(+18) L'alcool tue lentement. On s'en fout, on est pas pressés. ı River

Je m'en voulais de constater que ces révélations qu'on venait de se faire mutuellement après avoir gardé si longtemps nos sentiments pour nous, amenait Amara à culpabiliser. Elle n'y était pour rien, c'était moi qui avais abordé le sujet et si toutefois on avait fait une erreur de parler de tout ça, c'était de ma faute, pas la sienne. Je n'avais pas réussi à garder tout ça pour moi plus longtemps, persuadé que je me sentirais soulagé de lui avouer ce que je ressentais, mais finalement ça avait l'air de nous inquiéter tous les deux plutôt qu'autre chose. Elle ne me faisait pas confiance, mais je ne pouvais pas lui en vouloir, parce que je n'étais pas certain de me faire confiance non plus.

- Je sais pas, j'ai pu dire des choses qui t'ont mis mal à l'aise...

- Non, vraiment, c'est moi...

Je commençais à être convaincu que j'avais fait une grave erreur. Au final, si j'avais continué à espérer tout seul dans ma tête qu'il puisse un jour se passer quelque chose avec ma meilleure amie, ce serait restait un hypothétique bonheur que je pouvais continuer d'envisager sans prendre de risques, et même si c'était pour que ça reste à jamais une simple idée dans mon esprit. Mais maintenant que j'avais été honnête avec elle, et qu'en plus j'avais découvert qu'elle ressentait la même chose que moi, ça compliquait grandement les choses. Je n'avais pas pensé à ça... J'aurais dû y réfléchir avant de l'ouvrir. Parce que maintenant c'était bizarre, et je ne voulais pas qu'il y ait de tensions entre nous et qu'on en vienne à être gênés tous les deux. Pourtant, impossible de revenir en arrière, on ne pouvait pas effacer cette soirée et les confessions qu'on venait de se faire. C'était trop tard pour hésiter ou pour penser aux conséquences, on avait atteint un point de non-retour et je redoutais de ce qu'on allait pouvoir faire de tout ça sans ébranler notre amitié.

- Je te veux, moi aussi... Tu n'imagines pas à quel point...

J'avais encore du mal à en croire mes oreilles. J'avais passé tant de temps à me persuader qu'elle ne pouvait pas s'intéresser à moi de cette façon, et qu'une fois mes sentiments avoués, je devrais batailler pour la conquérir, ou du moins pour susciter chez elle une forme de désir et d'intérêt, que je me suis surprenais à réaliser que c'était inutile, que finalement nous étions tous les deux déjà attirés par l'autre sans que l'on ait cherché à le provoquer. Ça s'était manifesté en moi avec le temps et j'avais tout fait pour refouler ces sentiments inconvenants de façon inconsciente. J'avais fini par ouvrir les yeux sur ce que je désirais vraiment et je n'avais pas pu garder ça pour moi.

- Mais je ne veux pas faire quelque chose que tu pourrais regretter une fois sobre, River... Toi et moi, ça serait probablement beau sous bien des points... Mais tu me connais. Les conquêtes à tout va, le sexe avec d'autres, je pourrais pas le supporter... Mais je ne peux pas non plus te demander de changer. Je ne veux pas profiter de ton état ce soir pour que tu puisses me dire des choses que tu regretteras demain de peur de me briser le cœur, parce que tu sais autant que moi que ça pourrait arriver, et je ne veux pas te perdre...

Quelque chose que je pourrais regretter ? Une chose était certaine, quoi que je puisse faire avec Amara, je ne regretterais rien. J'étais pas du genre à m'encombrer de regrets, surtout s'il s'agissait de sexe, surtout s'il s'agissait d'Amara. J'avais l'impression que c'était une façon d'esquiver le fait que c'était surtout elle qui pourrait avoir des regrets...

- Je sais que je suis pas le mec le plus fiable qui soit, et que je passe d'une fille à une autre. Mais les autres, c'est pas toi Ams'... Je suis sûr de pas être assez bien pour toi, j'en ai conscience, mais je sais que j'aimerais l'être. Et je suis capable de faire des efforts pour essayer d'y arriver, je te le promets.

Je n'allais pas lui mentir en lui promettant ma fidélité, mais je pouvais lui promettre d'essayer, parce que je le voulais vraiment. Et ça, c'était pas un mensonge.

- Je ne risque pas d'avoir de regrets, moi. Je crois plutôt que c'est toi qui pourrais en avoir... Et je comprends, tu sais. Mais tu me perdras jamais, y a aucune raison. C'est plutôt moi qui risque de te perdre si j'arrive pas à me montrer digne de toi.

Elle n'avait pas besoin de me demander de changer, parce que j'avais décidé tout seul qu'il fallait que je change si je voulais avoir une chance avec elle. Et je la voulais cette chance, putain ! Je la voulais vraiment. Essayer de devenir quelqu'un de meilleur, c'était ma décision, mon initiative uniquement.

- Ça ne change pas tout ce que j'ai pu dire auparavant, je te rassure. Je te veux, et je serais prête à te laisser une chance si c'est sincèrement ce qu'on désire tous les deux. Ça ne change pas. Je pense juste qu'on devrait en discuter après y avoir réfléchi, et quand tu seras totalement sobre ton état n'est pas idéal pour avoir une conversation aussi sérieuse. Si on décide d'oser, je veux qu'on soit conscient de tout ce que ça implique, tout simplement... Mais je veux aussi que tu saches que je suis convaincue que si on le désire réellement, avec beaucoup d'efforts, on pourrait y arriver.

