a neverending sentence in my head (ally)

Je fronçais les sourcils selon ce que Concho me disait, il n’était pas timide de nature. Je haussais simplement les épaules, chassant ce refus d’un revers de main rapidement. Il me confiait par la suite sa position par rapport au mariage, ce qui me faisait hocher la tête positivement sans plus de complications. J’avais l’impression qu’il ne souhaitait que faire une croix sur ce sujet et peut-être avait-il bien raison de le faire ces temps-ci. De toute façon, on aurait bien le temps de regarder ça en temps et en lieu.

« Et toi tu vas crier comme un homme des cavernes. » « Tu ne m’en crois pas capable, avoue! » lui dis-je en lui donnant une poussée, ricanant de mon côté. Allais-je imiter Tarzan le lendemain? J’étais la seule à le savoir véritablement. On mangeait rapidement pour se rendre à la chambre alors qu’il devait se coucher tôt et je ne faisais que me blottir contre lui. « Bon matin, belle rousse. » « Bon matin, beau brun. Allez debout on doit filer bientôt! » « Du calme, Speedy Gonzalez. » Je rigolais doucement, peut-être avais-je trop d’énergie pour l’homme avec qui je partageais la majorité de mes nuits. Suite à l’expérimentation nautique, nous étions de retour à la surface sur le sable alors que je m’installais sur le sable pendant un moment. « Une bucketlist? Oui, évidemment. Pas toi? » Je le regardais clairement intriguée. La mienne avait des éléments d’écrits dans un journal intime alors que d’autres éléments se promenaient dans ma tête de sorte à faire une ritournelle des évènements possibles futurs. Je posais mes lèvres sur les siennes et suite au moment où on se séchait pour mieux repartir en voiture. « Alors direction l’hôtel pour ce soir et demain parc d’attractions. Massage ce soir en amoureux? Spa d’un hôtel relativement luxueux? À moins que tu aies une autre suggestion? » lui demandais-je en croisant du regard le jeu auquel nous avions joué un peu plus tôt. « As-tu d’autres questions, bel homme? » lui demandais-je avec un fin sourire alors que je m’apprêtais à ranger le jeu alors qu’il conduisait de nouveau.

À l’entendre parler, avoir une bucketlist faisait partie des choses évidentes de la vie. Je secouai la tête, haussant les épaules, visiblement pas du tout dans le même monde qu’elle pour ce coup-là. « Bah, non. Si j’ai un truc que j’ai envie de faire, j’le fais. J’ai pas besoin de cocher sur une liste pour me rappeler de ce que j’ai envie de faire dans ma vie. » Avais-je dit en fronçant les sourcils. Ce n’était pas une attaque envers Ally, c’était une simple discussion sur notre façon de voir la chose. Peut-être qu’au fond, cette liste se trouvait dans ma tête, et que ça revenait au même même si je n’en prenais pas conscience. Je ne cochais rien, je ne me donnais pas des défis à réaliser au cours de ma vie, mais au fond, je planifiais certaines activités à l'avance, et une fois celles-ci réalisées, je passais à autre chose. Le principe était sans doute similaire, mais à plus petite échelle. Bref, on se sécha bien vite, on s’embrassa et on se releva afin de se rendre à la voiture de nouveau, la tête pleine de souvenirs salés et colorés. Je repensais aux poissons dignes de Finding Nemo et j’avais un sourire aux lèvres. Nos petites vacances étaient, jusuq’à maintenant, plus que réussies. « Et si on faisait tout ça ? Spa, massage, petit repas tardif à la chambre ? Ça nous ferait du bien de vraiment relaxer. » Proposais-je avec un sourire. Puis, une fois cela décidé, Ally me demanda si j’avais d’autres questions. J'eus un mince sourire. Je n’avais pas besoin des cartes de son jeu pour trouver des questions à poser à la belle rouquine que je désirais plus que tout apprendre à connaître. « Y’a quoi, par exemple, sur ta bucketlist ? » Peut-être qu’on trouverait des activités à faire ensemble là-dedans, prochainement. C’était une bonne façon pour moi de voir si nous avions les mêmes intérêts, même si pour le moment, c’était totalement le cas.

