[FELIX & MAXYM - UA] submarine.

S U B M A R I N E félix&maxym

Troisième rang en partant du fond, première table à côté de la fenêtre, contre le chauffage. Celle que tout le monde veut mais que Maxym squatte depuis le début de l'année pendant les cours de maths. Tout le monde l'envie les jours d'hiver où la mauvaise isolation des bâtiments frigorifie toute la classe. Au milieu des chiffres, des fractions dont il ne comprend rien, son regard bleuté navigue sur les visages de la pièce et se perd parfois par la fenêtre où le ciel gris recouvre la cours et les annexes du lycée.
Les cours de mathématiques, même s'il les écoute que d'une oreille sont les rares où le blond ne se fait pas reprendre avec ses amis. On l'a séparé des autres pour l'empêcher de faire le con, essayer de l'aider à remonter ses notes. On l'a calé au milieu des filles parce qu'on s'est dit qu'il finirait par y arriver mais rien à faire, le gamin enchaîne les résultats au dessous de la moyenne. Il est presque certain qu'il va redoubler. Tous les profs le savent aussi et le répètent à chaque conseil de classe, se plaignent de son comportement depuis qu'il a foutu un pied entre ses murs. Pourtant, là, il a l'air de rien, le menton posé sur sa main à écrire son cours en silence. Ceux de maths, ce sont à peu prés les seuls où il fait pas de fautes ; il est atroce pour l'écriture aussi. Un véritable cancre comme le disent ses parents face à son bulletin.

Lorsque la sonnerie résonne dans les couloirs pour annoncer la fin du cours, l'adolescent attrape son sac, fourre cahiers et trousse à l'intérieur pour rejoindre les autres gros bras de la classe. Le lycée c'est comme ça, ceux qui font du sport ensemble, les jolies filles en groupe et le reste ... avec le reste, qui se mélange, qui se cherche une identité et supporte le charisme des autres. Maxym est pas de ce genre mais il les imite bien. Son comportement copié sur ceux avec qui il traîne ; ça donne la sensation d'être fort. Il aime lorsque les autres se marrent parce qu'il fait le con et qu'on le renvoie. Etre une star, ça l'amuse, au risque de rater sa vie, de ruiner le peu de chances qu'il a d'aller un jour à la fac.

Ils enchaînent finalement sur la chimie, juste pour être certain de finir avec le cerveau en bouillie. La prof les met par deux, pas de choix possible, on le colle avec l'autre, le nouveau, un grand mince à qui Max n'a encore jamais adressé la parole. Ses potes se foutent de sa gueule, le charrient un peu parce qu'il doit bien faire le double de son camarade. Un peu fier et con, il pose son sac sur sa table, prend place à côté du gamin et se tourne vers lui. Ça va mieux ton nez ? La dernière fois au basket, pendant le cours de sport, il se l'est reçu en plein nez. Une fille l'a accompagné jusqu'à l'infirmerie et il peut voir qu'il l'a encore un peu rouge. La trace du ballon sur le visage, il se retient de rire. Maxym sort sa trousse et ses affaires en attendant.

Il a longtemps réfléchit avant de refuser. Sauter une classe de plus, non merci, il préfère rester au dessus du niveau et s'ennuyer en cours plutôt que se faire martyriser dans cette nouvelle école comme dans l'ancienne parce qu'il est plus jeune que les autres. Felix n'aime pas le foot, c'était ça le problème à Miami. Alors ils avaient déménagé pour New York. De toute façon la star up familliale devenait trop grande pour le garage des Coalman. Son père disait que la banlieue de la grosse pomme serait un premier pas vers l'upper east side et wall street. Il sentait la réussite arriver ; génie maniaque au point de révolutionner le monde numérique avec ses codages d'informaticien acharné. Lorsqu'il serait riche, pensait-il, il faudrait que son fils prenne la relève car c'était pour lui qu'il batissait tout cet empire. Mais Felix ne le sait pas, c'était peut-être ça le problème, au final.

Des années qu'il est le meilleur en tout pour tenter de l'impressionner mais rien n'y fait, son père ne jure que par le travail. Alors il se trouve des loisirs dont le foot ne fait pas partie. Pas plus que le basket. A son âge, cela ne pardonne pas. Aucun gamin de son ancien lycée ne lisait de livres à la récré ni ne montait à cheval dans des compétitions de niveau national plusieurs fois par an. Tout le monde le trouve bizarre, étrangement hors cadre, cool sans l'être et de ce fait marginalisé. Felix est ce genre d'élève qui ne participe pas et reste après la classe pour reprendre le prof sur une bêtise qu'il a enseigné. Il sait tout sur tout, est irritant de suffisance parce qu'il n'a pas encore le filtre de ne pas se vanter d'être moins con que la moyenne. C'est un don et une malédiction, il ne sait, a du recul sur cette espèce de maladie qui rend son cerveau plus proche de celui d'Einstein que de celui d'un enfant de 15 ans. C'est l'âge qu'il a après avoir déjà sauté deux classes. Une de plus et il finira étiqueté surdoué, enfant parmi les adultes. Ca ne l'intéresse pas. Il ne voudrait pas que son père l'aime uniquement pour des neurones qu'il ne contrôle pas. C'est pour ça qu'il fait exprès de faire des fautes à ses interrogations. Parce qu'il veut être le meilleur par travail acharné et non pas parce qu'un médecin te dit que ton fils est un gamin intelligent, que c'est comme ça, qu'il n'a pas de mérite. Et puis il y a des matières dans lesquelles il est assez peu doué pour tirer sa moyenne vers le bas. Les sports collectifs, par exemple. Il est fait pour les sports individuel, ne supporte pas de partager quoique ce soit, élevé comme un enfant unique qu'on n'attendait plus. Sa mère était sensée être stérile, il est la prunelle de ses yeux, parfait en tous points d'après elle. C'est là qu'il trouve du réconfort et du soutien quand la vie lui semble ennuyeuse et trop difficile. Il peut tout dire à sa mère, elle l'aimera toujours.

Avec son nez encore rouge de la veille, Felix jette un oeil au grand type blond avec lequel la prof le colle sans lui demander son avis. Il entend les rires de ses copains tous plus bêtes les uns que les autres. Ca le rend froid, comme bien souvent. Les profs de Miami disaient qu'il était méprisant. Il n'est pas cassé si c'est ça la question. Faudra tirer plus fort la prochaine fois. Il sait qu'il vient de le dire assez fort pour défier ses copains responsables de la marque sur sa figure. Felix n'a jamais eu sa langue dans sa poche et a bien vu comment ça se moquait de lui dans son dos. Il est provoquant, ça aussi c'est marqué sur son dossier scolaire. Son père le recadre souvent à ce propos en lui disant qu'être bon ne suffit pas, qu'il faut aussi savoir vivre en société, mais il a du mal avec le concept même de rester effacé. Il ne comprend pas pourquoi il n'aurait pas le droit de vivre autant que les autres en défendant sa carcasse de gamin qu'on essaye de striker comme une quille sur le terrain. Dans son corps, les années sont en train de le transformer en homme et il se cherche parce qu'il ne veut pas ressembler à son père mais qu'il ne veut pas le décevoir non plus.