- Mais Ams', c'est pas parce que j'ai un peu fumé que je suis à côté de la plaque, tu sais... Je sais ce que je veux avec toi parce que ça fait déjà longtemps que j'y pense. J'ai pas besoin d'y réfléchir davantage. Je vois pas pourquoi on devrait prendre plus de temps pour y penser alors que c'est déjà fait. Et on est en train d'en discuter là, non ? On n'a pas besoin d'en reparler plus tard. Je sais ce que j'ai à faire pour que ça marche entre nous. Je suis conscient que c'est à moi de faire des efforts et je vais en faire, c'est promis. Mais pour que tu t'en rendes compte, il faut que tu me donnes ma chance, c'est pas en y réfléchissant que tu seras fixée. Et puis tu m'as embrassé... Tu peux pas m'embrasser et me dire tout ça après. On s'est dit les choses, maintenant soit t'es partante et on se donne une chance, soit tu le sens pas et à ce moment-là tu me donnes pas de faux espoirs en me disant qu'on doit y réfléchir.

La pauvre, elle allait se noyer dans cette interminable tirade ! C'était sorti tout seul, peut-être parce que mon état était effectivement désinhibé et que ça m'aidait un peu à m'exprimer, mais je pensais tout ce que je disais, je n'avais pas besoin de temps pour prendre une décision. De toute évidence, c'était Amara qui n'était pas sûre d'elle. Moi tout ce que je redoutais, c'était de merder et de la faire souffrir, mettant ainsi un terme à notre amitié contre ma volonté. Mais à part ça, j'étais sûr de moi et de ce que je voulais. Amara, quant à elle, semblait plus sceptique. Mais je ne pouvais pas lui en vouloir. Toutefois je ne supporterais pas d'attendre après tout ce qu'on s'était dit. Je ne pouvais pas rentrer chez moi et patienter sagement pendant qu'elle se décidait, ce serait l'enfer ! Depuis le temps qu'on se connaissait, elle devait bien savoir si elle voulait tenter de faire un bout de chemin avec moi ou si elle le voulait pas. Je l'espérais en tous cas. Je me penchais vers elle et pris sa main dans les miennes.

- Écoute Ams', tu mérites tellement mieux que moi, j'en suis conscient. Mais je me dis que si tu m'accordes une chance, j'arriverais peut-être à devenir un mec bien. Si en tous cas c'est possible, ça peut être qu'avec toi.

Amara c'était une perle. Mais des filles biens j'en avais rencontré quelques-unes dans ma vie, pourtant aucune n'avait retenue mon attention plus que ça. Peut-être parce qu'il y avait quelque chose de plus chez Amara, quelque chose de spécial. Il émanait d'elle une aura magnifique. Elle était foncièrement bienveillante et je ne lui voyais aucun défaut. C'était pourtant si rare... C'était même la seule fille que je voyais de cette façon. D'habitude, il y avait toujours quelque chose qui m'agaçait chez les nanas qui m'attiraient, mais pas chez elle. Et puis elle me regardait comme aucune autre ne m'avait jamais regardé. Elle était toujours indulgente avec moi, même quand je me comportais comme le dernier des abrutis. Elle voyait en moi quelque chose qui lui laissait penser que j'étais pas si méchant que ça, elle voyait au-delà de mes nombreuses imperfections. C'était la seule à faire ça. Notre amitié était inconditionnelle, et ça c'était réellement unique et surprenant.

- Tu as vraiment envie de les faire ?

J'acquiesçai d'une hochement de tête certain. Oui, je voulais faire des efforts, même si ça m'angoissait déjà. C'était pas évident d'envisager de passer de ce mode de vie débridé que j'avais toujours eu à une relation sérieuse. Mais sentir chez Amara la possibilité de me laisser une chance me réconfortait en même temps que ça m'effrayait. J'avais peur de faire un truc stupide et de la blesser, mais paradoxalement j'étais rassuré à l'idée de m'imaginer partager avec elle une vraie relation. J'avais envie que ça marche, et j'étais prêt à faire le nécessaire pour y arriver. Il me suffisait de la préserver dans un coin de ma tête à chaque fois que les choses risquaient de déraper. Je pouvais y arriver. Je voulais y arriver !

- Je ne vais pas te mentir... Bien-sûr que j'ai peur que tu me brises le coeur. Que j'ai peur de ne pas réussir à te suffire et que tu ressentes l'envie d'aller voir ailleurs... Surtout que je n'ai pas du tout envie de t'imaginer ou de te savoir dans les bras d'une autre...

Sa franchise me réchauffait le cœur autant qu'elle me le pinçait. On était deux à pas trop me faire confiance pour le coup. Malgré mes doutes sur moi-même, n'en ayant cependant aucun au sujet de Ams', je me sentais capable de faire ce qu'il fallait pour mériter une fille comme elle. Il fallait simplement que j'essaie. Ça ne devait pas être si compliqué au fond... Il suffisait que je fasse exactement le contraire de ce que je faisais d'habitude en fait... Il fallait que je sois honnête, attentionné et fidèle. Tout ce que je faisais pas jusque là. Je devais devenir un nouveau River et oublier l'ancien. Dit comme ça, ça pouvait paraître aisé. Mais dans ma tête ça se compliquait déjà...

- Je ferai pas ça, je te promets Ams'. Tu me suffis, j'ai pas besoin d'être avec une autre. D'ailleurs j'ai pas non plus envie d'être avec une autre. Y a qu'avec toi que je veux être.

Je savais qu'elle faisait référence au sexe, mais de mon côté je préférais parler des sentiments que j'avais pour elle. Parce qu'elle était la seule pour qui j'éprouvais ce genre de choses. Ce n'était jamais arrivé avant, avec aucune autre.

- J'ai juste pas envie que tu réalises demain que tu pourrais avoir n'importe quelle nana. Plus sexy, plus drôle, plus ouverte d'esprit quant au fait d'aller voir ailleurs... Mais je ne savais pas que tu t'étais déjà réellement posé la question avant ce soir, que tu y réfléchis depuis tant de temps... Mais tu as raison. Pour que ça puisse fonctionner, il faut que je te laisse une chance. Que tu puisses me surprendre et me montrer que tu en es capable. Je sais que si tu en as réellement envie, tu peux le faire.

