[FELIX & MAXYM - UA] submarine.

S U B M A R I N E félix&maxym

La discipline. Max ne l'a jamais rencontré depuis sa naissance. Même pas chez lui où ses parents se foutaient un peu trop de leurs gosses pour tenter de leur inculquer quoi que ce soit. Tout ici est nouveau et oppressant. Le grand blond le remarque de suite lorsque les autres s'exécutent aux ordres tandis que lui a besoin d'un moment de réflexion. Il arrive dans les derniers aux dortoirs, prendra le lit qu'il restera sans faire de vague. Du moment qu'il a un matelas, Graham n'est pas un gosse difficile. Alors qu'il déambule entre les allées, il termine par tourner la tête en direction d'un remue ménage qui lui fait froncer les sourcils. Instinctivement lui vient l'envie de courir vers son chat pour tenter de le sortir de là. Au lycée, le colosse aurait fait ça : venir en aide à Felix en envoyant bouler les soupçons mais ici tout semble terriblement plus violent et hors de portée. Il est rapide d'atteindre le point de non retour et ne désire pas finir dans une autre unité sous prétexte que deux gamins sont amoureux. Ses sentiments sont un moyen illégal d'être rentré ici et il pourrait prendre à perpétuité s'il venait à se faire prendre. Il a l'impression de se promener dans un commissariat avec les poches pleines de coke. Vivre loin de celui qu'il aime, c'est encore plus douloureux que la prison, ce serait comme vouloir faire vivre un un homme en lui enlevant ses poumons.

Le regard de Coalman suffit à le calmer et le faire rester à sa place. Bizarrement, cela ne lui fait rien de voir celui qu'il aime se faire cogner. Au contraire, il ne peut que le trouver plus courageux que jamais. Et du courage, Félix en déborde, contrairement à Max qui n'a rien fait pour tenter de le retrouver mis à part s'en prendre à son père.
La punition tombe, ils s'échangent un petit sourire, s'installe en silence sans trop se regarder. Max fait tout de même mine de se présenter, de donner son âge, d'où il vient. Il est étonné en faisant remarquer à Felix qu'ils étaient presque voisins et se dirige ensuite dans les rangs.

Il laisse la journée se passer, plutôt calme. Tout le monde apprend, prend ses marques, est évalué sur un tas de choses jusqu'à l'heure du repas. Max et Felix ne se regardent pas trop, comme si c'était contraire au règlement. Il faut dire que leurs yeux se mettent à briller dés qu'ils comprennent que l'autre n'est pas loin. Le coeur d'un adolescent est l'animal le plus fougueux qui puisse exister.

Au repas du soir, Max s'installe à côté de Félix, lui adresse des sourires tendres en lui racontant sa journée et ses premières impressions. Au passage il lui glisse dans le brouahah de la cantine que le chat lui a manqué. Il voudrait lui dire qu'il est beau mais ce serait encore trop compliqué mais heureusement, il pense au soir, lorsque tout le monde sera couché.

Le lit de Felix est vide, le gamin est encore en train de faire le ménage. Dans le dortoir des garçons ne dorment pas encore mais Max se relève quand même pour quitter les lieux. Sa grande stature empêche ses compagnons de chambre à essayer de lui soutirer des informations. De toute façon, le blond ne répondrait pas. Il s'est fait la promesse de ne se lier à personne ici pour n'avoir que Felix dans sa tête. Il marche doucement dans les couloirs, ne cesse de se retourner, persuadé que quelqu'un va finir par lui mettre le grappin dessus et terminer par le voir, accroupis dans les toilettes en train de nettoyer le carrelage. Max s'avance à pas de loup et pose soudainement ses mains sur les yeux de Felix. Pour l'empêcher de crier trop fort, il laisse l'une d'elle se poser sur sa bouche avant de lui rendre la vue et déposer un baiser sur sa joue. Il ronronnerait s'il n'était pas autant sur la défensive. Pas cool la vie de dur à cuire. Qu'il lance dans un sourire avant de se laisser tomber les fesses par terre et de prendre appui contre le mur. Ses bras ses posent sur ses genoux repliés tandis qu'il observe les gestes de son chat. Max est peut-être très amoureux mais il ne l'aidera pas à faire le ménage.

Ses mains, plus habituées à tourner les pages des livres qu'à manier la serpillière, rougissent au fur et à mesure que Felix avance dans ses corvées. Pour passer le temps, le voilà qui se met à compter les carreaux du carrelage. Chaque rangée de dix lui prend approximativement une minute. A ce rythme, il déduit qu'il lui faudra encore deux heures pour en venir à bout. Sa montre, quant à elle, indique 22h30. Sachant que les cadets se lèvent aux aurores et compte tenu du fait qu'il lui faudra bien 30 minutes pour s'endormir à cause de la présence de Maxym dans le lit d'à côté, le chat devine qu'il se réveillera avec des cernes sous les yeux et le dos en compote. Son esprit, ennuyé par cette tâche rébarbative - essuyer, rincer, recommencer - vagabonde du côté de Graham et des yeux doux qu'il lui faisait au repas. Y repenser suffit à rendre chaque chose qui l'entoure un peu plus belle ; il suffit à Felix de se dire que, parce qu'ils font partie de cet endroit où vit désormais son amour, ces toilettes sont une bénédiction.

Et là, comme par magie, le blond apparaît.
Felix reconnaîtrait la texture de sa peau entre mille, l'arôme de son odeur parmi des millions. Électrisé par son contact, il frissonne puis sourit de le voir s'asseoir à ses côtés. L'époque du lycée où il se serait braqué d'être dans une position aussi humiliante qu'à genoux en train de nettoyer lui semble lointaine. Sous le regard de Max, Felix n'a pas honte de jouer les femmes de ménage. Cette punition, il le sait, n'est que le début de tout ce qu'il serait prêt à faire pour son ours. Qu'il s'agisse de défendre sa place dans un lit où de couvrir ses arrières sur un champ de tire, son choix est fait : Préférable à celle de fils modèle, en tout cas ... Le sourire en coin, Felix reprend son essorage de serpillière. L'air de rien, il tend l'oreille pour être certain que personne d'autre ne les espionne.

Soudain, le seau d'eau se renverse tandis que la serpillière vole dans les airs. Le chat se jette sur Graham et capture ses lèvres avec véhémence. Son cœur explose de bonheur, son estomac vibre sous l'effet des battements d'ailes des centaines de papillons qui s'affolent pour lui sortir de la bouche et des myriades d'étoiles filantes défilent derrière ses paupières closes. A califourchon sur Max, Coalman s'agrippe à son col toutes ses forces, de la mousse plein les doigts et de l'amour liquide dans les veines. Quitte à jouer les dur à cuire, il décide de se montrer entreprenant. Subir ne l'intéresse plus. Ici, Felix est maître de son destin et son destin, c'est le blond qu'il tient fermement entre ses mains.

* * * to be continued * * *