[FELIX & MAXYM - UA] submarine.

Un ange passe tandis que Max pose sa main sur la joue de Felix. Ce dernier inspire de surprise, sensible au moindre contact, tellement à fleur de peau qu'un courant d'air pourrait le faire s'effondrer comme un château de cartes. Soudain, Graham l'engloutit sous une avalanche d'amour qui lui retourne l'estomac en même temps qu'elle fait naître des feux d'artifices dans sa tête. Ce baiser auquel il répond fougueusement laisse le chat tremblant et un poil désorienté tandis que Max se recule pour reprendre son souffle. L'état dans lequel se trouvent ses sentiments et ses émotions ne lui permet pas de négocier les termes de leur avenir commun. Tant que le blond acceptera d'être présent à ses côtés pour continuer à l'embrasser de cette façon, Felix veut bien faire n'importe quoi, que ce soit à l'université ou ailleurs. Brûlant, il inspire profondément pour remettre de l'ordre dans ses idées. Les craintes de Maxym vis à vis de ce qui les attend font vibrer sa nature profonde. Le chaton se met à ronronner, s'approche encore un peu pour prendre place au dessus de lui, comme sur le trottoir en bas de chez lui. Et si je commençais par te tenir la main à la récrée ? Il ne voit pas pourquoi ils devraient attendre la rentrée universitaire pour être ensemble et prouver à Max qu'il ne ment pas alors que l'opportunité de lui montrer son sérieux leur sera donnée dès leur retour au lycée. Son sourire s'élargit tandis qu'il se love tout contre le plus vieux, que ses bras s'enroulent autour de lui et qu'ils le pressent contre son torse. Comment pourrait-il oublier à quel point son contact le rend heureux ? Cette plage, ce coeur qui bat contre le sien et cette complicité qu'il n'a jamais eu avec personne d'autre avant Max ? Felix se dit que, s'ils restent soudés, l'avenir ne pourra pas les séparer ; il est prêt à devenir le plus collants des chatons pour s'assurer que les craintes du blond ne se confirment pas. Aussi s'arrange-t-il pour faire traîner en longueur ce rapprochement qui lui permet de retrouver le contact peau contre peau auquel il se sent devenir accroc. Y'a qu'à voir comme il semble à sa place, perché sur les genoux du plus vieux, les yeux fermés et le visage détendu.

Soudain un bâillement lui échappe. Bien quelle fut particulièrement agréable, la nuit a été courte, trop courte pour toutes ces émotions ressenties depuis la veille. Felix se tortille sur lui-même, oblige Max a écarter les jambes. En quelques contorsions, le chat lui tourne le dos, s'assied entre ses cuisses et se laisse aller contre lui comme on le ferait contre le dossier d'un fauteuil particulièrement confortable. Il termine à la hâte ce qu'il lui reste de sandwich tout en détaillant l'horizon puis se laisse fondre contre les formes du blond. Je vais faire une sieste avant d'aller me baigner. Et peut-être que s'il parvient à se montrer suffisamment convainquant, Max acceptera de le suivre et d'apprendre à nager dans la mer. Felix est plein d'espoir et de satisfaction, il ne lui en faut pas plus pour laisser Morphée l'assommer.

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Lorsqu'il émerge de son coma digestif, Felix est seul. Peut-être Max est-il parti se promener sans lui ? Les cheveux en pétard, il se lève et s'étire. Le soleil a changé de position dans le ciel. Son regard évalue le temps qu'il leur reste dans ce paradis perdu en observant la marrée. Une heure peut-être, pas plus. Sa main se referme sur la bouteille d'eau tandis qu'il s'étonne de ne pas trouver le blond dans son champ de vision. La barque, elle, est toujours échouée à l'entrée de la crique. Max ? Inutile de s'inquiéter, Graham pourrait se trouver n'importe où en sécurité bien au sec. Pourtant, quelque chose pousse Felix à la panique. Et si le blond s'était laissé surprendre par une vague en barbotant dans l'eau ? Il se souvient de la piscine et de la peur dans les yeux de Max au moment de lui apprendre à se laisser flotter. MAX ? Plus pressante, sa voix se durcit. Felix n'a pas le recule nécessaire pour en prendre conscience mais son être en est train de changer. Désormais, le centre de son univers a un visage de jeune homme et un regard plus bleu que le ciel au dessus de sa tête. Il se sent oppressé de ne pas savoir où se trouve son amoureux et tourne sur lui-même, la main en visière, pour rétablir le contact, ne serait-ce que visuel. MAX !!! Où est-il ?

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Lui tenir la main à la récré ?
Max ne fait pas la tête ni même de grimace mais n'en passe pas moins au final. Ce n'est pas à cause de Felix ou de la honte, loin de là. Le blond est fier d'avoir un petit ami si beau et intelligent que le sien mais il ne veut pas que les répercutions lui fassent du mal. Il a pas vraiment peur qu'un type veuille lui en mettre une parce que tout le monde est homophobe au lycée en dehors de quelques filles. mais son chat ? Il est tout petit, tellement fragile en apparence que ce serait si simple de lui faire du mal. Il ne survivrait pas de savoir qu'on a envoyé celui qu'il aime à l'hôpital par sa faute. Il aurait envie de le venger et se ferait définitivement virer. Ses parents seraient obligés de le mettre en maison de redressement et ce serait la fin de tout, une bonne fois pour toute. C'est un lion, et les lions on ne le enferme pas en cage lorsqu'ils tentent de protéger ceux qu'ils aiment plus que tout. Ses bras se serrent autour du chaton pour le serrer bien contre lui, respirer son odeur en caressant du bout du nez sa peau. Les yeux fermés, il prend tout de même le temps de lui répondre. Je ne veux pas qu'on te fasse du mal. Si son père vient à l'apprendre ? Certainement qu'il en voudra à son fils et de ce qu'il a vu, Felix serait tellement blessé qu'il pourrait commettre l'irréparable.
Alors oui, lui tenir la main devant tout le monde, être fier de pouvoir annoncer à ses amis qu'il a un petit ami est un rêve qu'ils ne pourront certainement jamais accomplir.

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En voyant qu'il ne parviendrait pas à fermer l'oeil pour tenter une sieste, Maxym s'est éloigné du corps reposé de son amoureux pour découvrir les environs. Happé par le paysage mais aussi son activité, ce n'est qu'en entendant au loin sa voix que le blond redresse la tête. Pas tellement persuadé qu'on est en train de l'appeler, il traîne un peu la patte jusqu'à ce que le timbre paniqué de Felix ne lui fasse sursauter le coeur. Torse nu, le plus vieux détale brusquement pour rejoindre son chat qui a l'air en bonne santé. Un instant, il a pensé qu'il s'était fait mal dans les pierres. Ça va je suis là ! Il ne comprend pas cet emportement de sa part et pose ses mains sur ses épaules. Tu t'es fait mal quelque part ? Il demande quand même, dans le doute, histoire de mettre les choses à plat. Max ne parvient pas à comprendre que son chaton est simplement en train de s'inquiéter pour lui et se contente de lui voler un baiser en passant une main dans ses cheveux pour les ébouriffer.

J'ai quelque chose pour toi ! Histoire de détendre l'atmosphère, Max enlève de sa poche un collier qu'il a fait avec un vieux bout de corde ainsi qu'un coquillage qu'il a trouvé dans sa découverte des environs. Il le lui passe autour du cou sans lui demander son accord et plaque sa paume sur le pendentif d'où il pourrait presque sentir les battements du coeur de Felix rien qu'à ce contact. Ça te plaît ? En réalité, le collier n'a rien de beau mais il l'a fait toute son attention de petit ami amoureux et dévoué. Son sourire et ses belles dents blanches lavent toute l'inquiétude qu'il a bien pu faire naître en disparaissant sans rien dire.