Comme il est souvent seul, Felix oublie qu'on puisse lui poser une question en toute sincérité, sans forcément se foutre de lui où lui faire perdre son temps à devoir donner des réponses à ses camarades durant les travaux en binôme. Bizarrement, quand il s'agissait d'équilibrer les équations chimiques, il avait toujours beaucoup d'amis, à Miami. Ici, il ne laissera pas les mouches lui pomper la moelle des os pour mieux venir lui chier dessus à la récré. Lorsque que la prof leur dit de sortir les copies et de ranger les livres pour ne pas tricher durant le TP, Felix est bien décidé à ne pas se laisser maltraiter par des grosses brutes qui n'ont rien à voir avec lui. Celle-là parmi les autres. Ce blond n'est qu'un mouton de leur bande.

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Quand Maxym lui demande comment va son nez, il est sincère. Les profs se sont tous mis d'accord pour dire qu'il était le moins farouche de son groupe d'ami. Il est juste un peu brute, s'y prend souvent mal mais comment tu veux qu'un ado se comporte bien quand il évolue entouré de gorilles ? Surtout Donald, le pire de tous mais aussi celui avec qui il se sent le plus proche. Ils se connaissent depuis qu'ils savent marcher et se sont dit leurs premiers mots. Tu peux pas lui dire de laisser tomber la personne en qui il a le plus confiance. Et puis, ce sont que des mômes. Il faut leur laisser le temps. Max le prend d'ailleurs, se fiche du redoublement qui lui pend au nez, des années perdues à faire le con. Il regrettera un jour mais en attendant il profite. Les privilèges de l'insouciance.
Alors oui, une question.
Et le grand blond qui pensait pas que ce genre de choses pouvait avoir un tel incident chez quelqu'un. C'est simple, quand il le regarde, il remarque de suite que son regard change. De sa peau sort des écailles empoisonnées pour être certain que personne l'approche, surtout pas lui ouais, celui-là avec ses yeux bleus/verts qui lui demande comment va son nez. C'est peut-être un affront dans son monde, demander à quelqu'un si ça va. Peut-être que ça se fait pas ou alors c'est juste Maxym qui est complètement déréglé. Ses mots sont pas assez indulgents, autant, on lui dit souvent qu'il parle mal. Toujours dommage sur son visage d'ange qui fait déjà plus vieux. Le plus grand et le plus imposant de la classe ; le plus âgé aussi. Né début d'année, déjà redoublé une fois y a deux ans de ça. Il est prêt à remettre ça. En réalité c'est un miracle que lui et Donald soient encore dans les rangs de l'école.

Max hausse les épaules. Qu'est-ce tu veux répondre à un gosse qui t'envoie chier ? Il accepte parce qu'il a pas le choix et qu'il est pas du genre à violenter pour rien même s'il semble croire le contraire. La prof le ramène à ses pensées et il range à nouveau ses affaires. Graham se tourne vers son voisin, encore, il est chiant il s'en rend pas compte. Ou un peu. Il oublie toujours tout chez lui parce qu'il part sans vérifier son sac. T'as pas une feuille ? Ses gros doigts fouillent dans sa trousse, attrapent un crayon à la mine usée. Max soupire, se penche à nouveau vers Félix qui n'a pourtant rien d'un chat. Il lui ferait plutôt penser à une mante religieuse, un truc moche qu'on a pas envie de regarder. Et un taille crayon ? Madame Perry colle les copies sur la table, passe dans les rangs pour vérifier que personne ne la lui fait à l'envers. Max reçoit la sienne, de feuille, soupire déjà. Il se gratte la tête en sachant qu'il n'y connaît rien, qu'il ne lui est même pas venu à l'esprit de réviser.

T'y comprends quelque chose ? Le blond se doute bien que oui, tout le monde est au courant pour son parcours, ses quinze ans d'intelligence. Si son corps est si mince, ce doit être parce que son cerveau lui pompe toute son énergie. Ça explique pourquoi Max a déjà les épaules si larges. Il se dit comme un idiot que s'il le considère comme les autres, que s'il lui parle comme si c'était pas un alien clairement au dessus de lui, ça marchera. Son visage est pas menaçant, Félix doit bien s'en rendre compte en étant si proche de lui. Max est impressionnant mais c'est tout, ça s'arrête là. Il fait flipper quand il se bat à la sortie des cours, à l'arrêt de bus mais si tu le fais pas chier il restera sympa avec toi. C'est pas un roi tortionnaire, juste un chevalier un peu fougueux. Difficile de contenir un môme sur une chaise quand son coeur est un animal sauvage qui rêve d'éternité et de grandeur. Son regard part un instant vers l'arrière, croise celui de Donald et des autres qui le font sourire parce qu'il est con, qu'il rêve juste de passer quelques rangs en arrière pour déconner avec eux. Mais en attendant, il est là, coincé aux côtés de Félix, encore scotché par ce retranchement évident. S'il lui en porte pas rigueur, c'est parce qu'il sait que c'est pas tous les jours faciles de grandir et d'évoluer au milieu de ceux qui nous ressemblent pas. C'est compliqué, tout court, d'être en accord avec soi-même, y a tous les sentiments qui doivent s'entendre avec l'organique, le corps. Tu peux pas constamment être en harmonie, c'est pas possible. Lui aussi il se demande parfois s'il aura un jour des poils à la barbe ou s'il va rester avec sa peau de bébé toute sa vie. Il se demande aussi si Reed et Irène l'ont vraiment fait ou si son pote lui a menti juste pour avoir l'air plus malin que les autres.
Lui les filles, il en a embrassé une quelques fois mais ça s'arrête là. Faire le con, c'est sa priorité.

C'est toujours la même approche. T'as pas une feuille, t'as pas un crayon ? Si t'as pas dix dollars je te casse la gueule à la récré ... Il faut toujours qu'on vienne lui demander quelque chose et il n'a jamais compris pourquoi. Pourtant c'est écris sur son visage qu'il n'a pas envie de répondre. Il est fermé et concentré. Des feuilles, Felix en a plein mais il ne lui en donnera pas. Quant à son taille crayon, il peut bien se le mettre où il veut.

Il le snobe, ni plus ni moins, concentré sur sa mission : décrocher un A+. Felix adore la chimie, trouve ça si fascinant et complexe qu'il ne fera jamais de faute volontaire sur une interrogation dans cette matière. Matière dans laquelle il sait qu'il ne sait pas tout. Un truc improbable qu'il n'arrive pas à comprendre dans son intégralité et qui stimule son esprit de compétition. Il a toujours adoré être le meilleur, même si chaque fois le désintérêt de son père calme son euphorie. Parfois, il se dit qu'il devrait l'envoyer se faire voir, ce sale con vers lequel converge sa crise d'adolescence. Il n'est que colère quand il pense à lui, même s'il a l'intelligence d'utiliser celle-ci à des fins profitables. Felix réfléchit toujours mieux quand il est contrarié. Peut-être pour ça qu'il a souvent l'air de l'être. Le front plissé, prêt à tâter de cette interro comme un boxeur envoie au tapis un adverse, il soupire, exaspéré par le blond d'à côté.