Je souris à sa dernière phrase. Malgré son manque de confiance en moi, elle avait envie de croire que j'étais capable de changer, et ça me faisait du bien à entendre. Si elle me faisait l'honneur de m'accorder cette chance, je ferais tout pour ne pas la gâcher. Mon stress redescendait et la panique due à la fumette me quittait peu à peu. Je ne me sentais pas encore très serein mais j'étais sur la bonne voie, je le sentais.

- Mais je veux pas de n'importe quelle autre nana. Et y en a aucune qui soit plus sexy ou plus intéressante que toi Ams'. Disons que j'évitais de me faire des films dans ma tête jusqu'à maintenant parce que je voulais pas foutre en l'air notre amitié. Et aussi parce que... j'étais persuadé que tu m'envisagerais pas autrement que comme un ami...

Moi qui était plein d'assurance d'ordinaire, je me surprenais à perdre confiance avec Ams', du moins depuis le début de cette conversation. Mais ça devait être normal, tout ça était nouveau pour nous deux et surtout pour moi. Si j'arrivais à dépasser cette angoisse due à la nouveauté, je réussirais peut-être à m'épanouir dans une vraie relation, qui sait ?

- J'ai envie que ça marche, Ams'. Alors... ça va marcher.

Je m'avançais peut-être un peu, mais pour y arriver il fallait bien commencer par y croire, non ?

- Laissons nous une chance alors. Tu peux devenir quelqu'un de bien, j'en suis convaincue. On peut y arriver ensemble, pas vrai ? Dis toi que tu seras ma première véritable relation...

Je lâchai un petit rire amusé. Elle n'était pas la seule pour qui c'était une première relation sérieuse. Je pouvais pas me vanter d'en avoir eu jusqu'ici. Ça ne m'avait jamais dérangé cela dit. Mais aujourd'hui, j'avais envie de ça, en tous cas j'avais envie d'essayer. Mais pas juste pour voir, et pas non plus avec n'importe qui. Juste avec Amara.

Je plongeai mon regard dans le sien et attrapai sa chaise pour la tirer un peu plus vers moi en souriant, ravi de réaliser que finalement j'avais eu raison de lui parler à cœur ouvert. Elle me donnait ma chance, c'était tellement inespéré. Je me penchai vers elle et l'embrassai en passant ma main sur sa joue, espérant qu'elle n'allait pas changer d'avis. Je libérai ses lèvres pour lui sourire, désireux de concrétiser tout ça.

- On va chez moi ?

Je m'inquiétais à l'idée que les choses puissent mal tourner entre Ams' et moi. Mais si on ne se lançait pas, on passerait peut-être notre temps à le regretter. J'essayais de ne pas trop me projeter en imaginant ce que ça pourrait donner si on devenait un couple. Putain, ça faisait trop bizarre rien que d'y penser. Rien que le mot "couple" me foutait un peu la trouille... Mais l'idée de passer mes nuits avec Amara et de me réveiller à ses côtés le matin, c'était loin de me déplaire. J'avais envie de voir son sourire en me levant tous les jours. J'étais certain que ça pourrait suffire à me donner envie d'être fidèle. Juste le fait de nous imaginer tous les deux, partageant notre quotidien, m'aidait à reprendre confiance. J'avais vraiment envie de devenir un mec assez bien pour elle. J'évitais de penser au reste, à tout ce que ça impliquait d'être en couple avec quelqu'un. Je ne savais même pas ce que ça impliquait d'ailleurs, n'ayant jamais eu de véritable relation amoureuse. Oh putain, "relation amoureuse"... C'était chelou des mots comme ça dans ma tête quand même... J'osais même pas imaginer la tête que ferait mon père si je lui disais que Amara et moi on était amoureux. Il allait tomber la bouche à tous les coups, il y croirait peut-être même pas. J'avais pas envie de penser à la mère de Ams' par contre. Je l'avais déjà rencontrée forcément, et je savais qu'elle ne m'aimait pas trop. Alors que jusque là sa fille et moi on était seulement amis pourtant.

- Tu ne le feras pas consciemment, avec la volonté de me faire mal. Ça je le sais. Peut-être que tu n'auras pas envie d'avoir quelqu'un d'autre sur le plan sentimental mais... J'ai pas non plus envie de te partager avec d'autres sur le plan physique, tout comme j'ai pas envie qu'elles me fasse un debrief sur tes prouesses au lit...

Je grimaçai à l'hypothèse évoquée par Amara. Évidemment je n'avais pas envie que ça se passe comme ça. Je ne voulais pas lui briser le cœur. Et j'étais prêt à faire les efforts nécessaires pour que ça n'arrive pas. Avec un peu de chance, je me surprendrais à aimer la vie à deux avec elle et je n'aurais peut-être même pas besoin de faire d'efforts. Si en tous cas je pouvais réussir cet exploit, c'était bien pour elle.

- Ça n'arrivera pas Ams', je te le promets !

J'étais sincère. Je ne savais pas si je le serais encore demain, mais je m'efforcerais d'y parvenir. Parce qu'elle en valait vraiment la peine. J'étais lucide, mais aussi plein d'espoir. Et je crois que ça pouvait vraiment faire toute la différence.

- Tu sais, ce n'est pas le début d'une relation qui signifie obligatoirement la fin de notre amitié. C'est vrai que c'est un risque à prendre dépendant de comment tout se passe entre nous, mais j'ai envie d'être optimiste et de croire qu'on peut y arriver, même si ça ne sera pas facile tous les jours. Et crois moi que je ne te vois pas seulement comme un ami...

Je lui souris, soulagé par ses paroles et l'espoir qu'elle mettait en nous. Plus elle croirait en moi, plus je me ferais confiance aussi.

- Alors ça vaut le coup d'essayer. Je sais que ce sera pas facile, mais je pense que c'est juste parce que j'ai pas l'habitude des relations sérieuses, parce que c'est tout nouveau. Mais je ferais tout pour te combler Ams'.

Elle se laissa embrasser, y mettant même tout son cœur. C'était déjà très positif, on avait envie de ça tous les deux. Pourquoi lutter ?

- Ça me va, on peut aller chez toi.