- Non, ça va. Felix accueille le retour de Max avec soulagement même s'il se contient pour ne pas paraître affolé à la seule idée de se trouver loin de lui. C'est qu'avec le sujet de l'université, le blond lui à refilé la peur d'être séparés. Pour le moment, tout va bien, Max l'embrasse et lui ébouriffe les cheveux, c'est tout ce qu'il lui faut pour oublier sa frayeur. Piqué par la curiosité, Felix regarde Graham fouiller dans sa poche et ouvre de grands yeux face au collier. Un frisson lui parcourt l'échine lorsque les mains du blond effleurent sa peau, au moment de le lui passer autour du cou. S'il avait un miroir, il se rendrait compte que la corde qui compose cette offrande tranche superbement avec son suçon. Contre ses côtes, son coeur bat un peu plus fort que la normale. Il pose sa main sur celle de Max et lui rend son sourire avant de baisser le regard pour détailler le coquillage qu'il tourne entre ses doigts. Pas difficile de comprendre que le blond a confectionné le collier lui-même. Fasciné, Felix observe cette coquille vide comme s'il s'agissait de la plus belle des œuvres d'art. Je l'adore. Moment de silence poignant. Avec ce bijou en guise de grigri, il aura toujours un peu de Max avec lui. Cette idée le grise et fait briller ses prunelles d'un amour si romantique que les dernières traces de son réveil affolé s'effacent au profit d'une énergie nouvelle.

Felix a envie de passer du bon temps avec Max et de profiter de l'heure qu'il leur reste avant de rentrant à la voiture. Sa main lâche donc le coquillage pour attraper celle du plus vieux et l'entraîner sur la plage. Allez, viens, on va se baigner. Comme il devine sa réticence à se jeter à l'eau, Felix caresse le bras de Max et remonte jusqu'à son épaule pour la presser délicatement. Tu peux le faire, Graham ! Sa voix est ferme autant que son regard est doux ; le chat encourage son amoureux et rayonne de confiance en lui pour le faire se sentir en sécurité. Quoiqu'il se passe dans l'eau, il n'arrivera rien à Maxym. Pas avec un amoureux aussi dévoué à ses côtés. Felix sait bien qu'il n'a pas les muscles aussi gros que ceux du blond pour le rassurer, mais il ne doute pas de lui lorsqu'il s'agit de nager. Dans l'eau, même les ours comme Max son léger. Facile pour lui de jouer les sauveteurs aquatiques. Je vais t'avouer un truc dont j'ai super honte, alors ne le répète pas : J'ai appris à faire du bouche à bouche chez les scouts. Felix fait preuve d'auto-dérision, un demi sourire aux lèvres. C'est vrai qu'il avait honte de poser ses lèvres contre celles du noyé en plastique mais vue à quel point il aime celles de Max, sûr que ce dernier ne manquera pas d'être bichonné s'il boit la tasse. Le chat veut bien tout partager avec lui, même son oxygène ; même le fait qu'il a participé à un truc aussi ringard que le scoutisme. Mais ce n'est pas une raison pour faire exprès de te noyer ! Cette pique qu'il balance après s'être montré aussi empathique vis à vis de Max lui arrache un éclat de rire tandis qu'il s'avance jusqu'à la mer en marchant à reculons. Hors de question de perdre le contact visuel. S'il se permet de le provoquer, c'est parce qu'il sait qu'il ne lâchera pas Max du regard. Pas une seule seconde. Le coup de pression de son réveil contre les rochers l'a rendu plus attentif.

Peu à peu, son corps entre dans l'eau. Felix sent les vagues s'écraser sur ses omoplates et mouiller sa nuque. La mer chaude et limpide est si transparente qu'aucuns ténèbres ne s'y cachent. S'il décidait de regarder ses pieds, sûr qu'il verrait ses orteils et les poissons qui se promènent dans la crique. A lui sourire de toutes ses dents, Felix en attraperait presque des crampes de bonheur. Il est heureux d'initier Max à quelque chose que ce dernier ne connait pas. Un peu comme s'il le remerciait de l'initier à l'amour et à ce lien magnifique qu'ils sont en train de créer sous le ciel d'Italie. Le nacre de son coquillage rutile sous les rayons du soleil. Un sentiment de satisfaction indescriptible l'habite tandis qu'il réalise que, la dernière fois qu'il se sont retrouvés immergés tous les deux, Graham n'était pas encore son petit ami. Tout juste s'ils se connaissaient, inconscients qu'ils finiraient par se retrouver seuls sur une plage à l'autre bout du monde.

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Si la panique de Felix disparaît c'est qu'il est en train de la transmettre à Maxym en lui faisant signe de venir dans l'eau. Il aurait voulu y échapper mais son petit ami est bien plus entêté que lui. Le plus vieux soupire mais suit tout de même le chat qui ne le lâche pas des yeux en guise de bouée de sauvetage. Impossible de couler lorsque ces yeux là vous regardent avec tout l'amour du monde. Il a la sensation que ce gamin est en train de le gonfler à l'hélium. Le lâcher ce serait le voir s'envoler dans le ciel sans pouvoir le rattraper. Son coeur est une pierre pleine de sentiment si forts qu'eux ressentent la gravité mais le reste de ses organes, aussi légers que le vent, aussi agréables que les vagues qui caressent ses pieds avec douceur sans le faire sursauter. Max s'est familiarisé avec l'eau grâce à la piscine et commence à stresser seulement lorsque la mer caresse le bas de son ventre. Heureusement, la confidence de Felix l'aide un peu à ne pas trop y penser. Les scouts ?! Tu l'es encore ? Donald et lui se moquent régulièrement d'eux lorsqu'ils sont en vacances. Ce sont des gamins impitoyables qui les prennent pour des cons. Pourtant, il imagine soudainement le chat dans sa tenue et ne peut s'empêcher de le trouver irrésistible. Max fronce un peu le nez, énervé contre lui-même de penser à tout de bout de champs à Felix, même lorsqu'ils sont ensemble. Il prend toute la place, lui pourtant si minuscule. Pas une seule seconde où il lâche l'affaire.

L'ours attend que l'eau lui arrive aux épaules pour s'éloigner un peu de Felix. Il y a en lui une confiance en qui il croit. L'eau claire lui donne la sensation d'être dans un monde paradisiaque. Un monde qu'il n'avait encore jamais eu et qui lui donne l'autorisation de ne plus penser à tout ce qui l'attend à New-York. Ce n'est qu'une fois que le chaton perd de sa vigilance que le plus grand s'enfonce dans l'eau en gardant les yeux ouverts pour préserver une vue floue sur ce qui l'entoure. Les poumons fermés, il remarque la silhouette de Felix bouger, peut-être même le chercher avant de bouger un peu encore et surgir brutalement en lâchant un cri pour tenter de l'effrayer. Essoufflé par sa performance dont il n'a pas l'habitude, Max recule de quelques pas pour retourner là où il est certain d'avoir bien pieds en essuyant les gouttes sur son visage. Il fait moins le malin le scout hein ! Accompagné d'un éclat de rire qui lui fait oublier que la mer pourrait le gober et le noyer, pour chasser toujours plus loin cette peur qui lui pourrit si souvent la vie. Ses angoisses sont comme ces poissons contre ses pieds, il suffit de faire du bruit pour les voir s'en aller.

