[DONE] L'aventure est au coin de la rue... ⊱ PANDORE

+ Tout lui semble irréel et précipité. Elle n'a pas eu le temps de se faire vraiment à l'idée que ce soir, elle revoit Emrys. Hors du travail. Non, tu lui as dis que c'était pour le boulot... Elle soupire. Quelle cruche. Forcément, qu'il a accepté ! Elle lui aurait dit que c'était pour boire un verre ou pour sortir au resto, rien n'est moins sûr qu'il aurait accepté. Mais maintenant c'est fait, et elle se réjouit tout de même qu'il ait accepté. Chez elle, heureusement, il n'y a personne. Elle passe d'une pièce à l'autre comme une hyperactive. Merde, ça doit être ça... Son hyperactivité qui refait surface ? Non, seulement une excitation mêlée à l'angoisse. Pandore n'a jamais vraiment eu ce qu'on appelle un rencard. Elle a eu des aventures, des histoires. Toutes courtes, toutes truquées, toutes terminées avant même d'avoir pu commencer. Elle passe bien trente minutes sous l'eau bouillante de sa douche. Ça la détend. En apparences seulement, car à l'intérieur, elle bouillonne et son cerveau fonctionne à une allure démesurée. Elle se regarde dans le miroir. Elle a tressé ses cheveux en une natte sur le côté, et s'est à peine maquillée. Juste de quoi souligner son regard clair. Fidèle à elle-même, elle a enfilé un simple jeans avec un haut légèrement décolleté. S'habiller en robe Chanel, ce n'est pas vraiment son truc, à notre petite française.

Son portable sonne et elle sursaute. Sur le comptoir de la cuisine où elle est venue se servir un verre d'eau, ses ongles pianotaient avec nervosité mais la sonnerie distincte qui résonne dans l'appartement la réveille. Elle décroche, elle sait que c'est lui, elle sait qu'il est là. Il est presque vingt-heures, il est à l'heure. « Je suis en bas de l'immeuble. Il y a pas de place pour se garer et ... » Elle se mordille simplement la lèvre pour lui répondre. « Je descends. » Et elle raccroche. Son angoisse désagréable s'est changée en délicieuse adrénaline et elle prend son sac, attrape son bloc-notes, son appareil photo et sa camera qu'elle fourre dans une sacoche, enfile son manteau, avant de quitter son appartement. Elle marche avec de petits talons, regrettant déjà son choix de chaussure, avant d'apercevoir, tournant dans la rue, la voiture d'Emrys. Elle lui fait signe et lorsqu'il s'arrête devant sa porte, contourne la voiture en ignorant les coups de klaxons répétés. Elle fera même un signe très poli avec son doigt au conducteur derrière, particulièrement insolent. Elle ouvre alors la portière et s'engouffre dans l'habitacle, se coupant des bruits lassants de la circulation. Elle se tourne alors vers le jeune homme, souriant un peu. « Je vais réfléchir à un autre cadeau de noël alors, puisque la montre semble s'être imprimée dans ta tête, Sawyer. » Elle lui offre un clin d'oeil. Façon de lui rappeler qu'il est à l'heure, comparé à la dernière fois, même si honnêtement, elle n'en a rien à faire. Elle détourne le regard pour boucler sa ceinture. « Allez, c'est parti ! » Et toujours ce délicieux sentiment de, pour une fois, partir vers l'inconnu en sachant qu'en étant accompagnée, surtout par Emrys, elle n'aura pas le contrôle sur tout. Encore moins sur elle-même.