Concho ne semblait pas partager mon point de vue concernant ce sujet. « Même si ça te fait réaliser l’impact de la chose? » lui demandais-je sans trop pousser la donne. « Et en plus, tu vois la progression, tu vois tout ce que tu as accompli et ce que tu dois accomplir. Évidemment, tu vois aussi les changements que tu apportes, ton évolution. » lui confiais-je avec un petit sourire aux lèvres. On repartait bien rapidement alors qu’il suggérait qu’on fasse tout ce que j’ai mentionné plus tôt et je me rendais bien compte que ces vacances ne seraient pas reposantes, mais bien plus folles qu’on ne pourrait jamais l’espérer. J’opinais positivement avec un léger sourire aux lèvres. « Excellente idée, Monsieur Rosenbach. Je me demande pourquoi je ne l’ai pas eu avant. » me demandais-je alors quelle réplique il allait me mentionner.

« Y’a quoi, par exemple, sur ta bucketlist? » Surprise par sa question, je penchais la tête, songeuse. « Hm... Par le passé, il y avait quitter Bowen et partir, décrocher mon diplôme, adopter un animal, entre autres. » J’affichais une mine un peu nostalgique et je me ressaisissais en réalisant que je n’avais pas répondu à sa question. « Et actuellement, il y en a quand même plusieurs : avoir des enfants, me marier, ouvrir ma propre galerie d’arts, faire le tour du monde, visiter les 7 continents, voir les 7 merveilles du monde, atteindre un certain niveau au judo et au karaté, nager avec les dauphins, apprendre à surfer, danser sous la pluie même si je ne sais pas danser, en fait je pourrais même ajouter apprendre à danser. Et les plus drôles et classiques incluent kiss in the rain, jouer à cache-cache dans un Ikea, utiliser un faux nom dans un Starbuck... » Je gardais un sourire naïf aux lèvres en levant les yeux au ciel. J'croyais avoir fait pas mal le tour de toute la liste. Évidemment, elle n'était pas exhaustive, mais de mémoire, ça en était quelques uns.

Elle n’avait pas tort, maintenant qu’elle m’exposait ses arguments. En même temps, ça ne me convainquait pas forcément de me faire ma propre bucketlist .Toutefois, je pouvais comprendre pourquoi elle, et tellement d’autres, prenaient le temps de s’en créer une. « C’est sûr. Mais j’imagine que ça doit faire peur de vieillir et de réaliser que t’accomplis pas tout ce que tu voudrais accomplir … » Ça devait être le cas de certaines personnes, peut-être pas d’Ally. J’osais espérer que ce ne serait pas le cas d’Ally. Mais je ne voulais pas, pour ma part, me réveiller à un âge trop avancé et réaliser que j’avais passé à côté d’une vie que je m’étais rêvée sur un bout de papier. Je préférais plutôt profiter du présent, et le présent qui se déroulait là sous mes yeux, avec Ally, je le vivais à fond. C’était une belle journée encore qui était plutôt bien entamée, et je désirais la terminer en beauté en y mettant le paquet niveau relaxation et romantisme. Je décidai donc d’allier toutes les propositions que la jolie rouquine avait faites, question qu’on ait un programme bien rempli mais bien reposant pour la soirée.

Une fois de retour dans la voiture, je demandai à la jeune femme ce qui se trouvait sur cette fameuse liste qu’elle avait. J’hochai la tête quand elle me parla de son ancienne liste, celle qu’elle avait en quelque sorte complètement cochée. Puis, elle me parla de ses projets pour le futur, ceux qui m’intéressaient vraiment pour le coup, puisque je désirais faire partie de certains d’entre eux. La plupart, même, si elle voulait bien me laisser partager ces projets de vie. Vu comment ce séjour était parti, je commençais à me dire que ce serait le cas. Qu’on aurait encore bien des défis à relever ensemble, des cases à cocher à deux. Je rigolai à certains, hochai la tête pour d’autres que je trouvais plus sérieux et ambitieux. J’espérais qu’Ally pourrait réaliser tous ses rêves, elle le méritait. « J’essaierai, Ally Carmichael, d’être l’homme qui te fera de toi la femme la plus heureuse du monde en t’aidant à passer au travers de cette liste. » Lui avouais-je avec un sourire et un regard brillant d’espoir. Finalement, après quelques kilomètres de route et des recherches sur téléphone pour trouver un hôtel luxueux, Ally et moi tombèrent sur un de ces hôtels qu’on ne voit que dans les émissions Hollywoodienne, avec une vue sur la mer et des majordomes à l’entrée, ou un truc dans le genre. Un valet se trouvait à l’entrée, attendant qu’on lui laisse la voiture et les clés pour qu’il aille la stationner. « Est-ce que tu lui fais confiance, à lui ? Ou j’dois lui expliquer qu’on veut aller se garer nous-mêmes comme des grands ? » Demandais-je en la narguant.