Sa réponse me fit esquisser un large sourire coquin, impatient de concrétiser nos sentiments réciproques. Je la laissai finir son verre et allai au comptoir pour régler nos consommations. Dans la foulée j'appelai un taxi et Amara me suivit dehors. Je la dévorais des yeux en attendant le véhicule. D'habitude, je me chauffais déjà à ce moment-là d'une soirée avec une fille, mais là j'étais un peu intimidé. J'aimais pas ça, c'était tellement pas moi. Je m'approchai de Ams' et la serrai dans mes bras avec tendresse, ne voulant pas précipiter les choses. Je lui devais un minimum d'égards et de respect. C'était Amara quand même. J'allais pas l'afficher devant tout le monde comme une vulgaire greluche.

Le taxi arriva et j'ouvris la portière à Amara. Putain, j'étais trop un gentleman quand je voulais. Mais si elle s'habituait à ce genre de détails, j'allais devoir le faire à chaque fois... Non pas que ce soit gênant, il fallait juste que j'y pense. Et c'était pas si évident que ça quand on était habitué à ne faire aucun effort.

Le trajet me parut interminable, j'étais impatient de passer à l'étape suivante. Lorsque le taxi s'arrêta devant chez moi, je fus soulagé de constater que mon père était au boulot. Sa voiture n'étant pas là, on serait tranquille. Kaz était sûrement sortie en plus. Je réglai le chauffeur et m'avançai jusqu'à la porte avec Amara. C'était bien la première fois que je rentrais chez moi avec une nana en étant si sage. J'ouvris la porte et la laissa entrer la première. J'en pouvais plus ! Je claquai la porte avec mon pied et attrapai Ams' pour l'approcher de moi, l'embrassant aussitôt, exprimant sans retenue tout mon désir et mon impatience.

Malgré mes doutes et mes angoisses, j'avais envie de tenter l'aventure avec Amara. Le côté positif dans tout ça, c'est que je n'avais aucune inquiétude la concernant, je n'avais pas peur qu'elle me fasse souffrir, je savais qui elle était et de nous deux ce n'était certainement pas elle qui risquait de tout faire capoter. L'inconnu dans cette équation, c'était moi. Mais si je pouvais arriver à devenir quelqu'un de meilleur, c'était bien grâce à Ams'.

- Pour moi aussi, c'est nouveau, ça ne m'était jamais arrivé avant... Mais je suppose qu'on découvrira ça ensemble, et qu'on apprendra en étant tous les deux. Tu ne crois pas ?

J'acquiesçai en souriant, rassuré parce qu'elle me disait. Elle était si douce et indulgente, ça me réconfortait et me donnait bon espoir pour la suite de notre... relation ? C'était étrange pour moi d'évoquer ce mot dans ma tête. Mais ça me déplaisait pas. J'espérais qu'elle aurait suffisamment de patience avec moi pour me permettre de devenir le petit-ami qui méritait une fille comme elle.

J'avais freiné mes ardeurs jusqu’à ce qu'on arrive chez moi. Mais une fois la porte fermée derrière nous, je libérais mon empressement. Peut-être trop... Elle y semblait réceptive, mais je craignais que ce désir mutuel ne précipite notre échec. Je ne m'étais jamais posé de questions quand il s'agissait de baiser une nana. Mais là, il ne s'agissait pas de baiser, mais plutôt de... faire l'amour. Putain, encore des mots graves chelous dans ma tête ! C'était pourtant ce qui convenait le mieux à la situation. Oui, j'avais des sentiments pour Amara, et je les lui avais avoués. Alors je ne pouvais pas me voiler la face à moi-même. Je devais accepter ce que je ressentais, aussi flippant que ce soit, et avec tout ce que ça pouvait impliquer. Habituellement, avec mes conquêtes, je ne pensais pas aux conséquences que ça pouvait avoir, vu qu'il n'y avait aucun enjeu. Ce n'était ni des amies, ni des petites-amies potentielles, ce n'était que des plans-cul. Même si de leur côté, ce n'était pas toujours aussi évident que du mien. Mais voilà que je me surprenais à imaginer la suite avec Ams', je me mettais à penser à nous, à demain, à plus tard. Je voulais prendre le temps de bien faire les choses. Parce qu'elle comptait beaucoup pour moi. Et je savais qu'elle avait des doutes me concernant, ce qui était parfaitement compréhensible et légitime. Je ne voulais pas qu'elle le regrette demain si nous venions à nous enivrer d'un plaisir charnel ce soir. Peut-être qu'il était plus judicieux de lui accorder un temps de réflexion avant de passer un cap qui pourrait s'avérer un point de non-retour. Même si elle-même ne semblait pas s'en soucier, pour une fois, c'était moi qui allais anticiper l'impact que ça pouvait avoir sur ma partenaire. Comme quoi, quand je voulais, j'étais capable de faire marcher mon cerveau avant ma teub ! Ou alors ce n'était pas mon cerveau qui réfléchissait, mais plutôt mon cœur. Putain de merde, j'avais un cœur moi aussi... Qui l'eut cru ?

Le contact de ses mains sur moi, de ses lèvres me faisaient déjà frétiller. Je serrai son petit corps contre moi, la laissant m'embrasser le cou. Je caressai son dos puis sa chute de reins, avant d'interrompre notre roucoulade.

- Tu sais, on est pas obligé de faire quoi que ce soit tout de suite. On pourrait... discuter ?

J'avais envie d'elle, et c'était de toute évidence réciproque. J'étais certain de ne pas regretter cette nuit, mais je n'avais pas autant de certitudes en ce qui la concernait. On était peut-être en train de mettre la charrue avant les bœufs, se jetant l'un sur l'autre sans réfléchir. Mais connaissant Ams', elle allait cogiter. Beaucoup plus que moi. Il était temps que j'arrête de ne penser qu'à moi et que je me soucis un peu de ce que ça représentait pour elle. C'était pas n'importe qui quand même, c'était Amara. Même si on se connaissait depuis longtemps et que c'était ma meilleure amie, je n'étais pas sûr qu'on parvienne à se relever d'un échec si ça ne marchait pas entre nous. J'étais sûr qu'elle avait beaucoup d'attentes et au final, peut-être bien que moi aussi. Je ne pouvais pas prendre le risque de la perdre, pas elle, pas pour quelque chose d'aussi futile qu'une partie de jambes en l'air. C'était loin de se limiter à ça. Si je merdais je perdrais aussi son amitié. Alors avant de nous engager tous les deux là-dedans sans qu'on soit sûr d'être prêts, il valait mieux y aller en douceur.

