondu avec un sourire, la suivant jusqu’au kiosque d’information qui indiquait sa fermeture à l’heure actuelle. J’haussai les épaules alors qu’Ally proposait de passer la soirée à l’hôtel après avoir trouvé un restaurant. « C’est pas plus mal. Je suis crevé. » Avais-je alors dit. Et comme j’avais bien hâte de faire de la plongée mais que je voulais aussi en profiter, je préférais être en forme pour le faire.

Puisque nous n’étions pas bien loin de la plage, trouver un hôtel fut assez facile. Nous avions d’assez lourdes valises alors je montai dans l’ascenseur avec Ally. Une fois dans notre chambre, je souris en la regardant se coucher sur le lit. Je déposai ma valise à côté de la sienne pendant qu’elle demandait, le regard sur le plafond, si nous allions au restaurant de l’hôtel ou ailleurs. « Le restaurant de l’hôtel avait l’air assez classe, je pense que ce serait plus simple d’aller là. » Mentionnais-je, surtout parce que je n’avais pas envie plus que ça de reprendre la voiture et de partir à la recherche d’un restaurant. Je m’approchai finalement d’Ally, un petit sourire en coin. « Mais avant … » Belle rousse m’avait laissé sur ma faim, dans la voiture, après son petit geste d’amour pendant que je conduisais. Je me glissai donc par-dessus elle dans le lit, retenant mon poids de mes bras, et je commençai à l’embrasser d’abord sur les lèvres et le visage, puis sur le reste de son corps. Ally ne tarda pas à me suivre dans la danse et je lui fis l’amour avec un peu plus de fatigue qu’à l’habitude, mais avec toute ma passion quand même. Une fois tous les deux rassasiés, je la caressai un moment dans le lit, avant de me lever. « Je vais sous la douche rapidement, et on pourra descendre vers le resto après ? » Demandais-je, avant de m’éclipser dans la salle de bain, sans fermer la porte. Si Ally désirait me rejoindre, elle n’avait qu’à le faire. Plus besoin d’invitation entre nous.

Il ne parlait pas et je savais que provenant de Concho, sans blague ou quoi que ce soit... ce n’était pas très bon signe. Peut-être était-ce la bonne chose à faire de lui dire parce qu’il ne pouvait pas se sauver, pas non plus m’éviter... Et que je l’aurais tué s’il était parti avec ma Beetle. Il m’avait suivi jusqu’au kiosque fermé alors qu’il m’admettait qu’il était crevé. « Tu aurais dû me le dire avant, bel homme! » m’exclamais-je en lui donnant une petite tape sur le torse en riant doucement. Quelques instants plus tard, nous étions dans l’hôtel et il me disait sa pensée sur le restaurant de l’hôtel, ce à quoi je hochais la tête positivement. Je lui faisais un sourire et alors que je comptais me préparer pour le souper, il avait d’autres idées moins chastes. Je lui suivais dans cette danse de corps à corps endiablée, la seule où je pouvais montrer un peu de talent... Enfin, j’osais croire. Parce que je dansais avec deux pieds gauches. On restait tendrement l’un contre l’autre, contrairement à nos habitudes. Pour que Concho reparte le premier, me remettant encore en question concernant mes propres sentiments.  « Je vais sous la douche rapidement, et on pourra descendre vers le resto après? » Je hochais la tête positivement alors qu’il filait sous la douche, je me levais et je le rejoignais où j’étais efficace sous la douche sans me laver les cheveux parce qu’ils étaient encore parfaits. Je me lavais, j’embrassais doucement Concho et je ressortais en le laissant profiter de l’eau chaude. Je m’habillais donc élégamment avec une robe noire longue, quelques bijoux et je me maquillais. Je recoiffais rapidement mes cheveux les laissant tomber en cascade dans mon dos. Je ressortais de la chambre pour mieux le laisser se préparer alors que je préparais un petit sac à main que j’apporterais avec moi.