Max se calme un peu et nage doucement jusqu'à son petit-ami pour le prendre entre ses bras. Ses mains dans son dos, le blond a ses airs d'adultes quand il l'embrasse tendrement et n'hésite plus cette fois à y mettre la langue et tout ce qu'il a en a lui qui tape et qui l'aime.
Je t'aime.
C'est le moment de le dire, il le sent, une vibration, une électricité, une sensation au fond de lui qui ne laisse plus place au doute.
Dis-le c'est pas grave.

- Plus vraiment, non, ça date de Miami. Felix arrondit les angles pour ne pas passer pour un naze. La vérité, c'est qu'il n'a pas encore dit à ses parents que ça ne l'intéressait plus d'aller passer les vacances d'été chez les scouts. Pourtant, il n'hésiterait pas une seule seconde à reprendre du service si la situation l'exigeait. Comme sauver Max de la noyade, par exemple. Heureusement, Graham a l'air plus à l'aise dans la mer qu'il ne l'était dans la piscine. Fier de le voir prendre en assurance, le chat l'observe barboter et s'éloigner un peu de lui. Comme le soleil lui tape sur le crâne, il penche la tête en avant, histoire de se mouiller les cheveux. Lorsqu'il se redresse, le blond a disparu. Felix se fige, en alerte, les yeux grands ouverts et l'eau lui dégoulinant du menton. Où est-il ?! En seulement quelques secondes, sa pulsation cardiaque s'accélère à nouveau, preuve de la panique qui menace de le submerger bien plus efficacement que n'importe quelle vague. Nerveux, Felix tourne sur lui-même et saute sur place pour tenter de voir plus loin à la surface de l'eau. Il ouvre la bouche et prend une grande inspiration dans l'optique de plonger à la recherche de Max mais n'a pas le temps de s'inquiéter d'avantage que la tête du plus vieux émerge juste sous son nez. Felix pousse un cri étranglé, recule par réflexe et plie un peu trop les genoux. L'eau salée en profite pour lui lécher le visage, passer entre ses lèvres et le faire tousser aussi bien de rire que de douleur. Tu vas voir un peu qui est le malin ! Qu'il lui répond sur le ton de la plaisanterie en battant des bras pour éclabousser le blond.

La scène ressemble tellement à celle de la piscine que Felix croit plus que jamais être en train de rêver, de revivre ce moment où son coeur s'était emballé face à la proximité du plus vieux. Sa poitrine tressaute encore de rire tandis que le blond se rapproche et le prend dans ses bras. Cette fois-ci, contrairement à leur premier bain, le corps du chat ne se dérobe pas et répond à cette étreinte en passant ses jambes autour de sa taille. Felix ne saurait dire à quel point ce rôle de koala l'apaise et le rassure. Ses bras se referment autour de la nuque de Graham au moment où leurs lèvres entrent en contact. Un courant électrique se repend alors dans tout son être, comme si le blond lui insuffler ses sentiments par la salive. Max est le seul capable de faire naître en lui des émotions aussi fortes. Même l’océan n'est pas capable de lui faire boire la tasse comme il a l'impression de la boire en jouant avec la langue du blond. Des étincelles explosent derrière ses paupières closes dont les cils perlent encore d'eau et de sel. Lorsqu'il rouvre les yeux, rien ne pourrait être plus parfait aux yeux de Felix. Sauf peut-être ce je t'aime que lui offre Max et dont l'écho se répercute en frissons tout le long de sa colonne vertébrale. Moi aussi. Tellement qu'il en a le souffle coupé et que son âme flotte au dessus de lui comme son corps dans l'eau tiède. Emu, le chat pose sa tête sur l'épaule de Maxym. L'eau clapote à quelques centimètres de ses yeux rivés sur le sable et les poissons qui slaloment autour des mollets de son perchoir. Tu dors avec moi ce soir ? Parce qu'il est déjà l'heure de partir et que Felix sait qu'il ne pourra plus se coller à lui autant qu'il le veut une fois assis dans la voiture. La perspective de dormir aux côtés de Max l'aiderait à supporter le trajet du retour. Son corps tout entier se colle à celui du blond pour donner de la profondeur à sa question.

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Allongé sur son lit, Max lit une BD en ne faisant attention à rien autour de lui si ce n'est à la mère Coalman lorsqu'elle rentre dans la chambre tout au long de la soirée pour venir auprès de son fils, tenter la discussion avec le plus vieux aussi. Celle-ci est au courant pour eux, certainement qu'elle pense bien faire en leur montrant qu'elle est là pour eux, qu'elle ne les rejette pas mais cela le met à l'aise, lui, si pudique de tout, surtout lorsqu'il s'agit des adultes. Le gamin enferme sa vie d'adolescent dans une pièce ou aucun ne viendra ternir son bonheur. Ni même celui de Felix. En relevant le nez de son livre, il remarque par la fenêtre que la nuit est enfin tombée. Une nouvelle fois, la porte s'ouvre, sa mère, pour leur souhaiter bonne nuit, déposer un baiser sur le front de son fils sans oser faire de même pour Max qui ressemble déjà bien trop à un homme. Un bonne nuit chaleureux suffit à la faire quitter les lieux en éteignant derrière elle la lumière pour leur signifier qu'il est l'heure de dormir.

Max ferme les paupières. Sur la plage, il a promis à Felix de dormir avec lui et se redresse au bout d'une bonne demi heure de silence pour dégager les draps de son petit ami et le forcer à se réveiller s'il a seulement su trouver le sommeil. Tu viens avec moi ? J'ai pas envie de dormir maintenant. Chez lui il a toujours l'autorisation d'avoir une hygiène de vie abominable. Si la première nuit a été simple, c'est qu'il était épuisé par le décalage horaire mais aussi par le rapprochement brusque avec Felix.

Sa main attrape la sienne pour le guider avec lui jusque sur le petit balcon du bureau laissé vide par tout le monde. La nuit est calme et reposante alors que Maxym serre Felix contre lui, le laissant admirer la nuit mais aussi le paysage qui se dessine doucement sous ses rayons. La porte fenêtre de la pièce ouverte, ici est la pièce de la maison la plus tranquille, celle la plus éloignée de la chambre des parents. Il a le droit de parler sans murmurer mais le fait quand même parce qu'il trouve le moment si agréable que sa voix lui semble être un surplus. Je crois que ta mère flippe complètement. Accompagné d'un petit rire en se rappelant son visage et sa façon détournée de leur demander si tout va bien entre eux. Son torse plaqué contre le dos de Felix, un frisson le traverse tandis qu'il le retourne pour pouvoir lui faire face et l'embrasser. Il n'a pas eu le droit de le toucher depuis leur rapprochement dans l'eau et commençait à ressentir le manque jusque dans ses os. Une sensation désagréable, un picotement, un tremblement presque douloureux. J'ai tellement envie de toi. D'un timbre brûlant qui le dépasse assurément. Vibre en lui des désirs qu'il enfouit tellement en journée qu'une fois la nuit tombée, il a la sensation de devenir un loup garou. Sa lune à lui n'est autre que Felix, son chat adoré qu'il serre dans ses bras sans savoir quoi faire. Vêtu de son boxer, la pellicule est fine pour dépasser les limites.