Je lui souris tendrement et attrapai sa main avant de l'emmener dans le salon, sans un mot. Je lui désignai le canapé pour l'inviter à s'asseoir et m'éclipsai dans la cuisine. Je farfouillai dans les placards à la recherche d'une bouteille de circonstances. Du rhum, de la tequila... Putain, encore cette saloperie à la noix de coco ! C'était mon père qui s'acharnait à racheter cette merde imbuvable ? Je trouvai finalement une bouteille de vin blanc, sec. C'était parfait. Enfin presque... Elle n'était pas fraiche, mais tant pis. J'attrapai la bouteille et deux verres avant de rejoindre Amara au salon. J'allumai une lampe pour nous faire profiter d'une ambiance tamisée et m'assis à côté d'elle. J'avais déjà assez bu ce soir, et fumé en plus, mais je me contenterai de l'accompagner avec une lichette. Je remplis nos verres et lui en tendis un.

- On va prendre notre temps, ok ? Il y a rien qui presse.

J'étais sérieux. Pour une fois... Je passai mon bras autour de ses épaules et la rapprochai de moi, humant son parfum délicat.

- Sauf si vraiment tu peux pas te contrôler parce que tu me trouves irrésistible, plaisantai-je en lui lançant un regard faussement prétentieux.

J'étais bien avec Ams', tous les deux blottis l'un contre l'autre sur le canapé. Je n'avais jamais fait ça avec une nana, prendre le temps de simplement apprécier la présence de l'autre sans chercher à obtenir plus d'elle. Et étrangement ça me plaisait. Mais seulement parce que c'était Amara. Avec les autres il aurait fallut que je fasse un AVC pour rester assis là tranquillement sans bouger.

- Prendre notre temps, ça me va. Merci, River...

J'étais ravi qu'elle apprécie ma prévenance. Même si moi j'étais chaud bouillant, mais je n'avais même pas à eu à me forcer pour me freiner. Parce que je savais à quel point les choses pouvaient compter davantage pour elle que pour moi. Je déposai un baiser dans ses cheveux et posai mon verre sur la table basse avant de la serrer contre moi. J'attrapai un plaid qui trainait sur le canapé et nous couvris tous les deux.

- Je te trouve irrésistible, oui. Mais je peux me contrôler.

Je ris à sa réponse et soupirai feignant la déception. Bon en vrai j'aurais aimé qu'on passe à l'étape suivante mais j'étais capable de me montrer raisonnable. Putain de merde, j'étais raisonnable... C'était tellement pas mon genre. Ça va que c'était pour Amara. A croire qu'elle commençait déjà à avoir une bonne influence sur moi. Qui aurait cru qu'un truc pareil pourrait arriver ? Certainement pas moi. Ça me donnait confiance, et de l'espoir. Je me disais que je pouvais carrément assurer comme petit-ami en fait. Il fallait juste que je sois pas trop... moi-même.

Je me rapprochai de la table basse et attrapai la télécommande. J'allumai la télé et zappais avant de m'interrompre. Meg Ryan... Un vieux film pour gonzesses qui puait bien l'eau de rose à tous les coups. C'était parfait ! Je reposai la télécommande et m'affalai à nouveau dans le canapé, me laissant engloutir dans les coussins, tout contre Amara. Je posai ma tête sur la sienne, accusant quelques tournis. C'était peut-être l'alcool, ou alors c'était elle qui me donnait des vertiges. Putain, c'était ça l'amour ? Avoir mal au crâne et tomber de fatigue à minuit à peine ? La vache... Je comprenais mieux pourquoi la plupart des couples se noyaient dans leur petite routine pépère et arrêtaient de faire la fête pour s'endormir sur le canapé devant la téloche tous les soirs. Ça avait l'air nul comme ça, mais en fait je kiffais grave ce moment. Ça y est, j'étais un canard...

Je me rendais compte que j'étais pas souvent détendu en fait, en tous cas pas comme ça. Cette sensation de bien-être total sans aucun tracas, ça faisait un bien fou. Je ressentais jamais ça d'habitude. Putain, comment ça se faisait que je ressentais jamais ça ? C'était tellement bizarre au final. Il suffisait qu'elle soit là pour que je me sente apaisé comme par magie ? Ams' c'était une sorcière en fait, d'un simple regard elle arrivait à faire vibrer mon p'tit coeur alors que personne n'y était jamais arrivé jusque là. D'ailleurs, elle avait toujours eu cet effet sur moi. Sauf qu'avant c'était en tant qu'amie uniquement et qu'on ne se collait pas l'un à l'autre comme des hamsters. C'était encore mieux comme ça. A moins d'être en train de geeker sur ma console, c'était pas mon genre de zoner sur le canapé devant la télé. Je me faisais trop vite chier. Mais pas là. Comme si cet instant câlin suffisait à lui-même. Amara, c'était mon xanax avec effet immédiat et de forts risques d'accoutumance ! Trop tard, j'étais déjà accro...

Pourtant y avait rien de palpitant à ce qu'on faisait en soi, et ce film c'était vraiment de la merde en boîte. Mais je m'en fichais. Tant qu'elle était là, ça ne me dérangeait pas de regarder une comédie romantique ponctuée de yeux larmoyants et de nez qui coulent de nerfs toutes les dix minutes. Putain, même quand les deux protagonistes s'embrassaient, ils chialaient leur race. A quel moment ils finissaient par être heureux ? Ils allaient finir par se déshydrater à force de chouiner comme ça.