« Peur de vieillir? Au contraire, ça me donne une motivation de tout faire pendant que j’ai la chance de le faire. » Je lui adressais un sourire en coin. C’était mal me connaître, la peur ne faisait que très rarement parti de mon vocabulaire, si ce n’était que la fois où j’avais eu un couteau sous la gorge. J’étais plutôt fonceuse et même très débrouillarde. Et on repartait à l’aventure, une fois de plus! Il me soulignait quelques instants plus tard qu’il voulait être l’homme qui ferait de moi la femme la plus heureuse au monde en passant au travers de la liste. Bien que je souriais, les yeux pétillants de bonheur et d’amour un peu refoulé. Je soupirais de bien être. D’un côté, je mourrais d’envie de lui dire que le bonheur dans la vie ne s’en tenait pas qu’à une liste, de l’autre je n’avais pas envie de gâcher le moment. Pour la peine, j’appuyais donc ma tête sur son épaule en profitant du doux moment pour fermer les yeux ne serait-ce que quelques instants. On continuait sur la route suite à la trouvaille de l’hôtel et le valet demandait les clés. Concho tentait de me narguer et je prenais donc les clés de ses mains et je les donnais au valet en levant les yeux au ciel. « Dans le pire des cas, s’il arrive quoi que ce soit à mon bébé, je serai terrible. Tu demanderas à Kol, c’est lui qui m’appelle la tigresse. » lui confiais-je avec un demi sourire en coin en prenant la main de Rosenbach pour l’entraîner dans l’hôtel en demandant une chambre pour tous les deux. On montait de nouveau avec les bagages, j’avais l’impression de vivre dans les valises. « On commence par le spa ou le massage, bel homme? » lui demandais-je un fin sourire aux lèvres en lui volant un baiser par le fait même.

Comprenant mieux son point de vue et ses arguments, j’hochai la tête. « C’est une façon de le voir. » Pour ma part, j’avais trop perdu dans ma jeunesse, trop laissé passer de bons moments déjà. Aujourd’hui, j’essayais le plus possible de penser avec mon cœur plutôt qu’avec ma tête, même si mon côté très rationnel tentait souvent de me raisonner. Comme la veille, lorsque j’avais hésité à m’embarquer dans cette aventure avec Ally, ne voulant pas laisser le centre sans ma présence. Heureusement, elle avait insisté juste assez pour que j’écoute mes envies, que je m’abandonne, un peu. Je n’avais pas besoin d’une liste pour me rappeler qu’il fallait vivre à fond, au jour le jour. Mon passé le faisait très bien par lui-même. Malgré cela, je respectais qu’Ally ait trouvé ce moyen pour se motiver à vivre, et je lui partageai alors mon envie d’être l’homme qui la remplirait de coches avec elle. Arrivés à l’hôtel, après mes moqueries, Ally donna les clés par elle-même au valet. Je rigolais comme un gamin fier de son coup. « La tigresse, hein ? J’espère que ce n’est pas dans un autre contexte que ça. » Relevais-je en haussant les sourcils, prenant un air faussement menacé. Ally prit possession des clés de notre chambre à la réception, et on monta encore une fois vers notre seconde chambre du voyage. Une fois à l’intérieur, elle me demanda par quoi commencer. « J’opterais plutôt pour un massage avant, et après direction le spa, comme ça ça enlèvera toute cette huile qu’ils utilisent … j’trouve ça trop collant sinon. » J’avais l’impression que ma peau attirait toutes les poussières et que ces dernières se logeaient dans l’huile. Ça me faisait sentir sale. Une fois la question réglée, j’enfilai tout de même mon maillot de bain, puisque l’étape suivante serait les bains chauds et froids. « Si ça te dérange pas, j’vais me faire masser par une femme. J’vais trouver ça moins, euh … bizarre … » Je ne voulais pas qu’elle croit que c’était seulement pour que des mains féminines me touchent, mais c’était surtout pour éviter le contraire.