Encore sa mère. Chaque fois qu'elle ouvre la porte, Felix se retient de soupirer lourdement. Depuis qu'ils sont rentrés de la plage, cette dernière n'a de cesse de faire des apparitions, de le coller, d'avoir un bon prétexte pour être là où elle n'a pas besoin d'être et où il préférait qu'elle ne soit pas ; à savoir entre Max et lui. Probablement que Madame Coalman s'est rendu compte de la présences des traces dans le cou de son fils, contrairement à son époux trop concentré sur la route. Felix a d'abord cru qu'elle était sincère, après le repas, lorsqu'elle a prétendu venir appliquer de la crème sur son coup de soleil, mais il a vite réalisé que le tube avait volontairement été oublié sur la table de chevet pour lui donner une raison de revenir un quart d'heure plus tard. Sous son oreiller, le collier coquillage repose comme une relique à la valeur inestimable.

Lorsqu'elle quitte enfin la chambre en éteignant la lumière, un sentiment de frustration l'habite. Le chat a l'impression d'avoir perdu un temps précieux qu'il aurait pu passer dans les bras de Max plutôt que de faire semblant de bouquiner son roman en italien dont il peine à comprendre tous les mots. Allongé dans le noir, les yeux grands ouverts, il revit la nuit précédente quasi à l'identique, attentif au moindre craquement qui lui signalerait que le blond ne dort pas. Seul change son état d'esprit résolument plus impatient qu'apeuré, désormais. C'est pourquoi ses lèvres s'étirent en un sourire ravi lorsqu'il sent le matelas se creuser sous le poids de son visiteur. Max tient sa promesse de le rejoindre ; Félix ronronne et accepte de le suivre en catimini. Lui non plus n'a pas sommeil, l'idée d'être à nouveau seul avec son amoureux éclipse la fatigue de la journée.

Plongée dans le noir, la maison accueille leurs ombres qui s'étirent au fil des pièces qu'ils traversent sur la pointe des pieds pour s'éloigner de la chambre des parents. Dehors, le silence est assourdissant. Aucun bruit de circulation, aucune lumière parasite ; seulement les rayons de lune qui pénètrent la pièce en diagonal depuis la porte fenêtre et le calme de la Toscane endormie. Felix croit rêver lorsqu'il se poste sur le balcon pour détailler le paysage nocturne. Là bas, il voit la silhouette des collines et le toit biscornu de la cabane abandonnée. Rien ici ne ressemble à New York. Son cerveau capture des images de l'instant et les associe inconsciemment à la chaleur de Maxym dans son dos. Lorsqu'il ferme les yeux pour inspirer profondément les senteurs des fleurs sur lesquelles l'humidité de la nuit commence à tomber, le chat se dit que ce moment vaut tous les sommeils réparateurs du monde.

Un rire complice lui échappe à la remarque de Max concernant sa mère tandis qu'il se retourne et passe les bras autour de sa taille. De la même manière qu'il l'avait fait au cours de l'après-midi, le contact peau contre peau le transporte et l'apaise plus qu'il ne saurait le décrire. Ses doigts dessinent des formes abstraites contre les lombaires du plus vieux pendant que leurs lèvres se retrouvent enfin. Le baiser l'étourdit suffisamment pour lui donner soudainement chaud. A moins que ce ne soit l'aveu de Max qui lui remonte l'estomac dans la gorge ? Le regard du chat se plante dans celui de Graham. Les étoiles qui y flottent brillent autant que celles présentes dans le ciel qui les surveille, bienveillant, paisible et complice de leur insomnie amoureuse. Comme la veille, Felix ne sait pas où il met les pieds et sent la peur lui engourdir les boyaux mais garde en son for intérieur l'unique certitude dont il a besoin pour trouver le courage de descendre ses mains sur les fesses de Max : il l'aime. Malgré les craintes, les disputes qu'ils ont pu avoir et la complexité d'être amoureux d'un garçon, son cœur ne peut s'empêcher de battre un peu plus fort lorsqu'il sent sous ses doigts le tissu tiède de son boxer. Instinctivement, la bouche du chat part explorer le cou du plus vieux, embrasser sa peau si attirante qu'il pourrait la croquer. A nouveau ce goût de pêche sur le bout de sa langue, comme un souvenir de cette nuit où Max était venu jeter des cailloux à sa fenêtre. Son corps tremble mais ses mains ne reculent pas, caressent et explorent jusqu'à faire le tour de ses hanches pour revenir sur son ventre et s'emparer de l'élastique du sous-vêtement. Durant une seconde, le chat hésite et se souvient de l'abandon subit aux pieds de la cabane, après qu'il lui ait enlevé son short. La peur de revivre ce moment de tristesse stoppe sa progression. Ses doigts restent agrippés au tissu, immobiles, tandis qu'il redresse le regard.

- Montre-moi à quel point. Parce que lui ne fuira pas, c'est une autre de ses certitudes.

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Depuis qu'il a laissé son sexe traîner dans la bouche de Felix, c'est idiot mais Max ne fait plus que penser à ça. Avant, il n'avait jamais traversé des baisers désintéressés mais après avoir connu l'orgasme, il a la sensation d'être un autre. En lui, il y a des portes qui s'ouvrent, de nouvelles pièces qui s'illuminent et l'approchent à grand pas de l'âge adulte. Les découvertes lui font peur autant qu'elles l'attirent, comme les lèvres de son chat contre sa peau. Il voudrait le tenir plus fort dans ses bras, lui montrer qu'il l'aime mais ne sait pas comment faire. Tout est si nouveau qu'il se sent vaseux, presque détaché de lui-même. Max flotte au dessus de son corps, il peut les voir s'embrasser et ronronner l'un contre l'autre. Dommage qu'ils soient trop jeunes pour s'enfuir ensemble et vivre rien que tous les deux parce qu'il le ferait tout de suite, quitte à changer d'identité et apprendre l'italien. Le plus vieux n'a jamais été aussi heureux qu'ici. Assez triste de se dire que sa joie est loin de ses parents et de ses soeurs, que tout cela ne lui manque même pas. L'euphorie de l'amour lui fait tourner la tête. Ses mains contre les hanches de Felix resserrent leur emprise pour le rapprocher de lui alors que son amoureux lui demande de prouver ses sentiments.
Le genre de situations qui le pousserait à faire n'importe quoi. Saute de ce balcon et il le fait, sois en certain, lis le dans ses yeux. C'est évident, intense mais tellement pur et innocent qu'on ne peut pas lui en vouloir. Leurs parents devaient être naïfs comme eux face à leur premier amour, non ?
Oui, c'est certain.

Le regard de Max, plein d'étoiles et de flammes se perd sur le visage de son chat alors qu'il se laisse glisser devant lui. Felix est tellement frêle qu'il a la sensation de pouvoir le casser si facilement. A genoux devant lui, son visage atteint son nombril qu'il embrasse alors que ses mains remontent le long de son torse, atteignent ses épaules pour s'y accrocher. Max lâche prise un instant pour baisser le boxer de Felix et le prendre en bouche. Si une de ses mains reste perchée sur son épaule, l'autre encercle sa jambe pile sous sa fesse gauche pour le ramener contre son visage. L'érection de Felix dans sa bouche a une saveur étrange. Il a la sensation de toucher enfin à un rêve mais l'idée d'y mettre fin le terrorise par avance. Le bruit de succion que font ses lèvres accompagnent l'entrejambe de son petit copain qui s'enfonce un peu plus en lui. Max fait attention à plus saliver, offrir à celui qu'il aime le même plaisir qu'il avait découvert à la cabane. Ses doigts terminent par se saisir de sa fesse et sa peau est tellement douce à cet endroit qu'il voudrait l'embrasser.