Suite aux préparatifs, on s’installait à une table où on nous offrait un apéro. Je commandais une coupe de vin blanc, rien de plus sage en réfléchissant tout de même à ce que je mangerais. La mine songeuse j’hésitais entre un filet mignon et un bifteck de faux-filet. Décidément, Concho avait bien su brûlé mon énergie un peu plus tôt. « J’ai envoyé des messages à Lily un peu plus tôt, elle te passe le bonjour. Et accessoirement veut être notre demoiselle d’honneur. » Je riais doucement alors que le serveur réapparaissait avec les apéros, dont ma coupe de blanc. « On trinque à quoi? » lui demandais-je sagement, un léger sourire aux lèvres en lien avec le moment que nous allions passer tous les deux.

« Tu aurais dû me le dire avant, bel homme! » M’avait répondu Ally après que je lui aies avoué être crevé, après tout ce trajet. « Et risquer que tu m’ordonnes qu’on s’arrête pour qu’on échange de place et que tu conduises, perdant ainsi mon privilège de conduire ta Beetle ? Non merci. » Répondis-je avec un sourire. La rouquine pouvait sans doute encore lire la confusion dans mon regard, parce que nous commencions à nous connaître un peu mieux maintenant, mais j’essayais bien fort de laisser mes doutes de côté pour ne pas gâcher les merveilleux moments que nous nous apprêtions à vivre. Je doutais toujours trop. De moi, des autres, de tout. Il fallait que j’apprenne à avoir un peu plus confiance en la vie. En le destin, si ce concept existait vraiment. Et il faudrait que j’aie davantage confiance en Ally, aussi, puisque j’étais en train de me projeter dans l’avenir avec elle. D’envisager une vie à ses côtés.

Nous étions maintenant dans notre chambre d’hôtel, et après avoir bien testé le lit avec ma compagne, je décidai d’aller sous la douche, l’invitant sans le dire de vive voix à me suivre sous la douche. Elle me rejoignit peu de temps après que je me sois glissé sous l’eau chaude, et je profitai de ce moment intime avec elle, lui lavant le corps et la laissant me laver les cheveux, lui faisant des grimaces pendant qu’elle le faisait. Notre routine de couple était déjà installée, alors que nous ne nous étions même pas définis comme tel. C’était si simple et si complexe à la fois. Notre relation était saine, sans tracas. C’était tout le reste du monde qui nous entourait qui compliquait tout. Ally m’embrassa avant de ressortir de la douche, tandis que je restai quelques minutes de plus, profitant de l’eau chaude qui tombait sur mon corps. De toute façon, la belle demoiselle prendrait sans doute plus de temps que moi pour se préparer, alors que je n’aurais qu’à me sécher et à enfiler des vêtements propres. Je sortis quand même après un court moment, ne voulant pas gaspiller toute cette eau alors que je n’avais plus rien à faire sous la douche. Je revins dans la pièce principale de notre chambre entouré d’une serviette à la taille, et je me séchai rapidement les cheveux avec une serviette plus petite, avant d’enfiler des vêtements assez propres pour le restaurant de l’hôtel qui était assez chic. Ally aussi correspondait bien au décor de la place, dans sa magnifique robe noire. « T’es superbe. J’vais faire des jaloux. » Dis-je alors que j’enfilais mes chaussettes, assis au bout du lit, la regardant avec un petit sourire ravi.