- Je préférerai que tu te penches pas vers moi. Suffisant, Felix cache les réponses qu'il a déjà commencé à écrire sans même avoir pris le temps de mettre son nom en haut de la feuille. Il s'en moque d'être vexant, il sait ce qu'il veut et surtout ce qu'il ne veut pas. Se faire tricher dessus, et puis quoi encore ? Sa chaise grince lorsqu'il l'éloigne de celle de l'intrus pour couper court à toute tentative d'approche. En plus de ne pas vouloir qu'on le copie, Felix préfère garder pour lui que ses rêvent sont bizarres, ces derniers temps. Que son regard vis à vis des garçons a subtilement changé et que cela le trouble parce qu'il ne comprend pas ce que c'est.

Ce que Felix ne sait pas, c'est que sur son dossier scolaire figure une note écrite de la main du son ancienne directrice. Cette dernière dit à son collègue de New York que le petit Coalman est probablement gay, qu'il faut le protéger des agressions homophobes parce que ses parents ne sont pas au courant et ne peuvent donc pas venir en aide à leur fils. Tout ce qu'il sait c'est que ça le déconcentre quand un garçon se penche vers lui. Ce n'est pas avec ce genre de voisinage qu'on décroche un A+, il ne faut pas se laisser distraire. Mary Curry l'attend pour commencer l'exercice deux.

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Ben merde, il a pas l'habitude de ce genre de réactions. D'habitude, son charme opère de suite, certainement à cause de ses yeux mais aussi sa mâchoire carrée. Les filles adorent, les garçons aussi. Max c'est le genre de mecs avec qui on a envie d'être ami parce qu'il dégage quelque chose que les autres ont pas. Ça doit venir de sa famille, elle est réputée pour être plus cool que la moyenne même si son père picole un peu trop. C'est un picoleur, c'est vrai, il vous le dira lui-même mais pas un picoleur méchant juste un picoleur chiant ... Il répète cent fois les mêmes choses au bout de quelques verres, il croit tout savoir aussi parfois mais ça s'arrête là. Jamais il frappera sa famille même si les rumeurs disent le contraire. C'est un bon père en réalité, faut juste passer la couche d'ivresse et t'es bon. Max le sait parce qu'il le connaît quand il est sobre et qu'il pourrait te raconter tout sur n'importe quoi. Il connaît tout un tas de choses le père Graham, c'est même l'un des types les plus intelligents qu'il connaisse mais il est pas toujours en état de le montrer. Quand il voit Félix se refermer parce qu'il ne veut rien montrer de ses réponses, le blond soupire. Ça va j'vais pas bouffer ta feuille. Vexé, il lui a rien demandé, si ce n'est s'il comprend. Il aurait pu lui dire non, désolé, j'ai pas envie de t'aider, c'est pas mon truc. Mais non, à la place de ça, il entend la chaise glisser sur le carrelage et lui s'affale sur sa table.

Chad pose son menton sur ma main qui sert de pilier à sa tête lourde de fatigue. Les deux heures défilent lentement et lui les passe à regarder Félix de sa chaise. Félix qui ne lui accorde même pas un regard, concentré à remplir les cases, à mettre les réponses là où lui se contente de dessiner distraitement au dos des questions. Le dessin, à peu près la seule chose où il excelle en dehors du sport mais il évite de le montrer. Ses potes ont tendance à dire que c'est pour les pédés alors il snobe cette part de lui. Les filles aiment bien mais pour le peu que ça compte, leur avis. Il dessine le profil de Félix avec des oreilles de chat, lui fronce les sourcils, lui donne un air tellement froid que même son crayon pourrait se cristalliser.

Quand la prof ramasse les copies, elle remarque sans peine celle vide de Graham. Elle a l'habitude mais fait quand même la tête, leur demande de rester après la fin du cours parce qu'ils doivent discuter : elle, Coalman et Graham. Les copains se barrent, lui disent qu'ils l'attendant devant leur banc ; il acquiesce, pris au piège. Devant le bureau de la prof, les mains dans les poches, son sac qui tient mollement à son épaule. Ses yeux verts les fixent.
Comment ce sont passées vos deux premières heures ensemble ? Maxym hausse les épaules, répond un bref ça va pour pas la vexer ou même balancer qu'il trouve Félix plus con que la moyenne. C'était un piège en réalité, une façon de les rapprocher l'un de l'autre parce qu'elle a une idée derrière la tête. Il aimait bien madame Perry jusqu'ici, dommage. Il la trouvait belle avant de la trouver injuste. Elle se tourne vers Félix, ça l'arrange. Je pense que ce serait bien pour vous deux que vous preniez quelques heures d'études ensemble pour étudier la chimie. Maxym a des notes clairement au dessous de la moyenne quant à toi Félix ... On voit bien que son avis compte pas au grand blond ; Coalman est le préféré depuis le début de l'année. Cela aiderait à ton intégration. Ce serait bénéfique pour vous deux. Qu'en pensez-vous ? Perry leur demande si ça leur va mais s'en fiche au fond, sa décision est prise. Max ne dit rien, tourne son regard vers le plus jeune pour lui laisser se dépêtrer seul de cette situation. Lui il s'en fiche, il survivra à quelques heures de chimie, l'enverra chier au pire des cas. C'est pas la crevette Coalman qui va l'impressionner.

Comme bien souvent, Felix termine l'interrogation avant tout le monde. Il a le temps de se relire deux fois avant de sentir qu'on l'observe et de tourner la tête en direction de son voisin mais ce dernier cache lui aussi la nature de ce qu'il est en train de gribouiller sur sa feuille. Statistiquement parlant, Felix se dit que cet idiot a peu de chances d'avoir la moyenne mais que la beauté des réponses au hasard pourrait peut-être lui permettre de sauver les meubles. Il semble être le seul à ne pas savoir que Graham est un cas si désespéré qu'il ne prend même pas la peine de remplir sa copie. Jamais Felix ne l'imaginerait bon en autre chose qu'au Basket parce qu'il lui paraît fortement improbable qu'un type traînant avec des brutes puisse aimer dessiner.

Au moment de rendre son travail, il ajoute son nom en haut de la feuille. Son écriture impeccable donne l'impression qu'un adulte a tenu le stylo à sa place. La demande du professeur de rester après la classe l’interpelle. Le temps d'une seconde, il s'imagine rester avec elle pour discuter de cette réponse dont il n'est pas certain, qui le chagrine parce qu'il a oublié une valeur dans le tableau périodique des éléments. L'entendre convier Graham à l'after le fait déchanter. Il ne s'attend pas à ce que l'échange soit très stimulant si son cancre de voisin en fait partie.

Lorsqu'elle demande comment s'est passée la cohabitation, Felix n'a pas d'avis. Il n'y a pas eu d'autres échanges que cette barrière mise d'entrée de jeu. En soit, si le blond garde cette attitude, Coalman n'y voit pas de problèmes. Ce qui le contrarie, en revanche, c'est la tournure que prennent les choses lorsque Perry les piège à leur propre jeu. Sa désinvolture se casse la figure tandis qu'il jette un regard éloquent à celui dont les mauvaises notes le rendent coupable de ce traquenard. Felix n'a pas envie de s'intégrer plus qu'il ne l'est actuellement. Il préfère rester seul que de se voir imposer des amis qui n'en seront pas. Son amitié est rare, précieuse et délicate. Elle n'a rien à voir avec cette trace rouge au milieu de sa figure. Ce n'est que parce qu'il aime beaucoup cette prof qu'il se tait et approuve d'une moue boudeuse. Travailler sa chimie ne le dérange pas, il adore ça, mais travailler avec quelqu'un qui n'y comprend rien a le don de l'agacer en plus de le rendre agaçant. La plupart des bagarres dans lesquels il a été impliqué à Miami partaient de la façon détestable qu'il a de rappeler aux autres qu'ils sont stupides.