Les rôles s'inversent. Debout dans le clair de lune, Felix comprend mieux l'état de panique dans lequel se trouvait Max aux pieds de la cabane. Ils ne jouent plus. Tout ce qui se passe entre eux est bien réel. La vision plongeante qu'il a sur les cheveux du plus vieux lui donne le tournis. D'ici, il voit ses cils papilloner et sent ses grandes mains gagner du terrain sur son corps. La tension qui l'habite croît à vitesse grand V. L'inconnu est partout, à la fois angoissant, excitant et tétanisant ; il l'immobilise tel un chat grisé par les caresses, un lapin pris dans les phares d'une voiture qui arrive à vive allure. Débarrassé de son boxer, Felix se sent plus nu que jamais, plus vulnérable aussi. Dans sa tête, des milliers de pensées se bousculent, créent des embouteillages et court-circuitent ses neurones. Est-ce que c'est maintenant ? Est-ce qu'il va perdre sa virginité ? A quel moment devient-on un homme, au juste ? Tellement de questions sans réponses. Coalman réalise qu'il existe sur cette Terre beaucoup de sujets qui échappent à son intelligence. En apnée, il attend de savoir à quelle sauce il se fera manger. En cet instant, peu lui importe d'y laisser des plumes. S'il garde ce détail pour lui, c'est que ses cordes vocales ne sont plus capables d'émettre le moindre son mais, à l'intérieur, là où son cœur affolé déborde d'amour, il n'y en a plus que pour Maxym. Maxym qui peut tout prendre s'il le désire.

Lorsque les lèvres du blond s'emparent de son sexe, le monde bascule. Une contraction violente lui crispe le ventre tandis que Felix se perd dans des émotions nouvelles, du genre qui l'enivrent au point de rendre ses gestes désordonnés. Son corps se tend, proprement submergé par la vague de chaleur que provoque les attentions de Max à son égard. Il s'imagine perdu dans l'espace, à la fois laissé à la dérive et fermement accroché à son amour dont les mains servent de point d'encrage. Une sur son épaule, l'autre sur sa fesse : un courant électrique lui parcours le corps de bout en bout, comme si Maxym tracait des autoroutes de désir partout où il posait les doigts. Dépassé par ce qu'il ressent, Felix saisit les mèches rebelles de son amoureux en gémissant. " Continue ... " C'est tout ce qu'il parvient à dire entre deux déglutitions difficiles avant de fermer les yeux et de se laisser sombrer dans une extase si grande que tous ses sens disjonctent. Secoué de plaisir, Felix n'entend pas le plancher du couloir craquer ni la porte du bureau s'ouvrir ...

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Chaque fois qu'il y repense, son estomac se contracte violemment, au point de lui remonter dans la gorge en entraînant sur son passage tout le reste de son tube digestif. " Pourquoi t'es là, toi ? " La question qu'on lui pose tous les jours depuis deux mois. Pas de réponse, évidemment. Ici, Felix ne fait confiance à personne. Chaque étranger est un traitre potentiel. Solitaire, il feint de réviser sa chimie sous le chêne de la grande cour. Entre les pages de son livre ouvert sur ses genoux, ce ne sont pourtant pas des réponses aux exercices qu'il gribouille mais des mots couchés sur un papier à lettre volé dans le bureau du surveillant. La consigne de son père était claire vis à vis du personnel encadrant : Felix n'a le droit ni aux visites, ni aux coups de téléphone, pas même de sa mère. Ecrire à Max est une entreprise risquée qui nécessite quelques magouilles avec les filles du bâtiment voisin, mais le chat pend le risque. Il n'en peut plus d'être enfermé dans cette prison, loin de ses bras, avec son coquillage pour seul souvenir de ces vacances de rêve trop vite écourtées. Parfois, avant de s'endormir dans le dortoir qu'il partage avec les autres internes, Felix ravale ses larmes. C'est toujours la nuit tombée que ses souvenirs n'en font qu'à leur tête. Toujours les mêmes : Max, les roulades dans le sable, les projets universitaires, son je t'aime dans les vagues ... Sera-t-il seulement sorti de ce cauchemar d'ici la rentrée prochaine ? Felix maudit son jeune âge et cette minorité qui l'empêche de se dresser contre les directives de Jeremiah. Lui qui pensait que la réussite de la Compagny aiderait son père à se détendre ne cultive désormais plus que l'intime conviction que cet homme est un dragon. Tout le monde gagnerait à voir mort. Même sa mère n'a pas réussi à le faire changer d'avis ...

La giffle monumentale - à lui devisser la tête - qu'il s'était prise alors que Max était encore à genoux ; ce dernier chassé de la maison, reconduit à l'aéroport par une Madame Coalman en pleurs au moment de l'accompagner jusqu'à la porte d'embarquement ; les hurlements qu'il avait essuyé pendant ce temps, dans le salon de la maison ; les accusations vulgaires ; les menaces crachées à son visage tandis que Jeremiah lui tenait la gorge et, enfin, le retour à New York avant d'être envoyé en internat militaire : Felix garde en mémoire chacune des monstruosités commises par son père pour être certain de ne jamais lui pardonner. Le nez penché sur son bouquin, sa plume à la main, il s'efforce d'être doux malgré toute la colère qu'il ressent.

Citation :

Cher Maxym,

J'espère que tu recevras cette lettre.
Tu me manques. Je pense à toi tous les jours.
Est-ce que tu vas bien ? Raconte-moi ton quotidien.
Le mien ici n'a rien d'intéressant. Le directeur de l'internat espère que je choisisse d'intégrer l'armée après l'obtention de mon diplôme. Je n'irai que si tu y vas.
Stella (ma voisine de chimie) accepte de t'envoyer cette lettre pour moi. Elle n'a pas ton charme, mais elle est la seule personne qui m'inspire confiance ici.
J'espère avoir de tes nouvelles. Sans toi, les jours se ressemblent tous.
Je t'aime.


Ton chat.
PS : As-tu vu Maurice à New York ?

S U B M A R I N E félix&maxym

On lui a laissé le bénéfice du doute en le voyant rentrer dans la hâte de l'Italie. Sa mère était soulagée de récupérer son enfant et son père ne croira pour rien au monde que son fils, son colosse à lui est gay. Si Felix a disparu de la civilisation, Max est toujours là. L'avantage de son physique qui laisse entendre que ce garçon là ne peut pas être une pédale. Au fond, même Donald a simplement été content de récupérer son meilleur sans avoir à le partager avec un chat trop boudeur. Les premières semaines, Maxym a d'abord pensé se foutre en l'air, c'était une évidence pour son cœur de se laisser aller puis il s'est ressaisit. Simplement guidé par son envie presque irrationnelle de retrouver un jour Felix. Qu'importe le silence, qu'importe les non-dits, Max le sait, comme une certitude tranquille au fond de lui. Une qu'on ne pourra pas lui enlever et qui signifie tellement qu'elle l'aide à survivre au milieu des autres.

Si Maxym semble avoir oublié l'Italie, qu'il n'en parle jamais, c'est avant tout pour se protéger. Difficile pour lui de se dire que les meilleurs moments de sa vie sont aussi ceux qui ont causé leur perte. L'oubli est une phase qui le calme. Lorsqu'on tente de lui décrocher des mots sur Felix, il ne répond jamais rien ; trésor caché.