« La tigresse, hein? J’espère que ce n’est pas dans un autre contexte que ça. » « Qui sait! » m’exclamais-je en lui adressant un clin d’œil. J’attrapais le col du chandail de Poncho pour lui coller un smack sur les lèvres, un peu taquine. « Mais pour l’instant, t’es le seul si ça t’intéresse. » Je haussais les épaules, est-ce que ça le dérangerait vraiment? Néanmoins, il optait pour le massage en premier et j’opinais. Je me changeais rapidement pour enfiler mon maillot de bain puis le peignoir de l’hôtel. « Tu sais que ce sont les conventions ? » Je le regardais avec un fin sourire sachant pertinemment que ce serait louche qu’un homme masse Conchobáhr Dès que nous arrivions à l’endroit de détente, une massothérapeute prenait Concho en charge alors qu’un homme se chargeait de mon cas. Alors que nous nous faisions masser côtes à côtes, je fermais les yeux quelques instants. « Je comprends pas comment j’ai pu me passer de ce genre de massage presque toute ma vie. » J’en bavais presque, après le massage, je me relevais huilée à souhait et c’était direction le sauna où je me relaxais en respirant calmement. « Tu ne regrettes pas trop d’avoir quitté Bowen pour quelques jours? » lui demandais-je avec un petit sourire en tournant mon regard vers le sien. Puis, prise d’une étrange question, je fronçais les sourcils et je me risquais à la lui poser. « Concho, c’est quoi ton plus grand rêve? »

Je souris, un sourcil arqué. « Bien sûr que ça m’intéresse, qu’est-ce que tu crois. » Je ne serais pas venu jusqu’ici avec elle si notre relation ne me tenait pas à cœur, si je n’avais pas cette certaine envie qu’Ally et moi devenions bien plus que de simples amants répondant aux messages textes de l’autre à toute heure de la journée ou de la nuit. J’étais peut-être beaucoup plus réticent qu’elle depuis le début, mais c’était surtout pour me protéger, parce que ce n’était certainement pas l’envie qui manquait. Et plus j’apprenais à connaître Ally et à vivre avec elle, plus j’appréciais ce que nous avions. C’était beau, c’était précieux. Je ne retrouverais pas cette complicité avec n’importe qui et ça, ce n’était pas à négliger. Je lui parlai ensuite de mon intention de me faire masser par une femme, et sa réponse me soulagea. Heureusement, elle n’était pas du type hyper jalouse pour aucune raison. « T’es parfaite. » Je lui volai un baiser avant de rejoindre le spa et les salles de massage. Bien vite, une massothérapeute me conduisit jusqu’à une pièce avec double-lit, et Ally me rejoignit pas très longtemps après. Seulement recouvert d’une serviette blanche, je me laissai masser en fermant les yeux, profitant de ce moment. « Moi non plus … » Affirmais-je quand la rouquine parla de la fréquence de massages reçus dans sa vie. Plus jeune, je n’avais tout simplement pas le budget. Et dans les derniers mois, durant lesquels j’avais été nouvellement riche, je n’avais tout simplement pas songé à ce petit réconfort. Une fois cette petite gâterie terminée, je me relevai et enfilai de nouveau mon maillot de bain, direction le sauna. J’appuyai ma tête sur le mur de bois derrière moi, profitant de cette chaleur, sentant tous les pores de ma peau s’ouvrir alors qu’Ally me demanda si je regrettais d’être venu. Je la regardai avec un sourire. « Tu veux rire ? Ally, c’est les plus belles vacances de ma vie. » C’était triste, en quelque sorte, mais c’était vrai. Je n’avais jamais autrefois eu le temps, l’argent ou l’énergie de partir. Et quand je travaillais à Melbourne, je n’avais personne avec qui partir, et je préférais de toute façon amasser mon argent. Depuis que j’étais de retour à Bowen, toute ma concentration avait été mise sur Head Ahead, pas sur mes envies de voyager. « Et je n’aurais pu trouver meilleure partenaire. » Avouais-je en déposant un baiser sur son front, même si nous étions tous les deux en sueur. Puis, contre toute attente, elle me demanda quel était mon plus grand rêve. Je marquai une pause, un moment de réflexion, d’hésitation, avant de lui dire bien franchement : « Être un bon parent. C’est con, mais j’ai tellement eu deux modèles exécrables que je me dis que … que si je suis capable d’être un bon père c’est que … que je m’en serai bien sorti malgré tout. Malgré eux. » Je souris faiblement. « Et toi ? » Lui demandais-je en retour.