Une fois tous les deux prêts, nous descendirent au restaurant qui se trouvait au rez-de-chaussée, et lorsqu’on nous indiqua notre table, je commandai à mon tour un verre de vin blanc. « J’ai envoyé des messages à Lily un peu plus tôt, elle te passe le bonjour. Et accessoirement veut être notre demoiselle d’honneur. » Je rigolai en secouant la tête. « Ah, Lily. Pas seulement cœur d’artichaut dans ses propres amours, mais dans ceux des autres aussi. » Dis-je en continuant à rire, taquinant donc son amie alors qu’elle n’était même pas là pour se défendre. Mais elle était comme sa petite sœur, alors il se permettait toujours de se moquer un peu. « On trinque à quoi? » Demanda Ally alors que le serveur venait de nous verser le vin dans nos coupes. Je levai mon verre. « Trinquons à cette aventure qui ne fait que commencer. » Et on ne saurait dire si je parlais de ces quelques jours, ou de toute une vie. Moi-même je n’aurais trop su expliquer le fond de ma pensée. Mais nos verres se cognèrent et je souris tout en buvant une gorgée du vin.

« Et risquer que tu m’ordonnes qu’on s’arrête pour qu’on échange de place et que tu conduises, perdant ainsi mon privilège de conduire ta Beetle? Non merci. » Je pouffe de rire doucement, il comprenait tout si rapidement. Je le regardais en gardant un sourire aux lèvres. « Tu y tiens à ce point à conduire ma Beetle? » que je lui demande clairement trop amusée pour la situation qu’il expliquait. Je regardais ma voiture avec un fin sourire aux lèvres, le nombre de fois que je l’avais réparée, que je changeais son huile simplement. Cette voiture était ma vie, la seule chose que je m’entêtais vraiment à réparer avec la maison. Je savais qu’éventuellement, je devrais la laisser partir, mais ce jour n’était pas près d’arriver.

« T’es superbe. J’vais faire des jaloux. » qu’il me soufflait en mettant ses chaussettes alors que je suis très clairement amusée. « Attends attends, c’est toi l’homme à couper le souffle et c’est toi qui va faire des jaloux? Oublie tout ça, c’est moi qui va faire baver les femmes des autres tables. » Je lui adresse un clin d’œil. « Et en plus, mon homme sait danser, imagine! Ceci étant dit, je suis surprise de ne pas avoir tué personne avec mes bien piètres pas de danse. » Je ris doucement pour détendre l’atmosphère et nous nous rendions au restaurant sans plus de cérémonie. « Ah, Lily. Pas seulement cœur d’artichaut dans ses propres amours, mais dans ceux des autres aussi. » Je pouffe de rire, il n’a pas entièrement tord alors je ne me contente que d’opiner avec un fin sourire aux lèvres. « En même temps, le prends pas comme une demande ou quoi que ce soit, mais je vois personne de mieux qu’elle pour le faire. » lui confiais-je doucement. Je commençais à imaginer notre mariage et à qui je confierais les rôles importants. Lily était certaine d’en avoir un... Peut-être Opale pourrait être la bouquetière, si Kol approuvait. Isaiah serait sans doute une demoiselle d’honneur aussi... Et lui lancer le défi d’être en robe à mon mariage ne serait sans doute pas un obstacle pour mon meilleur ami. Je m’imaginais déjà trop loin. « Trinquons à cette aventure qui ne fait que commencer. » Je lui faisais un sourire en trinquant pour mieux boire le liquide à l’intérieur. « À nous deux. » concluais-je finalement. Après avoir regardé autour de nous pour analyser les lieux, je me demandais quel était le plan. « Alors, barrière de corail demain et on revient vers Bowen en fin de journée pour mieux trouver un parc d’attractions pour le lendemain? » Je lui faisais un sourire amusé en m’imaginant Concho crier comme une gamine dans un manège. « J’suis persuadée que t’arriveras pas à me suivre au parc d’attractions. » lui confiais-je avec un regard défiant.  