Sa vie est terne.
Il pourrait en mourir.
Avant de se souvenir que baisser les armes c'est abandonner son chat pour toujours.

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S'il ne pleure pas en lisant sa lettre, c'est que tout se passe à l'intérieur. Son organisme se retourne contre lui-même. Felix a de quoi le contacter. Felix est là. Felix pense à lui.
Max réalise que tous ses efforts ont porté leurs fruits. Il avait raison d'attendre, de se montrer patient et ne jamais rien lâcher. Chérir leur amour dans le secret le plus total fait revivre ses organes. Un instant il oublie sa haine contre monsieur Coalman, il enfonce au fond de son être sa rancoeur contre leurs quatre parents trop orgueilleux pour se rendre compte que deux vies sont en train d'être gâchées, mises en péril.

Citation :

Felix,
Difficile pour moi de te répondre plus tôt. Tout le monde ici donne l'impression de regarder mes moindres faits et gestes. Compte aussi que je voulais pas t'envoyer une lettre bourrée de fautes ...
Ici rien n'a changé, tout le monde fait comme si ça n'existait pas, tu sais ce pourquoi on est là aujourd'hui. Mais dans mon dos, je les entends parler, attendre le geste qui leur donnera une raison de me juger.
Je pense à toi, tout le temps. Je suis désolé pour tout. Tout est de ma faute et j'espère un jour pouvoir me racheter. En attendant, je vis dans l'espoir de te retrouver.
Je suis passé dans ton quartier la dernière fois mais ton père scrute par la fenêtre et a menacé d'appeler les flics. Je n'ai pas vu Maurice mais j'irai le récupérer, c'est promis.
J'essaie de remonter mes notes pour pouvoir aller à la fac mais je crois que c'est un peu trop tard pour ça. L'armée ?! Ne laisse personne décider à ta place. Ne pense même pas à moi, on finira par se retrouver. Que ce soit à l'armée ou ailleurs. Une fois majeurs personne ne pourra rien contre nous.
(J'ai regardé retour vers le futur, t'avais raison Michael Fox est carrément sexy !)
Je t'aime

Max

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(La semaine d'après, il ramenait Maurice chez lui à défaut de pouvoir serrer Felix dans ses bras.)
Sa mère est  venue le récupérer chez les flics. Il était en garde à vue après avoir cassé la voiture des Coalman. Il s'en foutait sur le moment qu'on le prenne la main dans le sac. Y a qu'après coup en la voyant dans l'entrée du commissariat qu'il s'est rendu compte du mal qu'il venait de causer à sa mère. Sur le trottoir, il a fondu en larmes. Des larmes chaudes, des larmes de crocodiles comme on dit. Il lui a tout dit, il s'est vidé le coeur et elle s'est contentée de le garder contre lui en caressant ses cheveux. Il lui a demandé pardon aussi mais impossible de savoir de quoi.
Pardon pour les flics ou pour Felix.
Non, pas pour Felix, parce que quand on est adolescent, l'amour réciproque reste le truc le plus incroyable du monde.

Il dira jamais dans ses prochaines lettres qu'il déconne pour ne pas décevoir Felix. Il continuera de lui faire croire qu'il est capable de s'en sortir.

Il a attendu des jours en se rongeant les ongles que Stella place sur le rebord de sa fenêtre le pot de fleurs jaunes. C'est le code. Pas de fleurs, pas de lettre. Lorsqu'il s'est préparé, ce matin là, les cheveux en pétard et la serviette sous le bras pour se rendre dans les douches, Felix a cru défaillir. Elles étaient là, bien visible, au troisième étage du bâtiment des filles : des jonquilles de couleur vive, aussi brillantes que l'espoir né en lui de les voir apparaître après ce qui lui semble avoir été une éternité de prières faites à tous les dieux de l'univers pour que son courrier ne se fasse pas intercepter. Evidemment, il n'a pas su se concentrer de toute la matinée, ce qui lui a valu des pompes et des corvées de nettoyage. Qu'importe ; lorsque arrive l'heure du déjeuner, Felix sait qu'il va enfin pouvoir respirer. Stella lui glisse la lettre sous la table. Il s'empare d'une pomme qui lui servira de repas et court s'isoler dans les toilettes de la cafétéria. Les mains tremblantes, il porte l'enveloppe à son nez, en respire l'odeur et la frotte contre sa joue. Chaque seconde de sa lecture le nourrit plus efficacement que toute la nourriture proposée par le self. Gorgé d'amour, le chaton ne sort de sa cachette qu'au moment où la cloche sonne pour signaler la reprise des cours. Il répondra mercredi après-midi, terré dans un coin de la salle d'études, coupé du reste du monde et enfermé dans sa bulle. Leur bulle.

Citation :

Cher Max,

Je suis tellement heureux de te lire.
A travers tes mots, je t'imagine te rendre au lycée et continuer à tourmenter Perry. Cette image me fait sourire. Chose surprenante : même Donald me manque ! C'est te dire à quel point cet internat est naze.

J'aimerais que tu ne t'accuses pas de tous les maux. Nous savons tous les deux qui est le méchant de l'histoire et ce n'est ni toi, ni moi. Je ne regrette rien si ce n'est de pas être là pour t'encourager car je sais que tu es capable de remonter tes notes et j'espère que Maurice se chargera d'être ton soutien. C'est un truc de chat, tu sais, tu peux lui faire confiance.

Noël approche et mon anniversaire aussi. Je crois que ma mère a fait du chantage pour venir me voir. Hier, j'ai été informé qu'elle passerait durant les heures de visite, la semaine prochaine. Je lui remettrai quelque chose pour toi.

Ton souvenir m'accompagne où que j'aille. Ta peau me manque. Ton sourire aussi. Et tes yeux plus que tout le reste. J'aimerais avoir une DeLorean moi aussi pour avancer le temps et te retrouver dasn le futur. Je compte les minutes, les jours et les semaines qui me séparent de toi.
Je t'aime.

Felix.

- - -

Une semaine plus tard, sa mère repartait de l'internat plus blanche qu'un cadavre, les yeux rouges, avec, au fond de sa poche, le t-shirt préféré de son fils. Cadeau de Noël pour Max : un peu de son odeur sur fond de logo de Jurassic Park à défaut de pouvoir lui acheter quoique ce soit, enfermé entre ces murs. Durant les vacances, Felix ne rentre pas car son père refuse de l'exposer à la racaille. On l'a mis au courant pour la voiture. Le chat s'inquiète, évidemment, mais refuse d'envoyer une autre lettre tant qu'il n'aura pas eu de réponse à la première. Qui sait où son courrier aurait bien pu se perdre ? Le cœur lourd, les pieds gelés, il court en cercle sur le stade de l'internat, traçant dans la neige un chemin solitaire. Même Stella qui n'a plus de parents est retournée chez sa tante. Felix sait qu'il n'aura pas de contact avec le monde extérieur avant dix jours et passe son temps à chercher des solutions.

Un matin, il trouve la porte de sortie qu'il n'espérait plus au détour d'une lecture au centre de documentation. 16 ans, l'âge minimum pour intégrer l'armée. Partir de suite où attendre encore des mois pour espérer intégrer un campus californien où Max ne sera peut-être pas admis ? La question ne se pose pas. Bien décidé à faire les démarches nécessaires, Felix profite d'être le seul de son dortoir à ne pas rentrer chez lui pour remplir des papiers et demander l'appui du directeur. S'il y a bien quelque chose qui compte plus que l'avis de Jeremiah Coalman aux yeux du responsable des lieux, c'est d'encourager la jeunesse à se battre pour le drapeau étoilé. La preuve, son inception a fait son chemin dans l'esprit du gamin. Le voilà qui rêve de piloter des avions de chasse où de chapeauter des réseaux de transmissions militaires.