- On s'en grille un, ça te dit ?

Il n'y avait rien de tel qu'un bédo pour parfaire ce moment. Amara, un plaid, un joint. Il me fallait rien de plus au final. En tous cas pour l'instant. Et j'étais persuadé que ça pouvait continuer à me suffire sur le long terme et que je pouvais carrément apprécier un quotidien tranquille à partir du moment où je le partageais avec Ams's.

C'était pas son truc les excès, à Ams'. A moi si. On était tellement différents tous les deux. Mais je trouvais que ça avait du bon. En tous cas pour moi. Y avait des chances pour qu'elle me déteigne dessus. Il valait mieux que ce soit dans ce sens-là. Mais pour le moment, c'était moi qui avait de l'influence sur elle. Voilà que je pervertissais déjà ma douce Amara...

Après c'était qu'un joint, il n'y avait pas de quoi s'affoler. Je savais que c'était pas vraiment son trip, mais je savais aussi qu'elle ne s'offusquerait pas de ce genre de choses. Elle savait que je fumais, on était amis depuis suffisamment longtemps pour qu'elle connaisse mes travers. Mais peut-être que ça ne la gênait pas justement parce que nous étions seulement amis. Je ne savais pas trop si ça changerait quelque chose pour elle maintenant qu'on avait décidé d'entamer quelque chose. Il n'y avait encore rien de concret entre nous, mais je me disais que ce soir marquait inévitablement le début d'une relation. Malgré ça, je n'étais pas sûr de moi. J'avais un peu l'impression d'être dans une phase de test avec elle. C'était d'ailleurs ce qu'on avait exprimé tous les deux lors de notre discussion plus tôt dans la soirée. On se donnait une chance de voir ce que ça pouvait donner. Peut-être que lui proposer de fumer n'était pas la meilleure entrée en matière finalement... Mais ce n'était pas non plus comme si on venait de se rencontrer. Je n'avais pas besoin de faire semblant d'être un autre, je n'avais pas besoin de lui cacher quoi que ce soit, elle savait déjà tout de moi. Ou presque... C'était peut-être bien ce qui me faisait flipper même. Elle savait trop de trucs sur moi, des trucs pour lesquels elle ne m'avait jamais jugé. Mais on était tous les deux impliqués dans une relation plus qu'amicale maintenant, je ne savais pas si elle était prête à faire preuve d'autant d'indulgence à mon égard maintenant que nos rapports étaient sur le point d'évoluer.

- Tu sais bien que je n'ai jamais essayé avant, mais pourquoi pas. Il faut une première à tout, non ?

Je lui souris d'un air espiègle, curieux de voir la Amara défoncée. Ça promettait d'être fun. Ou alors elle tirerait une taffe juste pour voir et s'en tiendrait là. Je ne lui en voudrais pas si elle décidait d'être raisonnable. C'était aussi ce que j'aimais chez elle après tout.

- Bouge pas ! Change de chaîne si tu veux.

Je m'étais peut-être fourvoyé en supposant bêtement que toutes les nanas aimaient les comédies romantiques ringardes. C'était clairement un cliché que les machos entretenaient alors que c'était pas si évident que ça finalement. Je me levai avant de remettre le plaid sur Ams' et de monter dans ma chambre pour aller chercher le matos. Je redescendis rapidement et posai le tabac, la weed et les feuilles sur la table basse.

- T'as faim ? Il doit y avoir des pizzas dans le congélo ?

Moi la fumette, ça me donnait grave la dalle. Alors autant anticiper. Je m'assis par-terre et roulai un joint, tentant de masquer mon sourire, amusé à l'idée de voir ce que la beuh allait avoir comme effet sur elle.

- Si y a rien qui te tente à la télé, je peux mettre de la musique.

Autant en profiter, la maison était vide. On était tranquille. On serait quand même vachement plus peinards quand j'aurais mon appart'. Mais c'était pas pour demain. Il y avait bien celui d'Amara, mais avec sa coloc', on ne pouvait pas faire comme on voulait non plus. Peut-être que la solution c'était d'emménager ensemble. Putain ! N'importe quoi... On venait tout juste de causer de nous, et voilà que je me projetais déjà. Moi qui n'avais jamais vécu avec quelqu'un, c'était carrément précipité ! Bon il y avait bien eu la résidence universitaire qui était une sorte de coloc' géante. Chacun avait sa chambre, mais au final, on était tout le temps les uns sur les autres. Au final, moi comme les autres, on dormait partout sauf dans nos chambres attitrées. Il y avait toujours quelqu'un pour squatter le lit d'un autre, ou pour faire la teuf dans une piaule, du coup c'était très communautaire. J'étais trop un hippie... Mais je n'étais pas sûr que cette expérience sociale soit très représentative de mes capacités à vivre avec quelqu'un. Vivre entre étudiants sur un campus, c'était quand même très différent de la vie de couple. Rien avoir même...

Je rejoignis Ams' sur le canapé et allumai le bédo avant de le lui tendre. Je déposai un baiser sur son épaule et guettai son regard avec amusement.

- Tu sais, t'es pas obligée si t'as pas envie.

Si ça se trouve elle essayait de s'adapter à moi, se disant que c'était inévitable si on voulait que ça marche. Mais je ne voulais pas qu'elle se sente obligée de faire quoi que ce soit pour me faire plaisir. La voir défoncée, ça me ferait bien marrer, c'est sûr, mais je trouverais ça beaucoup moins drôle si elle le faisait juste pour moi.

Je n'étais pas un adepte des adages populaires. Parce qu'ils étaient contradictoires et qu'on utilisait ceux qui nous arrangeait. "Les opposés s'attirent", "qui se ressemble, s'assemble". Il y en avait pour tout le monde et on s'y perdait. Au final, je préférais me fier à mon intuition. Elle n'était pas toujours fiable, mais cette fois-ci, concernant Ams', j'étais certain de faire le bon choix. C'était elle qui avait probablement fait le mauvais. Mais j'avais bien l'intention de faire en sorte que non.