+ « T'as de la chance, je ne suis pas difficile. » La façon dont il se prend au jeu la fait sourire. Ça lui plait plutôt bien, surtout qu'à présent, il peut se permettre ce qu'il veut. Elle ne peux plus le virer... Elle l'a déjà fait. Sans raisons valables, en plus. Celle-là de patronne... Il redémarre et hop, c'est parti pour de bon ! Elle se mordille discrètement la lèvre, observant le "paysage" devant elle et à sa droite, comme pour s'éviter de risquer un regard vers le brun. Elle inspire à fond, sentant de loin le parfum d'Emrys. Concentrée pour ne pas sortir une connerie ou quelque chose qu'elle regretterait, elle préfère donc se forcer à garder le silence, même si ça n'est pas vraiment dans ses habitudes. « Tu sais où tu veux aller exactement pour ton enquête ? Parce que le quartier nord c'est ... grand. » Elle tourne son visage vers lui, se permettant d'observer ses traits gracieux et discrets. À ce moment-là, elle se dit qu'il est vraiment beau. Et encore, c'est plutôt faible comme mot. Son visage est parfait. « Euh, eh bien... Je n'ai pas d'endroit spécial, je connais vraiment mal par là-bas, mais dès que tu trouves une place t'as qu'à te garer, et on improvisera à partir de là. » Ouais, l'improvisation. Ça va vraiment tout faire ce soir, car la petite française va devoir jouer ses plus belles cartes de comédienne pour que son idée d'article tienne la route. Elle espère que pour l'instant, ça ne fasse pas trop étrange. Il doit avoir l'habitude qu'elle fasse tout à l'instinct, non ? « Ça me fait plaisir que t'aies accepté. » Elle regarde droit devant elle, un sourire fin sur les lèvres. Oui, elle avait besoin de lui dire. Oui, elle veut qu'il le sache, même si elle songe sérieusement à se bâillonner dès maintenant pour éviter de dire tout ce qu'il lui passe par la tête au cours de la soirée, comme elle en a l'habitude. Parce qu'il se pourrait que des pensées non désireuses lui traversent l'esprit. Elle tapote doucement son genou de sa main, perdue dans ses pensées tandis qu'ils roulent. Drôle de rancard. Alors que d'autres vont boire un verre ou manger au resto, ou encore voir un film au cinéma, elle, elle l'invite dans un quartier isolé, sombre et froid. C'est pas un rancard, justement, Pandore...

+ « Eh ben ! T'as pas l'air d'avoir vraiment planifier quoi que ce soit pour ton enquête » Elle se crispe un peu. A-t-il des doutes ? Voit-il finalement que tout ça n'est que mensonges ? Il se met à rire et elle sourit alors, amusée par sa réaction. « On improvise. » C'est parfaitement ça. Il marche comme elle. À l'improvisation, à l'instinct, à l'instantané. Pandore ne prévoit jamais rien à l'avance, du moins pas super longtemps à l'avance comme certains aiment le faire. « Exactement. » Quand elle lui avoue être contente qu'il ait accepté, il tourne son visage vers elle et elle a alors tout le loisir de l'observer. Elle a du mal à soutenir son regard alors que d'habitude, avec tout le monde, ça n'est pas un problème pour elle. « Ca me touche que tu me fasses assez confiance pour t'accompagner dans ta virée de nuit. » Cela le touche-t-il vraiment ? Il a l'air sincère... Si elle lui fait confiance ? Voyons, elle l'a eu comme stagiaire et c'est le seul jusqu'à présent, alors oui, on peut dire que Panda lui fait confiance, même si elle ignore un peu pourquoi elle ne s'est pas montrée, avec lui, aussi maladivement méfiante qu'avec les autres hommes à l'accoutumée. Elle ouvre la bouche pour répondre mais il lui coupe l'herbe sous le pied : « Mais peut être que tu vas le regretter... » Son sourire amusé témoigne de son espièglerie. Il est fidèle à lui-même, comme elle l'a toujours connu, et elle se plait à se prendre dans son jeu, consciente des risques. Mais ce soir, elle veut oser, se jeter dans ses filets les pieds et les poignets liés, telle la brebis galopant dans la gueule du loup. Hum... des deux en fait, on ignore un peu qui est le vrai loup. « On verra ça. Mais je ne pense pas que tu me décevras. » fait-elle sur le même ton, son regard bleuté brillant d'une lueur de défi. Oui, elle le défie, en quelques sortes. De quoi ? Oh, de la surprendre, de la "décevoir" (on peine à croire qu'il peut la décevoir ce soir..), de se dévoiler un peu plus. Alors qu'il trouve enfin une place, elle sent son ventre se nouer. Elle culpabilise d'avoir inventé cette excuse, minable comme celles trouvées au collège ou au lycée pour se rapprocher d'un beau garçon, et commençant déjà à être lassée de jouer ce jeu. Pour une fois, la comédienne trouve son rôle trop lourd sur ses épaules. Mais d'après-elle, elle ne peut pas prendre le risque de se dévoiler, de se mettre à nue. Que dira-t-il en découvrant qu'elle est aussi fragile qu'une brindille, hein ? Alors qu'elle prend son matériel et ouvre la portière, elle resserre sa veste. Il fait drôlement frais ce soir. Elle contourne alors la voiture, se plantant juste devant lui. « T'es prêt ? Tu veux bien me prendre la sacoche de mon appareil photo s'il te plait ? J'en aurais peut-être besoin. » Comme pour mieux faire passer sa requête, elle lui offre un sourire angélique et enfantin, le regard rieur. Il n'est pas obligé d'accepter, elle n'est plus sa supérieure, et ils le savent tous les deux, mais elle aime bien se dire qu'entre eux, rien n'a changé. Ou au fond, peut-être est-ce justement pour ne pas s'avouer qu'elle voudrait sincèrement qu'au contraire, ça change entre eux.