S U B M A R I N E félix&maxym

Plus le temps passe et plus il se sent exaspéré. Au début il pensait pouvoir gérer, essayer d'avoir de bonnes notes mais ses heures d'études ne font que renforcer ce qu'il pensait : Max est un bon à rien. Son père a raison lorsqu'il le lui répète sans cesse à la maison, sa mère ne fait que lui voiler la face en l'encourageant et il ne sait plus à qui en vouloir le plus.
Celui qui lui met la vérité en face.
Ou celle qui la cache pour ne pas le blesser.
Il voudrait être plus intelligent. Ne pas avoir à s'occuper de ses soeurs dés qu'il commence un problème de maths ou qu'il plonge son nez dans sa chimie. Bien sûr, Max a trop de fierté pour demander de l'aide à Perry. Puis il s'est fait renvoyer trois jours après avoir frappé un de ses camarades à l'école.
Il s'en veut, encore plus lorsque Felix ne répond pas à sa lettre. Peut-être est-il avec un autre garçon ? A moins que ce ne soit son écriture ? Pas assez romantique ? Il cherche des raisons à son silence sans se dire que la vérité est sous le toit de sa maison : sa mère. C'est avant tout madame Coalman qui lui a mis la puce à l'oreille en venant le voir à la sortie de l'école, prêt du stade de basket pour lui faire passer le t shirt de Felix. Maureen est ensuite allée faire les fouilles archéologiques dans les affaires de leurs parents pour finalement trouver la lettre, froissée, dans un coin de son bureau.

Il a le souffle coupé de colère. Max se sent prisonnier dans une ville qui l'empêche de voir un garçon à qui il ne veut qu'offrir du bonheur et de l'amour. En écrivant sa lettre, forcément, on ne peut que ressentir sa colère et son indignation. Il est à deux doigts de craquer, d'exploser en millier de petits morceaux et personne ne sera là pour le rafistoler. Même pas Donald avec qui il n'arrive plus à communiquer alors qu'il voudrait que tout aille pour le mieux entre eux.

Citation :

Felix,
Je suis désolé du retard. Ma mère a intercepté ta lettre avant que je n'aille à la boîte aux lettres. Pendant que j'attendais chaque jour en me demandant s'il ne t'était rien arrivé, ma mère relisait certainement chaque jour des mots qui ne lui étaient pas destinés. C'est juste une femme cruelle et égoïste. Je suis terriblement en colère contre elle et contre tout le reste. J'ai été viré de l'école, je ne sais plus quoi faire, tu me manques, je leur en veux. Maurice aussi est malheureux sans toi, il te cherche, miaule sans jamais te revoir. Heureusement, le t shirt que m'a fait passer ta mère (gros plan mis en place pour un simple bout de tissu ...) lui rappelle que tu existes encore. Il dort dessus en ronronnant. J'aimerais pouvoir l'enfiler mais je suis certain que les coutures ne tiendraient pas une heure.
Je voudrais te donner plus, je me sens frustré et en colère même si je m'étais fait la promesse de ne pas le devenir. Tu penses que l'on se reverra un jour ? Je commence à douter parfois et ça aussi, je m'étais fait la promesse de ... Enfin, tu vois quoi. Je me sens vide. Il faut que tu rentres, ça ne peut plus durer, je vais aller voir ton père, je te le jure.
Je t'aime.
Passe de bonnes fêtes malgré tout ...

P.S : J'espère que le dessin te plaira.
Maxym

Il plie en quatre la seconde feuille de papier : Felix et lui, l'un avec des oreilles de chat et l'air un peu grognon et l'autre, un peu plus musclé que la réalité mais prêt à en découdre pour lui rendre son sourire.
Eux, comme il se l'imagine dans sa tête s'ils avaient le droit d'être ensemble.

Cadet Felix Coalman.

Il avance à l'appel de son nom en gardant la tête haute, sans ciller, le dos bien droit et la lettre de Max dans la poche intérieure de sa veste de treillis. Voilà maintenant deux semaines qu'il a l'âge d'intégrer les rangs de l'unité de formation des cadets de la nation. Tandis qu'il marche vers le capitaine, les autres le regardent comme s'il était un touriste, quelqu'un qui se serait perdu pour atterrir au mauvais endroit. Tous les garçons ici présents pèsent au moins 20 kilos de plus que lui, sans compter qu'il est probablement le seul à ne pas avoir besoin de se raser le matin. Heureusement pour lui, Felix a l'habitude d'être l'outsider. Il ne s'inquiète pas d'être encore une fois le plus jeune et le plus petit du groupe. Aux tests d'admission, il a fait autant de tractions que les autres et couru plus vite que tous ces gros pleins de muscles. Ce qui le rend nerveux n'est pas tant l'environnement hostile de la base militaire et le regard sombre du chef que l'idée de se retrouver seul et sans moyens de contacter Maxym. Et si sa dernière lettre avait elle aussi été interceptée ? Cela remettrait en cause tous les risques qu'il a pris pour court-circuiter l'autorité paternelle. Dans l'enveloppe envoyée à son amour avant de quitter l'internat, Felix lui faisait part de son plan et de son espoir de le retrouver en ce jour, sous ce drapeau américain flottant dans le ciel tandis que lui entre dans le rang, les mains dans le dos, la nuque raide et le regard en alerte. Avec leurs tenues réglementaires, toutes les recrues se ressembles, impossible de repérer la tignasse blonde de Graham. Les visières des couvre-chef cachent les regards bleus des amoureux. Felix se mord l'intérieur de la joue pour ne pas paniquer. Et si son ours n'était pas là ? Maintenant qu'il a signé, le chat se sait engagé jusqu'à sa majorité. C'était le contrat, la condition à accepter pour ne plus dépendre de l'autorité parentale. Felix sait qu'en intégrant ces rangs, il perd une famille qu'il n'aime qu'à moitié pour en gagner une nouvelle qu'il n'est pas certain d'apprécier d'avantage. Dans le bus qui le menait à la base, certains parlaient de bizutages et de rituels de passage qui ne lui inspirent rien qui vaille. Pourtant, aucune de ces menaces n'aurait pu le dissuader de tenter de tout pour le tout. Immobile, il s'incite au calme et repense à la Toscane. Lorsque les noms de famille commençant par la lettre G seront appelés, il sera fixé. En attendant, il croise les doigts contre ses lombaires et avale sa salive inexistante.

Faites que Max soit là.
Faites qu'il soit là.
S'il est là, je jure de devenir le meilleur pilote du monde.
S'il vous plait.

Felix s'en remet à dieu. C'est ce que font les soldats. Le directeur de l'internat le lui a rappelé au moment de lui dire au revoir, une main sur son épaule et l'autre sur son sternum : dans ce choix de vie, la logique et la rationalité ne comptent pas autant que les ordres, la discipline et la chance. La providence, parait-il, veille sur chacun des hommes prêts à mourir pour leur pays. Lui risque tout son amour sur un coup de poker dont il n'évalue pas le quart de la portée. A aucun moment le chat ne se fait la réflexion que c'est sous les étoiles de ce même drapeau battu par le vent que sont enterrés les G.I. tombés au combat.