Notre complicité était merveilleuse et malgré mon manque d’expérimentation en amour, je savais que la connexion était particulière avec Concho. Elle n’était pas identique à celle de Levi, mais n’était-ce pas là la différence d’un couple à un autre. L’une des raisons pour lesquelles une relation se termine, le manque de complicité? Dans le cas de mon ex et moi, c’était une question de mensonge, presque de confiance si puis-je dire. Alors que Rosenbach me glissait un compliment concernant ma perfection, je fronçais les sourcils. « Parfaite? Mais ça n’existe pas la perfection…. » Je lui tirais gentiment la langue parce que c’était vrai au final que la perfection n’existait pas selon mes dires. Surtout dans le cadre d’une relation amoureuse. Alors qu’on se faisait masser avec bonheur, j’avais presque l’impression que j’allais devenir un chat : me mettre à ronronner et me coucher sur le dos pour qu’on me gratte le ventre. Nouvellement changée, c’était direction le sauna pour mieux se détendre et où je pouvais bien relaxer quelques instants sans penser à la vie extérieure. La chaleur ne m’étouffait pas, elle m’enveloppait pour mieux me détendre. Je soufflais longuement, comme pour permettre à mon corps de profiter du moment. À ma question, il s’était mis à sourire ce qui m’en disait un peu sur ce qui allait suivre. Les plus belles vacances de sa vie? Un regard attendri de ma part venait se joindre à la conversation alors que ma main allait trouver la sienne comme par réconfort et compassion. J’avais eu la chance de partir à New York une fois où j’étais restée pendant une année, j’étais presque devenue une New Yorkaise typique, même! Il me confiait par la suite qu’il n’aurait pas pu trouver une meilleure partenaire ce qui m’attendrissait de plus belle et je lui lançais un regard plein d’affection. « C’est réciproque. » lui confiais-je gentiment. À ma question, il me confiait qu’il souhaitait être un bon père ce qui me faisait sourire en plus de prononcer une envie de lui sauter dessus pour lui faire des enfants à l’instant. « Tu seras un père extraordinaire. » À son retour de question, je me mordillais les lèvres. « Le tour du monde est dans mes plans depuis que je suis gamine. Alors je crois que ce serait ça. » Un peu plus tard, j’étais décidée à sortir du sauna. Il faisait très chaud et je commençais à m’épuiser en plus d’avoir faim. J’attrapais sa main pour le guider jusqu’à la chambre où je posais régulièrement des baisers sur sa main dans la mienne. « T’as envie de quoi pour le repas de ce soir? » lui demandais-je, incertaine de mes propres envies. J’aurais voulu cuisiner moi-même et m’inspirer des légumes présents dans ma cuisine qui devaient périmer à l’heure actuelle. On sort la femme de la cuisine, mais pas la cuisine de la femme…

Pour le moment, j’appréciais cette chaleur enveloppante et l’effet que ça avait sur mon corps, mais contrairement à ces personnes qui pouvaient rester dans un sauna pendant des heures – malgré les contre-indications – je savais que je finirais par étouffer. D’ailleurs, j’avais toujours cette peur déraisonnable que la porte reste coincée et que je ne puisse sortir de cette cabane de bois, mourant finalement de déshydratation et de manque d’oxygène. Il valait mieux que je n’y pense pas trop, et les questions et le beau sourire d’Ally savaient orienter mes pensées ailleurs que sur mes scénarios loufoques. On se confia notre bonheur d’avoir trouvé aussi bon partenaire de voyage, surtout dans mon cas puisque c’était mon premier vrai voyage. Après tout, aller à Melbourne m’avait certes fait voir du pays, mais c’était un déménagement, en quelque sorte. Rien à voir avec cette belle aventure que nous vivions présentement et qui me faisais peu à peu tomber sous le charme de la rouquine. Finalement, Ally me demanda quel était mon plus grand rêve et, contre mon gré, j’entrai dans une réponse des plus mielleuses et clichées. Mais bon, c’était réellement mon désir le plus fort, je n’allais quand même pas lui mentir dès la première journée de notre pacte de vérité. Je souris à sa réponse. « Je l’espère. » Oui, j’espérais vraiment être un père extraordinaire, comme elle le disait. Ce père que je n’avais jamais eu, ce père que je m’imaginais avoir, une sorte de super-héros, celui sur qui je me fierais toujours pour avancer. Je n’avais pas eu la chance que cette fantaisie soit réelle, mais j’espérais que pour mes enfants, je serais un modèle d’amour, un modèle à suivre. Bref, je renvoyai la question à Ally, et de son côté c’était plutôt le tour du monde qui faisait partie de ses plans. « C’est ambitieux, mais c’est beau. J’espère que j’aurai la chance d’en faire un petit bout avec toi. » Je croyais en Ally, en ses rêves, en sa détermination. Si une femme dans ce monde pouvait obtenir tout ce qu’elle voulait, c’était elle. Pour le moment, ce qu’elle voulait, c’était sortir d’ici et aller manger. On retourna donc à notre chambre, prenant le temps de nous cajoler un peu sur le chemin. Une fois arrivés, la belle rousse me demanda ce dont j’avais envie pour le repas. « Des sushis, ça te dit ? On dirait que j’ai un craving qui s’installe. » Dis-je. Une fois le restaurant choisi, on s’y dirigea, plus lentement qu’à l’habitude parce que nos corps étaient relaxés et nos esprits apaisés. Je flottais sur mon petit nuage, là, avec toute cette détente et tout cet amour dirigé vers Ally.