+ « C’est si gentiment demandé. » Oui, elle en profite un peu. Mais il lui a toujours semblé galant, alors peut-être peut-il porter un de ses sacs, qui sait... Sacs qui sont là en figurants total, vu qu'elle n'a pas vraiment prévu de réellement tourner quoi que ce soit ce soir. Il est toujours égal à lui-même, toujours avec ce joli sourire aux lèvres, et elle l'entend même rire un peu. Ça la fait sourire de plus belle. « Tu veux aussi ma veste ? » Elle croise son regard et le soutient. Il vient réellement de lui proposer ça ? Qu'elle porte sa veste ? Comme dans les films, ou dans les romans ? Elle se mordille la lèvre doucement et avant qu'elle ne puisse répondre, voilant un sourire, il lui tend ladite veste. Il a dû remarquer qu'elle va avoir froid d'un instant à l'autre, et elle l'attrape alors. « Merci, c'est gentil. » Elle n'a pas vraiment l'habitude de tout ça, la Pandore, mais ça lui plait plutôt bien. Qu'on soit attentionné envers elle. Ça la change. Elle l'enfile, se sentant tout de suite presque protégée, rassurée. Le contact est chaud et sa veste porte le parfum d'Emrys. C'est délicieux. Elle relève alors les yeux vers lui, remarquant qu'il a le regard baissé vers ses chaussures. « Tu t’es joliment habillée pour étudier la ville ce soir. » Elle esquisse un sourire amusé. Puis, y a un compliment là-dedans, non ? Grâce au "joliment"... Mais en même temps, peut-être trouve-t-il ça un peu louche. Ben ouais, elle s'est faite belle pour faire un reportage.. c'est un peu déplacé, peut-être ? Elle croise les bras, ne montrant pourtant rien de ses interrogations. « Il faut toujours être présentable, on ne sait jamais, je vais peut-être croiser mon prince charmant au détour d'une ruelle sombre. » répond-elle avec un sourire espiègle en le fixant quelques secondes encore, avant de finalement détourner le regard pour lui faire signe de se mettre en route. Elle commence à angoisser un peu. Et maintenant ? Improvisation, Panda, improvisation... Elle inspire à fond et tourne la tête vers lui. « Ça te dit on fait comme si tu étais un passant et je t’interviewe ? On peut tricher un peu, parce qu'il n'y a pas âmes qui vives ici... » Elle observe les environs, effectivement déserts à part quelques squatteurs ou gens pressés de devoir traverser ses endroits seuls et sombres.

+ elle adore donner l'air qu'elle sait de quoi elle parle, qu'elle est sûre d'elle, que c'est elle qui maîtrise la situation. Elle le voit sourire mais détourne le regard, comme satisfaite, continuant sa route, ses talons claquant légèrement sur les pavés de la route. « Je ne sais pas qui tu vas croiser, mais je ne suis pas convaincu que ça soit le prince charmant qui t’attends là-bas… » Elle croise son regard dubitatif et le fixe alors, l'air très sérieuse, se rapprochant de lui. Elle est quand même obligée de lever la tête pour pouvoir le regarder dans les yeux, c'est qu'il est plus grand qu'elle, le Sawyer... « Mais peut-être mon prince charmant est autre part. » Puis elle hausse les épaules, avec cet air désinvolte qui lui colle à la peau si bien même s'il n'est pourtant pas sien. Alors, elle lui propose qu'il fasse l'interviewé. « Moi ? » Elle le regarde chercher un autre cobaye. Il est mignon, à vouloir éviter ça. Et elle, sur le coup, elle se trouve un peu garce de lui demander ça mais au fond, ça l'amuse. « Je ne dois pas avoir l’air d’un bon passant mais on peut toujours essayer. » Elle réplique du tac au tac : « Mais si, tu fais un très beau passant. » Bon, Panda, il t'avait dit bon passant, pas beau passant, vas-y c'est bien tu les enchaînes ce soir ! Elle ne laisse rien paraître mais elle se mord l'intérieur de la joue avec force. « Je suis prêt. Sois gentille, c’est ma première interview » Il enchaîne, tant mieux. S'armant de sa caméra comme d'une arme, elle l'allume et la pointe sur lui. « Voyons, Sawyer, je suis toujours gentille. » Ahahah. Derrière, elle se sent protégée et elle se rapproche un peu, souriant déjà, sachant qu'elle va bien pouvoir s'amuser. Pourtant, elle n'a aucune envie de le taquiner, de le charrier en le pointant d'une caméra menaçante. « Bon allez c'est parti, tu n'auras qu'à répondre aux questions et je m'occuperai de faire un montage chez moi. Let's go. » Elle se racle légèrement la gorge. « En vous promenant là à la nuit tombée, vous sentez-vous en sécurité ? Et si non, avez-vous déjà eu peur des autres passants pouvant peupler la rue à cette heure-là ? » En observant à travers l'objectif, elle peut à loisir détailler chacun de ses traits sans qu'il ne s'en aperçoive, observant ses yeux chocolats, ses lèvres fines, ses pommettes discrètes, son visage d'ange.. Elle frissonne. On dira que c'est le froid.