Dans le couloir, une fois la porte refermée derrière eux, Felix avance le long de l'avenue centrale remplie de casiers. Il porte son sac en bandoulière, comme les filles, parce que ça répartit mieux la charge sur le dos et qu'il n'a pas envie d'abîmer sa colonne vertébrale rendue parfaitement droite par l'équitation. La plupart des élèves ont déjà quitté le bâtiment, sont rentrés chez eux où partis à l'entraînement de leurs équipes où de leurs clubs respectifs. Après l'école, la vie d'adolescent continue et Felix a ses petites habitudes qui ne changeront pas parce qu'il n'est plus à Miami. Au lieu de lire sur la plage, il a pris le pli d'aller lire sur les quais de l'Hudson. Ses parents ne le disputent pas tant qu'il rentre avant la nuit. Avant d'aller récupérer son vélo laisser devant la grille, il s'arrête dans le hall et dépose ses livres dans son casier. Graham est toujours à portée de voix, il soupire et lui fait signe de le rejoindre.

- Alors, quand est-ce qu'on se voit ? Il ne sait pas si c'est bon ou mauvais en perspectives mais il sent que c'est le début de quelque chose de bizarre. C'est sa sensibilité qui le lui dit. Felix apprend de jour en jour à ne plus l'écouter, à la séquestrer à la cave pour devenir un homme fort et autonome mais, au fond de lui, persiste le gamin qui n'a jamais rien partagé avec d'autres de son âge. Il ne voit pas trop où Perry voulait en venir quand elle parlait d'étudier ensemble. Felix s'imagine lire un livre tandis que Chad tague la table de l'étude. Tu parles d'un travail d'équipe. A ce train là, il est au moins certain qu'on ne le forcera plus à partager ses révisions avec qui que ce soit.

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La porte se referme derrière eux, son avenir est décidé et se teinte déjà de crises de nerfs de chimie à laquelle il est persuadé de pouvoir échapper. S'il continue d'avoir de mauvais résultats, Perry comprendra son erreur et les séparera à nouveau. Max se plaît à être l'un de ces cas désespérés, ces gamins indomptables qu'on ferait mieux d'envoyer en pension que de laisser traîner dans les couloirs du lycée avec cette allure nonchalante. Les mains dans les poches, il est prêt à rentrer chez lui sans accorder un regard à l'adolescent qui décide finalement de s'adresser à lui autrement que par de l'agressivité. Max fronce les sourcils, fait quelques pas en sa direction. Son regard se pose sur ses doigts qui rangent ses affaires dans un casier parfaitement rangé. Le sien est aussi bordélique que sa chambre, un mélange de feuilles, de chaussettes de sport et de quelques cours qui ne valent plus la peine d'être regardés. Le blond hausse les épaules. Se voir ? C'est idiot mais il a jamais vu personne d'autre pour réviser, étudier et toutes ces choses là que font pourtant certains camarades entre eux.

J'en sais rien. Bah tiens, on va être bien avancé comme ça. Pourtant, Graham sait que s'il ne se bouge pas maintenant, Félix risque de lui échapper et Perry terminera sur son dos. Il a bien remarqué le lien de complicité entre la prof et l'élève ; il ne fera pas le poids. T'as prévu un truc là ? Maxym marque une pause, il sait qu'on risque de se foutre de sa gueule si ses potes le voient traîner avec un loser de la trempe de Coalman mais il a au moins l'excuse de la chimie pour les faire taire. Et puis, quelque part, il est curieux de savoir ce qu'un gamin comme lui peut raconter. Sa main se pose brutalement contre un casier fermé qui fait un bruit de ferraille désagréable. Son regard se pose sur un groupe de filles qui traverse le couloir en leur adressant un sourire. Elles attendent de sa part qu'il les rejoigne mais son attention revient vers Félix. Ses yeux bleus caressent les traits de son visage, se heurtent contre cette carapace qui le déstabilise. Il a l'habitude des grosses brutes qui parlent trop, souvent pour rien dire.

T'aimes les milkshakes ? Désinvolte et imprévisible, Maxym laisse un moment de silence avant de reprendre. On peut aller au bobbies si ça te dit. J't'y vois pas souvent. Tu connais au moins ? C'est là que tous les gamins du coin se rendent après les cours ou pendant le week end. L'endroit est souvent bondé mais rarement le mardi soir. Max et sa troupe sont des figures emblématiques du diner où il leur arrive de danser sur les chansons du jukebox dont le vieux Bob ne sait pas se séparer. Maintenant qu'il y pense, il trouve étrange de ne jamais y avoir croisé Félix. Tout le monde y va, pourquoi pas lui ? Il se dit pas une seule seconde que le monde peut le déranger. Graham quant à lui est habitué à ce genre d'endroit, sa propre maison est en constante ébullition. Ses parents n'ont jamais vraiment apprécié la solitude, faisant alors de lui et ses soeurs des êtres plus sociables que la moyenne. Il se dit naïvement qu'à devoir passer des heures avec Coalman, autant commencer sur de bonnes bases, sans la chimie en tête, seulement le goût de la fraise sur la langue.

- Un truc ? Felix pense à voix haute et se tourne vers Max, l'air interrogatif. Il ne comprend pas qu'on lui pose cette question. Depuis quand ce qu'il fait après les cours intéresse-t-il quelqu'un ? Il bat des cils, déstabilisé, tandis que le blond s'avance et plaque une main sur un casier qui le fait sursauter. Il  est perturbé par ce genre d'attitude, étonné que ça lui plaise alors qu'il méprise les brutes dans son genre. Derrière son visage impassible, Felix analyse la situation. Les filles qui sourient dans leur direction ne le font pas à son encontre mais à celui de Max, c'est évident. Felix, lui, plait beaucoup plus à sa prof de piano et aux femmes mures en règle générale. Madame Perry en est la preuve : parfois, elle lui donne l'impression qu'elle voudrait le manger tout cru et ça lui fait peur. Il panique, c'est aussi simple que ça. Depuis qu'il fait des rêves bizarre, Felix panique au contact des femmes qui jadis étaient des confidentes. Il n'y a qu'avec sa mère qu'il ne flippe pas, parce qu'il sait qu'elle n'essayera jamais de l'embrasser alors qu'il est bien plus intéressé par les lèvres de Max lorsque ce dernier se met à lui parler de milkshakes.

Felix cille à nouveau, perdu dans le fil de ses pensées. Il est pris au dépourvu, c'est évident, piqué par la curiosité de ce rendre dans ce lieu dont tout le monde parle mais où il n'a pas le coeur de se rendre seul. La solitude, il la préfère chez lui, dans sa chambre, plutôt qu'au milieu du monde. Felix voit ça comme un degré d'acceptation de sa condition d'enfant unique qui ne se formalise plus de vivre seul mais préfère quand même qu'on ne le souligne pas. Il ne sait pas pourquoi il rougit lorsqu'il répond avec désinvolture, mais fait comme si de rien n'était, sûr de lui jusque dans son trouble d'être chamboulé dans ses habitudes : Ouais, pourquoi pas. Lui, il s'imaginait l'étude en salle d'études, pas dans un endroit cool où tout le monde s'amuse. Il est perdu parce qu'il sort de sa zone de confort en suivant Max jusqu'au diner. Maintenant qu'il y pense, Felix se dit qu'à Miami non plus, il n'y allait pas. C'est la première fois qu'il mettra les pieds dans un lieu comme celui-là.