De retour, je vois qu'Amara a changé de chaîne pour mettre NCIS. Bon ben en fait, elle est pas du tout le genre de nana à kiffer les films d'amoureux, à ma grande surprise. Voilà une chose que j'ignorais sur elle, comme quoi j'avais pas été très attentif, même en tant qu'ami. Mais j'allais me rattraper, je voulais savoir tout ce que j'ignorais encore de sa personnalité. Je voulais la connaître par cœur, comme personne. Mais l'inverse me branchait moins. C'était ma meilleure amie et ma confidente à la base, mais je ne lui disais pas tout non plus. Elle était bienveillante avec moi et ne m'avait jamais jugé, mais je n'avais pas envie qu'un jour elle découvre quelque chose à mon sujet qui la fasse changer d'avis. Alors je préférais garder certaines de mes frasques pour moi. Inutile de la faire flipper en lui donnant des détails pas très reluisants de ma vie. Parce que maintenant on était plus que des amis, et ce qu'elle pouvait supporter quand notre relation n'était qu'amicale, elle ne l'accepterait peut-être pas maintenant. Je pensais notamment à celle folle nuit en compagnie de Nora et de sa pote, quand j'étais encore à la fac. J'étais certain que les plans à trois, c'était pas le truc d'Amara, et je n'avais pas envie qu’elle sache que je l'avais déjà fait, et encore moins que j'avais adoré ça... Elle savait que j'étais un chaud lapin, et c'était déjà inespéré qu'elle ait voulu de moi malgré ce fait. Je n'allais pas tenter le diable en lui racontant que j'avais fait une triplette, ou que j'avais eu besoin de prendre de la cam pour assurer avec Avery. Ça, c'était mes sombres petits secrets, et je comptais faire en sorte que ça le reste. Je n'avais jamais ressenti de honte pour quoi que ce soit, mais maintenant qu'une fille aussi parfaite que Ams' avait jeté son dévolu sur moi, je me mettais à regretter certains trucs que j'avais fait. Parce que ça faisait de moi un mec pas assez bien pour elle. Je l'avais toujours protégée des autres mecs, et finalement voilà qu'elle sortait avec le genre de gars que typiquement je ne voulais pas pour elle ! Sauf que ce gars, c'était moi putain... Il fallait que je m'améliore sur certains points, et que je fasse en sorte de mériter son amour. Je m'y employais déjà. Enfin, j'essayais...

- Comme si je pouvais dire non à une pizza ! Je suis partante ! Tu préfères que je m'en occupe ? Je pourrais même nous faire livrer si tu veux qu'on ne se prenne pas la tête.

Se faire livrer ? C'était une bonne idée. J'étais même pas certain de savoir faire marcher le four. En soi il y avait que deux boutons, enfin deux... mollettes ? Putain, j'savais pas ! Ça devait pas être bien compliqué, mais c'était encore plus simple de se faire livrer. Et puis, je voulais pas dire à Amara que j'étais pas sûr de savoir me servir du four. J'attrapai mon téléphone et lançai l'application de livraison. Je choisis une grande pizza, notre préférée, celle qu'on prenait à chaque fois. L'avantage d'avoir été amis toutes ces années, c'est qu'on connaissait déjà les goûts de l'autre. Oui enfin, sauf en matière de films apparemment... Je m'en voulais un peu pour ça d'ailleurs.

- C'est fait ! On l'aura dans 20 minutes.

Je n'avais même pas regardé s'il me restait du fric sur mon compte. J'étais toujours plus ou moins à sec, mais je m'en foutais. Au pire, je dirais au daron que j'étais dans la dèche. Je me doutais qu'il me laisserait pas dans la merde. Il y irait de sa petite leçon de morale habituelle, mais il cracherait le cash quand même. Du moins, jusque là ça avait toujours été le cas. Mais je me doutais bien que ça ne durerait pas éternellement.

- J'ai trouvé une série, t'inquiète ! Mais si jamais ça te botte pas, on trouvera une bonne musique à écouter. Je suis pas difficile.

- On regarde ce que tu veux mon chat, c'est toi qui choisis.

Me revoilà sur le canapé, tout contre elle, emmitouflés dans le plaid. C'était le kiff total de partager ça avec Amara. Je n'avais jamais imaginé qu'on serait là tous les deux. Comme quoi, j'avais peut-être droit à l'amour moi aussi ?

- Je sais, je ne m'y sens pas forcée.

Je me réjouis sans le cacher, de voir qu'Amara était partante pour la fumette. Et je me délectais déjà de voir la tête qu'elle ferait dans quelques minutes. J'espérais qu'elle réagirait bien et qu'elle ne serait pas malade. Certaines personnes ne supportaient pas la weed. J'avais eu un pote comme ça au lycée. Pas moyen de lui faire fumer un joint sans qu'il ne se mette à gerber et à partir dans un délire paranoïaque. Je croisais les doigts pour que Ams' ne fasse pas partie de ces rares personnes qui se mettaient à paniquer après avoir fumé.

Je récupérai le joint et en tirai une taffe à mon tour, observant Amara d'un air franchement amusé, souriant jusqu'aux oreilles. Je voyais à sa tête qu'elle se posait mille questions, se demandant probablement quand ça allait faire effet et comment. J'avais hâte de voir ça, j'en riais déjà.

- J'arrive pas à croire que t'aies accepté, bichette !

J'éclatai de rire, surpris et emballé à l'idée de voir ma douce Amara se dévergonder un peu. Je l'aimais comme elle était, mais la voir désireuse d'entrer un peu dans mon monde à moi me faisait plaisir. Je ne voulais pas la changer, je l'adorais telle qu'elle était. Mais c'était fun de découvrir un aspect de sa personnalité que je ne connaissais pas jusque là. Je tirai à nouveau sur le joint et le lui rendis.

- Tire pas trop fort quand même, c'est ta première fois.