J’haussai les épaules alors qu’Ally me demandait si je tenais tant que ça à conduire sa Beetle. « Je pense que c’est juste parce que c’est défendu à tous les autres. Je me sens cool et privilégié. » Répondis-je avec un sourire. Puis, on alla s’installer à l’hôtel, profiter d’un moment intime suivi d’une douche, et nous étions finalement fin prêts à aller au restaurant. Je ne manquai pas de complimenter Ally sur sa robe et son physique en général, parce que même en dix ou quinze minutes, elle avait le temps d’y mettre le paquet. Sans doute parce que déjà au naturel, elle était parfaite. Il n’y avait pas grand-chose à ajouter pour qu’elle soit sur son trente-et-un. « Attends attends, c’est toi l’homme à couper le souffle et c’est toi qui va faire des jaloux? Oublie tout ça, c’est moi qui va faire baver les femmes des autres tables. Et en plus, mon homme sait danser, imagine! Ceci étant dit, je suis surprise de ne pas avoir tué personne avec mes bien piètres pas de danse. » J’éclatai de rire. « Je pense pas danser ce soir au restaurant, alors elles n’en sauront rien, toutes ces femmes. » Lui assurais-je. Son argument n’était donc pas valable pour la soirée. Bon, nous n’allions quand même pas nous lancer dans un débat sur qui était le plus beau entre nous deux. Nous étions un de ces power couples, point final. Je n’aurais jamais cru dire ça un jour, mais voilà, nous avions tous les deux de la gueule. Nous descendîmes donc au rez-de-chaussée afin de rejoindre le restaurant de l’hôtel, où nous fûmes installés sans attente. Ally me partagea la demande de Lily-Anaëlle envoyée par texto un peu plus tôt. Ça ne me surprit pas du tout d’elle. « En même temps, le prends pas comme une demande ou quoi que ce soit, mais je vois personne de mieux qu’elle pour le faire. » J’hochai la tête avec un sourire. J’étais ravi, au fond, qu’Ally considère Lily-Anaëlle comme sa meilleure amie. Parce que Lily était comme une sœur, pour moi. Même plus que ça. Ma sauveuse. Celle qui m’avait aidé à me relever alors que tout s’effondrait. Je voulais évidemment qu’elle joue un rôle important à mon mariage, peu importe avec qui c’était. Tant mieux si c’était avec Ally. « Bah tu sais, ce seront tes demoiselles d’honneur. Ce sera à toi de les choisir. » Ou du moins, c’était ainsi que je le voyais, dans un mariage. La mariée choisissait ses demoiselles, et l’homme choisissait ses garçons. Je ne savais pas vraiment qui je choisirais pour mes garçons d’honneur, mais j’avais encore le temps. Après tout, je n’étais le fiancé de personne. Nous trinquâmes donc à nous deux, et à cette belle aventure dans laquelle nous nous embarquions un peu aveuglément et avec empressement. Nous avions tous les deux trop attendu déjà. « Alors, barrière de corail demain et on revient vers Bowen en fin de journée pour mieux trouver un parc d’attractions pour le lendemain? » J’hochai la tête en reposant ma coupe de vin sur la table. « C’est un bon plan. » Elle ajouta, sans plus tarder : « J’suis persuadée que t’arriveras pas à me suivre au parc d’attractions. » J’haussai les sourcils, ayant bien évidemment relevé le ton de défi. « Ah tu crois ça, toi ? Challenge accepted. » On rigola, et le serveur arriva pour prendre nos commandes. Je demandai un saumon avec une salade maison, et Ally commanda sa viande. Une fois les plats arrivés, on mangea en parlant de tout et de rien, en prévoyant un peu la journée du lendemain plus en profondeur. Une fois le repas terminé, je demandai à ce que le repas soit ajouté à notre facture de chambre d’hôtel, et nous retournâmes à celle-ci, rassasiés et fatigués. « J’sais qu’il est assez tôt, mais si on veut profiter de la journée demain, faudrait se lever tôt aussi, t’en pense quoi ? Je tarderais pas à aller au lit. » Proposais-je. On aurait bien le temps de vivre des nuits de folie, plus tard.