Intimidé, il s'arrête à côté de son vélo, songeur, en train de réfléchir à des choses étranges qui n'ont rien à faire là. Comme de savoir s'il serait pertinent de changer de tenue pour ce genre de première. Il n'a rien de cool sur lui aujourd'hui car il devait manger avec un recruteur de Harvard au déjeuner. Sous sa blouse de chimie qu'il enlève se cachent une chemise et une cravate que sa mère a insisté pour lui faire porter et qui, même après qu'il ait remonté ses manches et desserré le nœud, lui donnent des airs d'homme d'affaires en fin de journée. Il va faire tâche dans le décore et il le sait. D'habitude il s'en fout, mais face à Max que tout le monde salue à la sortie des cours, il ne sait pas bien comment réagir. Pourtant il est bête ce type, c'est quand même fou que tout le monde l'aime à ce point. Peut-être qu'ils sont hypocrites ; qu'ils ont juste peur de lui parce qu'il est connu pour faire partie des bagarreurs du lycée. Felix, lui, n'a pas peur. Il a décidé de ne plus se laisser intimider et sa volonté est sans limites. Ce petit ira loin, tous les profs sont d'accord pour le dire, même ceux qui lui colleraient bien une claque pour lui passer l'envie d'être monsieur je sais tout.

- Tu sais conduire un BMX ? Felix enfile son casque, très sérieux dans sa provocation. Il ne peut pas s'empêcher de faire payer à Graham ses ricanements lorsqu'il s'est pris la balle de basket dans le nez. Un peu sournois dans sa façon d'être, c'est pourtant comme ça qu'il aime jouer. Felix est un cascadeur de l'esprit mais aussi des sensations fortes. Le foot et les autres sports de sauvages n'offriront jamais l'adrénaline qu'il y a chevaucher un étalon lancé à pleine vitesse. Il n'a pas de moto mais c'est déjà un fada de vitesse et il reste persuadé qu'avec sa grande carcasse, Max pourrait les faire rouler comme une fusée dans la pente qui mène jusqu'au diner. A vrai dire, s'il vient au lycée en BMX, ce n'est pas vraiment parce qu'il sait en faire mais parce que c'est le vélo que lui a ramené son père lorsqu'il lui a dit qu'il en avait besoin pour se rendre en cours. Comme il ne l'écoute jamais, son père a pris un vélo " à la mode ". Felix en profite pour frimer un peu en défiant Graham, il sait que c'est con, mais ça le fait sourire. Il est provoquant, tout le monde à Miami le sait. Malheureusement pour les New Yorkais, personne ne s'est encore suffisamment intéressé à Felix Coalman pour savoir à quel point. Il est aussi imprévisible que Maxym, finalement, pas bien maître de tout ce que son adolescence et ses désirs lui font ressentir mais avide de nouvelles aventures, ça oui.

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Il est sûr de lui en posant la question : le gamin va refuser. Max sait d'ici qu'il n'est pas du genre à venir au diner ; il ne l'ai jamais vu, pas une seule fois. Au moins, il pourra prétendre avoir essayé et s'être fait refouler par Coalman. Les râteaux ça le dérange pas tellement, il s'en est déjà reçu quelques uns parce qu'il faisait le malin en draguant les premières filles qui lui passaient sous la main pour épater la galerie. Les lèvres du blond ont connu si peu de baisers que ce corps qu'il affiche fièrement est en réalité une terre qu'il a du mal à offrir à d'autres que lui. Derrière son masque de grand gaillard, c'est en réalité un peureux. Un véritable. Après deux rencards, Max ne donne plus de suite. Ce doit être pour ça que les filles l'aiment tant : elles espèrent un jour devenir celle qui aura le droit à un troisième rendez-vous. Il se retrouve un peu con lorsque l'intello accepte sans même essayer de se chercher des excuses pour fuir. Le sac sur son épaule manque de se casser la figure tellement qu'il est bête avant de se ressaisir.

Max le suit, boucle la fermeture de sa veste de foot tandis qu'il fixe du coin de l'oeil Félix enfiler son casque en remontant ses manches. Graham observe méticuleusement sa tenue, sa chemise, ses vêtements beaucoup trop lisses et propres alors que les siens sont tâchés d'herbe sur les genoux. Pendant les pauses, ses amis et lui ne peuvent s'empêcher d'aller au stade pour se tirer dans les pattes en se balançant un ballon de mains en mains. Souvent, il se retrouve recouvert de terre et de transpiration. Face au vélo, son regard se pose sur l'engin tandis qu'il enfile correctement son sac dans son dos. Une hanse autour de chaque bras et il passe une main dans ses cheveux. La question de Félix pique sa fierté de sale môme. Bien sûr, laisse faire le pro. Gros mensonge encore chaud au bord de ses lèvres. Mais il sait faire du vélo alors il voit pas trop ce que BMX ça peut changer. Et puis il est fort, Max, pour montrer de quoi il est capable par fierté.
Il a envie de l'impressionner.
Paf, ça lui tombe dessus, comme ça, un orage auquel on s'attendait pas et qui fait tomber la grêle. Max la sent dans sa tête, la grêle. Elle fait un carnage terrible. Plus rien n'est à sa place, même pas ses pensées de chimie. Tout disparaît comme s'il n'avait besoin que de ça : son corps qui enfourche le vélo alors qu'il fait signe à Félix de monter à son tour. Max attend de sentir ses bras autour de lui pour démarrer. C'est bon ? Premier coup de pédale. Casse-cou, il s'en fiche de ne pas avoir de casque ni la moindre protection, de pouvoir faucher de plein fouet une voiture et accélère dans la descente jusqu'au Diner.

Les sons de la ville disparaissent pour laisser place à ce vent qui s'engouffre dans sa veste de sport. Ses oreilles lui donnent la sensation de se boucher mais les bras de Félix, eux, restent plus présents que jamais autour de lui. Il ne sent plus que son corps dans son dos et le vélo prendre en vitesse alors qu'il lâche un cri de joie. Sentiment intense de liberté. Max ne sait pas garder pour lui les sensations positives qui le traversent. Le sourire sur ses lèvres est rare et il se l'autorise uniquement parce qu'il sait qu'avec la vitesse et Coalman dans son dos, personne ne peut le voir. Il n'a rien à perdre finalement à être heureux sur un fichu vélo qui termine par freiner devant le bobbies. Un pied à terre pour garder de l'équilibre une fois à l'arrêt, Max laisse descendre le plus jeune, lui reste encore un peu perché alors qu'ils vont bientôt devoir le cadenasser pour pas qu'un con le lui vole.

Son poing tape amicalement contre son casque qu'il porte encore. Alors, pas mal hein ? Pour une première fois en tous cas, il est plutôt fier. La fraîcheur du vent encore sur lui, Max fixe son visage caché sous sa protection.
Un moment et il oublie la honte que cela peut être de traîner avec lui.