Même sans que ce soit la première fois, il valait mieux y aller doucement. J'en étais le parfait exemple quand tout à l'heure dans le bar j'avais fumé comme si les minutes étaient comptées. Ça ne m'avait pas trop réussi. J'attrapai mon verre et en bus la dernière gorgée. Je ne savais pas si Amara voulait boire davantage mais je me levais pour aller chercher la bouteille que j'avais ouverte tout à l'heure. Je la ramenais au salon et remplis nos verres à nouveau. Cette soirée s’annonçait plus fun que prévu. Amara me dévoilait des traits de sa personnalité que je ne soupçonnais pas jusque là, et j'adorais ce que je voyais.

C'était si étrange pour moi, cette sensation de bien-être de partager un moment avec une nana sans qu'il n'y ait rien de sexuel là-dedans. Moi qui croyais que l'amour c'était juste pas pour moi, comme si j'étais immunisé contre un putain de virus contrairement au reste du monde, ben finalement j'étais pas bien différent de la plupart des gens. C'était juste que jusque là je n'avais jamais rencontré de filles qui me fassent tourner la tête. Je n'avais aucun élément de comparaison pour identifier ces drôles de sentiments que j'avais pour Ams', mais j'étais certain que c'était de l'amour. A partir du moment où on n'en doutait pas, c'est que ça devait être ça, non ? Et puis, j'avais envie d'être avec elle, genre tout le temps, ce qui ne m'était jamais arrivé avec aucune autre. J'avais envie de faire des efforts pour être quelqu'un de meilleur, juste pour ses beaux yeux. Alors ça me paraissait évident que j'étais complètement accro à elle. Son opinion comptait pour moi, et ce n'était pas anodin. Parce que ce que les autres pouvaient penser de moi jusque là, j'en avais jamais rien eu à foutre. Ça faisait beaucoup de changements dans ma p'tite tête, et dans mon cœur aussi. Avant, je m'en foutais de n'avoir jamais été amoureux, et je n'avais jamais cherché à provoquer ça. Pourtant ça m'était tombé dessus, sans que je le cherche. Et maintenant que je goûtais aux délices que c'était d'apprécier la compagnie de quelqu'un pour des moments simples, je crois que je serais plus capable de m'en passer. Je voulais garder Ams' près de moi, sans penser au lendemain, sans me demander jusqu'à quand ça allait durer. Parce que je ne voulais pas que ça s'arrête.

Loin de moi l'idée de changer quoi que ce soit chez Amara, elle était parfaite comme elle était. Mais j'aimais qu'elle veuille partager des trucs nouveaux avec moi. On essayait tous les deux de découvrir mutuellement l'univers de l'autre, ce qu'on n'avait pas fait jusque là. Chacun de nous donnait un petit peu de lui à l'autre, et c'était cool. Mais j'avais plus à apprendre d'elle que l'inverse.

- Je ne pensais pas accepter un jour non plus, mais pourquoi pas après tout ? J'ai envie de tenter de nouvelles choses, de sortir de ma zone de confort.

Je lui souris en guise de réponse, ravi de découvrir une facette plus fun et moins sérieuse de sa personnalité. Je récupèrai le bédo et tirai à nouveau une taffe quand je captai le regard d'Amara. Elle avait l'air... excitée ? Je la regardais en fronçant les sourcils, ne comprenant pas bien pourquoi elle me fixait comme ça, puis je me mis à sourire quand je sentis sa main me caresser jusqu'à l'entre-jambe. Ok, je ne m'attendais pas à ça, mais ça m’allait très bien ! Amara semblait hyper chaude tout à coup, je la laissai m'embrasser dans le cou, me demandant pendant une seconde si c'était juste comme ça ou si elle voulait vraiment aller plus loin. Vu qu'on avait dit qu'on attendrait... Mais apparemment elle avait changé d'avis. Oui oui, elle avait clairement changé d'avis vu qu'elle me grimpait carrément dessus.

- En fait, j'ai plus trop envie d'attendre.

Ah ben, il fallait pas me le dire deux fois ! Moi j'étais toujours prêt ! C'était pas moi qui allais la repousser, j'attendais ça depuis si longtemps. Je posai mes mains sur ses hanches et pris possession de ses lèvres dans un baiser torride, un peu surpris d'en être là avec elle. C'était Amara quand même ! Si j'avais su ne serait-ce que ce matin ce qui allait se passer ce soir, je n'y aurais pas cru. Je me l'étais imaginé cent fois dans ma tête, sans pour autant envisager que les choses puissent se concrétiser entre elle et moi. Et pourtant ! J'étais un peu anxieux tout à l'heure, à l'idée de passer à l'acte avec Amara, parce que je ne voulais pas qu’elle ait de regrets. Mais maintenant que c'était elle qui prenait les devants, sans que j’aie rien demandé, j'étais soulagé, et pleinement serein.

Je passai mes mains dans son dos et fit glisser sa fermeture tandis qu'elle se trémoussait lentement sur moi. J'attrapai son visage des deux mains et l'attirai à nouveau vers moi pour l'embrasser. On avait encore rien fait, mais j'étais pas près d'oublier ce moment. C'était tellement inattendu. Peu de nanas pouvaient se vanter d'avoir marqué mon esprit, elles étaient rares à se distinguer. Grace en faisait partie, parce que c'était... ben c'était Grace quoi. Même si je n'avais pas de sentiments pour elle, ça restait une conquête mémorable. Amara c'était encore autre chose. On était dans une tout autre catégorie puisque je ressentais des trucs pour elle, des trucs nouveaux. Et c'était encore plus excitant. Je fis descendre sa robe sur ses épaules, tirant doucement sur ses manches pour la libérer de l'étoffe. Je la serrai contre moi pour déposer quelques baisers sur sa poitrine, espérant qu'elle n’allait pas changer d'avis en cours de route. Si c'était le cas, je ne lui en voudrais pas évidemment, mais je serais quand même sacrément déçu. Heureusement pour moi mes craintes semblaient complètement inutiles, puisqu'à son attitude je pouvais voir qu'elle était carrément partante.