J’écoutais ses arguments en lien avec ma Beetle et je levais les yeux au ciel.  « C’est ça, sois cool et privilégié. » Évidemment que c’était vrai qu’il l’était... Y’avait pas grand monde qui avaient le droit d’y toucher et même si Isaiah avait les clés de la maison, il n’aurait certainement pas celles de la voiture. Peu de temps après, mon chéri énonçait le fait qu’on ne danserait pas au resto. « Et qu’est-ce que tu en sais? » Je lui adressais un sourire taquin très clairement amusé parce que j’étais la première à pouvoir créer un moment intime dans un endroit parsemé de gens. Venait un sujet un peu plus complexe concernant le mariage, n’était-il pas trop tôt pour en parler? Mais d’un autre côté, j’avais amené le sujet sur la table. « Évidemment, mais je ne crois pas en avoir beaucoup... » lui glissais-je avec une mine visiblement songeuse. Avais-je réellement beaucoup de personnes de qui je me considérais aussi proche que je l’étais de Lily? Je ne croyais pas. Je buvais un peu de vin de mon côté, l’esprit penseur sans trop en dire, j’en avais déjà bien assez dévoilé déjà. En attendant, on planifiait bien nos trucs de gamins alors qu’il acceptait mon défi et que je lui tirais la langue. « C’est ce qu’on verra quand tu crieras comme une fillette, demain. » Je lui adressais un clin d’œil. On mangeait suite à l’arrivée de nos plats tout en discutant. Arrivés à la chambre par la suite, il me disait que ce serait préférable qu’on se lève tôt. J’arquais un sourcil, très amusée par la situation. « C’est pas à moi que tu dois dire de me lever tôt... » Entre nous deux, c’était lui la marmotte. D’ailleurs, on se préparait rapidement à aller au lit, blottis l’un contre l’autre pour mieux s’endormir. Décidément, il bougeait moins qu’Isaiah dans son sommeil et c’était mieux comme ça.

Les premiers rayons du soleil réveillaient mon visage le lendemain matin. Petite séance de yoga matinale de mon côté, je me préparais par la suite en conséquence de la journée prévue. Je remplissais ma valise, prête à partir vers de nouvelles aventures. Habillée avec un maillot de bain dessous, sans maquillage et les cheveux attachés en queue très haute, j’attendais Concho. Nous allions déjeuner sagement, je n’étais pas des plus bavardes le matin. Une fois arrivés à la grande barrière de corail, il n’en fallait pas plus pour que mes pieds ne demandent qu’à vagabonder. Je plongeais mes pieds dans le sable chaud après avoir retiré mes sandales que je trainais dans ma main. Après de nombreuses explications et d’avoir enfilé la combinaison aquatique, je prenais un selfie délirant de Concho et moi. « Sans quoi Lily nous croira jamais... » Ou pour mettre dans mon album de princesse de petite fille. Une excursion en bateau plus tard, on nous envoyait à l’eau où je m’émerveillais devant les poissons colorés de mon Australie natale. J’aurais voulu me souvenir de ce moment toute ma vie. Pendant quelques heures, on pataugeait avec des palmes, un masque et un habit de plongée pour mieux ressortir à la surface. « Un élément à cocher sur ma Bucketlist... » J’approchais mon visage de celui de Concho pour l’embrasser doucement après la vue de toute ces merveilles du monde marin.