Max part en guerre, du moins c’est à un soldat intrépide que pense Félix lorsqu’il le voit enfourcher le vélo avec détermination. Avide de sensations fortes, il monte à sa suite en posant ses pieds sur les cales prévues à cet effet. Débout sur son perchoir, il dépasse désormais le blond d’une tête et profite d’un point de vue imprenable sur la route ainsi que la descente qui se profile au bout de la rue. Cette dernière n’attend plus qu’eux pour tester leur courage. Félix s’accroche, il ne veut pas tomber pendant la course. Ses mains s’agrippent à la veste de Max, son visage se fait plus ferme et plus concentré aussi. Après avoir vérifié l’attache de son casque, le voilà qui s’écrit « Go ! » comme on cravache un cheval pour le faire avancer. C’est parti !

Tandis que l’engin prend de la vitesse, Félix pousse lui aussi un cri de joie. Il sent le vent lui fouetter les joues et ébouriffer ses cheveux à travers les aérations du casque. Les aspérités de la route le font littéralement vibrer l’excitation ; il plaque son torse au dos de Graham pour plus d’aérodynamisme et va même jusqu’à fermer les yeux pour se sentir plus libre lors du pic de vitesse. Sa cravate est un drapeau qui les suit jusqu’en bas de la pente.

Lorsqu’ils arrivent devant le diner, Felix déborde d’adrénaline et saute à Terre tel un chat, tout en souplesse et en agilité. Il rit du son que fait le poing du blond contre son casque qu’il finit par enlever pour l’attacher au BMX. Ses cheveux désormais en pagaille jurent avec sa coiffure soignée du cours de chimie. Il a l’air à la fois plus vieux et plus jeune, c’est bizarre : sa chemise froissée par la vitesse le néglige suffisamment pour le faire ressembler à un adolescent et non plus à un future treader. Parallèlement à ça, il sait qu’avoir pris le risque de chevaucher une monture conduite par un chien fou le rend différent des autres types de son âge qui n’osent pas adresser la parole à la bande de Maxym. Pas mal, ouais. Il est comme ça, Félix, même au comble de la joie, il a le défaut des Coalman. D’après son père, on peut toujours faire mieux. Un jour, il voudra faire tellement plus qu’il finira à l’hôpital avec une fracture, le moniteur d’équitation le lui répète sans cesse.

Avec son sac sur l’épaule, il avance d’un pas en direction du diner, pas suffisamment confiant cependant pour y entrer le premier. Il se retranche derrière le fait que Max connaisse mieux l’endroit que lui pour le suivre à la place qu’il décidera ; ce qui est assez rare quand on sait que Félix décide pour ainsi dire toujours tout de lui-même. Ici, il est en territoire inconnu et, comme c’était à prévoir, l’endroit appartient aux bandes de copains qui viennent s’y détendre après les cours. Certains élèves du cours de Basket sont également présents et ricanent de le voir dans leur antre tandis que Félix garde la tête haute. Il ne s’excusera pas d’exister pour autre chose qu’un ballon auprès d’idiots qui ne trouvent rien de plus amusant à faire que de tourmenter les autres pour passer le temps. Se tournant vers Graham, il finit par s’asseoir, le dos bien droit et répond à la serveuse qui arrive en gloussant, attirée comme une mouche par sa blondeur et ses gros muscles. Lait fraise pour moi. Sa boisson préférée, juste après le champagne que ses parents n’acceptent de le laisser boire que le jour de son anniversaire. Ses doigts tripotent les bouteilles de moutarde et de ketchup posées au milieu de la table. Il y a de la musique et l’ambiance est conviviale mais résolument trop frivole pour lui. Jamais il n’irait mettre sa langue dans la bouche d’une fille en affichant une volonté aussi marquée de lui avaler les amygdales comme le fait leur voisin de table avec sa copine. Face à lui Maxym pourrait facilement faire de même avec la serveuse. Félix voit bien qu’il ne demanderait pas mieux. Il comprend alors pourquoi Graham traîne ici : pour la même raison que tous les autres. Plaire et s’amuser dans le dos de ses parents.

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Première fois qu'il le voit sourire.
D'habitude Félix est plus du genre à tirer la gueule ou à se concentrer sur les cours au point d'oublier tout le reste. Max ne fait pas le poids face à une équation, encore moins contre un cours de chimie, il le fout au tapis direct. Si Perry ne les avait pas forcé à se regarder droit dans les yeux et se parler ils en seraient encore à s'ignorer comme s'ils étaient pas de la même classe. Le grand sait bien qu'il est trop bête pour Coalman alors en général il essaie pas de sympathiser avec les gars de sa trempe. Les filles encore moins. Elles sont déjà assez compliquées en temps normal pour qu'il s'attarde sur celles qui ont sans cesse le nez plongé dans leurs livres. Lui il lit un magazine de sport de temps en temps et c'est tout. Même s'il fait du foot, un peu de basket, il se passionne surtout des arts martiaux sans jamais le dire à personne. Encore moins à sa mère, elle en tomberait malade. Déjà qu'elle supporte pas de le voir rentrer d'une bagarre d'après-cours, elle lui ferait la vie s'il commençait à lui dire qu'il veut apprendre à user de ses poings correctement. Son père le soutiendrait mais des deux, ce n'est pas lui qui rapporte de l'argent pour subsister aux besoins de la famille.
Pas mal, ouais.
Bon, il va faire avec même si ça lui coupe un peu le sourire. Jolie prise mentale de Coalman qui le fait se sentir moyen. Il a pas l'habitude, Max, en dehors des cours, de pas être extra. Il aime bien en mettre plein la vue.

Lorsqu'ils entrent dans le diner, le blond passe automatiquement devant. Il se sent à sa place comme s'il était chez lui ici, salue le patron, la serveuse et quelques amis qui lui demandent de le rejoindre alors qu'il est accompagné de Félix. Max est peut-être un peu con mais il tient parole et reste aux côtés de la brindille avant de s'asseoir en face de lui, de commander un milkshake fraise, de loin son parfum préféré. Il a déjà hâte, de sentir la douceur de cette boisson contre sa langue, réconforter un peu son corps après une journée de cours. Max le sent, le moment de silence qui laisse dessiner un petit malaise sur leurs épaules. Difficile pour lui de tenter une conversation quand celui qui lui fait face n'a rien en commun avec qui il est. Ce n'est qu'une fois leurs consommations entre les mains que le grand se cache derrière sa paille pour tirer quelques gorgées dessus, se donner du courage. C'est pas une tuerie ? Les meilleurs laits du coin, tous les mômes sont d'accord là-dessus, il serait vexé d'entendre le contraire.

Max boit tellement vite la moitié de son verre qu'il ne peut s'empêcher de roter sans la moindre gêne. Il a l'habitude que ses potes se mettent à rire et l'accompagnent quand il commence mais opte pour ignorer ce qu'il vient de faire et enchaîner. Son regard se pose un instant sur le parking du diner. Les vitres recouvertes des traces de doigts de la journée témoignent de la vie qu'abrite chaque jour le lieu. T'habitais où avant déjà ? On leur a certainement déjà dit mais Max est de ces gamins dissipés qui oublient tout. Il redresse son torse pour enlever sa veste et la laisser tomber dans son dos. La chaleur de la pièce caresse son t shirt blanc alors qu'il plante ses yeux bleus dans ceux de Félix. Allez, quoi, raconte. J'vais pas te bouffer. T'as une copine ? Le genre de questions à la con que tous les ados se posent. Peut-être que Félix a laissé la sienne là-bas et qu'il espère un jour la retrouver. Ou alors peut-être qu'il en a une ici, une intello avec qui ils parlent maths et géographie et toutes ces conneries qui ne l'intéressent pas.
Une fille qui doit être plus que pas mal, ouais.