S U B M A R I N E félix&maxym

Il ne peut même pas être excité de savoir que la distance entre Felix et lui risque de bientôt tomber à l'eau. Max est avant tout stressé dans son uniforme. Difficile pour lui d'accepter de devoir faire de tels sacrifices pour retrouver le garçon qu'il aime. Il sait que son père n'est pas fier de lui, qu'il est simplement content de se débarrasser de son bon à rien de fils. Sa mère par contre n'a cessé de pleurer toute la semaine comme si elle savait que quelque chose de grave finirait forcément par se passer. Max a compris qu'elle cherchait simplement à le dissuader mais son amour pour Felix est au delà de tout. Son chat est le seul à ne pas l'avoir déçu, pas une seule seconde. Dans ce monde hostile, il a la sensation que Coalman est aujourd'hui l'unique personne en qui il peut déposer toute sa confiance. Il est aussi le seul pour qui il serait capable de tout pour ne serait-ce que croiser son regard. Ici, le grand sait qu'il n'aura pas le droit de le toucher, de s'attarder trop longtemps dans son regard. Ils seront bridés, complètement pris au piège d'une autorité sur le point de broyer leur vie.

Il entend qu'on appelle Coalman et n'ose même pas tourner le regard en sa direction. Max reste bien droit alors que ses poings se crispent instinctivement. Ses mains sont usées de s'être trop battu ces dernières semaines mais aussi d'avoir cogné dans les murs lorsque le manque devenait trop difficile à supporter et que le père de Felix n'arrangeait rien à la situation. Bombe humaine, la présence de son chat qui n'a en réalité plus rien de cette boule de poils tendre le fait frissonner. Comment un garçon si intelligent peut-il se gâcher ici ?
Simple.
Par ta faute.
Juste la tienne, Maxym Graham.

Maxym Chad Graham. On l'appelle, son corps est tendu, il s'en rend compte à peine maintenant. Il se sent tremblant, perdre de sa consistance. Et s'il faisait l'erreur de sa vie ? Probablement que c'est le cas. Le voilà qui s'éloigne de ses rêves de fermier et de grandeur dans le Wyoming afin de faire honneur à son pays. Ce même pays dont il ne portait pas grandes valeurs avant de réfléchir à la proposition de Felix. Contrairement à Coalman, Graham est impressionnant, fait facilement une tête de plus que les autres sans compter son corps déjà sculpté malgré son jeune âge. Le sport est l'unique performance à laquelle il excelle et dont son organisme est habitué. Les regards posés sur lui sont déjà plein d'étoiles là où l'école le voyait comme un simple délinquant.

Le moment où il se sait à quelques mètres seulement de Felix est si intense pour lui qu'il a la sensation d'être aussi léger que le drapeau qui les honore. La base militaire en profite pour l'impressionner et le faire douter de tout. Max n'aura pas plus le droit à la communication avec son petit ami mais le savoir proche de lui l'aide à rester rationnel et ne pas se perdre dans sa violence qu'il aurait terminé par retourner contre lui-même. Balancer Max dans cet univers, c'est aussi le préserver de toute la colère qui le hante.

Il se doute bien que Felix doit être en train de lui accorder un regard à cet instant. C'est ce qui le fait redresser légèrement le menton, le rendre fier et ému.

Tout ça, ce n'est pas pour lui, pas pour eux, mais pour cette unique personne.
Celle que l'on est persuadé d'aimer toute sa vie sans interruption.
Il sait à cet instant, que ce n'est pas seulement son jeune âge qui lui tourne la tête mais quelque chose de plus profond. Une force incroyable qui le perturbe et lui ferait remuer ciel et terre.
Qu'importe les dangers pourvu qu'eux subsistent.

Maxym Chad Graham. C'est comme un éclair dans la nuit, un flash qui déchire le brouillard. Instantanément, le corps de Félix se tend, quelque chose se retourne au niveau de son estomac.  Le cœur au bord des lèvres, il observe le blond avancer dans sa direction. À peine deux mois qu'ils ne se sont pas vus mais Félix remarque tout de suite que Max a encore grandi. À moins que ce ne soit cet uniforme qui le rend plus charismatique, plus imposant qu'il ne l'est réellement ? Son amour le fait imaginer Graham torse nu, le visage apaisé et le sourire rayonnant, comme sur la plage de Toscane, bien loin de tout ce sérieux officiel qu'on leur impose. La joie de le revoir est indescriptible, elle le submerge et affole le rythme de sa pulsation cardiaque. A fleur de peau, Coalman serre les dents pour ne pas crier qu'il l'aime. Seulement quelques mètres les séparent, mais Félix jurerait pouvoir sentir les ondes qui émanent de Max. Elles sont là, tout autour de lui, tentatrices, l'incitant à bousculer l'ordre établi pour se précipiter vers lui et se jeter dans ses bras, l'embrasser jusqu'à ce que leurs poumons n'en puissent plus.

À la fin de l'appel - dont Felix n'a plus ren écouté passé la lettre G - on leur demande de prendre leur sac pour se rendre jusqu'aux dortoirs. Fort de son expérience de l'internat, le chat sait que les premiers arrivés seront les premiers servis ; c'est pourquoi il presse le pas et s'arrange pour franchir la porte en tête de fil. Il a tellement anticipé ce moment que le plan d'action se dessine de lui-même dans sa tête, sans qu'il est besoin de trop réfléchir  :  trouver deux lits côte à côte et le plus isolés possible. Voilà sa mission.  L'intimité ne semble pas être la préoccupation première de l'armée, mais les couchettes du fond ont au moins l'avantage d'avoir un mur en guise de voisin et non pas d'être prises en sandwich au milieu des autres.  Déterminé, Félix jette son sac sur l'une et s'assied sur l'autre. Il se retourne  et cherche Max du regard dans l'espoir de lui faire signe de le rejoindre mais se retrouve nez à nez avec un grand brun au regard sombre. Ce dernier attrape la lanière du sac comme pour le dégager du matelas. Félix s'insurge : Cette place est prise. Le voilà qui montre les dents. Hors de question de ne pas défendre le territoire de Max.

Tout se passe très vite, l'empoignade a lieu dans le dos du formateur. L'autre cadet l'attrape par le col et le soulève du sol. C'est là, par-dessus l'épaule de son agresseur, que le chat croise enfin le regard de son ours. Il sait qu'il ne doivent pas se faire prendre, ne pas éveiller les soupçons, être le plus discrets possible. C'est pourquoi il ne laisse pas le temps à Max de lui venir en aide et de se faire ici aussi une réputation de bagarreur. Prenant son courage à deux mains, Félix lève le poing et frappe le brun au visage afin de lui faire lâcher prise. Le raffut attire l'attention des autres et ce qui devait arriver arriva : punition pour Coalman en plus d'un coup de tête bien senti qui lui laissera certainement un coquard. Sonné, le chat baisse les yeux lorsque le chef de section lui explique qu'il devra nettoyer tous les locaux ce soir, après que les autres soient partis se coucher. En attendant, on envoie le grand brun à l'autre bout du dortoir. Le lit de Graham est sauf. C'est tout ce qui compte. En témoigne le petit sourire de coin que le chat adresse à l'ours derrière son arcade enflée.

À peine un jour que leurs classes dans l'armée ont commencé, mais les choses commencent déjà à changer. Félix Coalman, enfant surdoué, promet de devenir un soldat rendant coup pour coup ... Aux côtés de Max, il sait qu'il a tout à apprendre et n'a peur de rien. C'est aussi ça, la force de son amour pour lui.