Il espérait être un père extraordinaire et je savais qu’il le serait, j’en étais même persuadée. Il me confiait que mon rêve était ambitieux, mais beau. Et qu’il souhaitait faire parti du paysage. Je ne tardais pas à hocher la tête positivement. « J’en ai déjà une partie de réalisée, même. » lui dis-je avec un petit sourire aux lèvres. Nouvelle-Zélande avec Isaiah, New York avec Levi dont un petit séjour à Montréal, il restait une bonne liste de pays. Au final, un rêve c’était fait pour être réalisé... J’espérais visiter la Chine, le Japon, l’Inde, la Russie, la France, L’Angleterre, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, le Mexique, l’Argentine, le Pérou, le Canada même! Je voulais aller trouver Hawaï et me faire un collier avec des fleurs d’hibiscus. Le regard un peu perdu dans mes destinations de rêves. Avant d’arriver au restaurant, il me confiait qu’il souhaitait manger des sushis, que c’était son craving et j’approuvais. Je n’étais pas bien difficile de toute façon et avec la relaxation du sauna et des massages, j’étais détendue. Attrapant sa main au passage que je caressais légèrement, on s’installait à une table et je tournais le menu vers Concho pour regarder les sortes de sushis. « Un plateau de variétés de poisson mélangés, ça t’irait? Ils ont des 50 morceaux au choix du chef. » Je le regardais avec un petit sourire en me disant qu’on pourrait en ramener dans la chambre au besoin. « Et ce soir, on relaxe tous les deux? » lui demandais-je les yeux brillants.

J’hochai la tête, repensant aux endroits qu’Ally avait nommés au fil de nos conversations. Elle avait récemment eu la chance d’aller visiter le pays voisin de l’Australie, en plus, avec son meilleur ami. Ça n’avait peut-être pas été le voyage de ses rêves, mais elle avait pu découvrir une autre partie de ce grand monde quand même. « Oui. Moi j’aimerais découvrir l’Europe avec toi. » Avouais-je avec un sourire qui la suppliait presque, même si je me doutais bien qu’elle accepterait que je l’accompagne dans un petit périple sur ce grand continent que je n’aurais sans doute jamais la force ou le temps de découvrir complètement. Tant de pays, tant de peuples. En voir quelques-uns me suffirait sans doute. En grandissant, j’avais tellement eu une enfance et une adolescence loin de ces espoirs de voyager, que je n’avais jamais réellement nourri ce rêve. Pas autant qu’Ally, visiblement. Et ça m’allait. J’avais mes propres projets ici, qui me tenaient à cœur, qui me passionnaient, et j’avais mes jeunes pour qui j’étais un modèle, d’une certaine façon. Ça me préparait à ma manière à réaliser mon propre rêve. Nous nous rendîmes finalement dans un restaurant de sushis, Ally ayant plié face à mon envie du moment. Elle proposa un plateau des choix du chef, et l’idée me plut tout de suite. « C’est exactement ce que mon ventre réclame ! » Nous commandâmes donc le tout et pendant que les cuisiniers japonais à l’arrière du restaurant s’activaient, la belle rousse me proposa qu’on relaxe tous les deux, ce soir. Nos soirées se composaient surtout de ces moments intimes, mais je n’étais pas à plaindre au bout du compte. « Tu sais bien que ça se refuse pas. » Je souris, et après un moment les sushis arrivèrent sur un énorme plateau. Le défi était grand, mais comme nous avions tous les deux bon appétit, nous le relevâmes assez bien. Quand nous fûmes tous les deux repus, il ne restait qu’une quinzaine de sushis, que je demandai à ramener. Pas question de gaspiller ces petits rouleaux de merveilles. Après avoir payé la facture, on retourna à l’hôtel et, en entrant dans la chambre, j’esquissai un sourire gêné et excité en regardant Ally pénétrer dans la chambre. Parce qu’étendue sur le lit se trouvait une magnifique robe de soirée que j’avais sélectionnée pour elle, prenant soin d’appeler Lily-Anaëlle pour m’assurer que je prendrais la bonne taille. « Je sais que tu avais demandé à ce qu’on relaxe ensemble ce soir mais … j’avais prévu quelque chose de plus spécial pour toi et moi. Si tu le veux bien. » Lui demandais-je avec un sourire en coin et un regard brillant d’espoir.