+ la petite française semble elle aussi déstabilisée, à croire avec le nombre d'erreurs qu'elle enchaîne comme des quilles à un bowling. « Haha, ‘bon’ tu voulais dire ? M’enfin bon et beau me convient tout à fait aussi. » Bien sûr, ça n'est pas passé inaperçu. Et il faut qu'elle réponde, au risque de laisser ce lapsus devenir réellement le compliment qu'elle pense pourtant avec sincérité. « Bon, oui. Désolée, "beau", ça sera peut-être pour une autre fois. » Voit-il dans son regard la lueur malicieuse qui pourtant, la fait mentir quand elle affirme ça ? Elle le pointe de sa caméra, prête à enchaîner. Elle le force à l'improvisation, mais il ignore sans doute que lui aussi la contraint à user de cet art. Cet art qu'elle maîtrise pourtant très bien... sauf en sa présence, ou peut-être est-ce le fait que ça soit de nuit, ce qui accentue un peu son malaise. Elle lui pose alors la première question, au moins, ça lui permet de se cacher un peu derrière son rôle de journaliste. « Eh bien… Je ne me sens pas particulièrement en sécurité, mais pas non plus en insécurité. Je pense que Bowen est une ville plutôt tranquille, quoiqu’il faut tout de même se méfier de ce qu’il peut se tramer la nuit … » Sa réponse est très satisfaisante. Mais ça serait vous mentir que de dire que la petite blonde a réellement prêté attention à ce qu'il a dit. En réalité, à travers sa caméra, elle le fixe, non.. elle le dévore des yeux comme elle ne s'est jamais permis de le faire sous son regard face à face. Mais là, elle est protégée. Elle remarque alors qu'elle n'a même pas lancé la vidéo. Quelle cruche... Elle va devoir faire comme si c'était fait, en priant pour qu'il ne remarque rien. Alors qu'elle esquisse un sourire en lui faisant un signe de pouce vers le haut pour l'encourager, il enchaîne justement. « Hum… j’ai entendu dire qu’un dealer se promenait dans Bowen par exemple. » L'estomac de Pandore se sert. Invente-t-il pour le faux article ou a-t-il réellement entendu parler de Nolan ? Et s'il le connaissait ? Et si ce dernier lui avait avoué jusqu'où Pandore avait été capable de s'abaisser pour obtenir quelques grammes de ces substances interdites ? Incertaine, elle préfère laisser ce sujet de côté.

Sans trop remarquer qu'elle s'est approchée de plusieurs pas encore pour être presque tout près de lui, elle continue son rôle et sa petite comédie. « Oh, je vois, c'est bien peu rassurant.. Mais si vous n'avez pas peur pour vous, pouvez-vous en dire pareil pour vos proches ? N'avez-vous pas des amies pour qui vous craignez de les voir se promener seules ici, ou une soeur, ou bien même.. une petite amie ? » Tu vas trop loin, beaucoup trop loin... Consciente d'avoir laissé ses propres interrogations prendre le dessus, elle baisse soudain son "arme", pointant le sol de sa caméra, fuyant le regard du jeune homme pour fixer elle aussi leurs pieds. « Désolée. T'es pas obligé de répondre. » murmure-t-elle alors doucement, se mordant la lèvre inférieure avec force. Voilà, elle a tout gâché. Ils sont là depuis dix minutes... et pour elle, il lui semble bien qu'elle a déjà tout gâché. Qu'Emrys va deviner que la question ne fait pas partie de l'interview, qu'elle est personnelle, qu'elle appartient à Pandore, et qu'il va trouver ça complètement déplacé. Et que, n'ayant de toute façon plus aucune raison de lui obéir, qu'il va tourner les talons et disparaître pour toujours. Elle lève alors les yeux vers lui, presque timide, pour graver son visage une dernière fois dans sa mémoire. Ne vous ai-je jamais dis que Pandore peut parfois avoir des pensées très extrémistes et très tordues ?