La commande arrive rapidement. Felix ne s'en étonne pas. Maxym est probablement un habitué des lieux, on sert les bons clients avant les autres, ça lui parait normal. Ca aussi son père le lui a appris. Ca fait " partie du réseau ", Felix le sait même s'il n'en saisit pas encore toutes les subtilités ; il sait qu'il devrait faire des efforts pour devenir quelqu'un de plus cool, de plus sociable avec ses congénères ; que c'est parmi ces derniers que se cachent ses futurs collaborateurs de demain, mais il peine à se mettre au niveau des garçons de son âge. Il a l'impression de régresser lorsqu'il s'amuse inutilement, chacun de ses loisirs a un but bien précis. Il voit les compétences qu'il acquiert comme des cordes de plus qu'il met à son arc sans pour autant encore savoir où se trouve sa cible. Son avenir, Felix a du mal à l'envisager. Il sait qu'il sera brillant, mais il ne sait pas encore de quoi il sera fait. Pour tout dire, Felix Coalman lui aussi est un imposteur. Il sait tout, sauf ce qu'il veut faire de son savoir. Quand il y pense, son esprit entre en méditation sans lui demander son avis et il a l'air d'être sur la lune. C'est certainement pour cette raison que le blond l’interpelle sur le goût du lait fraise que Felix boit depuis quelques secondes sans même y faire attention. C'est vrai qu'il est bon. Un sourire se dessine sur ses lèvres. Il est suffisamment rêveur depuis qu'ils ont franchit la porte du diner pour se détendre un peu. Après tout, c'est un rêve qu'il réalise, ce soir. Malgré tout le mal qu'il pense de ceux qui le fréquentent, il avait très envie de découvrir cet endroit.

Graham aspire son milkshake à la vitesse de la lumière alors que Felix se reconnecte à l'instant présent et sort de ses pensées pour savourer lentement le sien. Son regard se tourne également vers le parking. Il voit son reflet dans la vitre rendue moins transparente à cause des traces de doigts : sa peau blanche et son corps d'enfant lui donne l'aîr d'être un petit frère en vadrouille avec son aîné. Lorsqu'il tombe la veste, Maxym est bien plus impressionnant que lui. Ca le fait soupirer. A Miami aussi, Felix passait pour un enfant. Là, il se dit que c'est quand même un peu bizarre qu'un enfant regarde le torse d'un homme avec autant d'insistance, c'est pourquoi il se ressaisit rapidement, bat des cils et fait comme si de rien n'était tandis que Max lui parle d'une copine supposée. Les filles de Miami ne sont pas terrible. Réponse deux en un, si sincère qu'elle lui accorde un charisme déroutant de condescendance. Felix ne sait pas encore de quoi son avenir sera fait, mais il sait déjà qu'il ne sera pas partagé avec une fille qui passe sa vie à la plage où en boîte de nuit. La futilité de sa ville natale ne lui manque pas. Il se dit que New York est le coeur du monde et qu'il y aura forcément ici plus de choses à apprendre que là-bas. Les filles tout court, en fait. Il pense à voix haute, ne sait pas trop pourquoi il dit ça. Peut-être parce que le lait fraise est super bon où bien parce qu'il se perd dans des sentiments contradictoires ; toujours est-il que les mots lui échappent et qu'il est déjà trop tard lorsqu'il se rend compte de l'énormité de ce qu'il vient de dire. Enfin, la plupart. Il détourne le regard, observe le bout de sa paille tandis qu'il boit une nouvelle gorgée en se traitant mentalement d'idiot et de gros nul d'avoir laissé ses pensées lui échapper aussi bêtement. Sur sa franchise aussi, Felix sait qu'il a des progrès à faire. Parfois, elle n'est pas bonne à entendre.

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Les filles, il en parle pour rendre les choses plus simples. Ces potes font ça du moins, demandent toujours aux nouveaux s'ils ont des copines et ensuite ils voient. C'est comme un rite de passage, pour voir si ça va, si t'as la côte ou si t'es vraiment à foutre à la poubelle. Max a jamais vraiment compris le concept mais il s'y est habitué alors il se pose plus de questions, il fait. Les filles, il en pense quoi Félix ? Le gamin hésite pas à lui dire, ses mots sont brutes, de véritables coups de poings sûrs d'eux et Maxym hausse les épaules. Il est d'accord sur pas mal de points. Avoir une copine, ça lui prendrait trop de temps, puis il est même pas certain de savoir s'il saurait la garder. Lui il est peut-être du genre à papillonner, oui y a des chances ... Dans la famille tout le monde papillonne, c'est dans ses gênes. Ses parents se sont posés qu'à partir du moment où les enfants sont devenus suffisamment grands pour comprendre qu'un couple ça doit être soudé et non pas se disloquer.
C'est important être fidèle à ce qu'il paraît. Quand quelqu'un l'est pas, ça fait forcément chialer l'autre.

Max se met à rire, un petit truc qui meuble le silence, qui lui fait comprendre que y a pas de malaise. Il se dit qu'un jour ça lui viendra à Félix aussi, tu sais cette histoire de parler de filles aux amis parce qu'il n'y a rien d'autre à dire. Le blond termine son verre, rapide. Ah bon ? il fait le gamin faussement étonné, ça se sent à dix mille qu'il a une idée conne derrière la tête. Il pourrait réfléchir mais il en a pas envie. Peut-être qu'il a ramené Félix ici pour l'énerver et lui donner envie de tout abandonner. Tout le monde dit que t'as le béguin pour Perry. Lui il s'en fout un peu mais il l'entend souvent. Les garçons sont cons, s'imaginent pas une seconde qu'un gamin de leur classe puisse bien aimer les matières qu'ils étudient. Les on dit, Max les aime bien tant que ça ne le concerne. Il continue à tripoter sa paille, ses doigts sont glacés par le verre tout aussi froid. On dirait un homme avec son physique mais il a l'attitude parfaite de l'adolescent.

Tu sais, tu te feras jamais des amis en appréciant personne. Max lâche un soupir, abandonne enfin son verre pour s'écraser sur sa banquette. Il termine par changer de position, coller son dos contre le mur et étaler ses jambes sur le simili cuir. Son coude se pose sur la table alors qu'il est là, serein, aussi sincère que Félix dans sa façon de penser et voir les choses. Les amis, ça lui semble être une base pour survivre à l'école. La preuve, jusqu'ici Félix était inexistant. Etre avec lui à cette table au milieu de tous les autres lui donnent déjà un peu plus d'importance.

Lorsqu'il lui parle de Perry, Felix se sent rougir jusqu'aux oreilles. C'est peut-être pour cette raison qu'il trouve bon d'ajouter un " n'importe quoi " en croisant les bras, ce qui lui donne des airs d'adolescent contrarié. Il boude, c'est évident, pense plutôt que c'est Perry qui a un faible pour lui mais n'en dit rien, trop renfrogné et mal à l'aise avec ce qu'il ressent pour avouer que ça ne lui plait qu'à moitié d'être le chouchou des femmes mariées.