« Oui. Moi j’aimerais découvrir l’Europe avec toi. » Il n’en fallait pas plus pour que mes yeux se mettent à briller de toutes part. J’avais hoché la tête positivement en attrapant sa main pour en caresser le dessus comme par instinct. « Quand tu veux. » lui confiais-je, pratiquement prête à remettre l’ouverture de la galerie d’arts à plus tard. Je pensais à tous les pays qui avançaient chaque jour sans nous, sans notre visite. Regarder les lieux de la deuxième guerre mondiale, pousser la tour de Pise le temps d’une photo, un baiser sous les Champs Élysées, une selfie devant la tour Eiffel, le fidèle parapluie près de Big Ben. Alors que nous étions maintenant devant des sushis de toutes formes, c’était pile ce dont Concho avait envie visiblement puisqu’il me le laissait savoir. De mon côté, après plusieurs morceaux, je m’arrêtais sous peine d’explosion prochaine! Bouger allait me faire le plus grand bien. « Dis... Tu voudras bien m’apprendre à danser, un jour? Même en sachant que je suis une cause perdue? » lui demandais-je en prenant une teinte rosée. En véritable gentleman, Concho avait insisté pour payer la facture alors que j’en avais mangé presque autant que lui! Il demandait à ramener les sushis et bien que je m’étais mise à rire, je me demandais quand nous pourrions les manger entre ce soir et demain en sachant pertinemment que ma faim n’était plus. De retour à l’hôtel, on entrait dans la chambre et mon regard s’arrêtait vers une magnifique robe sur le lit. Je me retournais vers Concho, le regard rempli de questions, mais un fin sourire en coin. Je pointais la robe, puis lui. Les mains sur les hanches, je le regardais avec un sourire que je tentais de dissimuler, faussement offusquée. « De plus spécial? » lui demandais-je avec un fin sourire alors que ses yeux s’illuminaient à son tour. Je hochais la tête positivement en décidant de me prêter au jeu. Je regardais donc la robe quelques instants avant de m’éclipser dans la salle de bain pour l’enfiler. Je remontais mes cheveux en une coiffure un peu plus distinguée pour mieux ressortir de la salle de bain. « Talons hauts? » demandais-je à Conchobahr qui semblait secouer négativement la tête. J’attrapais donc mes chaussures à talons plats pour mieux repartir à la conquête du monde; une étape à la fois. Une fois la chambre verrouillée, je me retournais vers lui avec un regard tendre et la curiosité plein les yeux. « Où m’emmènes-tu? » lui demandais-je toujours de tout sourire.