+ « Ah c’est comme ça ? » Elle soutient son regard qui lui semble presque un peu déçu, mais sûrement se fait-elle des idées. Il se mord les lèvres et ça la fait sourire de plus belle, il règne une atmosphère légère entre eux, et il semble à Pandore que c'est bien la première fois que ça se produit, car ils n'ont plus aucune hiérarchie à respecter. « Ouais, c'est comme ça. Pourquoi, tu veux pas que je te dresse tout ton portrait avec des éloges quand même, si ? Après, tes chevilles ne rentreraient même plus dans ta voiture et je devrais rentrer à pieds. » Elle lui adresse un coup d'oeil amusé et terriblement enfantin, comme si elle avait huit ans. Il va te prendre pour une sale gamine ma vieille, tu effaces bien ton image de patronne, bravo. Elle espère avoir tourné sa phrase suffisamment à la dérision pour qu'il ne se doute pas qu'elle le trouve réellement "beau" comme elle l'a dit oui. Et encore, ça lui semble bien faible comme mot. Alors qu'elle commence l'interview en enchaînant déjà les bourdes, laissant sa propre curiosité prendre le dessus, il lui adresse un sourire en secouant la tête. Elle, c'est de la reconnaissance que l'on peut lire dans son regard, pour ainsi continuer à jouer le jeu, car après-tout, c'est ce qu'il y a de mieux à faire. En sentant sa main sur la sienne, elle tressaille mais le laisse faire, rivant son regard sur lui. « Bien sûr que j’ai peur pour mes proches. Je n’aimerai pas me lever le matin et savoir qu’il est arrivé un drame à telle personne. » En plus il répond bien. Elle sourit en se disant que oui, il ferait un bon (et trèèès beau) passant, il semble naturel et à l'aise. Il ne répond pas à sa dernière question mais ça, elle devait bien s'y attendre. En le voyant la regarder elle, il sent que ce qu'il va dire lui est principalement adressé et elle attend alors, intriguée. « et d’ailleurs, tu crois que c’est pour quoi que je t’accompagne pour ton reportage nocturne ? Tu pourras couper ça au montage. » Et me le repasser à mes heures perdues... Son cœur tambourine et les mots résonnent dans sa tête. Le couper au montage ? De toute façon, il n'y aura aucun montage, mais donc cela veut dire qu'il veut que ça reste entre eux deux. Et donc qu'il tient à elle. Suffisamment déjà pour ne pas vouloir qu'elle disparaisse une nuit... c'est déjà une bonne chose. Elle sourit toute seule, n'ayant toujours pas coupé la vidéo. « C'est donc pour ça ? Même pas pour que je rédige une super lettre de recommandation pour que t'entres dans une super entreprise qui veuilles te prendre ? » Elle le taquine, comme toujours. Mais c'est uniquement pour cacher comme ça l'a touchée. Ouais, ça lui arrive d'être touchée, si si. Dans son regard pourtant, il y a comme un remerciement. Elle se racle la gorge, lui faisant signe qu'ils reprennent en se replaçant correctement derrière la caméra. « Est-ce qu.. » Elle n'a pas le temps de finir sa phrase. Un coup de feu résonne quelques pâtés de maison plus loin et elle pousse un cri de surprise, faisant directement un bond en avant, rentrant dans Emrys par la même occasion suite à la faible distance qui les séparait. Ne s'en conformant même pas, son côté sur la défensive reprend le dessus et elle se tourne vers l'origine du bruit, le cœur battant, les yeux écarquillés par la peur. Oui, de la peur. Le dos contre Sawyer, sa caméra pendant lourdement autour de son cou – elle l'a lâchée dans son mouvement – elle respire fort, un sentiment d'effroi la traversant de part en part. Le silence assourdissant lui broie les tympans, et elle finit par murmurer, comme une proie effarouchée : « Qu'est-ce que.. qu'est-ce que c-c'était.. ? » Enfin, elle devrait plutôt demander pourquoi. Parce qu'elle sait ce que c'est, un coup de feu, c'est reconnaissable. Surtout quand on en a déjà entendu..