Toutefois le fait que Maxym enchaîne sur les amis le pic au vif, sûrement parce qu'avec son visage fermé il illustre parfaitement à quel point Graham a raison et que ça l'énerve qu'on lui prouve qu'il a tort. Et toi tu connaîtras jamais personne si tu te fies aux rumeurs. Il repose son verre terminé d'une traite à côté de celui du blond et se laisse aller contre le dossier de la banquette. Felix n'a pas l'habitude de ne pas se tenir droit. Lorsqu'il s'avachit de cette manière, c'est qu'il peine à refaire surface, qu'il se laisse submerger par les doutes qui l'habitent. Et toi ? T'as une copine ? Renvoyer la balle est le meilleur moyen qu'il trouve pour ne pas en dévoiler d'avantage tandis qu'il se méfie de Max et de sa sincérité trop louche pour être honnête. La méfiance ne le quitte jamais vraiment, lui qui ne fait confiance qu'à son cheval. C'est pour ça que tu n'écoutes pas en cours ? Parce qu'il pense à elle ? Felix trouverait cette explication bizarre mais se dit que c'est peut-être comme lorsque lui-même se met à penser au torse de Max sous son t-shirt. Un élan incontrôlé qui ne veut rien dire, où alors seulement qu'il est perturbé de se trouver là, face à lui, à parler des filles alors qu'il n'arrive toujours pas à mettre le doigt sur le pourquoi de ce malaise qu'il ressent et qui n'a rien à voir avec la discussion. C'est quelques chose de physique, qui lui fait à nouveau changer de place et tenter d'imiter la posture du plus vieux pour chasser de son esprit les questions qui y flottent. Il faut dire qu'il n'a pas l'habitude de vivre entouré de points d'interrogation. Felix Coalman sait tout, tout le monde le sait. Alors pourquoi ne s'explique-t-il pas de se sentir vulnérable sous le regard de Graham ? Il ne comprend pas. Ce n'est pas son genre d'accorder de l'importance à ce genre de questions. D'habitude il ne les pose pas et se fout de la réponse. Quelque chose est différent dans le silence qui s'étire entre les phrases de cette conversation ; un je ne sais quoi qui le trouble et le fait regarder le blond du coin de l'oeil dans l'attente de sa réponse.

A cette heure-ci, Felix a pour habitude d'ouvrir son livre sur les quais de l'Hudson. Ce soir, il tente de s'ouvrir à Graham tout en sentant que cela pourrait vite devenir plus profond, ce qui l'effraie un peu. Il voit de plus en plus ce travail d'études de chimie comme quelque chose d'important, aux conséquences irréversibles, sans pour autant se l'expliquer. Une intuition. La roue d'un hamster tourne à toute vitesse dans son cerveau qui cherche à comprendre ce qu'il se passe dans son corps. Ses joues rouges, pour commencer ; l'accélération subtile de son rythme cardiaque et aussi le sentiment d'excitation qu'il ressent à se trouver là tout en se sachant en difficulté face aux questions de son interlocuteur. C'est a n'y rien comprendre. Plus il le rend perplexe face à ses propres réactions, plus Maxym devient un problème chimique à lui tout seul. Une équation qui lui donne chaud aux joues et l'empêche de tenir en place sur son siège.

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Félix agacé, ça ferait presque sourire Max s'il était pas occupé à fixer le reste de la salle, observer les moindres faits et gestes de ceux qui la peuplent. Il aime le brouahah ambiant, le son de ces voix qu'il ne connaît pas toutes et l'atmosphère chaleureuse qui lui ouvre l'appétit même s'il a plus un sou en poche pour se payer un donuts. Au chocolat, il les adore, il pourrait en manger des kilos mais sa mère lui dit toujours que s'il continue comme ça, il terminera bedonnant comme son père.
Sa tante dit que c'est la bière, pas le chocolat. Il en boit parfois de la bière mais ça lui fait jamais grand chose. Etre bourré l'effraie, il a la sensation de pas être lui, de perdre le contrôle et ça l'angoisse. Il veut pas dire des choses qu'il pense trop profondément parce que des barrières se cassent la figure.
Alors, Max ne boit pas. Ou rarement.

La réflexion du chaton qui sort les griffes ne lui fait rien parce qu'il sait qu'il a raison. Max est bête mais c'est aussi ce qu'il cherchait : le faire réagir. Il remarque avec aise que c'est facile, trop facile. Derrière son calme apparent, Félix est aussi vif que les autres, aussi maladroit avec ses sentiments. Un rien et il se renferme brutalement. Une copine. Il lâche un pff plein de dédain et hausse les épaules. Enfin, ses yeux bleus se tournent vers le gamin, le drapent d'un regard plein d'évidence. J'ai pas le temps pour ça. Les filles, les sentiments et toutes ces choses. Il préfère se préserver. Amoureux, Max l'a déjà été plus d'une fois mais il n'a jamais tenté d'aller plus loin. Y a bien cette fille chez les cheerleaders qu'il aime bien. Peut-être qu'un jour les choses iront plus loin ; il sait pas ce qu'il attend. Le blond est un peu con. Il manque d'envie et motivation, c'est un ourson un peu flemmard qui traîne la patte quand il s'agit de draguer les filles. Donald lui demande parfois s'il est pédé et il répond jamais rien. La honte. Autant ne rien dire, se défendre c'est se vendre à ce qu'il paraît.

Comment ça j'écoute rien ? Lui aussi est piqué. Bien sûr que Max n'écoute rien mais se le faire entendre dire lui donne l'impression d'être à une réunion parents profs et d'avoir uniquement le droit de se taire. Ca m'intéresse pas les cours, c'est tout. Comme si j'allais un jour me servir de ce qu'on nous apprend. Lui il veut devenir un cowboy, vivre de son ranch et du rodeo. Le reste il s'en fout. Max s'imagine faire des courses de voiture plus tard aussi, déraper sur le parking d'une vieille épicerie. Le blond a la tête dans les nuages mais le coeur bien inséré sous sa cage thoracique. Il le sent battre tranquillement dans son corps tandis qu'il se redresse enfin. Tu me ramènes chez moi ? C'est pas loin et j'ai la flemme de marcher. Comme à l'aller, Graham va certainement devoir pédaler mais il s'en fiche. Il a pas l'habitude de faire le chemin tout seul et à cette heure ci ses amis sont certainement déjà chez eux. Donald est pas du genre à traîner au Diner, il est trop pauvre pour ça. Une fois par mois, lui et Max viennent manger ensemble, s'empiffrer et rester jusqu'à ce que la nuit tombe sur la ville. Son regard est plus insistant lorsqu'il se pose sur Félix. Ses yeux bleus se plantent dans les siens, l'empêchent de fuir. Sauf si t'as un rencard avec Perry. Il est plein d'insolence et de provocation, passe sa langue sur la lèvre gercée, geste instinctif. Max enfile à nouveau sa veste, retrouve la chaleur du tissu.
Si ça se trouve, ils sont déjà en rencard ici et ils n'en savent rien. Aveugle comme des taupes.