Avec ses grands yeux irrésistibles, Ally me demanda si je lui montrerais un jour à danser. Peut-être plus tôt qu’elle le pensait. Je souris. « Avec plaisir, Ally. Et t’es pas une cause perdue, n’importe qui peut danser. Même toi. » Dis-je, faisant exprès que la phrase tourne légèrement méchamment. C’était faussement insultant, parce que je lui donnai un petit coup d’épaule et un baiser furtif pour me faire pardonner. On retourna finalement à l’hôtel mais le retour à la chambre ne fut que très bref, vue la surprise qui attendait la belle rousse. J’espérais qu’elle apprécierait quand même le geste, même si elle était visiblement fatiguée et qu’elle aurait préféré une soirée plus relaxe. En même temps, je ne l’emmenais pas courir un marathon. Ce serait tranquille, mais à l’extérieur de la chambre. « De plus spécial que de rester en robe de chambre ici, oui … » Me défendis-je, prenant un air de chat potté à mon tour pour essayer de mieux faire passer la chose, même si je savais bien que derrière le visage faussement offusqué d’Ally se cachait un sourire ravi. Pendant qu’elle se trouvait dans la salle de bain avec sa nouvelle robe, j’en profitai pour moi aussi changer de vêtements, enfilant quelque chose de plus chic. Je me coiffai rapidement les cheveux devant le miroir suspendu en haut du petit bureau, et je me regardai un moment, tirant sur mon veston et prenant une grande inspiration. J’étais en train d’attacher les lacets de mes souliers de cuir brun foncé quand Ally sortit de la salle de bain. J’avais sans doute l’air idiot, avec ma bouche ouverte et mes yeux plein d’étoiles. « T’es tellement belle, Ally. » Dis-je en un souffle, avant qu’elle ne me demande si elle devait mettre des talons hauts. « Non, tu seras plus confortable sans. » Nous n’allions pas faire des folies, mais je pensais toujours aux femmes qui devaient marcher plus de dix mètres en talons hauts et je souffrais. Je ne voulais pas qu’Ally endure ça rien que pour le look. Ses jambes étaient parfaites de toute façon. On repartit donc vers l’extérieur de l’hôtel, sans aller très loin cette fois puisque je me dirigeai vers la terrasse arrière. « J’aimerais te dire au bout du monde pour avoir l’air hyper romantique, mais non, j’t’emmène dehors. » Je rigolai et passai mon bras autour du sien, comme un vrai gentilhomme des vieux films. Je lui ouvris la porte vitrée menant à la terrasse donnant directement sur la plage, et elle put découvrir les grandes banderoles de petites de lumières qui illuminaient la terrasse au-dessus de nos têtes. Une douce musique jouait à l’extérieur, et à une table décorée d’une nappe blanche et d’un centre de table avec une chandelle et des fleurs se trouvait un petit caquelon à fondue au chocolat, et une montagne de fruits. « J’sais que j’aurais pas dû proposer des sushis sachant que ça, ça nous attendait … mais pour une fois j’ai laissé mon appétit parler. » Avouais-je, coupable, avançant jusqu’à notre petit coin de paradis rien qu’à nous.

Il ne tardait pas à me taquiner en sachant que je n’étais pas une cause perdue, il faisait exprès et je lui tirais la langue en répliquant un simple « Gna gna. » N’importe quoi cette discussion, il s’assurait que je ne danse jamais ! Ou en tout cas, que ce ne serait pas lui qui m’aiderait à améliorer ma cause. Il me donnait un coup d’épaule et un bisou rapide alors que je lui faisais un petit sourire, comme si j’allais le pardonner si facilement! Il me disait que ce serait plus spécial que de rester à errer dans la chambre d’hôtel et il n’avait pas tord! Je lui faisais un vrai sourire, sans retenue cette fois. Je voyais ses yeux étinceler et je rougissais de plus belle. Si je me voyais dans ses yeux, je serais sans doute surprise de voir à quel point il m’admirait. Et pourtant, j’arrivais à me voir au travers de ses yeux, il était si expressif. Sa réponse me guidait davantage, peut-être une sortie plus physique? Mais en même temps, la robe était si jolie... Je le suivais alors qu’il se moquait encore un peu. « Et pour avoir l’air hyper romantique, j’aurais sans doute répondu que je t’aurais suivi jusqu’à l’autre bout du monde. » Je riais avec lui et bras dessus-dessous je suivais le guide qui semblait savoir davantage l’endroit vers où nous nous dirigions. Je regardais donc la terrasse qui s’offrait à moi et je souriais bêtement. C’était mignon et attentionné de sa part. Mon regard se portait sur la table et sur la collation qui s’y présentait... Et je me doutais bien que ce soir, je n’allais pas prendre un kilo mais bien deux! Je m’avançais en le suivant en m’installant à la petite table coquette où je regardais les fruits. « T’es au courant qu’avec ça, j’aurais pris la moitié moins de sushis... Mais pour du chocolat avec des fruits, je ferai bien une exception. » J’échappais un regard charmeur avec un sourire aux lèvres. « Sérieusement, c'est une très belle attention, Monsieur Rosenbach. » Je trempais mon doigt dans le chocolat pour goûter et j’approuvais en hochant la tête. Je prenais mon autre doigt pour lui en glisser une trace sur la joue avec un sourire taquin aux lèvres. « Oups, t’en as un peu sur la joue... » Mes yeux d’enfants terribles apparaissaient à cet instant. On était en vêtements chics et je trouvais l’occasion parfaite pour faire des coups pendables.