« J’en sais que y’a personne qui danse et qu’on aurait l’air franchement cons. » Avais-je répondu. Pourtant, de nature, je n’avais pas vraiment peur du ridicule. Même quand j’étais jeune et gros, je tournais toutes les situations au ridicule pour qu’on se moque, même si je n’étais pas bien dans ma peau. Alors maintenant que j’étais plus en forme et que j’avais un peu plus d’assurance, mon côté humoristique était plus développé car je me mettais moins de barrières. Cependant, de là à aller danser pour aucune raison devant tous ces gens, ce n’était même pas drôle, c’était … un malaise dansant. Je préférais aller danser avec Ally dans notre chambre plutôt que devant tous ces gens. Ce pourrait être une danse plus intime, plus sensuelle. Même que je pourrais lui faire un petit spectacle privé, si je n’étais pas trop fatigué. Pour le moment toutefois, nous parlions de ce mariage entre nous qui revenait bien trop souvent sur la table depuis que notre relation avait évoluée. Si nous finissions par être un véritable couple, je savais au moins à quel point Ally désirerait se marier avec moi. Heureusement que j’étais moi aussi du genre à vouloir me marier, sinon nous aurions eu un sacré problème. Elle me parla de ses éventuelles demoiselles d’honneur, ou plutôt de l’absence de celle-ci quand elle y songeait. « J’crois que c’est au choix de chacun, que t’en aies une ou quatre, on s’en fout un peu. » Ça c’était ma façon de voir la cérémonie, après, si Ally désirait vraiment avoir le classique mariage, peut-être préférerait-elle en avoir trois ou quatre. Mais ça, c’était loin d’être fait, et peut-être que ce ne serait même pas avec moi, alors je n’aurais pas à me soucier de décider quel nombre choisir pour mes garçons d’honneur.

On planifia finalement nos trucs du lendemain, préférant largement nous concentrer sur le présent que sur un futur incertain. Il valait mieux ne pas faire trop de plans, selon moi. Je pensais sincèrement que ça fonctionnerait entre Ally et moi, que je finirais par m’avouer être amoureux d’elle, mais d’ici-là on ne sait jamais. Nos attentes ne devaient pas être trop élevées non plus. Ally me mettait au défi concernant le parc d’attraction, et je rigolai. « Et toi tu vas crier comme un homme des cavernes. » Il disait n’importe quoi, il voulait la mindfuck un peu, mais l’image mentale qu’il s’était lui-même donnée le faisait rire. Nos plats arrivèrent finalement, et on mangea plutôt rapidement sans toutefois entretenir un long silence. Une fois le repas terminé, on remonta jusqu’à la chambre et je mentionnai mon envie d’aller dormir bientôt. Peut-être que le spectacle privé attendrait. « Non je sais, mais justement, si je me couche pas tout de suite bonne chance pour me tirer hors du lit d’main matin … » Lâchais-je tout en me laissant tomber sur le lit. Quand Ally décida à son tour de venir sous les draps, j’enlevai mes vêtements pour me retrouver en caleçon, et je me blottis contre elle afin de m’endormir plus rapidement.

Ce fut Ally qui me réveilla le lendemain matin, alors qu’elle remplissait sa valise de ses effets personnels qui en avaient été sorti la veille. Je pris le temps de me frotter les yeux, avant de les ouvrir complètement après un bon cinq minutes à faire semblant de dormir rien que pour pouvoir profiter un peu plus du confort du lit. Finalement, je regardai ma douce. « Bon matin, belle rousse. » Je lui souris, avant de m’asseoir dans le lit, la regardant faire. « Du calme, Speedy Gonzalez. » Mais je m’activai à mon tour, pour ne pas la faire attendre trop longtemps. J’enfilai mon maillot de bain, des sandales de plage et un chandail blanc, avant qu’on ne remette nos valises dans la voiture après avoir remis les clés à la réception. Je rigolai quand Ally décida de prendre un selfie de nous deux alors que nous étions dans une combinaison nautique. Je ne manquai pas de grimacer à la caméra, comme je savais si bien le faire. Puis, ce fut le moment de cette belle aventure sous-marine. Je profitai de l’heure que nous avions à nager près des poissons et des coraux. C’était d’une beauté à couper le souffle, alors heureusement j’avais une bonbonne d’oxygène. Une fois remontés à la surface, et de retour sur le sable, Ally me parla de sa bucket list. « T’en as une, sérieusement ? » J’aurais bien aimé la voir. J’embrassai la belle rousse après cette expérience inoubliable, puis après avoir eu le temps de sécher sur la plage, nous retournâmes à la voiture pour continuer un petit bout de chemin.